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Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale

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par Xavier MALON
Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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III.2.1.3- Les marges de manoeuvre du système RESOF

La marge de manoeuvre peut se définir comme l'autonomie marginale dont il dispose, après déduction de l'ensemble des contraintes qui pèsent sur son rayonnement (nous compléterons cet essai de définition par la suite).

Or, ces contraintes sont nombreuses ; sans prétendre à l'exhaustivité, nous pensons en avoir identifié quelques unes, certaines d'ordre général, et d'autres plus spécifiques au réseau lui-même.

· Le taux d'alphabétisation assez faible des ruraux, et plus encore pour les femmes, notoirement connues pour leur dynamisme et leur contribution à l'économie rurale. Ce frein pèse sur les échanges et sur l'accès à l'information d'une manière générale : ce qui va de soi dans un réseau en France pose problème ici.

Sauf à vouloir travailler de façon élitiste, avec les seules personnalités les plus éduquées, c'est toute la stratégie de communication qui mériterait d'être repensée.

· L'aire d'intervention du réseau est importante dans l'absolu

Les régions de Saint-Louis, Matam et Louga totalisent 73 315 km², auxquels il convient d'ajouter une partie des 60 000 km de la région de Tambacounda ; cela équivaut à environ treize départements français, répartis sur une bande de plus de cinq cent kilomètres de longueur. La couverture de cette aire doit aussi s'apprécier au regard des voies de communication terrestres, dont seuls quelques axes principaux sont praticables en toute saison, mais aussi de l'accès encore limité aux NTIC en milieu rural.

De ce fait, la communication interne se réduit parfois à une activité ponctuelle, aux temps forts que constituent les rencontres physiques entre ses membres à l'occasion d'une réunion ou d'un atelier.

· Le caractère pressent des attentes particulières à satisfaire

Nous opposerons ce point à la construction d'une intelligence collective, qui nécessite du temps ; le soucis de préserver la cohésion du groupe oblige à prendre en considération ces attentes, parfois relativement éloignées de la raison d'être de l'organisation.

· Le mélange des membres, acteurs de l'offre et de la demande de formation.

Sous certaines conditions que nous aborderons au terme de notre réflexion, cette réalité peut constituer un atout décisif ; néanmoins au stade actuel il nous semble que le focus sur l'objectif de satisfaction de la demande (en tant que membre) hypothèque l'évolution qualitative espérée initialement de la part des offreurs de service.

Il est à craindre en retour que cette prégnance ne soit préjudiciable à la qualité des réponses apportées aux préoccupations des ruraux, et donc à leur impact ; en d'autres termes, la paix négociée à court terme peut s'avérer désastreuse sur le long terme si la valeur ajoutée collective du RESOF n'apparaît pas manifeste.

· L'effacement des institutions membres derrière la forte personnalisation des relations

On rétorquera que c'est là le propre des réseaux, toutefois, le poids potentiel du RESOF se mesure bel et bien à l'aune de ses organisations membres ; ce sont elles qui adhèrent en cotisant, et non les individus qui les représentent.

Nous devrons encore poursuivre nos investigations avant de pouvoir affirmer que celles-ci sont régulièrement informées des activités du RESOF, et qu'elles se reconnaissent à travers son action.

· L'apparente perplexité (mais peut être n'est-ce que de la prudence) dont font preuve les autres systèmes situés dans l'environnement du réseau ; le cas des collectivités locales a déjà été évoqué, aussi nous illustrerons notre propos à l'aide de deux autres exemples :

o L'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR), dont deux de ses directions régionales sont membres, et la SAED dont l'emprise sur la Vallée est très forte sont les principaux services d'appui, de conseil et d'intermédiation ; on pourrait croire que la collaboration est naturelle et quotidienne, mais cette hypothèse nous paraît hasardeuse à ce jour.

o Les projets de développement rural, ou de développement local, dont l'énumération serait fastidieuse semblent pareillement ignorer le RESOF, alors qu'ils travaillent régulièrement avec une bonne partie de ses organisations membres.

Lorsque l'on connaît le contexte rural dans lequel se déroulent les interventions des uns et des autres et la fréquence des opportunités de rencontres, on ne peut qu'être surpris de ce cloisonnement quasi étanche, dont le caractère artificiel apparaît à maints égards illogique.

· L'identité floue du RESOF

Il est peu sélectif, d'autant qu'il cherche à élargir sa base, et ses membres ont des profils très divers ; il n'a pas de statut formel et ne peut donc se prévaloir de la personnalité morale au plan juridique ; les actes techniques et de gestion qu'il pose portent donc la seule signature du CIFA, légalement reconnue.

Pour couronner le tout, il est hébergé par ce même CIFA, dont un des formateurs assure à mi-temps l'animation du réseau ; on ne s'étonnera donc pas de la confusion entre ces deux entités dans l'esprit de nombreux acteurs, y compris parmi les organisations structurées qui sont représentées au sein de son secrétariat. Que dire alors de sa visibilité vis à vis des tiers ?

· Une dernière contrainte, et non des moindres, nous paraît être l'extrême dépendance financière ; les fonds collectés par le biais des adhésions et cotisations annuelles ne sont guère plus que symboliques, et son existence ne dépend que du bon vouloir de son unique partenaire qu'est la coopération suisse.

La marge d'autonomie est donc faible, et le fonctionnement peut être stoppé net indépendamment de sa volonté, comme l'a révélé le gel momentané des appuis financiers entre juillet et décembre 2003 (dont fait état le RESOF dans son rapport d'activité 2003-2005).

A la suite de cette énumération, nous pourrons nuancer notre première définition des marges de manoeuvre, en y adjoignant un certain nombres d'atouts potentiels ; nous en avons identifié trois qui, subtilement manoeuvrés, peuvent se révéler de puissants moteurs :

· De puissantes organisations membres

Certaines ont prouvé leur capacité à négocier avec les partenaires au développement. La première d'entre elle, l'Association Sportive et Socio Culturelle des Agriculteurs du Walo (ASESCAW) se caractérise à la fois par un poids démographique très important, une dimension régionale, des ramifications au sein des collectivités locales avec un certain nombre d'élus, et compte parmi ses membres des acteurs d'un poids économique considérable (en lien avec la gestion des périmètres irrigués).

Celle-ci jouit par ailleurs d'une légitimité historique dans le mouvement associatif sénégalais : ce sont ses responsables qui sont à l'origine du mouvement paysan : Fédération des ONG du Sénégal (FONGS - Action paysanne) d'abord, puis Conseil National de Coopération et de Concertation des Ruraux (CNCR) ; tous deux sont internationalement reconnus pour leur indépendance, leur capacité de mobilisation et leur force de proposition.

· Les opérateurs de formation membres (publics et privés) ont des bases qui restent fragiles, et de ce fait pourraient être disposés à évoluer en se servant du RESOF comme levier.

Les privés n'ont pas atteint la taille critique qui leur permettrait de lisser leur charge de travail, dans un secteur ou la compétition est d'autant plus féroce que les compétiteurs viennent souvent de Dakar.

Les établissements publics sont en règle générale mal en point, et les ruraux ont pris l'habitude de bouder leur offre, à qui ils reprochent une rigidité excessive héritée du temps ou ces établissements formaient essentiellement pour le compte de l'Etat employeur ; ceux relevant de l'Education font exception, pas tous, mais ils sont confrontés au même désintérêt de leurs cibles lorsqu'ils s'aventurent sur le terrain de la formation continue, dont ils convoitent une partie des flux financiers.

· La possibilité d'éveiller l'intérêt des décideurs locaux, et au premier chef les collectivités locales.

Celles-ci pourraient, de par leurs pouvoir propre et leurs partenariats multiples, se révéler de puissants catalyseurs pour peu que le RESOF s'intéresse à leurs attentes spécifiques dans le domaine opérationnel, et fasse montre de réalisme en leur proposant un début de réponse sous une forme très concrète.

Les contacts répétés de sensibilisation à leur endroit pourraient du reste être rangées au nombre des solutions déjà tentées par le RESOF, que nous aborderons à la suite.

Au final, les marges de manoeuvre apparaissent à la fois limitées, du fait de la prégnance de contraintes objectives, mais aussi réelles, moyennant quelques adaptations nécessaires dans la forme et les méthodes.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote