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Financement des PME au MAROC: moyens, enjeux et contraintes

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par Abdellah BOUKHOUF
Université mohamed 1er de Oujda - Licence en gestion comptable et financiere 2007
  

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Chapitre3: Les contraintes au développement Des PME

Représentant près de 95% de l'ensemble des entreprises, les PME-PMI apparaissent comme le type d'unité de production le mieux adapté à la dimension de l'économie marocaine. Elles pourraient contribuer pour une part importante à la croissance et à l'emploi si elles faisaient l'objet de plus de soutien de la part de l'ensemble des acteurs économiques.

En effet, si le Maroc dispose d'un secteur privé dynamique qui contribue à plus de 80% de la valeur ajoutée, l'absence d'un cadre juridique spécifique à la PME entrave son développement dans la mesure où les réformes des mesures ne peuvent pas cibler spécifiquement ces unités.

L'ensemble des observateurs admet que les hommes d'affaires sont sans cesse confrontés à de multiples contraintes de natures diverses. Les unes tiennent à des facteurs extérieurs à l'entreprise et sont d'ordre (I) financier et (II) législatif, administratif et judiciaire, les autres sont (III) intrinsèques à la PME et tiennent à leur compétitivité, c'est-à-dire tiennent à des contraintes liées à leur capacité d'affronter la concurrence sur les marchés, ce qui constitue une menace importante à leur viabilité.

Section 1- Les contraintes financières

Le problème du financement des PME est intimement lié au marché des capitaux. Comme les grandes et moyennes entreprises (GME), les PME acquièrent des facteurs et des inputs pour réaliser leur production, l'accès au capital constitue donc une étape importante. De plus, bien que les PME soient essentiellement utilisatrices de main-d'oeuvre (fonction de production intense en travail), elles ont besoin d'un équipement minimum pour démarrer leur activité.

Avant de présenter la perception du fonctionnement des banques par les gestionnaires de PME, il convient de décrire l'évolution et les effets des réformes du marché des capitaux au Maroc.

A/ Description du marché marocain des capitaux

Ce paragraphe cherche à savoir si les réformes du marché des capitaux au Maroc comportent des distorsions qui défavorisent les PME, en accroissant leurs coûts, comparativement aux GME.

1- Les réformes du marché financier et le soutien aux investissements

Le Maroc a toujours opté pour l'économie de marché. Cependant, au cours des années 1960 et 1970, la place et le rôle de l'Etat s'est accru, d'une part du fait de la création d'entreprises publiques et d'offices et d'autre part, du fait de réglementations nombreuses et en particulier au niveau des prix et des échanges extérieurs.

Cependant, l'inefficacité de ces structures et des interventions ont nui à l'ensemble de l'appareil productif. Conjugué avec des conjonctures internationales défavorables, ces facteurs ont entraîné une exacerbation des déséquilibres macro-économiques et une crise d'endettement. Les tensions qui ont en résulté ont conduit le Maroc à adopter des réformes pour un ajustement des structures économiques.

Les mesures entreprises par le Ministère de l'Economie et des Finances dans le secteur financier font suite à une politique d'ajustement structurel entre 1983 et 1992. Les mesures adoptées visaient à :

Assainir les finances publiques et réduire les déficits intérieurs et extérieurs;

Restructurer les entreprises publiques (programme PERL soutenu par la Banque Mondiale) en vue de réduire leur déficit de gestion et par-là, la contribution de l'Etat à leur financement. (pour certaines de ces entreprises, il fallait les préparer à être privatisées);

Réformer le système fiscal en vue de le rendre plus efficace et de l'harmoniser avec les standards internationaux : introduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de l'impôt sur les sociétés (IS) et de l'impôt général sur le revenu (IGR). L'objectif était de simplifier le système fiscal et de réduire les taux pour favoriser un élargissement de l'assiette fiscale;

Libéraliser l'économie : prix intérieurs, échanges extérieurs et mouvements des capitaux;

Réformer et moderniser le secteur financier au Maroc en réduisant l'intervention du Gouvernement dans le secteur bancaire et en renforçant le rôle du marché dans l'allocation des ressources financières.

Ainsi, le contrôle quantitatif du crédit, instauré en 1976, a été supprimé en janvier 1991. La libéralisation des taux d'intérêt a commencé en 1990 (pour le crédit à moyen et long terme) et en 1991 (pour le court terme), avec le maintien de taux plafonds débiteurs (avec leurs effets pervers) jusqu'en 1995.

Ce n'est que depuis 1996 que les taux d'intérêt sont libres. De plus, depuis septembre 1996, les banques sont autorisées à calculer leurs réserves, non plus sur une base mensuelle ou hebdomadaire, mais quotidienne ; cela leur confère davantage de flexibilité dans la gestion de leur liquidité et encourage les opérations d'open market. C'est en 1995 que les derniers guichets de réescompte de Bank Al Maghrib ont fermé et que la régulation est effectuée par l'open market qui comprend quatre opérations, explicitées dans une circulaire du 24 mai 1995.

Parallèlement à ces réformes à caractère général, les institutions financières spécialisées comme le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) ou la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA) ont vu leur activité élargie et interviennent maintenant librement comme les autres banques. On soupçonne cependant le système bancaire d'être insuffisamment concurrentiel.

Les préoccupations posées par le chômage et la persistance d'un pourcentage élevé de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté incitent les décideurs à chercher le moyen de créer une dynamique de production, d'épargne et d'investissement.

Selon un ancien rapport de la Banque mondiale, 10% seulement des entreprises figurant dans le portefeuille des banques ont un ratio « fonds empruntés sur fonds propres » inférieur à 5% (83% de fonds empruntés, 17% de fonds propres), ce que les banquiers considèrent comme le minimum pour qu'une structure de capital soit saine. Les règles prudentielles suivies en Amérique du Nord et en Europe retiennent un ratio de 1,8 (65% de fonds empruntés pour 35% de fonds propres).

Ce paradoxe (sous endettement de l'économie et surendettement des entreprises « bancables ») est plus frappant par le fait que les banques sont en surliquidités. Il apparaît ainsi qu'une grande partie des entreprises marocaines y compris celles du secteur formel, n'a pas accès au capital, pourtant disponible. Les raisons de ce paradoxe semblent de tenir à L'insuffisante circulation de l'information.

Il semble que si les banques « ne sont pas de réels partenaires » (aux dires des promoteurs et bureaux d'études), c'est parce qu'elles « ne disposent pas de visibilité et d'information sur les secteurs ». Parmi les mesures d'accompagnement nécessaires à la portée des réformes, signalons à ce propos, la future création de l'Observatoire des industries. Les traitements des données qu'il réunira permettront de fournir des informations de synthèse, comme le rendement moyen par secteur, par dimension des unités de production, etc.

2- Les effets des réformes du marché financier : des distorsions défavorables aux PME

Au Maroc, le marché du capital a été à la fois rationné et segmenté. Cette réalité ne lui est pas propre ; dans les pays en développement (PED), la plupart des études insistent sur la segmentation des marchés . Dans le cas du Maroc, le rationnement provient de l'encadrement du crédit qui a été en vigueur pendant longtemps, jusqu'à la fin du PAS en 1992. Pour être bref, on signalera que ce rationnement a épargné certaines activités telles que les activités exportatrices ou encore celles de l'immobilier. La politique monétaire a ainsi « légalement » instauré une segmentation du marché.

Avec la libéralisation progressive, des taux plafonds débiteurs ont été en vigueur jusqu'en 1995. Cette faiblesse des taux d'intérêt débiteurs décourage la rémunération des dépôts et donc l'épargne.

