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Dynamiques transfrontalières et développement local urbain dans un contexte de décentralisation: le cas de la commune de Rosso Sénégal

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par Souleymane Diallo
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de géographie (Aménagement Environnement et Développement 2006
  

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III. Les différents acteurs frontaliers et leurs modes d'intervention.

A- Identification des acteurs frontaliers

Dans dictionnaire critique les mots de la géographie : un acteur signifie :

« celui qui agit, qui peut aussi être considéré comme le conducteur, le meneur. Dans un espace géographique, on peu avoir une multitude d'acteurs dont les principaux sont : l'individu, le groupe, l'entreprise, la collectivité, et l'Etat. Les deux derniers sont par définition et par fonction, un pouvoir sur le territoire, dont ils gèrent une maille et ses éventuelles subdivisions. Les autres peuvent avoir sur l'espace des actions bien plus efficace encore. Pris ensemble ils constituent ce que l'on appelle le système des acteurs où se tissent des complicités et se dévoilent des antagonismes. Les acteurs agissent sur l'espace selon leurs moyens et leurs stratégies qui dépendent en partie au moins de leurs représentations, y compris, de leurs représentations de l'espace même. Il s'en suit des inégalités substantielles dans leurs effets sur l'espace et des décalages par rapport aux ambitions réelles des acteurs ou aux qualités des lieux et des territoires»66(*).

L'espace frontalier peut être perçu comme un espace géographique et les agents qui y interviennent comme des acteurs agissant en fonction de leurs logiques individuels ou collectives. Les stratégies des acteurs vont-elles toujours dans le sens d'un développement local ? Quel sont les agents frontaliers qui peuvent être considérés comme de véritables acteurs de développement local?

Les espaces frontaliers se singularisent par diversité et la pluralité des acteurs en présences, qui y interviennent en fonction de leurs motivations et de leurs objectifs. Chacun tente de titrer le maximum de sa position dans les transactions.67(*) Cependant, dans une perspective de développement local, il est légitime de se poser la question de savoir si tous les acteurs frontaliers sont des agents de développement local. Pour en avoir le coeur net, il est bien de revenir sur les notions d'agents de développement et d'acteurs de développement local. Qu'entend-t-on par acteur ? Que signifie acteur de développement local. Les éclairages qui seront emmenés seront pour nous un point de départ pour pouvoir identifier quel sont, parmi la multitude des intervenants ceux qui viennent profiter des revenus et de la rente frontalière, et ceux qui sont porteur d'ambitions et d'un projet de développement destiné à l'espace frontalier. Comment se structurent les actions et les interventions des différents protagonistes.

Les acteurs intervenant dans l'espace frontalier de Rosso Sénégal peuvent être divisés en deux grandes parties : les acteurs institutionnels (l'Etat, la collectivité locale ou la municipalité et ses autorités, les organisations non gouvernementales) et les acteurs non institutionnels (les commerçants, les transporteurs, les agents de changes informels, les différentes activités de services, les agents économiques).

1. La place de l'Etat et de ses agents déconcentrés

Rosso est un lieu stratégique dont le contrôle et la gestion n'a jamais cessée d'être une préoccupation des autorités administratives centrales du Sénégal. Cette attention portée à la localité ne date pas d'aujourd'hui et est antérieure à la décision qui lui attribut le statut de chef lieu de communauté rurale dans un premier temps et de commune plaine exercice aujourd'hui. Cet argument est conforté par la présence de certains services déconcentrés comme la police, la douane, les postes et télécommunications pour ne citer que ceux là. Il faut remarquer que ces services jouent un rôle qui cadre parfaitement avec les fonctions de lieux de transite et de passage de la cité frontalière. « Cette présence des services déconcentrés peut être lue comme une volonté manifeste de l'Etat du Sénégal de participer gestion de ce secteur frontalier dont le dynamisme est sans équivoque »68(*). Elle est aussi, pour l'Etat central, un moyen d'en tirer le maximum de ressources et de prendre sa part de la rente frontalière. Conscients des enjeux, les Etats adoptent « des attitudes variables qu'on soit dans l'un ou l'autre. Ils sont partagés entre une volonté plus ou moins coercitive et effective de contrôle des flux et un soucis d'ouverture commercial indispensable et encouragé par la conjoncture économique ».69(*)

Partout en Afrique, l'indigence financière des Etats se traduit par une place considérable accordée aux recettes douanières dans les ressources nécessaires à la constitution des budgets nationaux.

Dans le contexte de la décentralisation, les ressources des localités frontalières proviennent en grande partie de la rente de situation dans la quelle les taxes sur les personnes et les biens conséquente. Dans le cas de la commune Rosso Sénégal, ces recettes sont prélevées par la douane dont le rôle est la protection de l'économie nationale et de renflouement des caisses  de l'Etat. C'est là une caractéristique de presque tous les pays en voie de développement. « On note une forte prépondérance des droits de douane et de la fiscalité indirecte telle que les taxes et sur la valeur ajoutée (TVA) par rapport à la fiscalité basé sur l'activité économique intérieure et le patrimoine »70(*). Les recettes douanières sont, dans la plus part des Etats, des recettes d'Etat. Ceci rend difficile toute tentative de dialogue entre autorités locales et autorités centrales sur les mécanismes d'un possible partage.

Pour le premier adjoint au maire de Rosso, c'est une revendication qui mérite d'être porté au sommet car, si l'on considère les revenus qui sont collectés par les douaniers au niveau du poste de Rosso, (entre cinq et dix millions de francs Cfa par semaine) il faut envisager des mécanismes qui permettent à la commune bénéficier d'une partie de ces recettes. Pour le moment il faut retenir que la douane est un des plus grands exploitants de l'espace frontalier et sa contribution au budget communal est nulle. Pour l'argument selon lequel, l'Etat verserait le fond de dotation et celui d'investissement, les autorités répondent que c'est une disposition concernant toutes les collectivités locales car expressément décliné dans la loi sur la décentralisation. La spécificité de la ville frontalière de Rosso Sénégal et l'importance de la rente qui va à l'Etat central doivent être reconsidérées au bénéfice de la collectivité locale.

* 66 Roger BRUNET, R. FERRAS, H. THERY., (2005), op Cit p17

* 67 Bruno STARY, (1998), «Rentes et ressources frontalières : le cas des échanges Ghana- Côte d'ivoire » in Régionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique Subsaharienne (sous la direction de Daniel C. BACH), Karthala, Paris, 319 pages.

* 68 Souleymane DIALLO, (2004-2005), op.cit. p70.

* 69 Karine BENNAFLA, (1999), op. Cit.

* 70 Club du sahel Afrique de l'ouest / OCDE, (sept 2005), Décentralisation et développement local : Eléments d'analyse et de réflexion à partir de certains travaux du CSAO. www. oecd.og/sahel. 20 pages. (Document en ligne)

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