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Faute et Châtiment. Essai sur le fondement du Droit pénal chez Friedrich Nietzsche

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par Rodrigue Ntungu Bamenga
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius Kimwenza, RDCongo - Bacchalauréat en Philosophie 2005
  

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Chapitre 3

L'INDIVIDU COMME VOLONTE

Après un long parcours à la recherche de la visée du châtiment, nous en venons maintenant aux implications concrètes de l'idée développée jusqu'ici. En effet, l'individu demeure un problème. En dépit du châtiment, il n'a jamais renoncé à un agir mauvais. Manifestement, toute punition présente donc un versant mauvais, sinon elle rendrait toujours l'individu meilleur.

III.1. Les méfaits de tout châtiment

Le châtiment vise avant tout l'homme et non son acte. On sanctionne le voleur (qui pourrait recommencer) et non le vol déjà consommé. Alors que l'ambition de la morale est de rendre les individus intérieurement meilleurs les uns aux autres, le châtiment poursuit un seul but : éduquer l'homme à un peu plus d'humanité. A côté de cet avantage, toutes les philosophies du droit connaissent son plus grand méfait : le châtiment ne voit en l'homme que ce qu'il y a de mauvais. Il oublie le bien accompli tous les jours. De même, il enseigne à l'homme à "ne pas faire... ", à cause d'une sanction toujours possible. Ainsi, si l'homme vit dans le mensonge et avoue difficilement ses torts, « c'est précisément le châtiment le châtiment qui a le plus puissamment retardé le développement du sentiment de culpabilité (...) C'est l'aspect des procédures judiciaires et exécutives, qui empêche le coupable de condamner en soi son méfait et la nature de son action ».76(*)

A voir les choses de près, le châtiment est irrationnel. Il l'est formellement parce que, en poursuivant un malfaiteur, le policier et l'accusateur usent de moyens interdits par la loi (espionnage, duperie, corruption, pièges et tout l'art plein de ruses et d'artifices), sans être châtiés à leur tour. Il est plus irrationnel encore, parce que « ces actions [du policier et de l'accusateur] essentiellement criminelles qui n'ont même pas pour excuse la passion : le rapt, la violence, l'outrage, l'incarcération, la torture, le meurtre (...) -tout cela n'est donc pas condamné par le juge et reprouvé en soi, mais seulement dans certaines circonstances et sous certaines conditions ». 77(*) Tout bien considéré, ces constats poussent Nietzsche à une conclusion lapidaire : « le châtiment dompte l'homme, mais ne le rend pas meilleur ; - on pourrait, avec plus de raison, prétendre le contraire. "Dommage rend sage", dit le peuple. Mais, dans la mesure qu'il rend sage, il rend mauvais. »78(*)

Cet accent pessimiste de Nietzsche ne revendique pourtant pas l'impunité. Le châtiment reste nécessaire, tant que l'homme demeure faillible. De ce point de vue, l'Afrique en a besoin, pour faire face aux problèmes sociaux et politiques causés par l'excès d'impunité. On sait que le pardon comme tel n'est pas une vertu politique. Ainsi, les Etats africains et les institutions internationales (Nations Unies, Union Africaine) ne gageraient rien à promettre des châtiments complaisants aux malfaiteurs en Afrique. N'a-t-on jamais menacé de sanctions foudroyantes les forces rebelles en RDC (cas du cannibalisme commis en Ituri par le Mouvement pour la Libération du Congo -MLC) et récemment au Soudan (menaces de l'ONU contre le gouvernement de Kathoum pour la guerre au Darfour), sans exécution concrète ? C'est dire que la paix en Afrique n'est possible qu'à condition de restaurer la valeur du châtiment.

Néanmoins, Nietzsche estime qu'on ne peut gémir sur le mal qui revient sans cesse dans l'agir humain. Car, en dépit du châtiment, l'individu demeure avant tout « volonté ». Volonté de s'améliorer, de se conformer aux normes ou de recommencer un crime colossal. D'où viendra le salut, sinon de « ce libérateur de la volonté qui rendra au monde son but, à l'homme son espérance »79(*) : Zarathoustra.

* 76 GM, p. 132.

* 77 Ibidem.

* 78 Ibid., p. 135.

* 79 Ibid., p. 160.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand