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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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4.3 L'ACCOMPAGNEMENT

L'éducateur doit essayer d'apprendre au jeune à mentaliser, à mettre des mots sur ses ressentis afin que ceux-ci ne provoquent pas une réaction violente. Lorsque le jeune est en crise, nous devons tenter de remettre chaque chose à sa place avec lui. Pour cela, il est nécessaire d'attendre un petit moment pour que la tension qui envahit le jeune puisse retomber, car les actions en pleine crise ne seraient peut-être pas adaptées et risqueraient d'amplifier la révolte. Ensuite, nous nous devons de parler avec le jeune, afin de l'aider à mentaliser, à mettre des mots sur sa souffrance, de lui faire se rendre compte de sa réaction inadaptée et ainsi comprendre l'élément déclencheur. De part ses différentes actions, nous pourrons alors lui faire assumer la conséquence de ses actes, et remettre le cadre de la loi dans notre relation.

On peut accompagner quelqu'un pour qu'il prenne conscience de la loi mais on ne peut l'obliger à suivre la loi. Par ceci, je veux dire que je peux dire à un enfant qu'il n'a pas le droit de fumer dans sa chambre, en lui rappelant le règlement interne de l'institution, afin qu'il en prenne conscience ; mais je ne peux pas le forcer à suivre cette règle. S'il a décidé de déroger au règlement, la seule chose que je puisse faire est de lui donner une sanction, qui peut-être, lui permettra d'intégrer la loi. Je ne peux pas l'obliger, le forcer à suivre une ou plusieurs règles.

Nous punissons la désobéissance au règlement, mais cette sanction est susceptible de mener l'enfant à être en colère. Cette colère peut être légitime, il a le droit d'être en irrité, de ne pas accepter le règlement, mais il a comme devoir de le suivre malgré tout. Nous ne devrions pas sanctionner un enfant qui exprime son irritation, mais l'aider à comprendre pourquoi cette sanction est donnée, et lui rappeler les termes du règlement d'ordre intérieur de l'institution dans laquelle il vit.

Dans les réunions, l'ensemble de l'équipe pluridisciplinaire parle du dossier de l'enfant. Cela leur permet de voir les tenants et les aboutissants de son évolution au sein de l'institution, que ce soit positif ou négatif.

Chaque professionnel tient sa place par rapport à sa spécificité. Il évalue les progrès ou les régressions de l'enfant dans son domaine en fonction des réactions de celui-ci avec les autres intervenants et les membres du personnel de l'institution.

Lors de réunions, les intervenants se doivent également de tenir compte des demandes de l'enfant. Ce dernier peut considérer l'institution et ses intervenants comme son foyer et sa famille. Chaque enfant est différent et vivra l'aide apportée dans l'institution différemment d'un autre. De même, il pourra développer des affinités particulières avec certains des intervenants et pas avec d'autres. L'enfant peut en venir à se confier à l'un d'eux même si l'intervenant à l'écoute de la confidence n'est pas celui dont la profession le prédispose à l'entendre.

L'éducateur, dans l'institution, est mené, dans le cadre de sa profession, à parfois être le confident de l'enfant. Sa place d'accompagnant, de soutien vis-à-vis de l'enfant, fait que ce dernier se tournera plus facilement vers l'éducateur.

L'éducateur devra juger par lui-même si les confidences de l'enfant doivent être transmises à ses collègues. Parfois, cela peut être un vrai dilemme pour l'éducateur. L'enfant qui aura confié un secret à son éducateur ne souhaitera pas que celui-ci trahisse son secret. Mais si le sujet est important dans le suivi de l'enfant, l'éducateur doit choisir entre trahir le jeune en dévoilant ce savoir lors de la réunion, et ainsi risquer de perdre la confiance de l'enfant ou alors se taire, en prenant le risque de frustrer ses collègues et peut-être nuire à l'évolution du dossier de l'enfant.

Nous pouvons en déduire que les éducateurs sont des êtres de langage et de relation.

4.3.1 LA PLACE DU LANGAGE

Il y a deux catégories de langage : celui du dictionnaire et le langage lui-même, qui n'est pas seulement quelque chose à décoder. L'idée que nous sommes des êtres de langage s'adresse à tout être humain. C'est dans ce cas là que le langage et le métier de l'éducateur sont liés.

C'est le langage qui permet une relation, qui fait notre identité ; il a une détermination directe sur notre existence. La dimension du langage, c'est que les mots disent qui nous sommes suivant notre façon de parler. Le fait de parler ouvre sur une certaine intimité, découvre la personne qui parle. Cette dimension dépasse celle du comportement. A chaque fois que nous parlons, nous témoignons d'un lien entre l'instinct et le langage. L'instinct de l'être humain, c'est le langage, même si cet être parlant vient aussi du règne animal. Le langage n'a pas pris toute la place de l'instinct, c'est l'instinct qui est traversé par le langage : il s'agit du soma.

La différence entre l'homme et l'animal est le langage. Chez les animaux, ce sont les signaux instinctifs (des codes) qui les font vivre. Chez l'être humain, il ne s'agit pas d'un simple décodage des mots. Dans l'instinct, il n'y a pas de ratage possible par rapport au langage. L'instinct est tourné vers la vie, en comparaison avec l'homme qui se tourne vers la destruction, le langage provoquant un ratage par le fait que l'on ne peut rattraper une personne, une chose en parlant. Notre qualité d'être humain nous donne la chance d'éprouver une sorte de souffrance par rapport à l'animal, c'est le langage qui fait la différence.

Toutes les zones de notre existence sont rendues plus complexes par rapport au langage, le rapport à la nourriture, à l'autre sexe, à la communication, etc.

Quand l'autre vient nous parler, il fait résonner quelque chose en nous. C'est un peu de lui et aussi un petit peu de nous qui se trouve dans cette parole. Quand nous parlons, on ne sait pas ce que l'autre va entendre. Les paroles prononcées ne seront peut-être pas interprétées par l'autre de la manière que l'on souhaitait. Ce qui peut créer un malentendu dans la relation ou qui peut être constructif. Ce que l'autre a capté de nos paroles peut, peut-être, nous apprendre quelque chose de nous. Ce qui est susceptible de créer en nous une souffrance constructive. La réflexion sur ce malentendu peut nous permettre de nous épanouir, de nous remettre en question. Parfois le malentendu est imposé volontairement par les êtres de langage. Dans ce cas précis, ils ne souhaitent pas être compris, afin de préserver leurs intimités, leurs identités.

L'adolescent, par exemple, inventera un langage « codé » pour établir une barrière entre son monde et celui de l'adulte, par rapport à une mentalité dont il ne veut pas accepter les règles. En se cachant derrière ce malentendu, il va pouvoir construire sa vie sur ses propres expériences et trouver sa personnalité, son identité avant de rentrer dans ce monde d'adultes qu'il ne comprend pas encore. Il pourra ainsi créer naturellement un lien entre lui et l'autre. Il ne cherche pas à être compris, sinon ça serait l'équivalent de perdre son épanouissement, l'identité qu'il se découvre doucement et donc sa vie.

Il n'y a que la loi qui permet la structure d'une relation. S'il n'y avait plus de loi, une parole pourrait provoquer une agression. Elle permet de trouver l'équilibre afin que le langage mette tout le monde d'accord. C'est en passant par la loi que le langage permet à l'individu d'accéder à ses responsabilités.

Mais le langage a également ses défauts et ses risques. Les risques de dérive dans notre métier sont sous-jacents, on ne peut en prendre conscience qu'en étant confronté à la pratique.

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