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La politique américaine de promotion de la démocratie au Cameroun après le 11 septembre 2001

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par Paul Elvic Jerome BATCHOM
Université de YaoundéII / Soa - DEA/Master II 2005
  

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D. Propos sur l'application conjointe des politiques américaine et "Brettonwoodienne" au Cameroun à l'aune des P.P.T.E.

Dès lors que la congruence des intérêts américains et Brettonwoodiens a été relevée, il s'agit par le cas particulier du programme des PPTE de faire un examen de la promotion de l'économie libérale au Cameroun. Il faut ne pas perdre de vue que le postulat de l'instrumentalisation des institutions de Bretton Woods par Washington a été posé ci-dessus. L'examen dont il sera question ici n'aura pas la rigueur d'un économiste puisqu'il s'agit surtout de dire que les PPTE illustrent mieux l'instrumentalisation des IFI par Washington au Cameroun dans la Promotion démocratique.

En 1996 au Sommet du G8 à Lyon, le programme PPTE est lancé. Il constitue le dernier-né des programmes lancés par les bailleurs de fonds pour permettre aux pays endettés de pouvoir rembourser à leurs créanciers. Pour y être admis, il faut être un pays pauvre très endetté ; c'est à dire avoir une dette insoutenable et des populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (1dollar/jour). Il faut par ailleurs avoir signé un accord avec le FMI au titre de FRPC (Facilité pour la réduction de la pauvreté et de la croissance)et produire un DSRP (Document stratégique pour la réduction de la pauvreté). Dans la production du DSRP, il y a la nécessité de consultation et constitution d'une société civile. Il s'agit de rassembler les « forces vives » de la Nation pour élaborer, une stratégie de réduction de la pauvreté. Les exigences de bonne gouvernance sont une nouveauté dans ce programme.

A l'origine de l'initiative PPTE, ce sont les institutions de Bretton Woods qui par des missions régulières, viennent vérifier l'application des conditionnalités au rang des quelles la bonne gouvernance. Pendant que le Sénégal, le Mozambique, le Bénin et l'Ouganda n'ont mis que trois ans pour parcourir l'ensemble de la procédure, le Cameroun en a mis six. Et c'est là l'intérêt, le point d'achèvement est atteint par le Cameroun le 28 avril 2006 après les réunions des 26 et 27 avril 2006 à Washington. Ce, après une grande agitation diplomatique entre autre de R. NIELS MARQUARDT, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun. Il faut rappeler qu'en 2005 le Cameroun n'a pas atteint ce point du fait d'un dérapage budgétaire de 150 milliards. Il apparaissait donc aux yeux des observateurs que le Cameroun peut produire des richesses, et donc peut rembourser à ses créanciers mais doit pour cela adopter une rigueur budgétaire ; D'où la nécessaire démocratisation de la gestion des ressources du pays.

Au rang des points qui ont donné satisfaction aux institutions de Bretton Woods, il y a :

- L'amélioration de la gestion budgétaire

- La limitation des dépenses publiques

- La transparence observée dans le fonctionnement du budget.

- L'avancée de la gouvernance.

- La lutte contre la corruption ... il s'agit notamment de pratiques qui sont propre à la démocratie. Elles relèvent toutes ou presque de ce que Guillermo O'DONNELL appelle «horizontal » et « vertical accountabilities » (O'DONNELL, 1994). La démocratie suppose la participation élevée du peuple à la gestion des affaires de l'Etat. C'est-à-dire que le peuple qui mandate les représentants doit être informé de tout ce qui concerne les affaires de la République tant il est vrai que la « res-publica » est la chose publique ; «  la chose du peuple ». PRZEWORSKI pense que le mandat suppose que les citoyens disent aux gouvernants ce qu'ils doivent faire alors que l' « accountability » suppose que les citoyens jugent si le gouvernement a fait ce qu'il devrait faire (PRZEWORSKI et alii, 1999 : 16). La difficulté dans la gestion au Cameroun provient de ce que l'Etat était coupé en deux ; d'une part une minorité de gens qui décident dans l'unilatéralisme et de l'autre le peuple, la cohue de la misère qui n'était nullement au courant du fonctionnement des institutions. Ce d'autant plus que les medias étaient aussi affiliés à l'un ou l'autre camp. Ainsi, il y a les médias du gouvernement et les médias d'opposition. Le Cameroun présentait donc les traits de l'Etat originel Mastropaolien ; C'est-à-dire l'Etat tel que pensé à ses origines par Alfio MASTROPAOLO (1986).Il s'agit d'un Etat qui émerge suite à la concentration du pouvoir de décision par la caste des détenteurs des capitaux.Ces derniers se distinguant,constituent l'Etat et le reste du peuple formant ipso facto la société.

