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La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle

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par Hugues Herbillot
Université Nancy 2 - Master 2009
  

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b. Les insultes.

Les différents entre particuliers suivent un cheminement dont « brocards et gausseries constituent fréquemment le premier degré de cette bravade330(*) ». Celui qui prononce de tels mots (insultes) cherche à évaluer les capacités de résistance de l'interlocuteur et à montrer dès le départ sa supériorité. « L'offensé n'a en effet qu'une alternative : céder en donnant l'image d'un individu déconfit ou renchérir et accepter l'escalade vers un affrontement331(*) ».

Le caractère théâtral de cet exercice est souligné par de nombreux historiens. Xavier Debilly par exemple avance que « ces insultes sont toujours prononcées en public parce qu'elles témoignent d'une véritable volonté de ternir la réputation de leur cible, et se distinguent selon le sexe : les hommes sont indifféremment traités de voleurs, d'escroc ou de gueux qui fait perdre ses créanciers. Pour les femmes, les insultes tournent autour du thème de la prostitution332(*) ».

· Les femmes.

Le recours à la violence verbale est courant chez les femmes, l'insulte est souvent la finalité à un différent, alors que chez les hommes elle n'est qu'un préliminaire à un affrontement. L'imaginaire collectif et les références idéologiques nous offrent un réservoir d'injures bien fourni.

Les insultes faites aux femmes touchent pour une bonne part à leur vertu, les femmes se doivent d'avoir une moralité irréprochable. Cette honorabilité féminine est aisée à ternir par de simples insultes. A Neufchâteau, le six février 1810, Elisabeth Mulot injurie en pleine rue « Marguerite Loquier en la traitant de genre de coquine, de putain333(*) ». Les injures de type «fille à service« sont très plus répandues. A Liffol-le-Grand Anne Chailly se fait ainsi insulter de « vieille pute334(*)».

Les moeurs supposées des femmes sont régulièrement mis à mal. Anne Reynauld de Rollainville, a ainsi dit en 1814, « en parlant de chez Marguerite Maillard que les putains y logent, lui a dit que son mari venait la caresser et qu'elle était la cause des mauvais traitements que son mari lui faisait subir. Marguerite sort, et Anne lui dit qu'elle va voir son homme dans les coupes en exploitation335(*) ».

Les insultes sur les moeurs d'autrui sont les plus importantes, de « garce » à « coquine » en passant par « traînée » ou par « salope336(*) ». Garce désigne une femme de mauvaise vie, une compagne hors mariage. De même, coquine fait référence à une absence de sens moral qui dans les esprits laisse suspecter les pires déviances. Les qualificatifs sont parfois originaux, à Neufchâteau deux femmes se disputent et l'une d'elle traite l'autre « de femme d'Espagnol337(*) ».

Enfin, de nombreuses attaques verbales ont pour sujet l'alcoolisme, ce fléau qui se répand plus tard dans le siècle fait déjà des ravages localement. Les femmes n'hésitent pas à s'insulter « d'ivrognesse338(*) », ou de « saoularde339(*) ».

· Les hommes.

Les insultes masculines ne revêtent pas le même caractère. Celles-ci traduisent une volonté de leurs auteurs de se mettre en valeur et de démontrer leur supériorité physique.

Une bonne part des insultes tourne autour du vol car la propriété est la finalité de tout Français au XIXème siècle340(*). La défense de la propriété d'ailleurs largement rappelée par le Code Pénal. Le vol, est dès lors révélateur d'une incapacité à accéder à cette propriété de quelque nature qu'elle soit, être insulté de voleur n'est donc pas anodin et constitue un véritable affront. A Harmonville Brice Houdot cherche à vexer un adversaire qu'il injurie de « coquin, voleur, preneur de javelle, preneur de gerbes de foin 341(*)». Le travail de la terre est une valeur fondamentale des sociétés rurales, et ce genre d'insulte met en cause la capacité productive de la personne injuriée. Les commerçants sont couramment insultés de « vendeur de grains de fausse mesure » ou encore de « cochon » en référence aux réserves de graisse de l'animal métaphoriquement comparées ici à des réserves d'argent supposées.

Les élus ne sont pas épargnés par les offenses, le maire de Pargny-sous-Mureau est régulièrement qualifié de « corrompu342(*) », Joseph Gérard dit Gaspard le qualifie même de « gueux à qui il avait été obligé de donner une somme de 200 francs343(*) ». A Punerot en 1803, Nicolas Bigotte insulte le maire et l'adjoint de la commune de « coquins et de voleurs dans les rues publiques à différentes reprises344(*) ». Ces assertions sont évidemment le fruit de la colère car il est peu probable que les élus de la commune volent leurs administrés.

Que ces insultes soient justifiées ou non, elles apparaissent parfois complètement hors de propos et le fait de circonstances particulières. A Grand en 1826, un certain Bonneville, personnage bien connu des divers agents de l'état, insulte les gardes champêtres qui viennent de le verbaliser. Il les injurie « de voleurs, gueux, scélérats que faisaient des rapports injustes et milles autres invectives que c'étaient des lâches et des mauvais sujets et que le maire ne valait pas mieux qu'eux345(*) ». 

Les allusions scatologiques font également partie du registre langagier de l'injure. A Neufchâteau, Jean Baptiste de Coligny chargé de la conscription, est appelé dans la rue où l'attendent trois individus qui disent avoir quelque chose d'important à lui communiquer. Les trois réfractaires à la conscription «  se précipitent sur lui, en disant que s'il était officier de recrutement ils s'en foutaient, qu'ils chieraient sur ses épaulettes346(*)». Toujours dans le même registre, à Grand, le maire se fait insulter par Nicolas Henry qui lui crie « vous êtes un maire de merde, de charité et je vous emmerde347(*)».

* 330 MUCHEMBLED, R, op, cit., p 419.

* 331 Ibid

* 332 DEBILLY, X, La petite délinquance en milieu rural au XVIIIe siècle : l'exemple D'Ampuis, in GARNOT, B, (dir.), La délinquance du Moyen Âge à l'époque contemporaine, Dijon, EUD, 1998, p 155.

* 333 AD Vosges, 22u42, Neufchâteau, 1810.

* 334 AD Vosges, 22u46, Liffol-le-Grand, 1814.

* 335 AD Vosges, 22u46, Rollainville, 1814.

* 336 AD Vosges, 22u44, Neufchâteau, 1811.

* 337 Ibid.

* 338 AD Vosges, 22u42, Neufchâteau, 1810.

* 339 AD Vosges, 22u46, Liffol-le-Grand, 1814.

* 340 (Cf : Annexes d'illustration, Annexe XIV. Insultes les plus courantes et leur signification. p 198).

* 341 AD Vosges, 22u69, Harmonville, 1825.

* 342 AD Vosges, 22u47, Pargny-sous-Mureau, 1814.

* 343 Ibid.

* 344 AD Vosges, 22u46, Punerot, 1813.

* 345 AD Vosges, 22u64, Grand, 1822.

* 346 AD Vosges, 22u42, Neufchâteau, 1810.

* 347 AD Vosges, 22u83, Grand, 1843.

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