2. Définition
des concepts.
Parler de promotion de la démocratie exige un instant
que l'on précise qu'il s'agit en réalité d'assistance
à la consolidation démocratique. En effet, la démocratie
n'est pas une apparition spontanée mais bien plus, le résultat
d'un processus appelé démocratisation ; cette
dernière commence avec l'ouverture du régime autoritaire qui
laisse apparaître quelques fissures. L'on parle alors de
libéralisation. Ainsi, comme le font remarquer PRZEWORSKI, ALVAREZ,
CHEIBUB et LIMONGI, contrairement à une idée répandue aux
Etats-Unis dans les années 1950, « the route to
démocracy is not a circuitous one » (PRZEWORSKI et alii,
1996 : 1). Le Cameroun a donc franchi la première étape au
cours de la décennie 1990 lors de la quatrième vague de
démocratisation portée par le vent d'Est. Il s'agit d'admettre
que la libéralisation n'est qu'une ouverture et que la consolidation
démocratique ne vient que par la suite (BRATTON et HYDEN, 1992.
HUNTINGTON, 1991 : 7). Cependant, la consolidation n'allant pas de soi
puisque l'on peut assister au retour vers l'autoritarisme comme le dit Philippe
SCHMITTER (retour vers l'identique), les Etats-Unis assistent le Cameroun dans
la consolidation des institutions et des habitudes démocratiques. En
fait de promotion de la démocratie, il s'agit donc d'assistance à
la consolidation démocratique.
Faire une étude portant sur la démocratie exige
que l'on s'entende sur le sens à accorder au mot. Les auteurs tels que
Joseph SCHUMPETER et Robert DAHL ont retenu de la démocratie une
définition simpliste et minimaliste. Dans leur acception de la
démocratie ils mettent en relief les mécanismes participatifs
réduits au vote. Samuel P. HUNTINGTON semble y souscrire lorsqu'il
dit : « Si l'élément fondateur de la
démocratie réside dans l'élection des dirigeants par le
peuple, alors le moment décisif du processus de démocratisation
est celui où un gouvernement choisi selon des critères autres que
démocratiques se trouve remplacé par un nouveau gouvernement
adopté au cours d'élections libres, ouvertes et
honnêtes » (HUNTINGTON, 1991 : 7). L'on ne saurait
cependant s'arrêter à cette définition qui fait de la
démocratie une « electoral democracy » pour
reprendre Hans-Jurgen PUHLE. En effet, ce dernier
stigmatise «l'electoral democracy ». Cette dernière
d'après lui a le mérite d'intégrer en plus du vote, les
principes tels que le « Checks and balances », l'Etat de
droit, la garantie des libertés civiles et politiques. L'on aboutit
à ce qu'il appelle « democratic rechsstaat» (Etat de
droit démocratique) (PUHLE, 2005 : 7). La définition qui
semble la plus complète est pourtant celle que donnent DIAMOND (Larry),
LIPSET (Martin seymour) et LINZ (juan j.). En effet, ces auteurs pensent que la
démocratie est un système de gouvernement qui satisfait à
trois conditions essentielles : La compétition pour la
conquête du pouvoir, un degré très large de participation
politique et un niveau suffisant en matière de libertés civiles
et politiques. (DIAMOND, LINZ et LIPSET, 1993).
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