Face à un excès de demande de crédits, les banques et les autres institutions financières ont répondu par un rationnement ` des crédits (fonds peu abondants). Elles donnaient la priorité aux entreprises de grande dimension et les PME étaient défavorisées, leurs demandes étant considérées en dernier lieu.

Plusieurs études montrent qu'une partie du différentiel de taux auquel font face les PME comparées aux GME, représente le risque plus élevé des prêts aux PME et des coûts de transaction plus importants pour instruire leur dossier.

Les méthodes utilisées par les banques commerciales pour faire face aux risques d'impayés ne sont pas adaptées au financement des PME. Selon une étude de Rhyne E. et Otero M., ces méthodes comprennent :

l'étude du dossier de demande de crédit et la recherche d'un maximum d'informations sur les caractéristiques du client potentiel ;

L'évaluation du projet pour lequel le prêt est demandé ;

La nécessité de contreparties demandées à la PME pour garantir le prêt.

Ainsi, les GME ont pu emprunter auprès des banques et d'autres institutions du secteur financier, alors que les PME comptent presque exclusivement sur leurs fonds propres ou le crédit-bail.

Au Maroc, le crédit-bail a été doté par le législateur et les autorités monétaires, d'un régime juridique et fiscal approprié. La profession se félicite de la concurrence qui prévaut. Cependant, dans les financements extérieurs des PME-PMI, les sociétés de crédit-bail sont insuffisamment présentes, comme c'est le cas en Espagne, au Portugal et même en France. En conséquence, le financement par le leasing ne représente actuellement que 5% de la FBCF, 15 à 20% en Europe.

L'explication nous semble résider dans le fait que les PME-PMI au Maroc qui ne disposent pas des garanties nécessaires pour accéder à un financement extérieur, ont quelques marges de manoeuvre et recourent au crédit bancaire traditionnellement moins cher (autour de 12% actuellement, contre 15,63% pour les sociétés de crédit-bail ; mais pendant longtemps, ces sociétés étaient à 24% alors les banques pratiquaient des taux entre 15 et 18%). Il semble qu'il y ait un phénomène d'inertie qui s'estompera au fur et à mesure que le différentiel de taux va diminuer. L'information des opérateurs est peut-être insuffisante également.

L'introduction d'une « culture » de l'information est un moyen efficace de dynamiser l'activité économique. A côté de l'effet sur l'octroi de crédit par les banques ou les sociétés de crédit, il y a également un effet sur l'amont. L'obligation de publier les comptes certifiés permettra au marché de reconnaître les performances réelles de celles-ci et la mobilisation de fonds (via le lancement d'obligations) sera facilitée.

Les besoins de financement des PME concernent soit les investissements lors de la création ou l'extension, soit le fonds de roulement en cours d'activité, cela rejoint les travaux de Liedholm qui a décrit les besoins de financement des PME au cours de leur « cycle de vie ». Durant la première phase, il s'agit de besoins à long terme pour financer les équipements. Ensuite, les besoins en fonds de roulement sont les plus pressants. Si la PME se maintient, des besoins de financement à moyen et long terme vont se faire à nouveau sentir, pour permettre une extension des capacités de production. Dans la même logique, Mc Cleod a lié l'âge et la réputation de la PME à l'origine de son financement.

On observe ainsi que plus la PME donne une image de pérennité, plus l'accès au financement par des tiers devient possible : les crédits fournisseurs d'abord, les banques ensuite, quand l'entité est une « petite entreprise ». .

B/ La perception des banques par les gestionnaires des PME

Les résultats des études faites à la base d'une enquête ont montré qu'à propos des relations avec les banques font valoir que les problèmes posés aux PME concernent plus l'accès au financement (garanties excessives exigées par les banques, retard dans les études de dossier) que le niveau des taux d'intérêt, et que les gestionnaires souhaitent aussi des délais de grâce, le temps que leur activité prenne une « vitesse de croisière ».

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe