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Identification des contraintes et stratégies des structures de recherche face à la problematique de la recherche dans les universités sénégalaises:Cas des laboratoires de recherche de l Université Gaston Berger de Saint Louis


par Abdoulaye Dramé
Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2005
  

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Conceptualisation

Elle se compose de la définition des concepts et de l' opérationnalisation de ces derniers.

I.6.1 Définition des concepts

Nous allons procéder à une définition d'un certain nombre de concepts clés de notre hypothèse : production scientifique ; stratégie ; ressource.

+ Production scientifique

Selon que l'on se situe dans la perspective technique ou dans celle économique, les définitions du concept de « production » varient.

Du point de vue technique, la production « est l'ensemble des opérations qui permettent d'obtenir, par la combinaison et la transformation des biens existants, mais imparfaitement utilisables, des biens nouveaux, mieux adaptés à la satisfaction d'un besoin. La production n'est pas une création physique absolue, mais une série de transformations nécessaires75 ».

Les économistes dans leurs tentatives de définition du concept, iront au-delà de la transformation matérielle prônée par les technicistes et chercheront à comprendre le

75R. FRUIT, (1990), « Production et surproduction », in Encyclopaedia Universalis, France : 5

lien qui s'établit entre production et satisfaction des besoins ou consommation. La production est « définie comme la création d'utilités 76». S'agissant de l'activité productrice, les économistes émettent des avis partagés. Ainsi « à la fin du XVIIIe siècles, pour les physiocrates, seules l'activité agricole est productrice et créatrice de richesse. L'industrie et le commerce sont, pour eux, des activités « stériles » qui ne font que transformer ou déplacer des biens déjà créés77 ».

Cette conception est critiquée par Malthus en Angleterre et Says en France. Pour Malthus, « l'activité industrielle a un caractère productif, mais la production se limite à la transformation des objets matériels78 ». Says, quand à lui, va plus loin, il affirme avec autorité que « la fourniture de service est une production ».

Marx, pour sa part, s'inscrivant dans la pensée de Malthus et de Ricardo, soutient que« seul le travail est créateur de richesses, donc productif, mais la production reste limitée au domaine des biens matériels et exclut les services79 ».

Pour ce qui est de la science, A. Lalande l'a définit comme étant un « (...) ensemble de connaissances et de recherches ayant un degré suffisant d'unité, de généralité et susceptibles d'amener les hommes qui s 'y consacrent à des conclusions concordantes, qui ne résultent ni de conventions arbitraires, ni de goûts ou des intérêts individuels qui leurs sont communs, mais de relations objectives qu'on découvre graduellement, et que l'on confirme par des méthodes de vérifications définies80 ».

Sur la même lancée, Abdoulaye Niang remarque que « la science consiste, d'une part, en une rigueur méthodologique opératoire destinée à favoriser, sur son objet spécifique, la collecte d'informations objectives et, d'autre part, en un effort de rationalisation de haut niveau visant la mise en cohérence logique de celles-ci et la conceptualisation des rapports significatifs dégagés, aux fins de produire une pensée systématisée qui se prête à la vérification et à des opérations de prévision81 ».

76R. FRUIT, (1990), Op.cit :5. 77 R.FRUIT, (1990), Op.cit :5. 78R. FRUIT, (1990), Op.cit :5. 79R.FRUIT, (1990), Op.cit :5. 80 A.LALANDE, (2002), Vocabulaire technique et critique de la philosophie , Paris, Quadrige/PUF :

954.

81A.NIANG, (Janvier 2003), « La science, l'homme de science et le social : l'implication cognitive et éthique dans l'entreprise scientifique » in Revue Sénégalaise de Sociologie, Saint Louis, IPF : 7.

Dans notre entendement, la production scientifique des laboratoires est l'ensemble des documents ou supports de vulgarisation scientifiques produits par les laboratoires de l'UGB. Ces derniers peuvent être audiovisuels, écrits ou sonores qui constituent le résultat des recherches menées au sein de la structure de recherche.

+ Stratégie

La stratégie est un ensemble de « moyens ou actions mis en oeuvre dans le but d'atteindre certaines fins. Le langage courant distingue la mise en oeuvre à long terme (stratégie) des étapes intermédiaires ou secondaires qui permettent d'arriver à cette fin (tactique)82 ». Au début, le concept de stratégie renvoie à l'art de la préparation et de la conduite de la guerre. A l'époque moderne, le concept a évolué pour être utilisé aussi bien dans la sphère politique (stratégie électorale) que celle économique (stratégie d'entreprise) et enfin sociale. De spécialité militaire, le concept de stratégie est devenu transdisciplinaire. Il consiste d'abord à définir des finalités générales que l'on cherche à atteindre par la combinaison de tous les éléments à la disposition des acteurs. Elle implique également une activité intégrant des facteurs économiques, politiques, culturels et sociaux. Elle s'oppose ainsi à la tactique qui est l'art de disposer et de manoeuvrer des forces ou des éléments sélectifs pour atteindre un objectif ou une fin limitée dans le temps et dans l'espace.

La stratégie est alors comme le dit I.P. LALEYE « l'art de coordonner des forces pour atteindre un but bien déterminé, les forces peuvent être militaires, politiques, intellectuelles, morales ou opérationnelles83 ».

En économie, « l'analyse des comportements stratégiques a été introduite par le biais de la théorie des jeux et a permis de compléter les modèles de comportements économiques qui se limitaient à une simple optimisation. Ainsi ont été mises en évidence les stratégies conditionnelles ou l'action stratégique d'un agent dépend de ce que font où feront les autres agents 84».

82 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, (2002), in BEVOL.R., Hachette éducation : 373.

83 I.P.LALEYE, (1992), « Transdisciplinarité et développement endogène », in La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique, Dakar, CODESRIA : 311.

84 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, Op.cit :373.

En sociologie, le « comportement stratégique » a été développé par Michel Crozier85 dans l'analyse des comportements au sein des organisations et contribue profondément au « retour de l'acteur » sur la scène sociologique. Les acteurs ont des objectifs multiples, différents et qui peuvent être contradictoires. En effet, les acteurs, dans les limites de leur marge de liberté, se saisissent des opportunités qui se présentent à eux plutôt qu'ils n'accomplissent un plan de « carrière » bien établi. Pour cela, les acteurs doivent « percevoir » les opportunités et avoir la capacité d'y répondre.

C'est ainsi que l'organisation apparaît comme la résultante de la réalisation plus ou moins achevée et comprise des objectifs des acteurs. Les acteurs ont une forte influence sur l'organisation : ils peuvent la modifier, la transformer. Les relations de pouvoir entre acteurs, leurs interactions, sont importantes pour expliquer la mise en oeuvre de l'action collective initiée par le dirigeant.

Les acteurs sont en effet contraints par le contexte organisationnel qui influence leurs objectifs. Cela peut les conduire à modifier ou à reporter leurs objectifs initiaux. En effet, le modèle « officiel » descriptif (les rites, les habitudes, le système de récompense formel, le système formel de contrôle) détermine le contexte de l'action et définit quelles sont les ressources disponibles de chacun. Cela se traduit au niveau des acteurs par la distribution de pouvoir (on évoque aussi les termes d'allocation des droits décisionnels). Dans le même temps, l'organisation utilise la culture pour « canaliser » les objectifs des acteurs, le pouvoir alloué. La culture joue alors un double rôle de détection mais aussi de limitation des opportunités que les acteurs peuvent saisir.

Face à ces contraintes, les acteurs développent des stratégies en fonction des ressources disponibles et des contraintes qu'ils perçoivent. Ce ne sont donc pas les structures de l'organisation qui déterminent les choix stratégiques des individus, ces derniers sont libres de choisir d'agir ou de ne pas agir dans le « sens indiqué » par l'organisation. L'organisation apparaît alors comme un ensemble intégrateur des différentes stratégies d'acteurs. Elle peut se définir comme un « système d'action concret (...) :) [l'] ensemble des jeux dans lesquels ses participants sont acteurs, qui définissent les buts réels de l'organisation et la façon dont elle affronte les problèmes concrets quotidiens et coordonne les actions des participants membres 86»

85 M.CROZIER. et E.FRIEDBERG, (1977), L'acteur et le système, Paris, Seuil, 500 p.

86 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, Op.cit :373.

La stratégie, dans notre étude, se définit par rapport à un ensemble de contraintes qui se posent aux chercheurs. Ce faisant, les acteurs évoluant dans les laboratoires de l'UGB en réponse à ces éléments inhibant la recherche, inventent ou développent tout un ensemble de pratiques (stratégie). Celles-ci sont : financières, de recherches, de moindres coûts et de sécurisation des recherches.

+ Ressource

Dans le Dictionnaire économique et financier87, le concept de « ressource » renvoie aux biens, services ou capitaux dont on peut disposer. Toujours chez les économistes, le terme « ressource » ne signifie pas la même réalité et est fonction des comptes et de leur niveau d'agrégation. C'est ainsi que le concept de « ressource » varie en fonction :

-du compte global des ressources et emplois de biens et services de la nation : les ressources constituent l'ensemble des biens et services dont a disposé la nation au cours d'une année, elles comprennent la production intérieur brute et les importations.

-du compte des opérations de répartition : les ressources désignent les revenus ou les transports au sens large dont les agents économiques ont bénéficié au cours d'une année.

-du compte des opérations financières : les ressources des agents correspondant à leur capacité de financement augmentée des variations de leurs dettes à court, moyen et long terme. On notera qu'au niveau des opérations financières, traitées en variations d'actif ou des passifs, les recouvrements sur créances sont comptabilisés en diminution d'actif et les remboursements sur dettes en diminution passive.

Au total, le concept de ressource renvoie à un ensemble de "moyens pécuniaires, moyens matériels d'existence. On emploie généralement le pluriel pour désigner des moyens assez importants tenus en réserve pour les mauvais jours ou constituant des revenus sûrs88". Au sens large, moderne (XIXe siècle), toujours au pluriel, "moyens

87 Dictionnaire Economique et Financier (1996), Bernard et Collin, Paris, Seuil, 1515 p.

88 Dictionnaire Robert, (1976), in www.cig.ensmp.

matériels (hommes, réserves d'énergie, etc.) dont dispose ou peut disposer une collectivité. Ressources d'un pays89 ".

Par exemple, la ressource en eau est définie comme étant l'eau dont dispose ou peut disposer un utilisateur ou un ensemble d'utilisateurs pour couvrir ses besoins. Dans le cadre de ce travail, la ressource est un ensemble de moyens dont disposent les laboratoires et qui leur permet d'assurer leur fonctionnement. Il s'agit dès lors des ressources humaines, informationnelles, logistiques, culturelles, psychiques et financières nécessaires au bon fonctionnement des laboratoires.

89 Dictionnaire Robert, (1976), Op.cit.

I.6.2. Opérationnalisation des concepts

Stratégies financières -Cotisations des membres -Participation de chercheurs extérieurs voulant se faire publier par une revue de l'UGB

-

Stratégies de moindre coût et de sécurisation des recherches

-Lecture et correction des recherches

- Prépublications

Ressources financières -Crédits budgétaires de l'UFR et de la Commission scientifique (Rectorat) -Autres financements publiques, privés, mixtes

Documents écrits -Ouvrages -Périodiques -Bulletins

-Revues

Ressources humaines -Enseignants-chercheurs -Doctorants

-Intervenants extérieurs

Ressources psychiques -Motivation

-Imagination

-Intuition

-Goût pour la recherche

FONCTIONNEMENT DU LABORATOIRE

PRODUCTION

RESSOURCE

STRATEGIE

Ressources culturelles -Ambiance collective -Compétition

-Implication des membres -Implication des services pédagogiques (UFR, Conseil scientifique)

-Emulation pour la recherche

Ressources informationnelles -Bibliothèque centrale de l'UGB -Centres de documentation de l'UGB

-Documents disponibles au laboratoire

Ressources matérielles -Equipements informatiques et logistiques

-Local

Documents audiovisuels -Cassettes (vidéo/ audio) -CD-R

-Manifestations scientifiques (colloques, séminaires, conférences, etc.)

Stratégies de recherche et de diffusion des travaux

-Appel aux partenaires de recherche

-Voyages d'études -Recours aux étudiants

I.6.3. Construction du modèle théorique

En sciences sociales et tout particulièrement en sociologie, toute tentative d'élucidation du réel s'inscrit dans un canevas théorique. C'est pourquoi, la saisie de « l'intelligence du social » ou « la capacité d'établir des liens et de saisir des relations90 » se fait à travers l'utilisation des schèmes d'intelligibilité.

De ce fait, la compréhension de la nature de la relation existante entre les ressources dont disposent le laboratoire et sa production scientifique d'une part, et d'autre part, les stratégies que déploient les chercheurs des laboratoires de l' UGB pour faire de la recherche dans un environnement marqué par une rareté de ces ressources (contraintes), nous amène à utiliser deux schèmes. Il s'agit des schèmes causal et actanciel.

D'abord, nous allons faire recours au second programme du schème causal.

Sa forme logique (S1 S2)= (S2=f (S1) signifie qu'un système S2 est sous la dépendance d'un système S1 antérieur à lui et le plus souvent plus fondamental que lui. Dans ce programme, « la correspondance structurale entre systèmes sera ainsi la preuve d'une relation de détermination, que l'antériorité logique de l'un permettra de définir comme causale »91 .

Ainsi, pour J.M. Berthelot., ce sous-programme « tend à chercher derrière une construction sociale B (système politique, système de parenté, idéologique, système de représentations...) le système A qui le fonde et dont B est l'effet ou le « reflet »92 ».

Rapporté à notre étude, nous pouvons considérer :

S1= Ressources dont disposent les laboratoires de recherche de l'UGB ; S2= Production scientifique.

Ce schème nous permettra de voir la relation de dépendance qui existe entre la production des laboratoires et les ressources dont ils disposent. Ensuite, puisque nous parlerons de stratégies déployées par les laborantins face à l'absence de ressources pour fonctionner, force est pour nous de faire appel au schème actanciel qui implique la

90 J.M.BERTHELOT, (1990), L'intelligence du social, Paris, PUF : 9.

91 J.M.BERTHELOT, (1990), Op.cit:64.

92 J.M.BERTHELOT, (1990), Op. cit:64.

reconnaissance de l'intentionnalité de l'action93 et son irréductibilité à une détermination causale. La forme logique de se schème est la suivante :

(ApB) = (B*S, S {~a-- ~e} --B--S)

~a=Ensemble des acteurs

~e= Ensemble des effets de leurs actions

B= Résultante du comportement des acteurs impliquées S= Système d'action

Cette forme logique signifie concrètement qu'un ensemble d'acteurs adopte des comportements individuels ou collectifs dont l'agrégat donne un phénomène émergent B qui, à son tour, rétroagit sur le système.Appliqué à notre étude, nous aurons :

~a= Ensemble des chercheurs évoluant dans les laboratoires de recherche ;

~e= Ensemble des stratégies qui sont à la fois interne qu'externe mis en oeuvre par les chercheurs du laboratoire ;

B= Possibilité de produire dans les laboratoires ;

S= Laboratoire de recherche.

Dès lors, les chercheurs évoluant dans les laboratoires vont faire appel à toutes sortes de stratagèmes. L'agrégation de ces diverses stratégies permettra le fonctionnement des laboratoires qui, concrètement, s'appréciera à travers la production scientifique de ces structures de recherche.

93 L'analyse stratégique s'inscrit dans cette perspective en se sens qu'elle affirme que « l'acteur se saisit des opportunités qui s'offrent à lui dans le cadre des contraintes qui sont les siennes. Elle n'est donc jamais entièrement prévisible car elle n'est pas déterminée mais, au contraire, toujours contingente » in M.CROZIER et E.FRIEDBERG, Op.cit :46

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon