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Développement local participatif dans un contexte de décentralisation : bilan de l'expérience SNV-Bénin dans le cadre de l'appui au renforcement de capacité des communes de Cobly et de Boukoumbé dans l'Atacora-Ouest

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par Marcel Coffi H. Djihoun
Institut Universitaire du Bénin - DESS/Développement et gestion de projet 2007
  

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4.2- Rôle de l'Etat dans le développement des deux Communes 4.2.1- Subventions de l'Etat : un appui budgétaire aux communes

A l'époque des Sous-préfectures, les ressources étant faibles et basées sur une fiscalité locale très variable et instable d'une année à l'autre, il n'existait aucun investissement sur fonds propres, d'où la nécessité de recette additionnelle à imputer au budget de l'Etat sous forme de subvention ou de ristourne. Ces subventions sont d'une grande utilité pour ces communes aujourd'hui parce qu'elles représentent une part assez importante de leurs ressources annuelles même si elles tombent au compte-gouttes et ne tiennent pas souvent compte des opportunités de besoins des Communes. La subvention de l'Etat qui représente au moins 20% des recettes locales, prend en compte les rubriques telles que : la subvention de l'équilibre, la subvention sur les charges salariales et la contribution aux fonds de solidarité intercommunale.

Tableau n° 12 : Evolution de la subvention de l'Etat de 2003 à 2006

Communes

Subvention annuelle de l'Etat (en FCFA)

 
 

2003

2004

 

2005

 

2006

 

Cobly

4 095 313

17 973

236

23 973

236

36 984

737

Boukoumbé

30 466 885

51 340

956

41 237

956

29 053

429

Source : SAF / mairie Cobly et Boukoumbé

4.2.2- Niveau de transfert des compétences et des ressources par l'Etat

Bien que jugés pertinents pour l'amélioration des conditions de vie des populations,
nombreux sont les partenaires et certains spécialistes en planification qui estiment
que les PDC, de par leur densité, sont trop ambitieux, irréalistes et irréalisables en

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termes de coûts jugés exorbitants car inadaptés à la capacité réelle de mobilisation des ressources internes et externes des élus locaux. Ses coûts sont de

1 888 661 500,00 fcfa pour Cobly et 2 178 104 250 fcfa pour Boukoumbé. Alors que quatre ans après l'exercice de la décentralisation, aucune des deux communes n'a rien pu investir réellement sur fonds propres dans la mise en oeuvre des actions prévues.

Il est important de rappeler qu'au lendemain des élections communales de décembre 2002, les autorités de Cobly et de Boukombé ont énormément fondé leur espoir sur le transfert par l'Etat des ressources financières et des compétences nécessaires à la mise en oeuvre de leur PDC. A défaut de ce transfert, elles se trouvent confrontées à l'incapacité avérée d'optimiser les finances communales et de travailler véritablement dans le cadre d'une gouvernance locale qui rassemble et mobilise l'ensemble des acteurs autour d'une dynamique locale de développement.

La question essentielle que l'on se pose est de savoir comment les collectivités territoriales peuvent financer le développement local sans un transfert de ressources et de compétences ? `'Une décentralisation efficace va de pair avec une décentralisation fiscale et une déconcentration des services publics» (SAWADOGO, 2001). Sur ce plan, il reste beaucoup à faire en matière de véritable volonté de l'Etat central pour un transfert des pouvoirs, des compétences et des ressources financières vers les communes.

Mais autant la mise en oeuvre des actions de développement dépend de la mobilisation de fonds au niveau national, de leur transfert aux collectivités locales et d'un appui pour renforcer leur capacité, autant la réussite effective des actions locales dépend des facteurs locaux, à savoir le niveau de bonne gouvernance atteint dans chacune des deux communes. Il s'agit en particulier de la transparence, de l'équité et du renforcement de la citoyenneté, et des modalités pratiques de concertation et de partage de la gestion instaurée entre la commune et les populations.

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4.2.3- Appui de la tutelle et des services techniques déconcentrés

L'une des prérogatives de l'autorité de tutelle, c'est d'assister et de donner des conseils aux élus pour éviter des erreurs préjudiciables aux communes qui pourraient s'écarter de la norme nationale. Du point de vue légal, la tutelle a deux tâches fondamentales à assumer auprès des communes. Il y a le contrôle de légalité et l'assistance conseil. L'assistance conseil est le reflet de « l'unicité de représentation du gouvernement et de l'ensemble des ministres par le Préfet » qui assure en réalité « un pouvoir de coordination » sur les services déconcentrés des administrations civiles de l'Etat. Ce que les communes attendent de l`assistanceconseil, c'est que l'autorité de tutelle doit pouvoir les aider à prendre des décisions qui restent dans la légalité. De par l'expérience vécue depuis quatre ans, certains élus locaux s'interrogent et jettent un regard critique sur le rôle essentiel de la tutelle.

» Nous n'arrivons pas à jouir totalement de l'assistance des services déconcentrés parce que les procédures sont trop longues .... . On n'assiste pas quelqu'un en restant à distance. La hiérarchie pure et dure, ce n'est pas ça. Il s'agit désormais de savoir ce qui se passe, de donner conseil et de prévenir. Il ne s'agit pas de jouer au gendarme. La tutelle doit s'interroger sur son rôle elle est là pour éduquer les communes. L'assistance conseil ne doit pas être assimilé à un pouvoir hiérarchique, c'est une opération de dialogue. Ceux qui en sont chargés ne sont pas toujours mieux informés que les bénéficiaires que sont les communes...(...)».

D'un autre coté, les relatons entre services techniques déconcentrés et mairies ne sont pas non plus assez bien développées. Les maires ont évoqué un certain nombre de contraintes dont l'indisponibilité du personnel à répondre à leur demande. Dans d'autres cas, la collaboration n'est possible que s'il y a motivation. C'est-à-dire assurer le déplacement des techniciens, leur séjour, payer les per-diems ou encore payer les honoraires de leurs prestations. Les maires ont évoqué plusieurs exemples. Si les services de l'hydraulique sont souvent cités, c'est que les projets dans lesquels leur appui est sollicité (PADEAR de la GTZ, HAADI de la SNV et PROTOS ) ont intégré dans leur budget respectif les frais inhérents à ce genre de prestation. Ce que les mairies ne sont pas encore capables de faire par leur budget.

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Il est donc urgent que la préfecture s'organise autrement et de manière pragmatique pour jouer son rôle de tutelle tout en s'affranchissant des dispositions lourdes et confuses de la loi afin de faciliter la collaboration ou l'appui des structures techniques publiques avec les mairies dont les compétences restent pour le moment très limitées. Il faut préciser aussi que cette inertie qui caractérise la Préfecture de Natitingou s'explique par le non-transfert des ressources et des compétences à son niveau et surtout par d'autres types de difficultés relevées lors du Forum national sur le bilan de trois ans de vie des Communes (Le Municipal 2006), qui sont, entre autres :

1. les difficultés de coordination au niveau départemental résultant du cloisonnement de l'action gouvernementale et de l'absence de tradition d'inter ministérialité ;

2. la faible capacité de la préfecture par rapport aux compétences du préfet en matière de coordination ;

3. la méfiance des bailleurs de fonds face à l'exigence du respect des principes du droit budgétaire béninois pour les projets exécutés sur ressources extérieures ;

4. l'absence de cadrage juridique de l'assistance conseil favorisant l'empirisme dans sa gestion ainsi que l'approche marchande de l'accompagnement de l'Etat ;

5. l'extrême politisation de l'administration publique favorisant la défense des intérêts des clans ou des régions.

Il est donc nécessaire que le personnel des services techniques déconcentrés et de la tutelle apprenne à travailler en concertation avec les responsables locaux.

Somme toute, plusieurs partenaires concentrent leurs interventions sur Cobly et Boukoumbé. Les actions qu'ils mènent dans le cadre des programmes et projets, sont pertinentes pour les communautés bénéficiaires. Cependant, il est nécessaire que les partenaires revoient leur appui afin de placer véritablement au centre de leurs actions, les acteurs locaux désormais investis de la mission de conduire le développement communal. L'Etat bien qu'initiateur de la décentralisation demeure malheureusement omniprésent dans le processus de développement des communes.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway