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science humaine science exacte les normes de la pensée sociale

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par Robert Michit
laboratoire européen de la décision Grenoble - Doctorat en psychologie sociale 1995
  

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Introduction : Une vieille question trop vite enterrée.

En s'appuyant sur le postulat aujourd'hui peu discuté selon lequel les actions humaines échapperaient à des lois régulières, il semble acquis (au moins depuis Max WEBER) la nécessité d'abandonner le projet durkheimien visant à édifier l'explication de la société à partir d'un système complet de lois sociales (Aron, 1967). Les démarches convoquées (même celles relevant de la méthode expérimentale) pour rendre compte des conduites humaines n'accorderaient pas aux sciences humaines le même statut scientifique reconnu aux sciences de la nature. Il serait désormais illusoire de penser que le monde social connaîtrait des lois structurantes et déterminantes au même titre que celles qui régissent le monde physique et biologique. Un retour critique sur les Essais sur la théorie de la science de Max Weber1 devrait nous autoriser pourtant, d'une part à questionner le postulat, et d'autre part, à expliquer les conditions épistémologiques nécessaires pour établir une connaissance précise des systèmes de lois gouvernant l'humanité sociale.

Lorsque Max Weber étudie les conditions de production de connaissances objectives dans les sciences et la politique (Weber, 1904), ses observations sur les régularités des « connexions causales » sont indiscutables relativement aux théories de l'action. Il est vrai que les situations des personnes physiques ou morales sont la conséquence d'une multiplicité de facteurs. Dans la continuité de ces observations, Janis (1972) en particulier montre que les décisions institutionnelles sont la conséquence d'un engrenage de plusieurs types de facteurs, tout comme Bresson (1972) le constate pour les décisions individuelles. De façon synthétique et générale, ces facteurs relèvent à la fois des déterminants sociaux (Durkheim, 1930, Ansart,1990), idéologiques -systèmes de valeurs et représentations sociales (Jodelet, 1989, Abric, 1984, 1994)-, des facultés cognitives avec leurs biais (Simon, 1947 , Brandsford 1979, Caverni 1993), et des compétences d'actions (Aristote, Erikson 1963, Guindon 1976, Mendel,1998).

Avant les travaux sur l'identité psychosociale et ses effets sur la prise de décisions, l'influence de ces quatre familles de facteurs avait été mise en évidence de multiples manières de façon catégorielle, en fonction des visées spécifiques des différentes disciplines des sciences sociales :

La sociologie est centrée sur les déterminants sociaux.

La psychologie sociale étudie l'interaction de la position sociale et du système de représentation sociale sur l'action.

La philosophie de la connaissance (Trotignon 1986), la psychologie cognitive (Bresson 1972, Brandsford, 1979) s'intéressent à la nature de la connaissance et à la raison comme moyen d'intelligence du réel.

Enfin la philosophie de l'action ( Bergson, 1941 Blondel, 1893, 1966, Mendel, 1998), la psychologie du développement (Wallon, 1945, Erikson 1963, Piaget 1976, Feuerstein 1983) et la psychologie de la décision (Guindon, 1976) présentent une formalisation des facteurs spécifiques de la mise en acte en tant que telle.

1 Le lecteur trouvera en Annexe l'extrait du texte ici analysé.

Dans le cadre de la modélisation sur laquelle nous nous appuyons, les études concernant les situations d'individus et de groupes en action, prennent en compte tous ces déterminants en fonction d'interdépendances présentées dans un référentiel où ils sont organisés selon une cohérence structurelle2. En particulier, l'analyse des objectifs de relation fondamentaux poursuivis par des agents dans une multitude de situations a permis à la fois de distinguer leur nature, leur nombre limité3 et de mettre en exergue un principe d'incertitude spécifique aux sciences humaines : principe lié au fait qu'on ne peut anticiper à l'avance lequel de ces objectifs fondamentaux va être mis en avant. Les résultats de ces études démontrent la possibilité d'une distinction objective de la causalité des actions humaines ; causalité provenant de l'interdépendance structurelle (lois de cohérence) des divers facteurs de l'identité psychosociale et de la prise en compte du principe d'incertitude.4

Par notre essai, nous espérons montrer, que la proposition de Max Weber "Une étude « objective » des événements culturels, dans le sens où le but du travail scientifique devrait consister en une réduction de la réalité empirique à des lois, n'a aucun sens parce qu'il n'est pas possible de concevoir une connaissance des événements culturels autrement qu'en se fondant sur la signification que la réalité de la vie, toujours structuré de façon singulière, possède à nos yeux dans certaines relations singulières »(Weber, 1904). n'est vérifiée que pour un observateur ou un professionnel ne possédant pas la connaissance des lois de cohérence et du principe d'incertitude.

La première étape de l'exposé consiste à présenter que la conjecture résumé de son propos: «Toute connaissance de la réalité culturelle est toujours une connaissance à partir de point de vue spécifiquement particulier »(Weber 1094), se présente comme une loi générale, ensuite d'appliquer sa logique à elle-même et de conclure que ce fondement des sciences humaines fonctionne comme une aporie, autrement dit qu'elle contredit son universalité. Nous faisons alors l'hypothèse que cette conjecture a été possible parce que le référentiel de connaissances était limité. Ce qui nous conduit dans la deuxième étape à dévoiler le référentiel théorique qui permet de sortir du paradoxe d'une science qui ne pourrait établir que des corrélations statistiques.

2 Par exemple, Festinger, L et Aronson, E. (1978) mettent en évidence un exemple de cohérence interne entre position sociale, représentations sociales et connaissances individuelles. 3 Ces objectifs sont repérés par ailleurs sous une autre forme dans la littérature sociologique contemporaine sous le concept de Cités, théorisé par Boltanski et Thévenot (1991). 4 L'organisation structurelle des facteurs de l'identité psychosociale définit des conditions initiales cohérentes qui sont à l'origine d'attitudes, de comportements et de situations prédéterminées. En sciences physiques, on a pu rendre compte de l'apparition apparemment aléatoire de phénomènes. En fait, selon la théorie de la relativité l'apparition est anticipée à l'aide du principe d'incertitude d'Heisenberg, et selon la théorie du chaos l'apparition est déterminée par les conditions d'origine de ces phénomènes.

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