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Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale

( Télécharger le fichier original )
par Xavier MALON
Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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INTRODUCTION

La construction progressive d'un dispositif cohérent et articulé de formation agricole : une impérieuse et incontournable nécessité

De très majoritairement rurale, la société sénégalaise est passée en quelques décennies à une urbanisation exacerbée, largement alimentée par l'exode rural et l'attrait de l'activité économique foisonnante de la capitale, Dakar.

Depuis 2004 en effet, la population urbaine représente désormais 51 % de la population totale, et cette proportion va encore croître, nous y reviendrons.

Cependant, à la différence de pays comme la France, qui a aussi connu ce basculement rural-urbain, le Sénégal ne peut compter sur un secteur secondaire développé et en expansion pour absorber les flux de main d'oeuvre issus de l'exode rural.

L'activité économique, qui se situe massivement dans « l'informel » (à plus de 90%), n'offre aucune garantie aux plus exposés, c'est à dire à ceux qui n'ont que leur seule force de travail pour faire vivre leur famille ; les diplômés, y compris du Supérieur, ne sont guère logés à meilleure enseigne étant donné l'étroitesse du marché de l'emploi relatif au secteur formel (le seul qui permette de valoriser un niveau de formation certifié).

Il est difficile dans ces conditions de se construire un avenir, et pire même : de l'imaginer.

On en mesure mieux aujourd'hui la conséquence la plus visible et la plus médiatisée ; il s'agit du phénomène des « pirogues-people », né immédiatement après les évènements tragiques qui se sont produits dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, en 2005, et dont l'ampleur n'a fait que révéler crûment une émigration moins visible mais croissante jusqu'à cette date.

Ce phénomène, qui révèle l'état de désespérance des jeunes, prêts à affronter la mort pour une hypothétique clandestinité dans des pays qu'ils ne connaissent le plus souvent que par la télévision, semble vouloir être combattu par les plus hautes autorités de l'Etat depuis mi 2006.

Celles-ci misent beaucoup sur un plan de retour vers l'agriculture, destiné aux clandestins rapatriés au Sénégal, mais aussi à tous ceux qui sont tentés par l'émigration.

Toutefois, au vu des conditions de vie peu enviables du paysannat, les jeunes ont largement fait savoir que leurs ambitions étaient toutes autres.

La question est donc : comment faire pour améliorer l'attractivité des métiers de l'agriculture, tant sur le plan de la réduction de la pénibilité des travaux, que sur celui d'une rémunération plus décente du travail ?

Un rapide survol du développement rural, au cours des cent dernières années, nous renseigne sur les leviers qui ont été actionnés pour faire décoller le secteur agricole ; ils ont pour noms culture attelée, encadrement et vulgarisation de nouvelles technologies, aménagements hydro agricoles, semences améliorées, intégration verticale de filières destinées à l'exportation, telle l'arachide.

Pour l'essentiel, la formation n'a concerné que les seuls agents d'encadrement et les cadres techniques de l'Etat, ce qui a pu apparaître logique dans une agriculture administrée, la seule qui intéressait véritablement les décideurs.

Les quelques tentatives d'expérimentation de formation à l'intention des agriculteurs ont toutes tourné court, du fait de financements non pérennes, et du désintérêt manifeste des principaux bénéficiaires visés.

Ceux ci se sont très vite rendus compte que les formations proposées (et les formateurs avec) méconnaissaient largement les contraintes de leur propre réalité au quotidien, et ne s'attachaient qu'à transférer des techniques importées d'ailleurs, qu'eux-mêmes n'avaient pas les possibilités financières de mettre en pratique. Sans en connaître le nom, ces paysans touchaient déjà du doigt ce qui s'apparente à une injection paradoxale.

Nous sommes tentés de résumer tout ceci en soulignant que le développement rural, sous sa forme la plus institutionnelle, s'est focalisé sur l'augmentation de la production, en oubliant de s'intéresser à l'amélioration de la productivité de l'agriculture, et plus encore à la productivité des exploitations agricoles, dans une optique de durabilité et d'amélioration des systèmes de production.

C'est ainsi que cette agriculture « de cueillette », au sens ou il s'agit prioritairement de cueillir à moindre coût la fertilité des ressources naturelles, a laissé de côté le développement humain (au sens de capital humain). Une expression couramment répandue permet de déceler cet état de fait : si ailleurs on parle de paysans, de cultivateurs ou d'éleveurs, d'agriculteurs, ici le vocable le plus utilisé est sans conteste celui de producteurs : un producteur doit ...produire, c'est sa principale raison d'être !

Ce faisant, on oublie un peu vite qu'un producteur ne peut se contenter de produire : il doit anticiper sur ses futures spéculations, en fonction du marché, des aléas climatiques, il doit évidemment vendre sa production, combiner au mieux les facteurs de production à sa disposition pour, si possible, vivre du fruit de son travail. Il doit enfin, si les conditions requises sont réunies, essayer de développer son exploitation, pour en vivre de mieux en mieux et satisfaire durablement les besoins de la famille.

Bien sûr, appliquée de façon solitaire, la solution Formation ne peut seule laisser espérer des gains significatifs de productivité, et à travers eux, une attractivité nouvelle des métiers de l'agriculture.

En revanche, nous savons désormais que le déploiement d'un dispositif de mesures de relance du secteur, qui ferait l'impasse sur ce levier privilégié pour obtenir des changements, est par avance condamné et donc doublement coûteux.

La prise de conscience tardive, au plan international, du caractère indispensable et prioritaire d'une Education Pour Tous, va dans ce sens ; c'est désormais fort heureusement une des toutes premières priorités, mais elle ne saurait à notre sens se suffire à elle-même.

Comment ces Etats, très jeunes et économiquement fragiles, pourront-ils gérer demain les résultats du processus EPT ?

Ce sont des cohortes de plusieurs centaines de milliers de jeunes instruits et diplômés qui exigeront impatiemment des emplois qualifiés et rémunérés en conséquence, qui n'existent pas aujourd'hui à cette échelle.

Pour le Sénégal, comme pour ses voisins, il est difficile d'imaginer comment la structure actuelle de l'emploi salarié formel pourrait évoluer pour être à même d'y faire face dans les quinze années à venir.

Sans rejeter à priori les marges de progrès afférentes à cette frange de l'économie nationale, il semble pour le moins réaliste et urgent se s'attacher à mettre en place des conditions plus favorables aux initiatives individuelles, créatrices d'auto emplois notamment en milieu rural, qui concentre en 2005 plus des deux tiers de l'ensemble emplois et auto-emplois.

Ainsi, en partant de la finalité recherchée, à savoir des acteurs économiques qui ont envie d'investir et de s'investir dans une activité en milieu rural, nous proposons de « remonter la chaîne des logiques à l'oeuvre », de la façon suivante :

  • n Le volume de cette insertion professionnelle « de masse » dépendra exclusivement de l'attractivité économique de ces métiers ;
  • n Cette attractivité repose pour l'essentiel sur la rentabilité et la productivité de ces activités ;
  • n Les revenus escomptés, dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles disponibles (parcours, terres arables, pluviométrie, etc.), dépendront des performances, lesquelles peuvent être mises en parallèle des capacités des agents économiques ;
  • n Ces capacités ne pourront se développer et se renforcer qu'à partir d'un socle minimal d'éducation de base, complété par une formation professionnelle plurielle, permettant de valoriser les résultats de la recherche, l'appui conseil apporté ainsi que l'information disponible.

A la suite de ces constats, nous nous attacherons à étudier comment la formation devrait être imaginée pour en espérer des résultats tangibles : quelles sont les modalités de définition et de mise en oeuvre les mieux à mêmes d'en garantir l'efficacité ?

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