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Analyse économique des effets du dispositif de défiscalisation local en Polynésie Française: un premier essai sur le secteur hôtelier

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par Gaëlle FERRANT
Université Paris 1 La Sorbonne - M2 Expertise Economique du Developpement 2007
  

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Enfin, on peut soulever des difficultés liées aux données statistiques comme dans tout travail économique. 4.3 Modélisation de l'offre

Afin de spécifier la forme de l'équation de l'offre de nuitées hôtelières, il est nécessaire de justifier les hypothèses choisies. En effet, celles-ci détermineront dans quelle mesure la défiscalisation et la baisse du coût du capital qu'elle engendre est répercutée sur le prix à la consommation ou dans les marges des offreurs.

4.3.1 Hypothèses retenues concernant le marché hôtelier

L'hypothèse centrale de notre modèle repose sur la supposition suivante: le marché polynésien de l'hôtellerie est concurrentiel à long terme. Cette hypothèse est primordiale pour notre effort de modélisation dans la mesure où elle permet de connaitre les mécanismes de transmission de la baisse des coûts sur les prix mais aussi de définir la forme de la courbe d'offre.

L'hypothèse de marché concurrentiel peut tout d'abord être justifiée par la libre entrée /sortie dont est caractérisé le secteur. En effet, nous supposerons qu'il n'y a ni coût d'entrée ou de sortie, ni barrière à l'entrée. Ainsi, l'existence d'un profit positif attire de nouveaux offreurs jusqu'à ce que le profit soit nul à long terme. Or si à long terme le profit est nul alors il y a égalisation du Coût moyen et de la recette moyenne.

11 = Px * Qté - C * Qté = Qté *(Px - C) = RM - CM Or 11=0, d'où à long terme RM = CM 19. L'hypothèse de marché concurrentiel peut tout aussi être justifiée

par la présence d'une tripl e concurrence. En effet, les hôtels polynésiens sont soumis à la fois à la concurrence des autres destinations proposant le même type de bien (hôtel de luxe sur pilotisÉ) comme les Maldives ou les Seychelles, mais aussi à une concurrence inter et intra iles. Si les hôtels d'une marque concurrencent ceux d'une autre sur une même ile, la compétition reste rude au sein même de la marque entre les différentes iles. C'est pourquoi les professionnels de l'hôtellerie parlent d'une triple concurrence. Cette triple pression et le nombre d'offreur (51) nous amènent à supposer que le pouvoir de fixation des prix des offreurs est relativement faible. Le principe d'atomicité semble donc être respecté puisqu'aucun hôtel ne semble avoir un pouvoir de marché tel qu'il puisse influencer la formation des prix d'équilibre de long terme.

A cette caractéristique organisationnelle du marché s'ajoute la question de l'élasticité de l'offre. En effet, celle- ci doit pouvoir s'ajuster aux variations à la hausse de la demande pour éviter toute tension sur le marché et donc toute hausse des prix. Or, compte tenu des coefficients de remplissage (en moyenne de 60% selon le rapport 2008 de l'IEOM), les tensions sur le capital physique apparaissent comme très faibles. Enfin, le secteur hôtelier est fortement travaillistique (l'hôtellerie est un service). La main-d'oeuvre étant abondante, il ne semble pas y avoir de problèmes liés à la flexibilité de l'offre. Il semble pertinent de supposer que l'offre s'ajusterait aux fluctuations de la demande par une augmentation de l'utilisation du facteur travail sans friction sur les prix.

Compte tenu de ce contexte on peut logiquement supposer que le marché de l'hôtellerie en Polynésie Française est concurrentiel d'autant plus que le bien offert tend à s'homogénéiser du fait d'une certaine spécialisation dans le luxe. De plus, la part des salaires dans la valeur ajoutée du secteur est relativement élevée (61% selon les données comptables de l'IEOM) ce qui tendrait à renforcer l'hypothèse de marché concurrentiel.

Nous adopterons une hypothèse de concurrence monopolistique compte tenu des caractéristiques énoncées ci- dessus. En effet, nous considérons qu'à court terme les hôtels sont dans une position de monopole alors qu'à long terme la concurrence prévaut. La concurrence monopolistique est un régime de concurrence hybride, entre le monopole et la concurrence pure et parfaite. La différenciation des produits (malgré cette homogénéisation vers le luxe) peut être expliquée par les effets de réputation et de marque. Celle-ci est la justification première

19 Où Qté = quantité, Px = prix, C = coût unitaire, RM= recette moyenne de long terme, CM= coût moyen de long terme, 11 = profit

de notre recours à la concurrence monopolistique. Chaque entreprise d'une industrie propose un produit différent de ceux de ses concurrents (taille, forme, couleurs, caractéristiques) mais de qualité et de prix comparables. Il y a concurrence monopolistique lorsque les trois conditions suivantes sont réunies:

· Il y a libre entrée et libre sortie des firmes dans l'industrie. La concurrence aboutit donc inexorablement dans le long terme à l'égalisation de la recette moyenne et du coût moyen (équilibre à profit nul).

· Chaque firme dispose de sa propre clientèle (demande résiduelle). L'importance de cette clientèle dépend du nombre de concurrents sur le marché et du degré de différenciation de leurs produits.

· Contrairement à la concurrence pure et parfaite, la concurrence monopolistique reste compatible avec l'existence de firmes exhibant des coûts moyens décroissants : en effet, aucune firme ne peut capter l'intégralité de la clientèle de ses concurrentes, en raison de la différenciation des biens régnant sur le marché.

Nous supposerons donc que le marché est concurrentiel et que l'offre s'ajustera à la demande de nuitées hôtelières. Ainsi, la baisse du coût du capital et donc du coût moyen d'une nuitée se répercutera entièrement sur le prix à la consommation. Dès lors, l'équilibre est déterminé par les caractéristiques de la demande. Autrement dit plus l'élasticité-prix de la demande sera élevée plus la défiscalisation -en tant que baisse du prix du capital- aura d'effets sur la demande de nuitées hôtelière et sera donc susceptible de relancer l'investissement sur le territoire et de créer des emplois et de la croissance.

4.3.2 Formalisation de l'offre

Compte tenu de notre hypothèse de concurrence monopolistique, nous supposerons que l'offre est une courbe horizontale égale au coût moyen de long terme. Cette forme de la courbe d'offre est fidèle à la théorie microéconomique du producteur selon laquelle la courbe d'offre, issue de la maximisation du profit, est égale au minimum du coût moyen de long terme.

La défiscalisation est donc considérée comme une baisse du coût du capital qui se manifeste dans la baisse du coût moyen d'une nuitée. Celles-ci se concrétisent par une baisse du coût moyen de long terme d'une nuitée hôtelière. On considère alors un déplacement de la courbe d'offre due à la baisse du coût moyen de long terme engendrée par la défiscalisation. Modéliser les effets des dispositifs de défiscalisation sur l'offre hôtelière revient donc à estimer la variation du coût moyen de long terme d'une nuitée.

Or, en concurrence monopolistique, à long terme le coût moyen est égal à la recette moyenne, puisque les profits sont nuls. Ainsi, nous considérons que le coût moyen d'une nuitée correspond à la recette moyenne par chambre occupée (RMCO ch) qui est le quotient du chiffre d'affaire hébergement par le nombre de nuitées chambre.

En outre, le coût moyen est la somme du coût d'exploitation d'une nuitée chambre d'une part et du coût d'opportunité du capital d'autre part. En effet, le coût de revient pour un hôtelier correspond aux diverses charges d'exploitation eng endrées par l'activité. Pour l'investisseur, le coût correspond au coût d'opportunité du capital, hypothèse conforme à la théorie économique traditionnelle du comportement d'investissement. Le coût d'opportunité peut être défini comme le coût estimé en termes d'opportunités non-réalisées (et les avantages qui auraient pu être retirés de ces opportunités), ou encore la valeur de la meilleure option non- réalisée. Plus trivialement, c'est la mesure des avantages auxquels on renonce en affectant les ressources disponibles à un usage donné. Alors, le coût d'opportunité d'un investissement est le coût de la non-réalisation de celui-ci. Il est mesuré par la rentabilité attendue des fonds investis (ou de l'affectation d'immobilisations) à d'autres utilisations. Ce critère est l'un de ceux utilisés dans les choix d'investissement. Nous considérons donc le cout d'opportunité du capital comme la rentabilité qu'aurait un placement de même risque que celui réalisé ou envisagé, compte tenu des arbitrages possibles.

Compte tenu de la confidentialité de certaines données et du fait que la défiscalisation cache une partie des coûts d'immobilisation dans les charges d'exploitation (paiement des loyers crédit-bail), il n'est pas possible d'identifier le coût du capital à partir des bilans ou compte de résultats. Nous nous sommes donc basé sur une estimation du montant d'investissement faite par un groupe hôtelier -ayant bénéficié de la défiscalisation lors de la construction des hôtels- lors de la valorisation de son parc hôtelier.

Cette méthodologie est certes discutable mais ne peut être rejetée. En effet, faute de données fiables, nous n'avons pu utiliser l'échantillon représentatif fourni par l'IEOM. Exclure les méthodes d'échantillonnage probabiliste suppose alors le recours à la méthode « du choix raisonné ». C'est une procédure d'échantillonnage empirique et non probabiliste. Faute de pouvoir construire un échantillon probabiliste, on choisit un individu, ou un groupe d'individu, représentatif par une «logique issue du terrain, une forme de bons sens face au phénomène étudié, en quelque sorte, ou de raison» (Bernard 2007 La statisque sans formule mathématique). On ne procède donc pas à un tirage à partir d'une base de sondage parce qu'elle est n'existe pas ou qu'elle est trop couteuse ou trop difficile à obtenir. Par connaissance du terrain on sélectionne un individu ou un groupe d'individu représentatif.

Par la méthode du «choix raisonné» nous avons identifié un hôtel représentatif de l'offre hôtel ière polynésienne. A partir de celui-ci, nous avons déterminé le coût moyen de long terme d'une nuitée comme étant de 40 100. Puis nous avons calculé le coût d'opportunité du capital en utilisant un taux d'intérêt moyen de 6% (moyenne sur 2000/2007 des tau x fixe sur 1 an pour le secteur privé) et une prime de risque de 4% (moyenne utilisée par la théorie économique pour des pays notés BBB+ par les agences de notation20). La prime de risque est introduite dans le coût d'opportunité du capital puisque que le rendement d'un actif dépend du risque perçu, c'est-à-dire de la probabilité de ne pas être rémunéré au taux escompté (Hicks 1939). Le capital pris en compte

21

ici est celui qui bénéficie de la défiscalisation à savoir les investissements estimés . Trois hypothèses ont été retenues afin déterminer un intervalle tenant compte d'une possible erreur d'estimation.

Nous obtenons alors l'équation suivante:

Charges d'Exploitation + Cout d'Opportunité du Capital Coût moyen LT d'une nuitée = Nombre de Nuitées

Avec

Coût d'opportunité du capital = Investissement * (1 + Taux d'intérêt + Prime de Risque)

Nous obtenons alors un coût par nuitée hors capital compris entre 31 009 F CFP et 33 736 F CFP; et un coût d'opportunité du capital de 6363 F CFP et 9090 F CFP, pour un coût moyen d'une nuitée de 40 100 F CFP.

Sachant que la défiscalisation permet de diminuer le coût du capital de 2/322 et que le capital représente entre 14% et 19.7% du coût moyen d'une nuitée hôtelière, on peut supposer que la défiscalisation a diminué de 9.6% à 13% le coût moyen de long terme.

Or, comme annoncé plus haut, nous supposons que le marché est concurrentiel et que l'offre s'ajustera à la demande de nuitées hôtelières. Ainsi, la baisse du coût moyen d'une nuitée se répercutera entièrement sur le prix à la consommation. Dès lors, l'équilibre est déterminé par les caractéristiques de la demande. Autrement dit plus l'élasticité-prix de la demande sera élevée plus la défiscalisation -en tant que baisse du prix du capital- aura d'effets sur la demande de nuitées hôtelière et sera donc susceptible de relancer l'investissement sur le territoire et de créer des emplois et de la croissance.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams