WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?

( Télécharger le fichier original )
par Elsa Gobert
Université Paris III - Master 1 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B) les perversions du système

a : Vers un art uniquement contextuel

Considérons, sans l'appeler ainsi, le 104 comme un espace public : la place de l'art change donc légèrement pour se rapprocher de l'art contextuel dont parle Paul Ardenne. Cet art s'illustre soit dans les Happenings en espaces publics, soit lorsque l'art investit l'espace urbain ou le paysage. Dans la plupart des cas, il est fondé sur une esthétique participative et « opte donc pour la mise en rapport directe de l'oeuvre et de la réalité sans intermédiaire »76(*). Il semble que l'esthétique du lieu étudié se rapproche de ce concept d'art contextuel qui favorise la situation et le processus artistique avant le résultat. Comme dans la performance, l'artiste doit être présent et dans les moments d'échanges avec le public, il y a pour lui, une réelle mise en acte de sa présence. « L'art contextuel reconfigure la destination de l'art, qui dépasse ainsi le champ de la seule contemplation, et requalifie la notion « d'art public ».77(*) Ces oeuvres participatives qui offrent au public des « situations à composer »78(*) qui se développeront au 104 sont généralement plus faciles d'accès au public. Mais Paul Ardenne nous met bien en garde : l'art contextuel correspondrait à un rêve artistique commun dans lequel tout le monde pourrait se reconnaître et trouver sa place. Objectif qui peut être périlleux. Il ne faut pas, sous prétexte de vouloir absolument toucher un public faire de l'art qui serait plus « facile ». La banalisation de ces formes d'art et le rêve de donner du plaisir au public sont deux éléments de la création qui pourraient s'avérer contraignants. Il importe de faire attention à bien rester dans la surprise pour le spectateur. Être attentif à ce que ce dernier ne devienne pas un habitué de ce processus artistique qui l'inclut dans le travail. D'autre part, la position du créateur est à considérer. Cette mise en public ne convient pas à tous, et certains ont besoin de solitude, de secret, de concentration et de recentrement sur soi pour produire une oeuvre qu'ils considèrent comme aboutie. La notion de production d'une oeuvre d'art en tant qu'objet ne peut pas être totalement éliminée du champ de l'art.

c : Passer outre l'obligation de production

La performance et l'installation artistique contemporaine ne peuvent être ni achetées ni vendues. Il y a avec cette conception de l'art en train de se faire une invitation pour le spectateur de reconsidérer la place de l'art dans la société. Bourriaud dit que « ce qui ne peut se commercialiser a tendance à disparaître »79(*), l'art non tangible aurait-il alors tendance à disparaître ? L'art réalisé par certains artistes au 104 est une expérience directe mais éphémère à vivre, un moment de la participation qui ne peut pas s'acheter avec une valeur marchande. Il est là pour rendre palpable les relations humaines, il est un prétexte à la rencontre. C'est une monstration tactile mais non-transportable de la réalité. « A partir du même matériau (le quotidien), on peut réaliser différentes versions de la réalité ».80(*) Cet art-là, que le 104 s'apprête à exposer part du quotidien. Mais pas seulement du quotidien du lieu ou du quartier, mais du quotidien du ressenti des artistes et de leur rencontre avec les publics. Car les directeurs espèrent que ces rencontres publiques, ces dialogues influenceront les artistes dans leur travail. Le 104 s'inscrit donc dans une dramaturgie qui est celle de la création. Celle de ce qu'il y a en aval de la production.

Mais le système peut, je pense, facilement se pervertir et le 104, s'il devient un lieu public qui brasse des populations peu attirer des artistes poussés plus par l'envie de montrer leur oeuvre et de se faire une renommée que par celle de communiquer avec le public. Et l'acte de transmission peut alors devenir un acte intéressé. La transversalité qui s'exerce entre les artistes et le public peut alors se transformer en une « publicité » pour l'artiste, qui venant en résidence dans un lieu comme celui-ci peut chercher à se faire connaître du grand public.

* 76 op. cit. p. 12.

* 77 Ibid. p. 65.

* 78 Ibid. p. 182.

* 79 op. cit. p. 9.

* 80ibid. p. 27

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe