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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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4 LA SOCIÉTÉ ET LES ÉDUCATEURS :

En tant que future éducatrice, il y a bien entendu différents facteurs que je dois prendre en compte. Il s'agit du rapport à la loi, du travail fourni, de l'accompagnement des autres, et de la place qu'une éducatrice peut prendre dans son institution.

4.1 LE RAPPORT À LA LOI

Le code de déontologie (15 mai 1997) fixe les règles et les principes qui doivent servir de référence tant à l'égard des bénéficiaires et des demandeurs de l'aide qu'à ceux qui l'apportent ou qui contribuent à sa mise en oeuvre. Il garantit le respect de leurs droits en général et plus particulièrement celui du secret professionnel, de l'intimité des personnes, de leur vie privée et familiale, des convictions personnelles et des différences, ainsi que l'utilisation correcte des informations recueillies. Il détermine en outre, la conduite, les devoirs et l'éthique professionnels qui doivent prévaloir dans l'action des intervenants.

Le code aurait tendance à poser un climat de suspicion où tous les parents sont potentiellement maltraitants. En remédiant par le fait que si l'enfant a de mauvais parents, on confie le jeune à un éducateur pour l'élever (art. 3 : «  [...]Dans le respect de l'intérêt du jeune, de ses droits et obligations, de ses besoins, de ses aptitudes et des dispositions légales en vigueur, l'intervenant veille à respecter et à favoriser l'exercice du droit et du devoir d'éducation des parents notamment en ce qui concerne le développement physique, mental, spirituel, moral, social et culturel de leur enfant.[...] »).

Lors du placement de l'enfant sur décision du juge, on demande à l'éducateur de trouver le bonheur pour celui-ci et de lui faire accepter son hébergement (art. 8 Les intervenants s'assurent que le bénéficiaire ou ses représentants apprécient en pleine connaissance de cause la nécessité, la nature et la finalité de l'aide ainsi que ses conséquences et puissent dès lors faire valoir leurs droits. [...]). Mais peut-on dire qu'un enfant séparé de ses parents sera d'accord avec la décision du juge ? L'enfant reste malheureux qu'il soit maltraité ou qu'il soit placé, ce qui rend son épanouissement difficile.

On lui demande d'accepter, de comprendre son placement et l'aide qu'on lui procure. Mais celui-ci peut simplement ne pas être d'accord avec la décision et refuser de suivre la voie que l'on lui trace sans lui demander ce que serait son propre choix (s'il avait la possibilité de le faire). L'enfant doit être aidé qu'il le veuille ou non. L'éducateur doit le conseiller sur le chemin de sa vie mais chacun doit pouvoir opérer des choses par rapport à sa propre vie. L'enfant doit laisser ses émotions personnelles pour satisfaire aux exigences de son aide et il doit en être satisfait, heureux. Pourtant il est normal d'être en colère, de ne pas accepter le placement contraint ni l'aide apportée par l'institution. L'enfant n'a plus de place requise dans le langage. Sans langage, celui-ci ne peut plus exister. On le condamne à chercher un bonheur qui n'existe pas.

Structurellement parlant, l'enfant aura de grandes difficultés à maintenir ce qui est au fond de lui. Dans l'aide, le refus de l'enfant n'est pas pris en considération, son bonheur et sa vie sont décidés par les autorités compétentes, ce qui mène l'enfant à perdre sa propre identité (art. 2 L'intervenant recherche les solutions les plus épanouissantes pour le bénéficiaire. Les intervenants veillent à proposer la solution qui a la meilleure chance de succès. Ils ont le devoir d'envisager la solution la plus adaptée et la plus accessible au jeune et s'il échet à sa famille. [...] & art. 10 [...] Les intervenants veillent dans ce sens à fixer et à respecter des délais en rapport avec la nature, la gravité et l'origine de la situation. Ils veillent aussi, sauf si l'urgence et la gravité le justifient, à ce que le traitement de nouvelles situations n'entrave pas le respect des échéances fixées dans les situations déjà prises en charge. [...]).

Le code stipule que l'enfant doit connaître et comprendre la situation dans laquelle il se trouve (art.8 Les intervenants s'assurent que le bénéficiaire ou ses représentants apprécient en pleine connaissance de cause la nécessité, la nature et la finalité de l'aide ainsi que ses conséquences et puissent dès lors faire valoir leurs droits [...], art. 10 [...] ils en informent les bénéficiaires [...] et art. 11 [...] L'intervenant est tenu d'en informer le bénéficiaire.).

En lui demandant de comprendre, on lui demande de prendre une place d'adulte apte à réagir de manière satisfaisante à l'aide fournie. L'enfant reste le centre du sujet mais il se trouve décalé par rapport à sa place de départ. Il devient partenaire de l'aide, non plus bénéficiaire, en lui faisant accepter l'aide reçue ainsi que les décisions prises en son nom. Celui-ci est dirigé vers une voie prédéfinie qui n'est peut-être pas la sienne.

Dans le code, on veut que l'enfant soit pleinement convaincu que l'aide reçue est la meilleure solution pour lui. Le bénéficiaire de l'aide doit adhérer à la décision prise ce qui mène à penser que l'enfant ne peut pas rester lui-même.

Chaque enfant est différent, même si son histoire, son vécu peut paraître semblable à un autre enfant. Il n'aura pas forcément les mêmes sentiments ni les même souhaits que cet autre enfant. Or, il ressort du code que ce sont les faits qui feront décider la suite du suivi social de l'enfant. Dans cette optique, on ne parle plus d'un enfant précis, mais d'un « cas ». La différence entre les êtres humains est nécessaire et les actes d'aides devraient être élaborés au « cas par cas », individuellement. Ce texte de loi différencie les enfants par rapport à des catégories de maltraitances qui semblent être classées par groupe.

Ce code en constante évolution ne permet pas à l'enfant bénéficiaire de l'aide de rester à sa place de départ, c'est-à-dire d'enfant insouciant et libre. En dirigeant la vie des autres, le code ne risque-t-il pas de robotiser l'être humain en voulant l'humaniser ?

Le code de déontologie précise que les intervenants ne doivent pas faire de prosélytisme, en laissant de côté leurs expériences, leurs convictions et même leurs sentiments. Cependant il leur accorde le droit à un lien établi, et la possibilité de vivre avec l'enfant quelque chose d'une relation intime. Par ailleurs, les intervenants, l'éducateur, doivent convaincre l'enfant de son bonheur d'être placé, séparé de ses parents, en poussant ce dernier à accepter la décision prise pour lui. Le texte de loi nous met face à un paradoxe sur le prosélytisme.

La base du métier d'éducateur est d'accompagner, de résonner avec l'enfant dans sa propre souffrance, afin que celui-ci puisse se construire, trouver son identité et bâtir son propre bonheur. Mais, dans le cadre de la loi, nous prenons les décisions à sa place, en estimant qu'elles sont les meilleures dans sa situation et en le rendant entièrement dépendant de notre institution.

C'est aussi le cas pour l'éducateur. Il ne parle que dans le but d'obtenir de l'enfant ce que les autorités compétentes ont choisi pour lui. Il n'est plus autonome dans sa façon de parler, de penser ou d'agir puisque celles-ci sont guidées par la loi, en prenant les décisions qui ont les meilleures chances de succès.

L'éducateur et l'enfant sont dirigés vers une voie prédéfinie qui n'est pas forcément la leur.

L'enfant victime de maltraitance est pris en charge par l'état afin de le préserver. Or, nous avons découvert qu'en dirigeant la vie de l'enfant, en prenant les décisions à sa place, et en voulant le rendre heureux, que cet enfant continuera de souffrir au fond de lui-même quelle que soit la situation vécue. De plus, la décision d'hébergement le rendra entièrement dépendant et nuira à sa construction personnelle.

L'éducateur, quant à lui, devra convaincre cet enfant, tout en sachant au fond de lui-même qu'il ne peut rendre une personne heureuse sans lui permettre de connaître la souffrance, pilier de l'identité de chaque être humain. Et la vie de l'institution le rendra dépendant, tout comme son protégé, en suivant les recommandations des autorités supérieures à la lettre et en oubliant son « moi intérieur ».

Nous pouvons nous demander si c'est bien cela le but à atteindre, le métier de l'éducateur.

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