WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Financement des PME au MAROC: moyens, enjeux et contraintes

( Télécharger le fichier original )
par Abdellah BOUKHOUF
Université mohamed 1er de Oujda - Licence en gestion comptable et financiere 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2- Les obstacles d'ordre législatif, administratif et judiciaire

I- Le droit des sociétés

Les normes législatives qui régissent le droit des sociétés et les règles qui organisent les rapports de travail au sein de l'entreprise ne reconnaissent aucune particularité à la PME.

La réforme du Code de commerce, et surtout celle du droit des sociétés, innove en introduisant la possibilité de la constitution de la société unipersonnelle. Cependant, la réforme du droit des sociétés ne tient pas compte de la taille de la société considérée.

Le droit des sociétés prescrit des sanctions pénales pour le non accomplissement d'un certain nombre de règles de procédures, tant en ce qui concerne les formalités à remplir lors de la constitution des sociétés que celles à effectuer au cours de leur fonctionnement ou lors de leur dissolution.

Les sanctions pénales peuvent par exemple être appliquées lors de l'absence de procès verbaux des délibérations des assemblées. Or, si la société anonyme constitue le type par excellence des sociétés de capitaux avec tous les attributs qui s'y attachent et justifie un tel encadrement juridique, ce n'est pas le cas de la société à responsabilité limitée, ni des sociétés de personnes, qui fonctionnent généralement dans le cadre familial et qui sont dotées d'une structure administrative légère, à la dimension de leur activité. A la suite de la réforme du Code des sociétés, un nombre significatif de sociétés ont préféré prendre la forme de SARL pour éviter les contraintes que leur faisait peser leur statut antérieur de société anonyme.

II/ Le Code des douanes

Si la procédure de la « Déclaration unique de marchandise » améliore considérablement la lourdeur des formalités douanières, celles qui organisent les modalités des exportations et des importations sont souvent interprétées de façon restrictive par les agents douaniers quant à la classification et l'évaluation des marchandises, ce qui freinent les initiatives.

III/ La législation comptable et fiscale

Le Plan comptable est considéré par les professionnels comme un document complexe et inadapté pour les PME. Les obligations en terme de production d'informations financières sont globalement lourdes pour les PME. Plus de trente formulaires contenant les mêmes informations et devant être accompagnés des mêmes pièces doivent être remis par les chefs d'entreprises pour leurs déclarations fiscales. Les investisseurs estiment que la complexité du système fiscal
marocain mène souvent à la confusion et à de nombreuses erreurs dans les déclarations .

Il en résulte que le processus complexe des déclarations fiscales impose aux investisseurs de recourir aux services des fiduciaires et de cabinets de conseils. Pour les PME, le coût de ces conseillers est très élevé et grève considérablement leurs capacités financières. Ceci incite bon nombre d'entre elles à l'évasion fiscale, engendrant d'importantes pertes dans les recettes publiques.

IV/ Les procédures administratives et judiciaires

Selon les conclusions de l'étude initiée par le MAGG, « le problème le plus fréquemment mentionné par les investisseurs au cours de chaque étape du processus de démarrage de l'investissement est le manque de transparence des procédures ».

Une telle situation est due à l'enchevêtrement des compétences entre les différentes administrations, mais parfois au sein d'une même administration. Ce phénomène est perceptible dans l'ensemble des administrations et il surgit entre les différents départements ministériels et entre leurs services extérieurs (les délégations régionales). Là où le problème de l'enchevêtrement des compétences prend le plus d'ampleur, c'est à l'occasion du jeu de navette auquel se livrent les autorités communales et leur autorité de tutelle (province ou préfecture) dans l'étude d'un dossier ou l'octroi d'une autorisation pour la réalisation ou l'extension d'un projet de PME.

A l'enchevêtrement des compétences, il faut ajouter les interprétations divergentes des procédures légales, parfois subjectives voir même abusives de la part des agents de l'administration. Ceci incite les entrepreneurs, et particulièrement les PME, soit à faire valoir leur demande par des moyens occultes, soit à poursuivre leur projet en marge des normes et procédures légales, c'est-à-dire de manière informelle, ce qui n'est pas favorable à la croissance de leur activité, car cela leur interdit de répondre à des appels d'offres ou de fournir des biens ou des prestations de services à des clients qui demandent des factures.

En somme, les problèmes qu'engendre la complexité des procédures administratives ne sont pas propres au Maroc, ce phénomène existe même dans les pays les plus avancés. En revanche, ce qui persiste encore au Maroc et constitue un véritable obstacle à la liberté d'entreprendre, c'est l'abus et l'excès de pouvoir que les autorités administratives commettent dans l'interprétation et l'application des lois et règlements qui fixent leurs compétences.

On retiendra que toute l'histoire du recours pour excès de pouvoir, depuis la mise en place de la Chambre administrative de la Cour suprême en 1957, jusqu'à la mise en place des tribunaux administratifs en 1993, vise à en faire « un instrument mis à la portée de tous, pour la défense de la légalité méconnue ». Cependant, le recours pour excès de pouvoir contre les décisions administratives entre à peine dans les moeurs des citoyens marocains et la lenteur du système juridictionnel continue à peser négativement sur la promotion des affaires.

La liberté du commerce et de l'industrie est une liberté publique qui a une valeur constitutionnelle. Cela signifie que la loi qui aménage les modalités d'exercice de cette liberté reste soumise à cette liberté constitutionnelle. Cela signifie aussi que l'administration chargée par la loi d'exercer un contrôle de légalité ou de conformité lors d'une demande d'autorisation, ne dispose d'aucun pouvoir d'appréciation discrétionnaire. Autrement dit, la consécration jurisprudentielle du principe constitutionnel de la liberté du commerce et de l'industrie implique que chaque fois que l'administration exerce un contrôle de légalité ou de conformité sa compétence reste toujours une compétence liée.

D'une manière générale, l'organe juridictionnel marocain, composé de juridictions civiles, pénales, commerciales et administratives, est doté de codes et de règles de procédures très convenables. Il appartient donc aux juges de faire valoir leur fonction pour que l'organe dont ils font partie assume sa mission et contribue ainsi avec les autres pouvoirs publics au renforcement de l'Etat de droit.

C'est dans cet esprit et cette logique que s'inscrivent toutes les réformes amorcées depuis la dernière décennie. Il s'agit de « réformes qualitatives post-ajustement structurel »

Section 3- Les contraintes intrinsèques aux PME face à une concurrence accrue

Parmi les contraintes intrinsèques à la croissance des PME, certaines tiennent aux techniques de gestion de l'entreprise, d'autres, liées aux premières, tiennent à la capacité des entrepreneurs à relever les défis de la compétitivité, face à l'ouverture des marchés et qui conditionnent le devenir et la viabilité de l'entreprise.

I/ Les méthodes de gestion des PME marocaines : la qualité du « gérant propriétaire »

Parmi les obstacles majeurs qui limitent le développement des PME, on relèvera d'une part, le taux d'analphabétisme particulièrement élevé parmi les dirigeants de PME, et d'autre part, une gestion de l'entreprise très fortement marquée par la personnalité du gérant qui en est généralement le propriétaire.« Les caractéristiques des gestionnaires », cependant, les pourcentages sont biaisés en raison de l'échantillon des entreprises touchées.

En effet, pour des raisons culturelles, les entrepreneurs sont assez réticents à partager leur pouvoir et à répartir les tâches entre divers centres de décisions. Il en résulte que les dirigeants ont souvent une appréciation erronée du risque à prendre, et que parfois l'extrême prudence les amène à prendre des décisions déraisonnables. De plus, faute de moyens financiers, les gérants de PME ne s'entourent pas de cadres compétents pour renforcer leur capacité de gestion ou compenser leurs lacunes techniques en matière de marketing, comptabilité, finance, approvisionnement, production ou gestion des stocks.

Pour des raisons encore culturelles, mais aussi financières, les dirigeants sont réticents à faire appel au conseil externe. Refusant d'admettre ou n'ayant pas conscience de leur méconnaissance des techniques de gestion, ils s'obstinent à ne pas percevoir l'intérêt du conseil, souvent par crainte de révéler le secret de leurs affaires. A ceci, il faut ajouter les divergences entre associés quant aux méthodes de gestion de l'entreprise et des perspectives de son
développement, qui souvent dégénèrent en conflit et sont à l'origine de la dissolution de certaines PME.

Enfin, pour des raisons toujours culturelles, ils n'ont pas conscience que les différents stades de vie de l'entreprise sont intimement liés à leur capacité d'organisation et que la croissance de l'entreprise doit s'accompagner d'une gestion des ressources humaines et d'une meilleure répartition fonctionnelle des tâches. Ils ne perçoivent pas encore les bénéfices d'une délégation d'une partie de leur pouvoir de décision aux personnes compétentes et le fait qu'un investissement en formation du personnel constitue un capital qui implique à terme des retombées bénéfiques pour l'entreprise en termes de qualité et de compétitivité.

Tous ces facteurs combinés nuisent aux capacités des PME marocaines à suivre les progrès des méthodes de gestion et à innover pour mieux s'adapter aux contraintes du marché et aux besoins des clients.

II/ La compétitivité des PME marocaines

Les mesures prises pour la libéralisation de l'économie ont très largement contribué à valoriser les activités exportatrices. Elles ont eu aussi un impact favorable sur la compétitivité des entreprises marocaines qui, exposées à la concurrence, sont amenées à améliorer la qualité et l'efficacité.

La mondialisation des économies et la stratégie d'ouverture du marché marocain sur l'extérieur nécessitent impérativement la mise en place d'une politique en faveur des PME. Or à la faveur de cette ouverture, les exportateurs marocains (de textiles, d'habillement ou de l'agroindustriel) vers le principal client du pays (l'UE), doivent s'attendre à faire face à une concurrence étrangère accrue que ce soit au niveau de leurs débouchés traditionnel ou sur leur propre marché interne .

Etant moins équipées, moins organisées et ne bénéficiant d'aucune politique spécifique de l'Etat, les PME marocaines risquent d'avoir peu de chance de relever les défis de la compétitivité face aux entreprises européennes et celles des autres pays émergeants.

Toutefois, une stratégie de promotion des PME et de croissance orientée vers les exportations peut leur être bénéfique en raison de l'environnement commercial international plus libéral si, d'une part, l'accord de libre-échange avec l'Union Européenne est accompagné d'une réduction non discriminatoire de la protection commerciale, afin de maximiser les gains du Maroc, et si, d'autre part, compte tenu de la dépendance vis-à-vis des droits de douanes, la poursuite du processus de libération de l'économie marocaine est accompagnée de réformes fiscales, afin de maximiser les gains au niveau de l'emploi avec la réforme du marché du travail. La réforme du marché du travail aidera probablement le secteur privé à équilibrer l'offre et la demande de la main d'oeuvre entre les entreprises exportatrices qui se développent par le biais de la promotion des exportations, et celles qui sous-traitent suite à la concurrence accrue des importations.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault