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L'optimisme de Leibniz

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par Jérémy Lebègue
Université Sorbonne Paris 4 - Maitrise 2005
  

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5/ La polémique avec Bayle sur l'existence ou non d'objections insolubles contre la vérité. Les règles de la dispute en matière de défense des mystères.

Entrons maintenant un peu plus dans la polémique sur l'existence d'objections insolubles qui oppose Leibniz et Bayle. Sachant qu'une objection se trouve être un raisonnement comportant un ou plusieurs arguments formulée dans le but de s'opposer voire de détruire une these, quelles solutions pouvons nous envisager lorsqu'une telle dispute se crée et que de part et d'autre se trouve un défenseur combattant pour la sauvegarde de sa these et un objecteur oeuvrant pour montrer que ses arguments vont contre la these défendue ? Deux solutions s'offre à nous: ou bien l'objection faite est correcte et fait alors office de démonstration car elle repose sur les regles les plus simples de la logique (contre la these), si tant est qu'elle possède une forme correcte (ce qui nécessite l'examen de l'argument en détail), auquel cas la these ne peut plus être raisonnablement maintenue puisque sa contradictoire est démontrée et qu'il est impossible que la these et l'antithèse soient vraies en même temps; ou bien, c'est le contraire, l'objection est non fondée et repose sur une mauvaise argumentation et manière de raisonner, bien souvent parce que la raison est corrompue, mêlée de préjugés en tout genre et de passions qui faussent le jugement, dans ce cas la these ne souffre pas des erreurs qu'on prétendait lui opposer sous le nom d' <<objections >> et ainsi reste intacte.

Leibniz nous donne donc ici un critère qui nous permet de décider entre un article de foi authentique, révélé et un article de foi donc la pensée pleine nous amène à le qualifier d'absurde, c'est-à-dire, cette fois-ci, réellement contre la raison.

De plus, hormis le fait que pour défendre les mystères, ceux-ci doivent être susceptibles de quelques explicitations pour la pensée, il est nécessaire que l'on puisse répondre aux objections dont ils sont l'objet car dire que celles-ci doivent être insolubles, comme Bayle le prétend, c'est la même chose <<que si l'on disait qu'une raison invincible contre une these n'est pas une

raison légitime de la rejeter. Car quelle autre raison légitime pour rejeter un sentiment peut-on trouver, si un argument contraire invincible ne l'est pas ? Et quel moyen aura-t-on après cela de démontrer la fausseté et même l'absurdité de quelque opinion? >>1

Autrement dit, la sauvegarde d'une these implique que l'on ait pu répondre a l'objection en en montrant tant soit peu la contradiction (il faut donc que l'on admette que la défense est possible, que la raison peut résoudre les objections) et son rejet implique au contraire que la these ait fait les frais d'une objection invincible (là encore cela suppose que la raison puisse discuter des raisons qui font la these et formuler des objections pertinentes ou pas). Il faut nécessairement admettre que les objections puissent être résolues, qu'il existe une méthode, un critère avec lequel on peut a la fois décider si une raison (objection) peut vaincre une these, donc la faire rejeter ou si elle est fausse, donc sans poids contre la these, afin de pouvoir continuer a trouver des vérités, notamment dans le domaine qui pose problème ici pour Bayle, celui de la foi. Le cas inverse (si il fallait accepter l'insolubilité des objections) serait faire triompher la raison mais de telle sorte que la foi en serait détruite car son domaine devrait être rejeté au rang de bavardage sans aucun rapport quel qu'il soit avec la vérité et par conséquent avec la raison.

De manière générale écrit Leibniz:

<<(...) il ne se peut faire qu'il y ait une objection invincible contre la Vérité. Car si c'est une démonstration fondée sur des principes ou sur des faits incontestables, formée par un enchaInement des vérités éternelles, la conclusion est certaine et indispensable, et ce qui y est opposé doit être faux; autrement deux contradictoires pourraient être vraies en même temps. Que si l'objection n'est point démonstrative, elle ne peut former qu'un argument vraisemblable, qui n'a point de force contre la foi, puisqu'on convient que les mystères de la religion sont contraires aux apparences. >>2

En conclusion de ce point on peut dire que dans une dispute, celui qui soutient une these vraie avec de bons arguments contre des objections possède des <<preuves>> ; mais celui qui soutient une these, renversée par des arguments contraires et invincibles, celui là voit ses arguments se changer en <<objections>> contre la nouvelle these qui vient de lui être démontrée. Quoi qu'il en soit, Leibniz établit une regle d'or:

1 Discours, §58 2lbidem, §3

<<Il faut toujours céder aux démonstrations, soit quelles soient proposées pour affirmer, soit qu'on les avance en forme d'objections. >>1

Pourquoi cela? Tout simplement parce que, dans la défense des mystères, et surtout dans la défense des mystères, la raison (celui qui défend les dogmes) ne doit en aucun cas rester campée sur ses positions, elle ne doit pas ignorer les vérités nécessaires et éternelles qui peuvent lui être portées dans une argumentation se voulant objection contre le dogme <<de peur que les ennemis de la religion ne prennent droit là-dessus de décrier et la religion et ses mystères >>.2 En effet, la pire des attitudes serait de soutenir un mystère sans en avoir de bonnes raisons, c'est-à-dire en ignorant l'objection qui vient de lui être faite et qui l'a montré comme étant un faux article de foi et en refusant par conséquent d'abdiquer face a la démonstration adverse avec pour seul motif l'entêtement. La mauvaise foi en matière de défense des mystères peut donc causer de grands torts a la religion et aux dogmes sur lesquels elle repose. Adopter une telle attitude, c'est donner plus de raisons aux infidèles et aux athées de se conforter dans leur discours.

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