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Constance et évolution du système americain de défense au regard des mutations du systeme international( Télécharger le fichier original )par Roland Kayembe mungedi Université de Kinshasa - Licence 2005 |
§2. Au niveau des infrastructures militaires et la production des armesLa concentration de la puissance de feu dans les mains de l'Amérique ne connaît aucun précèdent dans l'histoire. Contrairement à ce qui s'était passé après la guerre de Sécession ou la première guerre mondiale, les Etats-Unis sont largement restés, après l'effondrement du Mur de Berlin, dans une logique de suprématie militaire globale alors même que leur rival d'un demi siècle s'affaissait et que les pays européens opéraient des réductions autrement plus drastiques dans leur arsenal. Des réductions en personnel, en allocations budgétaires, en arsenaux ont bien entendu été réalisées aussi par les américains. Mais les questions lancinantes du début des années 1990 sur ce que serait la position militaire des Etats-Unis dans le monde ont laissé place, à la fin de la décennie , à une sorte de divine surprise : celle d'une suprématie militaire indiscutée, inégalable et inattaquable. A l'origine, il y a ce qu'on appelle désormais le contrôle des « parties communes » de la planète. « Contrôle veut dire que les Etats-Unis font un usage militaire du domaine aérien, maritime ainsi que de l'espace bien plus important que les autres, qu'ils peuvent de manière crédible, en interdire l'usage par d'autres, et que les autres perdraient s'ils essayaient d'en interdire l'usage au américains ». Ce contrôle préalable, maintenu et si possible renforcé, vise par définition les obstacles que d'autres acteurs chercheraient à placer à travers de son chemin, elle doit être assurée d'accéder là où elle entend le faire. C'est ainsi que l'Amérique s'impose non seulement comme seule force globale, mais aussi comme gardienne incontestée de la globalisation. Actuellement, les Etats-Unis possèdent : · Une aviation ultramoderne dotée de missiles d'une surprenante précision. Il nous sera difficile d'oublier comment un de ces missiles réussit à détruire le central téléphonique d'al-Mansour , à Bagdad, laissant intacte la partie administrative du complexe séparée de l'ensemble technique par un simple mur mitoyen, ni comment, tout autour de la capacité irakienne, il a été constaté des restes de jeeps ou de simples fortins (gardés par trois ou quatre soldats) qui avaient été anéantis par des missiles ultra précis tirés depuis des avions de combats ou des bâtiments maritimes croisant aussi loin que la méditerranée ou l'océan Indien. La maîtrise de l'air des Etats -Unis est, de fait éclatante : ils disposent aujourd'hui de plus d'avions de chasse ou d'attaque au sol de la dernière génération que toutes les autres aviations existantes réunies. Ils ont en effet à leur disposition (chiffres de l'IISS pour 20047) 2.267 avions de la dernière génération, 102 Awacs (avions de surveillance et de contrôle dotés de radars puissants). · Une armée de terre qui a été par les réductions de l'après-guerre froide (en passant de 2.7 millions à 2.2 millions pour l'ensemble du personnel), renouvelée dans les années 1990 avec un passage de 2.2 à 1.5 millions. Mais, comme les guerres de multipliaient et que le ré&seau de bases à travers le monde restait largement le même, l'armée américaine s'est retrouvée, au lendemain de la guerre d'Irak, avec près de 370 000 hommes déployés sur l'ensemble de la planète, soit 24 de ses 33 brigades de combat, ou 73% du total. Deux seulement de ses divisions restaient disponibles pour d'autres conflits éventuels, l'Afghanistan et surtout l'Irak exigeaient une présence en homme aussi massive. Notons aussi, cependant que, di ans après la fin de la guerre froide, le nombre des soldats basés (hors opérations) à l'étranger avait diminué de 50% et représentait 250.000 hommes sur une force armée totale de 1.4millions absorbant environ 50 milliards de dollars par an (dont 117.000 hommes en Europe, 101.000 en Asie orientale et 30.000 dans le Golfe). Les ambitions néo-impériales poursuivies après 2001 inspirent non pas une contraction supplémentaire du réseau de bases, mais des choix géopolitiques différents. La nouvelle stratégie ne vise plus à faire de ces boucliers destinés à endiguer l'expansion soviétique, ni instruments de stabilisation dans des régions sensibles. Mais ces bases deviennent des instruments de préventions et d'intervention dans les pays ciblés. C'est pourquoi les décisions annoncées à l'automne 2004 visent d'abord à rapprocher, autant que faire se peut, ces bases de théâtres potentiels d'application de la force. · Près de 100 satellites militaires, de 150 autres à usage civil et un contrôle jusqu'ici exclusif du GPS ou Global Positionning System (Comprenant son usage au autres), les Etats -Unis ont incontestablement la maîtrise de l'espace. · Pour clore ce tableau, l'instrument militaire américain a été beaucoup moins affecté qu'on ne le pense par la fin de la guerre froide. Alors que, traditionnellement, les industriels se démobilisaient à l'issue de chaque conflit et se repliaient sur des productions civiles, tel ne fut pas le cas alors. Dix ans après l'implosion de l'URSS, aucun site de protection privée n'avait été formée ; plus de deux millions de salariés y travailleraient encore. Ce qui fait que dix ans après, la capacité de production militaire demeurait quasi intacte. Ainsi, à ce sujet, le professeur Ghassan Salamé affirme qu'en dépit de la disparition de la principale menace et de l'existence d'arsenaux suffisants et ultramodernes, le budget d'acquisitions n'a pas cessé de croître. Le complexe militaro-industriel est plus que jamais puissant au Congrès, et on peut même constater qu'il détermine, encore plus qu'à l'époque de la guerre froide, la politique d'équipement des forces armées. C'est pour quoi lorsque George W. Bush, élu, renoua avec la hausse du budget militaire, les lignes de production n'attendaient que ses nouvelles commandes72(*). D'une manière générale, pour ce qui est du budget militaire, depuis 2002 il dépasse les 400 milliards de dollars annuels. Cela, sans compter les guerres qui exigent souvent des rallonges, exemple le cas d'Irak en 2003 (75 milliards de dollars pour si mois). Pour terminer ce paragraphe, d'après le dictionnaire de stratégie, l'arsenal actuel stratégique américain, qui est placé sous le commandement d'une seule autorité (stratégie command), a la composition suivante : · 550 missiles terrestres (2500 têtes) · 436 missiles embarquée sur sous -marins (3.488 têtes) · 92 bombardiers (1.800 têtes), soit un total de 1078 vecteurs pour 7.7.88 têtes. Quant à l'arsenal tactique, il comprend : · 650 bombes (dont 150 déployées en Europe) ; · 350 missiles de croisière embarquements sur navires de surface et sous- marins, soit 1.000 têtes nucléaires73(*). * 72 Salamé, G., op.cit, p.205 * 73 De Mont brial, T., Klein, J., op.cit, p. 55. |
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