Depuis son arrivée au Cameroun en 2004 et précisément dans le but poursuivi par le Cameroun en 2006 à savoir celui d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'ambassadeur américain R. NIELS MARQUARDT, défendant la position de Washington s'est beaucoup impliqué dans le combat pour la bonne gouvernance. En cela, il rejoignait les institutions de Bretton Woods. Il est vrai que les buts déclarés étaient différents. Pour les institutions de Bretton Woods,il s'agissait d'amener le Cameroun par une rigueur budgétaire à démontrer sa capacité à créer des richesses. Et, pour Washington, il s'agit d'avoir un partenaire commercial fiable, dans lequel les investissements sont en sécurité ; un partenaire dans lequel le risque pays est peu élevé.

Même si les buts déclarés divergent, dans la pratique, aussi bien Washington que Bretton Woods insistent sur la nécessaire démocratisation de la gestion des ressources publiques pour le développement durable.

La démocratisation de la gestion des ressources publiques suppose que les dépenses sont effectuées de manière transparente et consensuelle. L'opacité observée ces dernières années a conduit à « l'enrichissement scandaleux » de certains Camerounais. Le montant total de la dette du pays est inférieur aux avoirs à l'étranger de quelques individus (avoirs estimés à 8 000 milliards de FCFA). La démocratie suppose aussi l'établissement des normes et règles stables et connues qui rythment les investissements. Il faut qu'un investisseur étranger qui arrive au Cameroun ait l'assurance que le droit protège son investissement par des règles justes et précises.

Avec l'atteinte du point d'achèvement en avril 2006, c'est la victoire non pas seulement de la rigueur budgétaire mais, surtout de la démocratie qui en s'implantant davantage, a changé les règles du jeu.

En définitive, il paraît que l'examen de la politique américaine au Cameroun en matière économique conduit inévitablement à l'exploration des pratiques et exigences que les institutions de Bretton Woods utilisent depuis 1986, ces exigences et pratiques ont connu une évolution depuis 1996 avec la naissance de l'initiative PPTE qui a crée la conditionnalité politique. Une fois que cela a été dit, il convient de relever que c'est à titre global, le cadre qui délimite les relations du Cameroun avec le IFI et Washington. L'attention doit cependant être portée sur le rapport précis et explicite que les Etats-Unis établissent entre l'assistance économique au Cameroun et la consolidation démocratique.

SECTION II : L'assistance économique américaine et la promotion de la démocratie au Cameroun.

Depuis la décennie 1990, l'Administration américaine conditionne son assistance économique par la nécessité de reformes institutionnelles. La politique africaine disait Warren Christopher en Afrique du Sud le 12 octobre 1996 « consiste à promouvoir la démocratie, à éviter les conflits, à stimuler la prospérité et l'intégration économique et à soutenir le développement durable » (extrait cité par Charles COREY dans la revue Afrique/Etats-Unis N°05 d'octobre 1996). Mme Susan RICE quant à elle relevait qu'il faut accélérer l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale.  Cet objectif implique l'engagement simultané de notamment «  la promotion des reformes économiques ... le soutien à la démocratie, l'encouragement du respect des Droits de l'Homme... ». Lors de ce discours prononcé le 11 septembre 1997 devant la commission sénatoriale des relations extérieures, Susan RICE désignée par Bill CLINTON pour être secrétaire d'Etat adjointe chargée des affaires africaines faisait déjà un rapport entre la démocratie et le développement économique. L'idée de la conditionnalité politique faisait donc son chemin dans la politique africaine des Etats-Unis. C'est dire que 2001 ne constitue pas l'année zéro de la promotion démocratique au Cameroun ; c'est aussi dire que l'assistance économique des USA vis-à-vis du Cameroun relève d'abord du souci des américains de voir l'Afrique se développer. Il s'agit d'un élan d' « humanisme ». L'objectif c'est donc de démontrer que la promotion de la démocratie par les Etats-Unis au Cameroun conditionne le décollage économique par une consolidation démocratique.

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