WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques liés aux effluents hospitaliers

( Télécharger le fichier original )
par Evens EMMANUEL
INSA de Lyon - Thèse de doctorat 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VI. Conclusion

VI.1. La démarche générale de l'EDR

L'évaluation des risques écologiques ou sanitaires peut-être prospective ou rétrospective (SuTER, 1993). Le processus d'évaluation de risque comprend trois étapes (voir la figure 6) : la formulation de problème, l'analyse et la caractérisation du risque (EPA, 1992).

L'étape de formulation du problème, considérée comme la phase de planification et de délimitation, consiste en une prise de connaissance de la problématique sanitaire et écologique posée par les substances dangereuses émises ou qui seront émises par le système à évaluer. Au cours de cette étape, l'évaluateur du risque aura à élaborer un modèle conceptuel (le scénario), dans lequel seront identifiés:

· les stresseurs, les écosystèmes à protéger, les éléments à risque (définitions des points finaux d'évaluation) ;

· les échelles spatiales et temporelles des phénomènes, les approches utilisées (tests de toxicité, bio-essais,...) ;

· les données factuelles nécessaires.

La phase d'analyse comprend deux opérations parallèles, la caractérisation de l'exposition et la caractérisation des effets écologiques. CHAPMAN (1991) note trois types d'outils découlant de la formulation du problème qui peuvent être mis en oeuvre pour la réalisation de la phase d'analyse :

· les modèles expérimentaux ;

· les indicateurs in situ ;

· les modèles mathématiques incluant les modèles statistiques et les modèles déterministes.

Les modèles expérimentaux sont les essais classiques du devenir, du comportement et des effets des polluants (a) à différents niveaux d'organisation, c'est-à-dire les essais de laboratoire (tests monospécifiques) et les différents essais intégrés -- depuis les essais plurispécifiques jusqu'aux mésocosmes -- et (b) pour différents types de polluants, depuis la substance pure jusqu'au milieu pollué « bio-essais » (RmERE, 1998).

Les indicateurs in situ consistent en des observations et des études de terrain sur la réaction des éléments vivants par rapport aux xénobiotiques. Ils comprennent :

· les mesures effectuées sur un site pour déterminer les concentrations de polluants ;

· les observations de nature éco-épidémiologiques, destinées à mettre en évidence les effets toxiques. L'utilisation d'organismes sentinelles et l'observation d'effets toxiques sur des végétaux cultivés ou des animaux encagés sur le site, relèvent aussi de cette dernière approche.

Les modèles mathématiques sont le plus souvent utilisés pour exprimer les résultats des essais classiques. Ils se divisent en deux grandes catégories :

a- les modèles statistiques-- Ces modèles servent à la description et à l'interprétation des résultats des tests. La classique relation log(dose)-probit qui relie la concentration du toxique à la mortalité, est l'un des exemple de ces modèles. Les modèles statistiques (modèles de régression) sont des algorithmes qui servent à extrapoler de l'espèce testée à l'espèce présente dans le milieu naturel, ou à des doses qui sont en dehors de la gamme testée, ou encore à des produits différents (RIVIERE, 1998).

b- Les modèles déterministes-- Ils sont élaborés après une analyse fine des phénomènes physiques, chimiques et biologiques qui peuvent intervenir lors de l'exposition, dans les conditions du scénario, des écosystèmes cibles aux effluents pollués étudiés. La prédiction de ces phénomènes peut être basée sur des données théoriques, mais elle peut aussi, et cela est à notre avis tout à fait souhaitable compte tenu de la complexité des phénomènes mis en jeu dans le cas des dépôts de sédiments, s'appuyer sur des résultats expérimentaux (BABUT et PERRODIN, 2001).

L'exposition désigne le contact des éléments vivants avec un agent physique ou chimique (EPA, 1986). La National Research Council (1983) définit cette étape comme « l'opération de mesure et d'estimation de l'intensité, de la durée et de la fréquence de l'exposition à un produit dangereux ». Pour SUTER (1993), c'est « l'opération qui relie source et effet ». La réalisation de cette étape suppose, selon RIVIERE (1998), l'identification précise :

· du cadre spatial et temporel

· des éléments en présence (X, le polluant et Y, le pollué)

· des forces qui les animent ( --> )

· de leur interaction (XY)

La caractérisation des effets écologiques se base sur les essais de toxicité et d'écotoxicité réalisés sur différentes espèces animales ou végétales, ou encore sur des données écoépidémiologiques provenant d'espèces domestiques ou sauvages exposées à la pollution environnementale (organismes sentinelles).

L'étape finale « la caractérisation des risques » est la confrontation de l'évaluation des effets à celle de l'exposition (BABUT et PERRODIN, 2001).

Le paradigme de l'évaluation des risques offre un cadre général permettant d'élaborer, à partir d'un modèle conceptuel spécifique, une méthodologie pour estimer l'éventuel risque lié à toute activité qui émet des rejets et des déchets. Il permet d'extrapoler des maillons inférieurs de la chaîne, considérés dans le processus pour des points finaux (d'évaluation et de mesure), jusqu'à l'homme. Fondamentalement, le processus d'évaluation des risques écologique permet de mieux appréhender les interactions existantes entre les différentes espèces vivantes des systèmes abiotiques.

VI.2. Conclusions et objectifs

L'objectif de cette étude est d'évaluer les risques pour la santé humaine et pour les écosystèmes liés à l'exposition des substances émises par les hôpitaux à partir de leurs rejets liquides. Les problèmes écologiques et sanitaires posés par les effluents hospitaliers ont à moyen-terme des coûts économiques et sociaux externes qui se manifesteront particulièrement au niveau de certains secteurs. Le tableau 10 illustre certains effets économiques et sociaux pouvant résulter de l'exposition des effluents hospitaliers.

Tableau 16 : Les effets économiques et sociaux pouvant résulter de l'exposition des E.H.

Exposition des effluents hospitaliers

Effets économiques et sociaux

Emission de polluants vers les écosystèmes

naturels

Induction d'un danger pour les milieux vivants (eau, sol, air)

Pollution des eaux de surface et des nappes

Augmentation des coûts de production d'eau potable

Pollution des écosystèmes aquatiques et du sol

Destruction de la biodiversité des milieux avec
des effets directs sur les populations, en

particulier des bactéries, des algues, des

invertébrés avec des conséquences sur le potentiel épuratoire des écosystèmes artificiels (les STEP) et des écosystèmes naturels . Effets indirects sur les peuplements des poissons qui représentent une source importante de protéine pour l'homme, et parfois la seule source de protéines pour des populations de PED

Contamination des coquillages

Diminution de la pêche à pied, effet indirect sur l'industrie de l'artisanat

Pour l'atteinte des objectifs de l'étude, la méthodologie générale de l'EDR fournit un cadre théorique permettant d'élaborer le modèle conceptuel à partir du mode gestion des effluents hospitaliers observé dans les pays industrialisés et dans les PED.

Dans les pays industrialisés les hôpitaux sont répertoriés comme des infrastructures collectives urbaines. Pour les activités de soins et de recherches médicales, les établissements de santé utilisent un important volume d'eau et beaucoup de substances chimiques. En France, Les dispositions prévues par les arrêtés préfectoraux spécifiques, concernant l'exploitation des établissements hospitaliers autorisés, leur attribuent le statut d'Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE). Etant des établissements classés, les hôpitaux sont obligés de respecter un certain nombre de prescriptions, notamment en matière de rejets liquides (CLIN PARIS-NORD, 1999). Les effluents liquides ainsi générés par les hôpitaux, sont donc rejetés dans le réseau d'assainissement urbain pour être ensuite traités par la STEP communale. Etant un élément de l'ensemble du système urbain, les rejets hospitaliers deviennent donc, dans la gestion des sous- systèmes de la ville ou des réseaux physiques urbains, un objet de recherche rattaché aux politiques de santé publique et d'aménagement de l'espace. Pour mieux appréhender les modes de transfert des

polluants hospitaliers du terme source vers les cibles pré-sélectionnés, la figure 14 reproduit le mode de gestion des rejets liquides observé dans une grande ville du Sud-Est de la France.

EFFLUENTS DES
DIFFERENTS SERVICES
HOSPITALIERS

RESEAU
D'ASSAINISSEMENT
HOSPITALIER

Collecteur du réseau d'assainissement hospitalier (contenant les rejets liquides

hospitaliers : domestiques, industriels et spécifiques aux activités de soins et de recherches médicales)

Réseau d'assainissement urbain (contenant les effluents hospitaliers et les effluents classiques communaux)

Emissaire (Conduite reliant la STEP au milieu récepteur). Les eaux usées contenues dans cette canalisation sont partiellement épurées. Elles révèlent

des concentrations non négligeables pour des substances difficilement dégradables telles : AOX, médicaments, radioéléments, désinfectants, solvants chlorés, etc. ...)

STATION
D'EPURATION
COMMUNALE

MILIEU
NATUREL
(rivières ou

océans)

Figure 14: Mode de gestion des effluents liquides hospitaliers observé dans une grande
ville du Sud-Est de la France.

La précarité des conditions économiques des pays en développement a fait du rejet des effluents dans les cours d'eau ou dans la mer et de l'épandage sur les sols, les seuls moyens de traitement et d'élimination des eaux usées. Ces méthodes provoquent, le plus souvent, la contamination des eaux de surface, des eaux souterraines et du sol. A Port-au-Prince, les eaux usées domestiques et industrielles collectées au niveau de cet espace urbain se déversent directement dans la mer sans aucun traitement préalable. Les collecteurs du système de drainage des eaux pluviales servent, entre autres, de latrines à des milliers de sans-abris de la zone métropolitaine (EMMANUEL et AZAEL, 1998). La figure 15 fournit une compréhension du mode de gestion des effluents liquides de certains hôpitaux de Port-au-Prince en Haïti.

EFFLUENTS DES
DIFFERENTS SERVICES
HOSPITALIERS

RESEAU
D'ASSAINISSEMENT
HOSPITALIER

MILIEU NATUREL
(épandage sur les sols,
recharges artificielles
des nappes
souterraines, rivières

ou océans)

 
 
 

_N7

 

FOSSES SEPTIQUES

 
 

En tenant compte premièrement du volume et de la complexité des effluents hospitaliers et deuxièmement de la faible rentabilité des fosses septiques dans le traitement primaire des effluents liquides (soit environ 30% de rétention du total de la matière oxydable), on peut avancer que le milieu naturel reçoit entre 80 et 100% de la charge polluante hospitalière caractérisée entre autres par les liquides biologiques, les microorganismes pathogènes, les organohalogénés, les solvants, les résidus de médicaments, les détergents, etc.

Figure 15 : Mode de gestion des effluents liquides de certains hôpitaux de Port-au-Prince en Haïti.

Les deux modes de gestion diffèrent par la dilution que connaissent les effluents hospitaliers dans le réseau d'assainissement urbain et dans les STEP des pays industrialisés avant d'arriver dans les milieux naturels, alors que dans les PED la charge polluante de ces rejets liquides arrive dans les écosystèmes pratiquement inchangée. Le danger, inhérent à ces effluents, pour les écosystèmes s'exprime dans les deux modes de gestion. Cependant il est généralement plus aigu dans l'environnement des PED, pour des raisons liées à une faible ou une absence de dilution.

En effet, il est reporté que les effluents hospitaliers sont dilués au moins de 100 fois dans la STEP (NICNAS, 1994 ; JouBols et al., 2002) et certaines substances chimiques notamment les désinfectants et les détergents réagissent soit avec les protéines (NICNAS, 1994), soit avec les sucres pour donner des substances plus dégradables. En prenant en considération la possibilité pour une substance comme le glutaraldéhyde de réagir avec les protéines contenus dans les affluents et les facteurs de dilution de la STEP, JouBols et a/. (2002) avancent « la concentration du glutaraldéhyde dans les effluents de la STEP et dans les eaux de surface est 1000 fois plus faible que celle mesurée dans le réseau d'assainissement de l'hôpital ».

Par ailleurs, la Commission Européenne (1995) recommande un facteur moyen de dilution de 10 pour les médicaments dans les eaux naturelles. Ce faible taux de dilution est dû probablement aux caractères peu biodégradables de ces molécules. La figure 16 présente les principaux stresseurs susceptibles de provoquer des effets indésirables aux écosystèmes.

Radiologiques

Microbiologiques

Chimiques

Les principaux stresseurs des effluents hospitaliers

--1_ L.-

Les écosystèmes naturels et artificiels exposés dans le processus de rejet

Air

À

(rejet direct parfois)

\/

Réseau d'assainissement de l'hôpital

.....L.

(--(le réseau d'assainissement urbain)

STEP communale

\/

Eaux de surface

Sol

Eaux souterraines

Les radioisotopes
utilisés en
médecine
nucléaire (3H, 1251,

1311, 32P, 14C,etc.)

les coliformes fécaux, les
streptocoques fécaux, les

spores des bactéries sulfitoréductrices, les germes multirésistants, les virus, etc.,

Les désinfectants, les détergents, les solvants chlorés, les paramètres facilitant l'eutrophisation (N, P), les métaux lourds (As, Ag, Cu, Cr, Hg, Ni, Zn, etc.), les médicaments,...

Figure 16 : Les principaux écosystèmes pouvant être exposés aux effluents
hospitaliers.

Dans la figure 16, l'approche en cascade (PERRODIN al., 2002) est utilisée pour illustrer la source et les voies de transferts des polluants. Cette approche permet également dIdentifier les écosystèmes à protéger. Des pointillés sont utilisés pour représenter les effets jugés secondaires dans le cas des risques liés aux effluents hospitaliers. La figure 17 présente une synthèse de la littérature et le schéma général de l'évaluation des risques et l'objectif de ce travail de thèse.

Schéma général de l'évaluation des risques liés aux effluents hospitaliers

Profil de la
réponse
des
stresseurs

Modèle conceptuel

Points finaux
d'évaluation

a

n

f

C
a

t

o
n

Les bactéries, les
algues, les
crustacés, etc.

Les Ef. Hop. STEP, les eaux de surface, les eaux souterraines, la

mer, le sol

Plan
d'analyse

Formulation du problème

Données disponibles sur les effluents hospitaliers

Caractérisation de l'exposition:
Echantillonnage et dosage des
paramètres physico-chimiques et
microbiologiques, modélisation du
transfert des polluants

Profil de
l'exposition

Caractérisation des effets
écotoxicologiaues:
mise en oeuvre des essais de toxicité
aiguë et chronique des stresseurs sur
les organismes de laboratoire

Utilisation des méthodes qualitatives, de quotient ( PEC/
PNEC) et probabilistes. Estimation des incertitudes
(Monte Carlo, théories des possibilités, Score)

Caractérisation du risque

Analyse critique
du risque

Description du risque

o

O. CD

O.

0

CD'
CD
9)

CO

Q.

o CD

rt

Communication : présentation des résultats aux responsables des hôpitaux, et ...

Gestion du risque (nouvelle réglementation, monitoring, nouvelle ERE et sanitaire) 144

Figure 17 : Synthèse de l'approche de l'évaluation des risques et l'objectif général de
cette étude.

Chapitre III Elaboration de méthodologies pour l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des effluents hospitaliers

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry