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Développement local participatif dans un contexte de décentralisation : bilan de l'expérience SNV-Bénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité des communes de Cobly et de Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest

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par Marcel Coffi H. Djihoun
Institut Universitaire du Bénin - DESS/Développement et gestion de projet 2007
  

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3.3- Participation des compétences locales au développement communal

3.3.1- Niveau d'implication des élus dans la planification locale

Au terme de l'article 84 de la loi N°97-029 portant organisation des communes,

« La commune élabore et adopte son plan de développement. Elle veille à son exécution en harmonie avec les orientations nationales en vue d'assurer les meilleures conditions de vie à l'ensemble des populations. Dans ce cadre elle élabore les documents de planification nécessaires..... ». (Mission de Décentralisation, 2002)

En clair, le Plan de Développement Communal (PDC), constitue un guide pour les actions de développement de la commune. Il est un cadre d'orientation stratégique qui traduit la vision, les attributions, les préférences et la volonté politique du conseil communal, l'organe chargé de la gestion du développement. Par rapport à cette mission, les deux Conseils communaux, au lendemain de leur installation se sont mobilisés pour lancer le processus d'élaboration des PDC.

Ainsi par arrêté du maire, un comité de pilotage est mis en place pour conduire le processus depuis la préparation jusqu'à la réalisation du plan. L'ensemble des élus, avec à leur tête le maire s'est investi pour avoir cet outil précieux qui devrait permettre non seulement une orientation claire du développement de leur commune, mais aussi et surtout de mobiliser les ressources de l'Etat et des partenaires qui soutiennent la décentralisation. Dans ce processus ils ont pu mobiliser les ressources humaines locales (associations, ONG, groupements villageois et population) et assurer le financement de la logistique (collecte des données, restauration des participants aux ateliers, rédaction de rapport etc). et tous sont fiers d'avoir assumé cette tâche aux premières heures de la décentralisation

En outre dans le cadre de la mise oeuvre de ces PDC, les élus, dans la concertation et avec l'appui technique des partenaires, ont pu élaborer des outils devant faciliter leur mise en oeuvre. Il s'agit du plan annuel d'investissement (PAI), du plan de communication, du budget communal, de l'amélioration de la qualité du personnel

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administratif etc.... Mais cette euphorie constatée autour de l'élaboration de PDC et de sa mise en oeuvre jusqu'en 2004 s'est malheureusement estompée pour plusieurs raisons relevées lors des entretiens :

· Le mauvais fonctionnement de l'administration de la mairie du fait de l'insuffisance du personnel, de la faible qualification des agents ;

· Le recrutement fantaisiste du personnel (souvent des proches des maires) ;

· L'absence de planification dans la mise en oeuvre des actions ;

· La non-transparence dans la gestion des finances locales ;

· Les querelles politiques entre les élus ;

· L'ignorance et incompréhension persistante due à la non-maîtrise des rôles par les élus.

3.3.2- Contribution des OSC locales aux actions de développement

Selon les résultats de l'enquête, toutes les catégories d'organisations locales contribuent, à des degrés divers, aux actions de développement. Le processus d'élaboration des PDC a été l'événement majeur qui a pu mobiliser l'ensemble des acteurs de la commune. Malheureusement l'euphorie suscitée n'a pu continuer lors de la mise en oeuvre des actions. En effet les ONG, particulièrement, ont aidé les communes dans la planification locale notamment lors du processus d'élaboration des PDC et de leur exécution selon l'expertise et les ressources dont elles disposent. Elles ont contribué surtout à la phase de diagnostic par la collecte des données dans tous les villages, et pris part activement aux différents ateliers au niveau communal. Elles sont souvent présentes à l'élaboration du plan annuel d'investissement (PAI) et autres documents de projets initiés par les mairies. Certaines participent aux différents groupes de réflexion ou comités mis en place dans le cadre de certaines actions à mettre en oeuvre. C'est le cas de GrADeD-ONG qui est membre du comité de gestion du fonds de développement économique mis en place à Boukoumbé avec le soutien de l'Association des Communes des Pays-Bas pour financer les microprojets économiques.

Elles contribuent également à travers des actions d'intermédiation sociales et de sensibilisation, à l'amélioration du traitement des problématiques féminines telles que la participation des femmes à la gestion des affaires publiques, l'élimination des pratiques néfastes à la santé, ainsi que l'environnement, l'éducation et l'alphabétisation.

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De manière générale, les résultats obtenus de la participation des organisations de la société civile aux actions et programmes de développement sont significatifs selon les autorités des deux communes, mais ils restent à être améliorés. Car sur plus d'une dizaine d'organisations répertoriées par Commune, seules quelques-unes (moins de 50%) mènent concrètement des activités dans le sens du développement local. A cet effet, elles doivent développer en leur sein, des capacités et des expertises qui leur assurent une connaissance des politiques et programmes de développement et une analyse critique de ceux-ci. Car, selon le professeur H. AGUESSY, pour bien jouer leur rôle dans la gestion du développement local, les OSC doivent se départir de la culture de la recherche de profit facile, pour s'inscrire plutôt dans une logique de sérieux, de franchise et de courage dans leur discours, une logique de bâtisseurs et non de bailleurs, en montrant du respect pour les talents des autres afin de dialoguer en politique et non d'agresser. La société civile, affirme t-il, c'est «apprendre à apprendre, à être responsable, à libérer les idées qui font avancer la société afin de vaincre les systèmes de paupérisation généralisée qui s'installe un peu partout en Afrique.... » (BOKO, 2006 : Rapport de forum sur les OSC de Houéyogbé)

Il ressort en dernière analyse que les communes de Boukoumbé et de Cobly ont plus à gagner qu'à perdre en soutenant la dynamique associative comme partie intégrante de la société civile émergente au niveau local mais encore balbutiante, voire quasiment inefficace par rapport à son rôle et aux nombreux défis à relever en faveur des communautés. Les OSC doivent développer aussi leur propre vision du développement en fonction des réalités et c'est sur la base de cette vision qu'elles peuvent développer des analyses et faire des propositions pertinentes.

3.3.3- Financement local des actions de développement

3.3.3.1- Part des OSC et des populations à la base

La contribution des organisations locales au financement des actions de développement peut être observée à deux niveaux, celui de l'élaboration et de la mise en oeuvre des PDC.

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Lors de l'élaboration des PDC, les organisations locales se sont fortement mobilisées et ont pris une part active dans le processus. Bien que n'ayant pas contribué financièrement, les ONG sont impliquées dans la phase de diagnostic (notamment la collecte des données) en mettant à la disposition des comités de pilotage leurs personnels connus pour leur capacité d'animation dans les villages.

« Nous avons pris de notre temps et mis notre savoir-faire de terrain au profit de la commune. Au niveau de APAE, je peux estimer tout ça à au moins 200 mille, Cela vaut autant que le financement direct..... » (Directeur exécutif ONG-APAE, 2006)

L'Union pour le Développement Communal de Cobly (UDCC), a quant à elle contribué financièrement pour un montant de près de 200 mille FCFA. Enfin l'Union communale des producteurs de coton (UCPC) a pour sa part contribué financièrement au processus à hauteur de 300 mille FCFA, puis en nature à travers les GV qui ont assuré la restauration des participants lors des ateliers dans les villages et arrondissements. Cette mobilisation a été plus remarquable à Cobly qu'à Boukoumbé où le maire a déploré l'inertie de l'UCPC.

Pour ce qui concerne la mise en oeuvre du PDC, on note aussi une contribution financière non négligeable des OSC. Ainsi toutes les organisations identifiées se déclarent disposées à apporter dans la limite de leur possibilité leur concours financier pour les réalisations prévues. L'UCPC-Cobly, par exemple, sur la base d'accord avec la mairie, s'est engagée depuis 2005 à mobiliser au profit de la commune, 1,5 FCFA / kg de coton soit 11 872 000 FCFA (au titre de 2005) et à renforcer l'encadrement des producteurs en vue de la dynamisation de l'économie locale. Tandis que la contribution au développement de l'UCPC de Boukoumbé est de 300 mille en 2004 et de 500 mille en 2005. Au regard de ces engagements, les UCPC, constituent une des forces motrices potentielles du développement avec lesquelles les élus locaux devront établir de solides relations de partenariat local pour relever les défis de développement communal.

L'ADDC accentue son action sur la mobilisation des ressortissants de Cobly à l'extérieur pour contribuer aux financements des actions du PDC. En 2006, elle a pu financer la réalisation de quelques hangars de marché dans le but de contribuer à améliorer les recettes fiscales de la Commune.

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Quant aux ONG, elles assurent principalement le rôle d'intermédiation sociale dans le cadre des projets initiés pour la plupart par les partenaires externes. Quant aux populations à la base, elles ont contribué à la mise en oeuvre du PAI en 2005 à Cobly à hauteur de plus de 12 millions, soit 3,5% de l'investissement total. A Boukombé avec l'institution de la `'Contribution au Développement» qui est une sorte de taxe de développement local, fixée à 1000 FCFA pour les hommes et à 500 FCFA pour les femmes, la Commune a pu mobiliser en 2005 moins d'un million contre trois millions en 2004 (l'année de mise en oeuvre de la décision). Malheureusement cette mobilisation n'a pu continuer les années suivantes à cause de la faible stratégie de mobilisation sociale au niveau de la mairie et surtout des critiques de plus en plus exprimées contre la `'mauvaise gestion» de l'équipe dirigeante.

Tableau n° 08 : Synthèse de la contribution des OSC au développement dès 2003

Communes

OSC

Participation à l'élaboration du PDC

Participation à la mise en oeuvre de PDC

Cobly

APDD

Membre du comité pilotage et du comité de rédaction Diagnostic villageois/collecte de données

Co-modération ateliers dans les villages et

arrondissements

Participations aux ateliers communaux

Intermédiation de mobilisation sociale dans le cadre de projet HAADI (approvisionnement en eau potable et ouvrage

d'assainissement)

 

Participation financière Participations aux différents ateliers

Financement pour la réalisation de hangars de marchés en 2006

 

Mise à disposition du

personnel pour la collecte de données

Participation aux ateliers

Intermédiation dans le cadre du projet éducatif de Aide et Action et du projet de sécurité alimentaire (LISA) avec Louvain et Développement (LD)

 

Membre comité de pilotage Contribution financière (300 mille)

Participations aux ateliers

Subvention à la Commune pour contribution aux actions de développement. 11 872 000 fcfa en 2005 soit 1,5 f/kg de coton versée

Boukoumbé

UCPC

300 000 fcfa

500 000 fcfa

 

Mise à disposition du

personnel pour la collecte de données

Membre du comité de pilotage

- Intermédiation sociale pour le projet Hydraulique (HAADI),

le développement de filière agricole du projet PAMRAD

- Membre du comité de gestion de fonds de micro-projets dans le cadre du projet LOGO

 

Mise à disposition de ressources humaines, Participations aux ateliers

Intermédiation sociale et Sous- traitance des PrOCGRN, PDDC, PRDT

 

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3.3.3.2- Part du budget communal

Les budgets actuels des collectivités territoriales de Cobly et de Boukombé sont pratiquement des budgets de fonctionnement. Ce sont en général des budgets disproportionnés en termes rapport/investissement comparé au ratio fonctionnement sur le budget global. Les deux mairies sont confrontées à des difficultés énormes de fonctionnement. A part la réalisation des PDC (sur fonds propres par les deux Communes, plus de 4 millions en moyenne), le financement du développement se trouve relégué au second plan. La capacité d'investissement est quasi nulle. Le peu des ressources financières locales mobilisées sont grevées par de lourdes charges administratives. Les différentes réalisations d'infrastructures marchandes et autres ouvrages communautaires ne sont possibles que grâce à l'intervention des partenaires externes, au Programme d'Investissement public ou encore aux subventions de l'Etat.

Tableau n°09 : Evolution des recettes locales réelles dans les deux communes

Communes

Montants des recettes locales

 

2003

2004

2005

2006

Commune de Cobly

Prévision

34 615 056

58 959 664

75 179 272

69 166 122

Recouvrée

14 404000

32 337 871

33 283 248

28 163 760

%

41,6%

58,8%

44,27%

40%

Commune

de Boukoumbé

Prévision

31 558 368

53 778 468

63 670 000

47 012 494

Recouvrée

9 536 248

14 753 443

11 210988

10 053 429

%

30,21

27,43

17,60

21,38

 

Source : SAF de Cobly et de Boukoumbé

« Un regard sur les finances d'une commune typique montre, d'une part, les ressources et les capacités financières des communes et, d'autre part, les dysfonctionnements de la gestion des finances locales. Les ressources propres représentent 90% du montant total des recettes, les subventions reçues (dotations de l'Etat) n'en représentent donc que 10%. Les dépenses essentielles de fonctionnement, sont constituées des dépenses salariales (60%) et des dépenses d'acquisition de matériels et de fournitures (30%), les

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montants consacrés à l'entretien des infrastructures et des équipements sont insignifiants. Et l'investissement presque inexistant ». (CEDA , 2004)

Ce constat confirme bien notre observation et la situation semble plus grave dans les communes en question. Pourtant la loi recommande la création d'une taxe de développement local reposant sur les richesses locales potentielles. Les budgets sont généralement faibles et insuffisants pour administrer la commune, assumer les nouvelles compétences et réaliser des investissements.

De manière globale, la gestion financière des communes se heurte à plusieurs difficultés majeures à savoir :

· le manque de qualification et l'insuffisance du personnel au niveau des services financiers des mairies;

· l'insuffisance du personnel des services fiscaux pour appuyer les communes;

· l'absence d'un cadre budgétaire et comptable transparent et la faiblesse; malgré les potentialités, des ressources financières ;

· les maires n'ont globalement pas souvent une vue d'ensemble de la situation de leur commune, de ses atouts et potentialités de développement ;

· le retard dans l'émission des titres de recouvrement ;

· les agents collecteurs des communes, peu performants et corrompus ;

· l'absence d'un mode de gestion fiable des marchés communaux ;

· la lenteur dans la rentrée (pas de trésorerie disponible) ;

· le manque d'information des maires sur la situation réelle de leur trésorerie ;

· le retard dans la prise de décision de certains maires.

Néanmoins, une étude sur l'inventaire du gisement fiscal (GTZ & SNV , 2006), montre d'énormes potentialités inexploitées dans les deux communes. Le niveau assez bas des ressources locales et la faiblesse actuelle de la gestion financière constituent un problème majeur pour les autorités locales. Sur au moins 5 marchés recensés dans chacune des communes, la capacité moyenne de recouvrement des droits de places est estimée à 40% (tableau n°1 1). Ce qui semble dérisoire d'autant que les marchés sont les principales sources des ressources communales en dehors de l'appui de l'Etat. Il y a donc lieu de redoubler d'effort pour maximiser le potentiel des services marchands.

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Les maires reconnaissent cependant que la cause de leur problème est à la fois d'ordre organisationnel et institutionnel. Un des problèmes de fond est l'accompagnement par les services fiscaux. Ainsi le système mis en place pour la perception des taxes pèche par l'incompétence des personnes chargées de faire le travail. Aucune des deux communes ne dispose de recettes perception, ni de recette des impôts sur son territoire. Ce sont celle de Tanguiéta qui couvre Cobly et celle de Natitingou qui appuie Boukoumbé. Ce qui pose régulièrement le problème de disponibilité desdits services à répondre promptement aux besoins des communes dont ils ont la charge. A titre de comparaison, la situation financière d'une commune voisine comme Tanguiéta semble meilleure à cause de la présence des deux services techniques sur son territoire

Tableau n°10 : Niveau des recettes perçues en 2006 sur les principaux marchés

 

Recettes

Les grands marchés dans la commune

Total

 

Tapoga

Tokibi

Kountori

Nanagadè

Datori

 

Commune de Cobly

Prévision

4 160 000

2 080 000

2 080 000

1 560 000

780 000

520 000

11 180 000

 

1 560 000

780 000

1 040 000

676 000

312 000

208 000

4 576 000

 

37,5

37,5

50

43,33

40

40

41,38%

 

Commune de

Boukoumbé

Recette

Les grands marchés de la commune

Totale

 

Boukombé -centre

Korontière

Manta

 

Prévision

4 550 000

3 367 000

4 095 000

12 012 000

Recouvrée

1 638 000

2 730 000

3 640 000

8 008 000

 

%

36

81,081081

88,888889

68%

 

Source : Service Affaires financières des maries de Cobly et de Boukoumbé, octobre 2006

Somme toute le développement du chapitre 3, a permis de constater que les deux communes disposent d'un potentiel en termes de ressources humaines capables de conduire le développement local. « Si tous les fils de ce pays venaient à boucher de leurs doigts la jarre trouée, le pays serait sauvé » (Guézo, Roi du Danxomé). Cela voudrait dire que la mission de développement local conférée aux élus locaux, passe par la mobilisation et la participation de toutes les forces organisées ou émergentes dans la commune en vue de tirer grand profit de l'opportunité qu'offre la décentralisation.

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Les énormes problèmes mis en évidence peuvent être résolus à travers : + Le relèvement du niveau de compétence du personnel ;

+ Une meilleure organisation au sein des conseils communaux pour plus d'initiative et d'engagement en vue du relèvement du niveau des ressources fiscale locales ;

+ Le renforcement des capacités des OSC, en vue de leur participation active aux actions de développement.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams