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Dépenses Militaires, Gouvernance et Efficience Economique: le cas de l'Afrique sub-Saharienne

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par Thérèse Félicitée AZENG
Université de Yaoundé 2-SOA - DEA 2008
  

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chapitre 2 :

Efficience des dépenses de defense

La question de l'efficience des dépenses publiques a été, et continue d'être, l'une des préoccupations permanente des décideurs politiques et des économistes. Certaines activités du gouvernement et les dépenses publiques qui leurs sont associées sont essentielles pour la performance de l'économie. Ces dépenses essentielles ou productives peuvent être aussi importantes pour la croissance et pour la réalisation d'objectifs sociaux, que le capital privé et le travail, notamment pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire (MDG). Les dépenses publiques peuvent augmenter le stock de capital humain et physique et le progrès technologique dans l'économie mais peuvent faire cela indirectement en créant des synergies pour les activités privées. Sans cela l'économie ne fonctionne pas correctement et ne peut croître que faiblement (Romdhane, 2006).

Avant d'analyser l'impact des dépenses militaires et de leur efficience sur la croissance et les autres objectifs socio-économiques de la manière la plus opérationnelle possible, il y a lieu de définir et de quantifier au préalable la notion d'efficience. Les définitions et les méthodologies de quantification ont connu une certaine évolution en passant des mesures directes, qui sont relativement naïves, à des mesures indirectes établies à partir de techniques plus élaborées. Il est nécessaire de se pencher sur la définition ou au moins de préciser ce que recouvrent les concepts d'efficacité, d'efficience et de performance. En effet, les problèmes de définition de ces notions sont à l'origine des difficultés de leur évaluation (De la Villarmois, 2001).

SECTION 1 : ANALYSE THÉORIQUE DE L'EFFICIENCE DES DÉPENSES PUBLIQUES.

1.1. Les ambiguïtés des notions de performance économique et d'efficience.

1.1.1. La notion d'efficience.

Tout d'abord, il convient de distinguer les notions d'efficacité et d'efficience. Car en effet, bien qu'ayant une signification précise pour les économistes, ces deux termes sont souvent utilisés indifféremment. Nous définirons, avec De La Villarmois (2001), l'efficacité comme la capacité à réaliser des objectifs ; quant à l'efficience, nous retiendrons la définition économique qui se réfère au ratio output / input. L'accroissement de ce dernier provenant de la maximisation de l'utilisation de ressources qui passe par l'augmentation de la production sans accroissement des coûts, ou de la délivrance d'un niveau de production ou de service donné en réduisant les dotations factorielles. Le ratio chiffre d'affaires / effectif de la force de vente est un exemple de mesure d'efficience. Son accroissement passe, de manière évidente, par un accroissement du chiffre d'affaires et / ou une réduction de l'effectif commercial. La productivité est donc un indicateur d'efficience. Enfin, les termes performance et efficacité sont utilisés indifféremment. Ces précisions étant apportées, il faut remarquer que l'efficacité ou la performance recouvre des domaines particulièrement variés (De La Villarmois, 1998).

Alors que l'efficacité est une notion construite ayant une importance centrale, un des problèmes majeurs est le caractère élusif des définitions.36(*) Il existe de très nombreux inventaires ou typologies de critères d'efficacité. Deux réflexions seront évoquées : elles sont complémentaires et se distinguent par leur rigueur méthodologique. La première a été développée dans un environnement académique alors que la seconde s'est intéressée aux visions des dirigeants.

L'efficience d'une firme s'appréhende en deux dimensions : l'efficience technique, qui reflète la capacité d'une firme à obtenir l'output maximal pour un niveau donné d'inputs, et l'efficience allocative qui reflète la capacité de la firme à utiliser les inputs de manière optimale, étant donnés leurs prix respectifs. Ces deux mesures représentent alors l'efficience économique de la firme (Coelli, 1996). Elle s'exprime par le rapport entre la quantité produite et les ressources utilisées pour engendrer cette production (Morin, Savoie et Beaudin, 1994).37(*)

1.1.2. Les dimensions de la performance

Selon De La Villarmois (2001), il est nécessaire que la performance soit clairement définie et les outils de sa mesure précisés. En effet, la performance organisationnelle recouvre des concepts aussi divers que l'efficacité, l'efficience, la productivité, chacun de ces termes ayant une acception théorique précise. A partir d'une des nombreuses listes de critères d'efficacités dressées, Quinn et Rohrbaugh (1983)38(*) tentent de répondre à la question suivante : comment les théoriciens et les chercheurs perçoivent-ils la notion de performance ? Ils aboutissent à la mise en évidence de trois dimensions : la préférence pour un point de vue interne ou externe, le souci de flexibilité ou de contrôle et l'approche en termes de moyens ou de résultats.

Par la suite, Morin et al (1994) identifient les quatre dimensions suivantes de la performance organisationnelle : sociale, économique, politique et systémique. Les deux premières dimensions ne nécessitent pas d'explication particulière. Quant à la dimension politique, elle renvoie à la légitimité de l'organisation auprès des groupes externes alors que la dimension systémique concerne la pérennité de l'organisation. Cela ne signifie pas que chaque individu évalue l'efficacité de l'organisation sur chacune des quatre dimensions mais plutôt que leurs évaluations s'inscrivent à l'intérieur d'une ou de plusieurs de ces dimensions. Les auteurs expliquent les nombreuses difficultés d'opérationnalisation du concept de performance par ses caractéristiques. Ce concept est ainsi décrit comme multidimensionnel, hiérarchique et antinomique. Néanmoins, des protocoles ou des démarches dont l'objectif est l'obtention d'une mesure satisfaisante de la performance sont fréquemment décrits.

Il est alors possible de dégager plusieurs implications méthodologiques dans la manière d'appréhender la notion de performance. Bien qu'aucun consensus ne se fasse autour de la définition du concept de performance, il est surprenant de remarquer l'existence d'un accord sur la démarche à suivre pour aboutir à une mesure acceptable. De La Villarmois (2001) propose une démarche en cinq étapes :

La première étape doit permettre d'établir une description générale de la performance en adéquation avec le contexte de la recherche ou de l'étude. Au cours de la deuxième étape, le domaine de performance doit être affiné et précisé en essayant de déterminer l'ensemble des dimensions devant être appréhendées. Les moyens d'atteindre cet objectif peuvent être une revue de littérature, des interviews ou toute autre méthode exploratoire. La troisième phase consiste à choisir l'angle d'évaluation. En effet, différentes perspectives sont envisageables. Par exemple, pour les membres d'un réseau de distribution le responsable peut s'auto-évaluer, il peut aussi être évalué par ses partenaires ou bien par un observateur extérieur. La quatrième étape marque le passage de la définition du domaine de performance et des paramètres permettant de l'appréhender, aux problèmes de mesure. Il faut alors choisir parmi les nombreuses catégories de mesures disponibles (financières ou non, objectives ou perceptuelles, brutes ou standardisées) et les moyens de collecte. Une fois ces étapes respectées, il convient de générer les différents items constituant les échelles de mesure, ces items pouvant aussi bien être des indicateurs directement observables que des items créés de manière spécifique. Enfin, vient la cinquième phase d'évaluation de la fiabilité et de la validité, phase indispensable à toute démarche de mesure.

1.2. Les méthodologies de quantification de l'efficience des dépenses publiques.

L'efficience peut être évaluée et mesurée selon diverses techniques qui se sont véritablement développées que durant les décennies récentes. Romdhane (2006) résume cette méthodologie en trois approches : directe, indirecte, et l'analyse par les faits stylisés.

1.2.1. Les mesures directes de l'efficience.

Deux types de mesures directes ont été identifiés, au niveau de l'input ou de l'output. Selon le premier type, l'efficience est mesurée par le montant des ressources allouées au domaine d'intervention concerné, tel que l'éducation ou la santé. Ainsi, on considère qu'un pays est plus efficient s'il consacre une part de son PIB plus élevée au secteur en question qu'un autre pays.

L'approche- output considère que ce sont les réalisations d'objectifs et non les inputs qui mesurent le mieux l'efficience et l'effort fourni par les pouvoirs publics. Selon cette approche, les pays qui atteignent les niveaux d'éducation et de santé les plus élevés sont jugés être les plus performants, abstraction faite de l'importance des ressources qu'ils consacrent à ces fins.

Il est clair que ces deux approches ne sont pas satisfaisantes pour éclairer la question d'efficience puisque ni l'une ni l'autre ne rend compte du phénomène de gaspillage de ressources publiques. En effet, un gouvernement peut consacrer une part très importante de son budget à l'éducation ou à la santé sans que les performances ne soient bonnes en raison d'une mauvaise gouvernance se caractérisant notamment par une corruption très répandue. Inversement, des niveaux élevés d'indicateurs sociaux pourraient être le résultat de dépenses publiques excessives et donc de beaucoup de gaspillage de ressources qui auraient pu être utilisées dans le secteur productif.

Compte tenu de ces limites, il est indiqué de recourir à des mesures, dites indirectes, qui mettent en rapport les inputs et les outputs et rendent compte de l'écart entre l'output potentiel permis par des quantités d'inputs données et le niveau d'output effectivement atteint avec ces mêmes quantités.

* 36 Une première explication de cette ambiguïté pourrait être l'ascendance des sciences de gestion. En effet, les sciences de gestion sont une émanation des sciences économiques et, pour l'économiste, seul le concept d'efficience existe, la productivité en étant un indicateur (De La Villarmois, 2001).

* 37 Morin E. M., Savoie A, Beaudin G. (1994), L'Efficacité de l'Organisation - Théories, Représentation et Mesures, Gaëtan Morin, Editeur.

* 38 Quinn R. E., Rohrbaugh J. (1983), "A Spatial Model of Effectiveness Criteria", Management Science, Vol.29, n°3, pp.363-377.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld