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science humaine science exacte les normes de la pensée sociale

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par Robert Michit
laboratoire européen de la décision Grenoble - Doctorat en psychologie sociale 1995
  

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Le rapport subjectivité / objectivité en sciences humaines

Approfondir la question concernant le rapport dialectique subjectivité/objectivité de la connaissance en sciences humaines, importe non seulement au regard du statut à accorder aux travaux de ces sciences, mais aussi parce que la réponse à cette question détermine de nombreux rapports sociaux et la résolution de problèmes importants, économiques, sociaux et politiques6.

6 Nous retrouvons l'a priori de subjectivité d'une part chez les auteurs qui affirment l'impossibilité structurelle à l'acte de connaissance de se dégager de ses représentations pour accéder à l'objet sans le biaiser, d'autre part chez les auteurs qui pensent que la complexité de l'objet dépasse la puissance de la connaissance, et enfin chez les auteurs qui pensent que l'acte de connaître transforme l'objet.

La position anti-positiviste s'exprime de la façon suivante : « toute description du monde étant toujours issue de la projection des subjectivités de ses auteurs, il est impossible d'atteindre à l'objectivité sans être régi par un désir de toute puissance »(Dosse, 1995).

Les adjectifs « toute » et « impossible », tout comme l'adverbe « toujours », tendent à faire de cet énoncé une loi universelle. Ils libèrent l'énoncé du point de vue de son auteur. En toute logique, si on applique l'affirmation de Fr. Dosse à son énoncé, l'énoncé est impossible car il porte la marque de la certitude universelle et donc de l'objectivité. Si on applique la logique à l'auteur, il révèlerait explicitement son désir de toute puissance, ce que nous nous refusons à croire.

1. L'objectivité d'une connaissance dépend des conditions de sa construction

Comment un tel énoncé est-il possible ? A part l'assujettissement à une croyance, l'hypothèse la plus plausible serait que le cheminement de la connaissance objective n'est pas connu. Ce cheminement consisterait, contrairement aux productions spontanées de la pensée sociale, dans le contrôle de l'émission d'une connaissance. Ce contrôle aurait la fonction d'éliminer la subjectivité en recherchant une adéquation entre ce qu'elle observe et ce qu'elle décrit, dans le seul but de connaître et non de dominer. Au moyen de tout un ensemble de méthodes possédant leur propre système de contrôle ayant pour objectif d'éliminer la subjectivité (méthode d'observation instrumentée, calculs statistiques, lectures critiques et croisées par des experts possédant d'autres méthodes d'observation), la connaissance se définit comme la création de modélisations7 de la réalité : création qui permet de décrire cette réalité avec exactitude, et de l'expliquer en établissant ses lois de fonctionnement. C'est l'accomplissement de ces deux fonctions qui rend alors possible l'anticipation8 des événements et des attitudes possibles. A la différence de Weber et de Dosse l'objectif n'est donc pas de décrire les phénomènes du monde mais de découvrir les lois qui le régissent.

En tant que chercheur, nous avons voulu sortir de l'interdit posé par Weber, pour tenter de montrer à quelles conditions une connaissance objective est possible9 en sciences humaines.

Condition 1 : l'utilisation de la raison et de la méthode expérimentale.

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Ce ne sont pas les opérations d'abstraction soi, de modélisation, transformant une réalité objectale en une réalité nominale, qui par essence ôtent l'objectivité à la connaissance ainsi produite. Ce sont les erreurs de des opérations d'abstraction (ensemble d'opérations d'observation, de description et d'opérations logiques) qui biaisent la représentation et la subjectivisent. L'objectivité n'est pas seulement le fait de la raison (comme le pensent les rationalistes et leurs opposants), mais aussi le produit des opérations d'observation et de description des lois. Afin d'approfondir ces notions on peut approfondir lls oeuvres de. Chalmers, 1988, Beauvois, 1990, Dosse, 1995, Matalon, 1996, Michit 1998).

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La force d'anticipation d'un énoncé et donc son utilité sociale n'est pas la caractéristique première d'une connaissance objective. Une anticipation d'événements peut provenir d'énoncés faux ou de représentations inexactes (Beauvois,1990). « Le soleil tourne autour de la terre » anticipe le fait qu'il se lèvera toujours demain à l'orient. « Il fera beau demain parce que les hirondelles volent au ras de la surface de l'étang ». Il est possible que demain il fasse beau. 9 Nous tenons encore à préciser qu'il ne faut pas confondre «Objectivité d'une connaissance» et «Déterminisme»

ou «Objectivisme». Le principe d'incertitude, permettant d'anticiper les formes de la créativité comportementale et réduisant le champ des possibles (objectivité), signifie un choix de décision pour tout acteur entre un nombre fini de possibles (non déterminisme).

Weber et ceux qui sur ce point sont en accord avec sa conjecture, pensent que le point de vue agit sur le chercheur de façon inconsciente et structure une mentalité qui donne du sens et produit dés lors un incontournable biais subjectif.

Le phénomène n'est pas méconnu en sciences de la nature. En effet, les biais cognitifs liés aux représentations sociales ont pu être constatés tout au long de leur histoire. Ces biais apparaissent toujours lorsque les phénomènes sont observés et décrits mais que la découverte de la loi qui les régit n'est pas finalisée.

Mais l'histoire nous enseigne comment, à l'aide de l'accroissement des connaissances, de la méthode expérimentale et des outils mathématiques, la formalisation de la loi apparaissant, les scientifiques se dégagent de la pression des croyances pour approcher de l'objectivité : En astronomie on peut citer Copernic, Kepler, Galilée, en sciences physiques Galilée, Newton, Planck, Einstein, en chimie Mendeleïev en biologie, en médecine Pasteur, Flemming, en Science du langage, Brandsford etc. Il apparaît alors que le lieu de l'objectivité se trouve dans la découverte et la formalisation de lois universelles à l'aide de la raison et de son principe de contradiction (Descartes).

Condition 2 : La connaissance du principe directeur a priori d'une connaissance (le point de vue) peut corriger la subjectivité des énoncés du chercheur.

Cette deuxième condition met en évidence qu'il est possible de se dégager de l'emprise d'une représentation sociale dans une démarche scientifique (première condition) lorsque le chercheur connaît la structure de son système de pensée sociale.

Le premier travail pour un chercheur consiste donc à mettre en évidence les éléments de ses propres représentation sociales : croyances, systèmes de valeurs et système de représentation a priori (même ceux qui sont à prétention scientifique).

Ce travail est possible car tout un ensemble de recherches montre que les systèmes de valeurs ou de croyances sont des représentations sociales analysables à l'aide de plusieurs modèles structurels. Le plus répandu stipule que toute représentation sociale est organisée autour d'un noyau central donnant le sens à tous les concepts périphériques de la représentation (Flament, 1989). Il est associé à toute une batterie de méthodes permettant d'en connaître les éléments (Moliner, 1994).

Les travaux sur les idéologies (Deconchy, 1989,) montrent les mécanismes de production de ces formes particulières de représentations sociales. En particulier le modèle des a priori fondamentaux à l'origine de toutes les représentations sociales (Michit, Comon 1999) expose comment toute idéologie ou système de croyances résulte au moins de la combinaison de cinq a priori fondamentaux qui ne peuvent prendre chacun que trois positions logiques. Ces fondements a priori à toute connaissance fonctionnent selon les lois de la rationalité (logicomathématique ou modale), l'identification de leur contribution à toute production de connaissance permet de se libérer de leurs biais présent dans l'interprétation des observations.

Ces deux conditions fondent l'hypothèse selon laquelle la conjecture de Weber marque une carence de son référentiel scientifique. Cependant un nouvel obstacle s'élève pour s'opposer à l'objectivité des sciences humaines. Il s'agit du statut même de l'objet de ces sciences qui interdirait l'atteinte de l'objectivité. Ainsi nombre d'auteurs (Gibbens,1994, Boutinet, 1996, Enriquez1998, Dejours 1998, Paturet,1998,) formule cette hypothèse de façon différente en précisant qu' «atteindre l'objectivité en sciences humaines est impossible de par la nature de son objet d'étude » et non à cause du fonctionnement de la connaissance (présupposé de Weber).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery