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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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Chapitre 1 . Peut-on définir la qualité de l'eau ?

1. La qualité de l'eau, une notion relative et évolutive

La définition de la qualité de l'eau est relative car elle se base sur des indicateurs dont le choix dépend des représentations que les hommes ont de l'eau. L'évolution des outils d'évaluation de la qualité traduit le passage d'une eau considérée comme un outil de production, à une eau conçue aussi comme un patrimoine naturel qu'il convient de protéger.

1.1. La qualité, une notion polysémique et relative

Qualité est une notion polysémique. D'après le Petit Robert, il est possible de distinguer trois sens. Dans son acception originelle qualité désigne la « manière d'être d'une personne ou d'une chose». Cette notion est neutre, elle désigne le caractère, l'attribut. Dans une seconde acception, qualité correspond à une connotation faisant référence à « un degré plus ou moins élevé d'une échelle de valeurs ». On parle alors de bonne ou de mauvaise qualité, de ce qui est recommandable ou pas. Enfin, qualité prend un sens absolu pour désigner l'excellence d'une chose ou d'une personne. Hormis ce dernier sens, la qualité est donc une notion relative qui ne s'apprécie qu'en fonction de critères auxquels peuvent être attribuées des valeurs dans l'objectif d'une connotation. D'un point de vue sémantique, la qualité n'existe donc pas en soi. Ce caractère relatif de la qualité amène à s'interroger sur l'existence même d'une définition scientifique de la qualité de l'eau. « Le glissement depuis une signification neutre, la qualité attribut, vers une signification empreinte d'un jugement de valeur, la mauvaise ou la bonne qualité, et plus encore vers la qualité synonyme d'excellence, pose un problème délicat dans une approche scientifique de la question »1(*).

Malgré tout, scientifiques, politiques, et professionnels de toutes branches cherchent à définir des `qualités absolues', pour l'édification de normes notamment2(*). Dans le domaine de l'eau, la production d'eau potable est ainsi soumise à de nombreuses normes qui définissent les caractéristiques que l'eau doit avoir, ou pas, pour être autorisée à la consommation. A ce titre, B.Barraqué souligne l'exigence de plus en plus grande des normes de qualité de l'eau potable. Alors que six paramètres suffisaient à définir l'eau potable en France au début du XXème siècle, il en existe 63 aujourd'hui et plus de 100 aux Etats-Unis. Cette profusion de paramètres rend quasiment impossible le respect permanent des normes ou bien les coûts de traitements de l'eau seraient tellement élevés que le prix de la facture d'eau s'envolerait3(*).

Donc, malgré le caractère relatif de la qualité, la définition de qualités absolues apparaît nécessaire d'un point de vue pratique, que ce soit pour définir une façon de faire (normes ISO) ou pour définir l'état d'une chose , comme l'eau, en vue d'un usage particulier.

La recherche d'une définition objective de la qualité de l'eau s'effectue à partir d'une évaluation qui fixe au préalable des indicateurs à évaluer (biologiques, physico-chimiques, organoleptiques...), et les valeurs que les variables qui les composent devront prendre ou ne pas prendre pour que la qualité soit dite bonne ou mauvaise. Des valeurs-seuils déterminent des références. Dans le système d'évaluation de la qualité de l'eau en France4(*), il existe plusieurs classes de qualités de très mauvaise à très bonne. Ce classement permet de juger de la capacité de l'eau à satisfaire à tel usage ou fonction. Les valeurs-seuils déterminent le passage d'une classe à une autre.

La qualité de l'eau ne s'apprécie qu'en comparaison à des indicateurs et des valeurs-seuils pré déterminées. Mais le choix de ces indicateurs et des valeurs-seuils est aussi un facteur de relativité. Les valeurs des variables de l'eau ne sont appréciées qu'en rapport aux fonctions qu'il est souhaité qu'elles satisfassent. La qualité de l'eau d'une rivière nécessaire à la vie et au développement des truites n'est pas la même que celle requise pour la production d'eau potable. De même, la qualité de l'eau d'une rivière requise pour la baignade n'est pas la même que celle attendue pour la réalisation d'un process industriel.

