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Du NOMIC au Sommet Mondial de la Société de l'Information : Le rôle de l'UNESCO dans la réduction de la fracture numérique

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par Destiny TCHEHOUALI
Université Stendhal (Grenoble) / Institut de la Communication et des Médias - Master 2 Recherche - Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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III- Conséquences de l'échec du NOMIC

La conclusion du rapport McBride et l'échec du NOMIC feront naître le thème de la dépendance culturelle avec Salinas et Paldan : L'analyse du contenu n'est pas importante, mais c'est l'analyse du processus de production de ce contenu qui compte. Ensuite, l'UNESCO a décidé d'éradiquer de son langage administratif, jusqu'au sigle de NOMIC. Ce tabou a paralysé dans l'institution la possibilité d'un retour critique sur le passé et ses contradictions. Finalement, le nouvel ordre mondial de l'information et de la communication a été enterré par l'agence des Nations unies, à la fin des années 80, avec la promotion d'une «nouvelle stratégie de communication» visant à promouvoir une large diffusion de l'information.

C'est en effet au milieu des divergences sur le rapport McBride que l'UNESCO a organisé la réunion de la conférence Intergouvernementale pour le Développement de la Communication (DEVCOM). L'un des premiers succès du dialogue Nord-Sud qui a permis à A. M. M'Bow de quitter la tête de l'UNESCO par la grande porte, et sur une lueur d'espoir

est bien l'adoption par consensus de la résolution 4/21 décidant « d'instituer, dans le cadre de l'UNESCO, un Programme International pour le Développement de la Communication ». Nous reviendrons plus loin sur le bilan dont pourrait se targuer aujourd'hui ce programme notamment en Afrique après 27 ans de coopération internationale pour atteindre les objectifs fixés depuis 1980.

Le NOMIC a bien vite été oublié et ceci compte tenu des changements qui se sont opérés dans la décennie 80-90 sur la nature des discours et des débats. Masmoudi Mustapha, qui était l'un des membres de la commission internationale McBride sur la communication écrivait dans son ouvrage24 complémentaire au rapport que : « La commission a mis en évidence les liens qui existent entre le NOEI25 et le NOMIC, ce dernier étant le corollaire et une partie intégrante du premier. Entre les deux, il existe une relation cohérente qui tient au fait que l'information est devenue désormais une ressource économique fondamentale, qui assume une fonction sociale essentielle, mais qui est aujourd'hui inégalement répartie et mal utilisée. »

Armand Mattelart évoque également ce passage à un nouvel impératif industriel et économique lors d'un entretien réalisé par Antonia García C. pour la revue Cultures & Conflits (C&C) sur le thème « Société de la connaissance, société de l'information, société de contrôle ». Il confie à cet effet que : « Au niveau de la politique internationale, les débats ont également changé de nature et se sont déplacés sur un terrain purement économique et technique. Jusqu'au milieu des années 80, les débats sur l'avenir des communications avaient encore lieu au sein de l'UNESCO, en présence de nombreux représentants des pays émergents et en développement. Aujourd'hui, les décisions les plus importantes en matière d'information et de communication sont prises au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de la Conférence pour le commerce et le développement (UNCTAD), de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE), de l'Union Internationale des télécommunications (UIT) ou de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Dans ces instances, les pays pauvres et en développement sont soit peu représentés, soit soumis à de fortes pressions et menaces de rétorsions. Leur participation aux débats est donc faible. ». Le même constat n'a pas non plus échappé à Jean-François Têtu qui , lors du

24 MASMOUDI Mustapha, Voie libre pour monde multiple, Paris, Economica, 1986.

L'auteur décrit ici l'évolution et les objectifs du NOMIC de même que ses dimension technique, économique, sociale et culturelle.

25 NOEI : Nouvel Ordre Economique International.

Premier colloque franco-mexicain - Mexico du 8 au 10 avril 2002 : Identité, culture et Communication, intervint en ces termes : « Si l'UIT a franchi le cap de deux guerres mondiales, la montée et les désordres des totalitarismes, on voit bien, dans le combat entre les organismes de "régulation" actuels et les tentations d'hégémonie de la part de quelques acteurs économiques majeurs, que l'enjeu n'est plus celui de la maîtrise idéologique dans un territoire (ce qui serait une question de combat culturel), mais celui de la domination des marchés. » Les enjeux que sous-entend ce phénomène sont certes nombreux et les acteurs concernés par l'actuelle mutation sociale et économique se manifestent désormais tant au niveau local qu'international. Les Nations Unies, conscientes de son ampleur et l'ONU se rendant compte depuis quelques années du besoin d'une approche multipartite sur ces questions, a créé un groupe d'étude sur les TIC («UN ICT Task Force ») ayant pour vocation de réaliser un travail de coopération entre les différents acteurs.

Il faudrait tout de même remarquer qu'en dehors des déplacements des lieux des débats et de la nature des débats, les acteurs qui animent les débats restent pratiquement les mêmes. Rien n'aurait donc véritablement changé en 27 ans, puisque la communauté internationale est toujours à la recherche d'un ordre dans un contexte de mondialisation et de globalisation qui suggérerait ici l'idée de désordre. C'est à croire que nous en sommes encore à ce que Sylvain Bemba (Congo) préconisait dans les années 1978 : «assainir la conjoncture économique mondiale» et sa phrase, « le bout du tunnel n'est pas pour demain », semble toujours être d'actualité.Des bouleversements géopolitiques sont cependant pointés dans le rapport mondial sur la communication en 1997. L'UNESCO y affirme que si les bouleversements géopolitiques ont modifié les relations entre pays du Nord, « au Sud de nombreux pays passent d'un Tiers Monde uniforme et pauvre à un Sud plus différencié ». En effet, l'UNESCO défend ici l'idée selon laquelle la traditionnelle distinction entre pays industrialisés et pays en développement apparaît de plus en plus nuancée. Si de nombreux pays tant qu'en Asie, qu'en Amérique Latine ou en Europe centrale et orientale réussissent des percées économiques, l'UNESCO précise que ces nouvelles opportunités de croissance ne peuvent masquer les inégalités économiques majeures tant entre les pays industrialisés et ceux en développement, qu'à l'intérieur même des pays qui bénéficient de cette croissance.

C'est pourquoi notre échelle d'analyse Nord-Sud ne saurait nous élever à hauteur d'une quelconque prise de position radicale d'appréhension des rapports géographiques dominés- dominants, mais reste une simple référence historique au contexte des débats sur les inégalités.

Aujourd'hui, nous notons tout comme l'UNESCO une certaine évolution de l'échiquier géopolitique qui nous oblige à faire évoluer aussi certains fondements de nos réflexions. C'est ainsi qu'en dépassant les stéréotypes, nous aborderons la question de la fracture numérique et celle de la solidarité numérique dans un contexte d'interdépendance inégale26.

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