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Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale

( Télécharger le fichier original )
par Xavier MALON
Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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II.5- REGULATION PARTICIPATIVE

Une recherche rapide sur le net ( Google ) a donné le résultat suivant, appliquée au changement :

«Models of change are those that recommend change managers to consult widely and deeply with those affected and to secure their willing consent to the changes proposed.» 41(*)

Nous traduirons celle-ci par :

« Les modèles de changement participatifs sont ceux qui recommandent aux responsables en charge d'un changement à conduire de procéder à une consultation large et approfondie de tous ceux qui en seront affectés, pour mieux s'assurer de leur consentement durant la phase de mise en oeuvre de ce changement. »

Bien que se référant à un objet particulier, cette définition semble très « orientée » : l'approche participative n'est envisagée que comme un moyen nécessaire pour s'assurer du consentement ultérieur d'une population qui sera affectée par les changements...imaginés et décidés par d'autres.

Il nous semble que nous sommes dans ce cas plus proche d'une manipulation collective, que de l'acception courante : « participer ensemble à... », où encore « impliquer tous les acteurs concernés, pour construire collectivement quelque chose ».

Par analogie, nous commenterons les interventions de Joël de Rosnay, lors d'un débat sur Lemonde.fr en janvier 2006, intitulé «  Internet, dix ans de révolution »42(*).

A la question de savoir si, grâce aux NTIC, les citoyens pourront à l'avenir intervenir de plus en plus dans la gestion de leur ville et de leur pays, Joël de Rosnay avait répondu que « la technologie ne résout pas les problèmes d'ordre sociétal, mais que par contre, leur ré-appropriation sociétale par les citoyens, en fonction de leurs besoins et de leurs souhaits, peut contribuer à trouver des voies. »

Un peu plus loin, précisant que les internautes ne font plus confiance à l'information ou aux réglementations descendantes (top-down), celui-ci en vient à évoquer une nouvelle forme de démocratie participative, et même une co-régulation citoyenne, qui nous rapproche singulièrement du concept de régulation participative, sans que ce terme ne soit formellement utilisé.

Bien que le sujet du débat auquel nous nous référons soit pour le moins éloigné de notre objet d'étude, nous ne pouvons nous empêcher d'y voir d'étranges similitudes. En effet, à la suite de l'ajustement structurel et de la dévaluation du début des années 90, qui ont contribué à l'affaiblissement des services publics et de l'intervention étatique, une multitude d'opérateurs privés et associatifs ont investi le secteur de la formation, sous les yeux d'un Etat affaibli et non préparé à assumer ses fonctions régaliennes de contrôle, dans un paysage recomposé.

C'est dans ce contexte qu'est apparue la nécessité d'imaginer de nouveaux modes de régulation, visant à garantir la qualité des prestations offertes, plus participatifs et qui tiennent compte non seulement de la place prise par les différentes catégories d'acteurs issus de la société civile, mais aussi de leurs compétences.

En réponse aux carences relevées au niveau des services étatiques, et à la méfiance généralisée qu'elles induisaient, cette nécessité se fondait plus précisément sur le double intérêt d'un filtrage collaboratif, gage d'une plus grande transparence des pratiques individuelles, et d'un processus collectif de vérification de la qualité à chaque niveau d'intervention.

Nous citerons une dernière fois J. de Rosnay, qui propose l'image suivante :

« c'est un peu comme dans l'industrie automobile où, sur la chaîne de montage, la voiture totalement assemblée n'est pas testée seulement à la fin pour sa qualité, mais à chaque vis ou à chaque poignée introduite au cours de l'assemblage ».

Ce parallèle nous permet de souligner que, dans un marché au fonctionnement imparfait (dû à l'information elle-même très imparfaite des acteurs), régulation participative ne signifie pas que chacun va intervenir comme il l'entend, en s'affranchissant de toute contrainte (à quoi ressemblerait alors le produit final ?), mais plutôt que doivent être créées les conditions d'une régulation coordonnée par l'Etat, à laquelle collaborent tous les acteurs impliqués.

Nous terminerons ce rapide tour d'horizon en nous intéressant au caractère supposé novateur que les agents de développement et les décideurs accolent généralement au paradigme du développement participatif.

Pour Jean Pierre Chauveau43(*), l'histoire institutionnelle du développement semble pouvoir être caractérisée par deux sortes de légitimité s'appuyant sur des systèmes disposant de leurs propres systèmes de valeur :

  • n Un système de type bureaucratique, « spécialisé dans la conception et l'administration du changement provoqué, tout en incitant les groupes sociaux bénéficiaires des interventions à s'organiser eux-mêmes (coopératives, etc).
  • n Un système plus populiste, né de l'évidence de l'échec répété des interventions top-down non négociées, qui consiste pour les développeurs à s'appuyer sur les ressources de la base, pour des raisons d'efficacité et de légitimité.

Pour JP Chauveau, cette culture populiste du développement sera à l'origine « d'une représentation stéréotypée du milieu rural africain, invariablement communautaire, solidaire et égalitariste. »

Réfutant les idées couramment admises qui voudraient faire du développement participatif une conception alternative et récente du développement rural, JP Chauveau propose, pour dater la diffusion du modèle participatif de développement rural dans les administrations coloniales française et britannique, la période post conquête militaire, durant laquelle les tentatives d'implanter des entreprises coloniales se révélèrent des échecs patents, et lorsque l'expérience d'une économie administrée (durant la première guerre mondiale) par les puissances occupantes se révéla utopiste.

Il en veut pour preuve l'influence qu'exerça « l'Indirect Rule » britannique sur notre administration coloniale d'après guerre, qui évoluera ainsi sensiblement du Pacte colonial, fondé sur une exploitation autoritaire des ressources « minières » à l'association des paysans. Le ministre Sarraut prônera ainsi une politique de mise en valeur axée sur la croissance économique mais aussi sur le développement humain.

A ce stade, il nous faut conclure : en quoi concrètement cette exploration va enrichir notre observation du Réseau des acteurs de la Formation dans la Vallée du Fleuve Sénégal (RESOF) ?

La question pourrait être formulée ainsi :

A quels niveaux se situe la participation des membres du RESOF dans les aspects régulation de l'offre de formation et de ses pratiques ?

  • n S'agit-il d'une réelle co-régulation réfléchie et mise en oeuvre sous forme collaborative dans laquelle s'impliquent les acteurs ?
  • n Ou bien, de façon plus passive, s'agit-il d'une simple consultation des membres aux moments-clefs des processus engagés, destinée à s'assurer du consentement plus ou moins tacite des intéressés, pour prévenir autant que possible toute remise en cause qui pourrait bloquer ces processus de changement ?

Si nous préférons à ce stade la première hypothèse, nous devrons toutefois nous intéresser à la pluralité des niveaux auxquels se prennent les décisions et s'élaborent les consensus, ainsi qu'aux différents échelons de leur opérationnalisation (où s'effectuent, comme sur une chaîne d'assemblage, les différents points de contrôle de la qualité d'ensemble recherchée).

* 41 www.prenhall.com/wps/media/objects/213/218150/glossary.html - recherche du 28/10/06.

* 42 Auteur de « La révolte du pronétariat » (Fayard, 2006) - débat Lemonde.fr du 27/01/2006 : http://veillepedagogique.blog.lemonde.fr/veillepedagogique/files/pronetariat.doc

* 43 Jean-Pierre Chauveau, « Le « modèle participatif » de développement rural est-il alternatif ? », in le bulletin de l'APAD n°3. Mis en ligne le 4/07/06, consulté le 2/10/06 http://apad.revues.org/document380.html

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