Donc la qualité de l'eau dépend de la valeur que prennent les variables des indicateurs choisis pour son appréciation. Le choix des indicateurs et des valeurs auxquels ils doivent répondre dépend des fonctionnalités attendues de l'eau. Ces fonctionnalités peuvent être distinguées en deux grandes catégories. Soit elles concernent le fonctionnement des milieux aquatiques, soit elles permettent la réalisation d'usages humains. Le Centre National Français des Sciences Hydrologiques (CNSH) prend en compte toutes ces dimensions et définit la qualité de l'eau comme étant « l'aptitude de l'eau, déterminée par ses caractéristiques physiques, chimiques, biotiques ou organoleptiques, à servir à un usage défini ou à permettre le fonctionnement d'un milieu aquatique donné »5(*). Le fait de préciser « un usage défini » et « un milieu donné » en les opposant par la conjonction « ou » sous tend l'idée qu'il existe autant de qualités d'eau que d'usages et de milieux. Chaque milieu ou usage requiert une qualité qui n'est pas la même. Le CNSH préconise d'ailleurs de parler de qualités (au pluriel).

Conscient de la qualité relative d'un milieu donné, car inscrit dans un tout alliant la complexité du fonctionnement des  `milieux naturels' et les divers groupes sociaux qui en usent, H. Ollagnon définit la qualité d'un milieu (« naturel ») comme « une propriété globale émergente d'un ensemble d'éléments physiques et biologiques et d'acteurs en relation ». La définition de la qualité est indissociable d'un ensemble d'acteurs qui sont concernés par la qualité d'un milieu, mais qui en ont aussi chacun une vision qui leur est propre en fonction de leurs objectifs et de leurs représentations du réel. Donc la qualité « engage l'observateur » mais sa définition pour un milieu donné doit « intégrer et dépasser les représentations partielles qu'en ont tous les acteurs concernés »6(*).

On voit bien que la définition de la qualité implique le choix d'une grille d'analyse qui dépend largement des acteurs humains. La qualité de l'eau n'est évaluée qu'à travers le prisme des besoins anthropiques. Ces besoins sont aussi bien de s'assurer de la pérennité des usages de la ressource que vouloir préserver le milieu même de cette ressource dans une optique naturaliste. Ainsi l'eau doit être considérée dans sa double dimension : l'eau de la nature comme élément des écosystèmes, et l'eau des hommes comme élément des sociosystèmes. Ces deux dimensions n'ont pas toujours été considérées ensemble et l'une prend parfois l'ascendant sur l'autre. Privilégier l'une ou l'autre des dimensions de l'eau implique des manières différentes d'apprécier ses qualités. Dans tous les cas cela dépend de la conception que les hommes ont de l'eau.

* 1 BRUN (A.), 2003, Les politiques territoriales de l'eau en France : le cas des contrats de rivières dans le bassin versant de la Saône. Thèse de Géographie, Institut national agronomique Paris-Grignon, 376 p.

* 2 C'est par exemple le cas des normes internationales ISO.

* 3 BARRAQUE (B.). (Page consultée le 10 février 2007). Cinq paradoxes dans la politique de l'eau. [En ligne]. Adresse URL : http://www.cnrs.fr

* 4 SEQ-Eau. Son fonctionnement est détaillé plus loin.

* 5 Comité National Français des Sciences Hydrologiques. (Page consultée le 5 février 2007). Dictionnaire français d'hydrologie. [En ligne]. Adresse URL : http://www.cig.ensmp.fr

* 6 OLLAGNON (H.), 1984, « Acteurs et patrimoine dans la gestion de la qualité des milieux naturels », Aménagement et Nature, n° 74, pp. 1-4.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius