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Administration coloniale, chefferie indigène et relations inter-ethniques dans la région de Franceville de 1880 à  1960

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par Serge Romuald ONGALA
Université Omar Bongo - Maà®trise 2005
  

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Dans le même sens que Hyppolite Gnamalengoungou, Pierre Savorgnan de Brazza souligne le rôle important du lien de parenté (motsiãa, omwon) dans l'établissement des relations politiques entre différentes chefferies lorsqu'il dit : « je rencontrai là un jeune et influent Oumbété157(*), venu pour épouser une fille de N'ghimi ; on le traitait avec tous les égards accordés ici aux chefs de cette tribu. Trop faibles pour résister à leurs belliqueux voisins et amis, les Ondoumbos158(*) espèrent retarder les hostilités ouvertes en mariant avec eux leurs filles. Non qu'ils fussent en mauvaise intelligence, au contraire »159(*). En effet, face aux incursions répétées des guerriers ambaama  et des Bungom sur les territoires voisins, certains chefs de village voire des notables, suivant leur secteur d'influence, parvenaient par mesure préventive contre les dangers auxquels le village pouvait faire face ou après les échauffourées entre deux villages à la conclusion des relations politiques entre lignages, clans, villages ou ethnies.

Enfin, il convient de mentionner qu'à la fin du XIXème siècle, tout comme l'amitié, les relations politiques entre certaines chefferies de la région de Franceville étaient raffermies soit par des pactes de sang soit par des alliances matrimoniales entre les parties concernées ou par l'adhésion de l'un à la société secrète et initiatique de l'autre.

1.3. Les relations de corps à travers les sociétés secrètes et initiatiques 

Dans les sociétés traditionnelles de la région de Franceville, la gestion des villages-Etats était non seulement assurée par le « nga-bola ou fum'a mpuãu » (autorité morale du village, maître de l'ordre du mpuãu) mais aussi par l'ensemble des nécromants désignés par les expressions « nga, nga?a ou nganga ».

Cette gestion collégiale du village et ses habitants reposait sur la croyance aux mânes des ancêtres incarnés par les reliques  (mabutu ou epundu). Il convient de rappeler que, dans la région de Franceville comme partout ailleurs en Afrique précoloniale, les croyances animistes étaient présentes. En effet, pour ces peuples, la mort était considérée comme un changement d'état : le passage du monde matériel au monde surnaturel que les vivants pouvaient consulter en cas de nécessité160(*). Cela ne signifie cependant pas que ces peuples ne croyaient pas en un esprit supérieur. Au contraire, comme le souligne Joseph Ambourouè-Avaro, « le problème de l'existence ou de la non existence d'un Dieu unique est finalement subordonné à une définition de la connaissance »161(*). Par ailleurs, le Père Lossedat, cité par André Raponda-Walker et Roger Sillans, justifie la croyance aux mânes des ancêtres en ces termes : « les naturels, ne se rendant pas compte de la marche générale de l'univers, et ne comprenant pas, de ce fait, que les corps soient capables de se mouvoir, ils ont supposé un esprit, une intelligence, partout où ils voyaient le mouvement. Comme tout est mouvement dans la nature, ils l'ont peuplée de génies qui président aux fleuves, aux rivières, aux forêts, aux fourmilières, et par extension aux cavernes, montagnes etc. »162(*). Ainsi, le contact des nga mpuãu, des nga?a avec l'au-delà et les totems (forces surnaturelles) était maintenu par le canal des sociétés secrètes et initiatiques dont les plus réputées dans la région de Franceville étaient le mungala, le ngoyi et le lissimbu (des Ikota et Bewumvu), le maâayí (des Ndumu), l'onkani (des Ambaama), le ngåtå (des Bakani?ß), l'ebagni?i (des Atåãå), le mwiri, le mawunda (Ndzébi, Awandji et Tsengi) et l'omfumu (des Atåãå, Bakani?ß et Ndumu).

De l'analyse des traditions orales, il ressort de certains témoignages des habitués de ces sociétés secrètes et initiatiques que le but était de permettre, dans un premier temps, à l'homme de se connaître davantage, de dominer les aspects matériels de son existence et surtout de préserver l'équilibre écologique : la relation de l'homme avec la nature lui permet de connaître les vertus des plantes pour assurer la survie du corps biologique et, partant, du corps spirituel163(*). Vu ainsi, comme Tulu Kia Mpansu Buakasa, nous pouvons dire que le but de ces sociétés secrètes et initiatiques « est donc d'améliorer le sort de l'homme et de consolider sa position dans l'univers, en lui montrant les forces qui conviennent le mieux à son renforcement ou qui peuvent écarter les dangers qui le menacent »164(*).

Ainsi, n'ayant pas des agents des eaux et forêts à l'époque, cette préservation des essences écologiques était assurée par les membres des sociétés secrètes et initiatiques. Tous ceux qui entravaient ces interdits étaient soit réduits en esclavage soit sujets à des sanctions beaucoup plus graves.

Comparant le mwiri à certaines pratiques religieuses ayant cours dans la région de Franceville, André Raponda-Walker et Roger Sillans écrivent : « Le but apparent est d'honorer les ancêtres.  C'est en quelque sorte une ligue pour la protection de la nature et l'entretien des lieux publics, doublée d'une police secrète destinée à rechercher et à punir les coupables quels qu'ils soient »165(*).

En gros, les sociétés secrètes et initiatiques, véritables écoles de la vie où la connaissance se mêle au sacré et aux institutions socio-politiques traditionnelles, tout en imposant leur discipline au-delà des localités d'origine, ont été de grands facteurs de cohésion des peuples de la région de Franceville. Comme le souligne Nicolas Metegue N'Nah, « leur rayonnement dépassait les limites ethniques et l'on peut dire qu'elles contribuaient, dans une certaine mesure, au rapprochement des différents peuples, notamment par la diffusion de certaines langues »166(*).

Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire qu'à travers les sociétés secrètes et initiatiques, une nouvelle forme de parenté ou de sociabilité aux connexions invisibles s'est développée non seulement entre les maîtres (ba nga koâo), les disciples (ba nga?a) et les adeptes (ba m'vendi) de ces ordres mais aussi entre les groupes ethniques de moeurs différentes. Les sociétés secrètes ont, pour ainsi dire, beaucoup oeuvré à l'édification des lois sociales et au maintien de l'ordre social - c'est le cas avec les interdits. Outre les relations d'alliance, les peuples de la région de Franceville entretenaient d'autres types de relations.

1. Les autres types de relations

La cohabitation des peuples de la région de Franceville ne permit pas que l'établissement des rapports d'alliance. En effet, entre ces peuples, on notait aussi des relations tumultueuses, beliqueuses, conflictuelles, ou au contraire des contacts pacifiques et amicaux, en fonction du milieu et de l'histoire, ayant débouché quelque fois sur une sorte de fraternisation des rapports, laquelle fraternisation a ouvert la voie à un véritable commerce entre ethnies ou nationalités.

2-1. Les relations conflictuelles

A la fin du XIXème siècle, les populations de la région de Franceville vivaient en parfaite harmonie. A l'exception des bagarres (angrù, manvùru) liées aux problèmes de femmes (abandon du domicile conjugal, remboursement de dot, adultère) ou de violation des limites territoriales voisines, les conflits entre certains lignages ou « nationalités » étaient, pour l'essentiel, causés par le besoin de se ravitailler en esclaves et en produits naturels afin de maintenir les relations avec les peuples de l'Ogooué (les Aduma).

En effet, pour certains peuples, vendre les esclaves était une garantie de se procurer des biens manufacturés167(*). Pierre Savorgnan de Brazza le signale en ces termes : « les guerriers [ambaama]se réunissent assez nombreux, traversent l'Ogôoué et parcourent le pays, dont ils seront maîtres dans quelques années. Leur passage laisse des traces sanglantes. Tout est ravagé, brûlé, et, quand la nouvelle de leur arrivée a rendu toute une région déserte, ils se portent inopinément sur une autre. Toute (sic) ce qui tombe dans leurs mains, hommes, femmes, enfants, est pris et vendu, soit aux Adoumas de l'ouest, soit aux Batékés de l'est. C'est ainsi que les Obambas sont devenus de grands fournisseurs d'esclaves, et que toutes les peuplades, sans cohésion, sont constamment en éveil, se déplacent et ne peuvent se livrer en paix à leurs travaux habituels »168(*). Le peuple ambaama, notamment la frange dirigée par le chef Legnogo-L'Andjoão, était réputé "guerrier". L'omniprésence des "guerriers ravisseurs Mbédé"169(*) dans les territoires voisins se soldait par le climat d'insécurité qui se traduit par les conflits inter-lignages ou des bagarres rangées mentionnés dans les traditions orales collectées auprès de certains de nos informateurs170(*).

Le dernier conflit armé qui, à la fin du XIXème siècle, opposa les Ndumu de la rive droite de la Pasa et Ambaama du chef Legnogo-L'-Andjoão fut jugulé par la présence française dans la région. Pour rendre compte de la situation qui prévalut dans la région de Franceville à la fin du XIXème, le docteur Milletto écrit : « pendant une quarantaine d'années, et jusqu'en 1900, les guerres plus ou moins localisées se succédèrent ; d'abord chassés du nord de la Leconi, les N'Doumou perdirent ensuite la plus grande partie de la région entre Leconi et Ogooué-M'Passa. Ils ne furent sauvés de la destruction à peu près complète que par le petit groupe français du poste qui fit donner le canon pour leur défense car les N'Doumou s'étaient déjà montrés de précieux auxiliaires au moment des passages de Brazza et pour la fondation de la Mission catholique et du petit poste militaire (1880-1890-1893).[...] Désormais, la présence des Français qui, peu à peu vont s'installer et créer des postes de contrôle en brousse, va interdire les guerres inter-tribales »171(*).

Loin d'emprunter des raccourcis patriotiques, il convient de souligner que certains de ces grands guerriers auxquels les traditions orales font allusion, à en juger le contexte, peuvent être considérés comme des rabatteurs, des vendeurs d'esclaves et, selon la législation de l'époque, de grands brigands. Par ailleurs, la terreur et l'insécurité constatées dans la région de Franceville à la fin du XIXème sont «...liées essentiellement à  l'Etat d'esprit général créé par le phénomène de la traite des noirs et à la pénétration commerciale européenne »172(*).

2.2. Les relations en fonction du milieu et de l'histoire

Les travaux de certains auteurs tels qu'Adolf Cureau173(*), Hubert Deschamps174(*), Martin Alihanga175(*), Claude Cabrol176(*), André Raponda-Walker177(*), Juste-Roger Koumabila178(*) ainsi que la plupart des traditions orales que nous avons recueillies sur le terrain s'accordent à dire que le point de départ des peuples essaimés dans la région de Franceville serait la région de la Haute-Sanga, au nord-ouest de l'actuel Congo-Brazzaville. Dans le même ordre d'idées, Paul Ndjabimba rapporte que : 

« Nous tous : Bakani?ì, Bambaama, Måndumu, Bawumbu, Batsitsiãå (Tsayi), Bandjaâi, Bawandji, Batsangi, Batåãå (silence), nous revenons tous du Congo. Nous sommes tous revenus du Congo parce que les Mboshi mangent les gens. Tous les jours, ils mangent les gens. C'est en ce moment que les ancêtres décidèrent de quitter ce pays où les hommes mangent les autres. C'est en ce moment qu'ils sont venus. En venant, de là où nous étions, nous avons emprunté les sources de l'Ogooué et de la Pasa, de la Lesiâß (Sebe). Tout le monde qui descendait ici pour fuir les Mboshi, certains d'entre nous sont passés par les canyons pour aboutir sur la route de Zanaga, d'autres sont venus par la route de Ngàkà-na Mwuâà179(*), par le village de Mekoto »180(*).

La région de la Haute-Sanga semble avoir été un passage obligé pour les populations de la région de Franceville. De là, elles auraient pénétré dans le bassin supérieur de le Lebani (Ogooué) par différentes voies dont les plus connues sont :

la vallée de la Lesiâß, pour les Kani?ì, une frange des Atåãå, les Ndumu, les Ambaama et une frange des Wumvu ;

les savanes de l'est de Franceville (« les plateaux batékés »), pour les Ndzèbi, Awandji, Tsångi et les Atåãå181(*);

la vallée de l'Hindwé (Ivindo), pour une autre frange des Wumvu et des Kèlé de la région de Franceville (Mba?i et Bungom).

Ainsi, partis de la Haute-Sanga pour des raisons diverses, les peuples de la région de Franceville, par leurs trajectoires migratoires communes, pour certains, ont des affinités linguistiques.

En effet, bien que faisant partie du groupe du sud-est, pour la majorité, Hubert Deschamps182(*) et, dans une certaine mesure, Juste-Roger Koumabila et Guy Claver Loubamono183(*) distinguent une affinité linguistique entre Ndzebi, Tsengi, Awandji, Ambaama, Bakani?ì, Atåãå et Ndumu qui, « entre eux, ne diffèrent que de peu. La grammaire est à peu près pareille. Il n'y a que des différences phonétiques sensibles »184(*). C'est dire donc que, malgré les distinctions qui se fondent sur des particularismes ethniques, ces peuples communiquent entre eux sans interprète. De ce fait, nous pouvons déduire que les peuples de la région de Franceville ont eu, dans un passé assez lointain, des contacts prolongés. Cela peut aussi signifier qu'au départ, ils ont eu la même langue. Mais que, cette langue, à cause des phénomènes culturels, des contacts avec d'autres peuples ou de l'éloignement, a subi des modifications et donc a évolué.

Par ailleurs, lorsque les peuples s'éloignent de leur foyer d'origine, par la suite d'événements divers, on constate chez eux une évolution des mentalités différente. Ainsi, le comportement d'un peuple (d'une ethnie) par rapport à un autre se justifie par le fait qu'ils aient vécu ensemble ou non. Pour cela, si, à la fin du XIXe siècle, l'on observe une cohésion ou une parenté sauvegardée entre Ndzèbi, Tsengi et Awandji, entre Ambaama et Bakani?ì, entre Bakani?ì et Ndumu, entre Bewumvu, Mba?i et Bungom ou entre Bakani?ì, Ndumu, Bewumvu et Mba?i c'est parce que ces ethnies partagent toujours le même espace géographique, le même milieu et, partant, la conservation de leur passé commun.

De même, à la fin du XIXe siècle, en dépit « de fréquentes jalousies commerciales et l'antagonisme de race qui les divisaient »185(*). Ambaama et Bakani?ì du nord-ouest de Franceville ou Bakani?ì, Ndumu, Bewumvu et Mba?i, qui sont voisins dans les environs de Franceville et au sud-est du Lebani, voire les groupes awandji, tsengi et ndzèbi à l'ouest de Franceville, semblent beaucoup plus proches les uns des autres. Tandis que la situation apparaissait tout à fait différente entre ces mêmes groupes (exceptés les Ambaama du nord-est de Franceville) et les Atåãå des savanes de l'est car la distance n'a pas facilité l'établissement de bons rapports. C'est cette hypothèse qui fera dire à Julien Kabele que « les Atåãå étaient moins appréciés par d'autres ethnies de la région de Franceville. Pour montrer le caractère négatif de cette société, leurs voisins, les Ambaama les traitent des Andjini?í »186(*). Pierre Savorgnan de Brazza, qui a étudié les traits caractéristiques de certains peuples de cette région à la fin du XIXe siècle, trouve que les peuples « Ondoumbos, Aoumbos et Bakanikés paraissent avoir un certain passé par le nom générique d'Andjicani »187(*). Mais que peut bien vouloir signifier ces termes d' "Andjini?i", "Andjicani", "Banjicana", souvent employés par les peuples de la région de Franceville ?

Il semble que les Ndumu, Wumvu, Ndasa et Kani?ì sont censés avoir appartenu aux marches du vieux royaume d'Anzico ou d'Andjicana188(*). Par conséquent, le même terme est, « selon les Pères Prat et Schickelé, missionnaires catholiques dans la haute Alima à l'est de Franceville au tout début du XXe siècle, celui qu'utilisent les Ambosi pour désigner leurs voisins, les Atåãå de la savane, parce que ces derniers consomment les termites (antsaama) et les Chenilles »189(*). André Raponda-Walker, qui s'est, lui aussi, intéressé à l'usage du mot "Andjininis" ou "Andjininghi" pense que c'est « un terme de mépris, synonyme de poltron appliqué aux Bakaninghi qui ont dû fuir devant la poussée des autres tribus »190(*). Il renchérit en disant que « les Mbédé se servent d'ailleurs de cette expression à l'endroit des Mindumu et même les Mbédé de l'intérieur pour désigner ceux de leur race qu'ils ont chassés »191(*). Cependant, pour nombre de nos informateurs, le terme "Andjininii" ou "Banjicana" est un adjectif utilisé par les Wumvu et Mba?i pour désigner tous les autres peuples de la région qui ne maîtrisent ou ne comprennent pas leurs langues. Le mot "Banjicani", au lieu d'être considéré comme une injure, serait donc l'équivalent du terme grec « barbare » ou du mot fang « bilop », qui signifie l'inconnu, celui qui est différent de nous. Ce nom générique était le plus souvent utilisé lors des plaisanteries entre éléments de groupes ethniques voisins. La réponse à ceux qui l'employaient, notamment les Wumvu et Mba?i, était « Bakuta ou Akura », référence au peuple Ikota parce qu'il était considéré comme des « Babongo ». Cette plaisanterie détendait l'atmosphère entre ces peuples aux traditions différentes.

Tout compte fait, même si les mémoires collectives des peuples de la région de Franceville se rappellent qu'ils sont des peuples frères, les conceptions de relations de collaboration fraternelle dépendaient, à la fin du XIXème siècle, de la situation de leur cadre d'existence. Car, dit-on souvent, « l'environnement économique détermine la pensée » et, dans ce cas, met les peuples en situation de solidarité.

Cela nous amène à examiner les relations d'échanges des peuples de cette région à la fin du XIXème siècle.

2.3. Les relations d'échanges

L'ethnie est une composante démographique qui s'adapte à toute sorte d'environnement. Cependant, dans la recherche des moyens propres à leur survie, les membres de certains peuples ont été amenés, bien malgré eux, à se déplacer. Ce qu'ils n'ont pu trouver dans leur environnement immédiat, ils ont su l'avoir avec les peuples des contrées voisines, parfois après avoirs traversé monts, rivières et savanes. C'est ainsi que dans leurs multiples déplacements ou changement d'habitation, ces membre ont été amené, parfois volontairement et souvent accidentellement, à rencontrer des membres d'autres ethnies ou nationalités. Sont ainsi nées des relations d'échanges entre les membres appartenant à des ethnies ou nationalités différentes.

Aussi, les différents échanges entre groupes ethniques de la région de Franceville s'effectuaient-ils autour d'un système d'échanges basé sur l'équivalence en nature du produit échangé. Le principe ainsi défini était le troc.

A cet effet, les objets de transaction allaient des produits naturels aux marchandises de traite en passant par les échanges socio-culturels. Il convient de souligner que les différentes relations d'échanges avaient une destination précise, c'est-à-dire des partenaires privilégiés.

En ce qui concerne les produits naturels, les différentes populations de notre région d'étude tiraient de leur milieu toutes les ressources utiles à leur subsistance. Ce qui faisait qu'en général, nombre de villages étaient indépendants les uns des autres. Par ailleurs, il y avait aussi des espaces habités qui étaient dépourvus de certaines matières premières ou n'étaient pas du tout favorables à certaines cultures. Ces différences géographiques imposaient aux communautés qui ne possédaient pas certains produits de s'adresser à ceux qui en avaient. La spécialisation de certains groupes ethniques dans les activités agricoles et cynégétiques a permis l'établissement des couloirs d'échanges permanents avec les peuples environnants. C'est ainsi que les Akula (Babongo), peuples des milieux sylvestres, vivant des produits de prélèvement et de chasse, étaient les principaux fournisseurs des ressources forestières aux populations voisines.

Sur le plan socio-culturel, les relations d'échanges restent marquées par le mariage de jeunes filles pour l'acquisition de la dot. En effet, la dot jouait un rôle essentiel dans les échanges inter-ethniques. Celle-ci, selon l'exigence du partenaire donneur de sa fille en mariage, devait comprendre, des objets de métal. Ce pouvait donc être, entre autres, le ndzundu ou ndzunu (masse-enclume), symbole de l'autorité, signe de reconnaissance des services que doit rendre la fille à la famille du prétendant, le piâß (la hache), le mungungu (casseroles en laiton), le ndula (la sagaie), l'ompei, le motieni et le Kungà ou le Pri (bracelet de cuivre). De même, par le biais de ces alliances matrimoniales circulait une myriade de produits de beauté dont le véritable art de parure se trouvait dans les bracelets de fer que les forgerons Tsengi fournissaient à leurs voisins. C'est le cas des célèbres milongo, kwåtå, batchika (les boucles d'oreilles), des masamba (lames servant au rasage et à la circoncision) et des mabata (les matchettes)192(*) .Ces objets en métal étaient d'une importance capitale, car ces populations tiraient, pour la plupart, leurs moyens de subsistance de l'exploitation du milieu naturel sur lequel elles s'étaient fixées. En se spécialisant dans la fabrication de ces objets, les Tsengi, Ambaama, Bewumvu, Ndumu présentés comme d'excellents forgerons et les populations voisines ont tissé de solides relations économiques. Pour mieux s'en rendre compte, il suffit de convenir avec Roland Pourtier lorsqu'il écrit : « le fer, moyen indispensable pour l'exploitation de la nature et instrument privilégié pour les échanges commerciaux et matrimoniaux, fut à l'origine d'une hiérarchisation entre les groupes métallurges et ceux qui ne l'étaient pas. C'est ainsi que les Batsangui avaient accumulé des biens en provenance de leurs voisins, pagnes, paniers et poteries bandjabi, masques adouma, et surtout le bien par excellence, les femmes : " il arrivait que dans le besoin un père échange sa fille contre quelques outils et c'est ainsi que les Batsangui avaient parfois 20 femmes " »193(*).

Par le couvert de la dot, le partenaire donneur de sa fille en mariage pouvait exiger qu'on lui apporte aussi des objets comme l'huile de noix de palme, l'okayi (le sel "indigène" fabriqué à base d'extrait de la sève du palmier), ekala (des nattes), le mopoão (le pagne de raphia) etc. A travers les échanges sociaux ou matrimoniaux, circulaient, entre groupes partenaires, des techniques de production, des pratiques cultuelles et, bien sûres, certains emprunts terminologiques (cas du vocable «kani», propre aux Ambaama, que l'on retrouve dans la désignation d'une des structures politiques des peuples voisins. On peut donc dire que, par les relations d'échanges, ces peuples ont embrassé les cultures de leurs voisins.

Il faut, au total, dire que les relations entre les peuples de la région de Franceville remontent à des périodes immémoriales (obscures). Aussi, à la fin du XIXe siècle, malgré quelques échauffourées et des barrières ethniques, les rapports entre les différents peuples de la région de Franceville sont restés des relations de collaboration fraternelle. Toutefois, avons-nous dit, cette fraternité est restreinte, préférentielle.

Cette étude des relations inter-ethniques dans la région de Franceville, à la fin du XIXème siècle, conforte notre hypothèse de recherche en ce sens qu'elle nous a permis de mettre en lumière les différents rapports qui existaient entre les peuples de notre aire d'étude avant l'implantation effective de l'administration coloniale.

Globalement, ces relations apparaissaient positives, car c'est sur elles que les chefs indigènes se sont appuyés pour désigner le chef ndumu Lendoyi-Li-Bangwali comme leur représentant auprès de l'administration coloniale au cours des années 1920. En effet, si ces relations pré-existantes n'étaient pas bonnes, le choix du chef ndumu n'aurait pas été possible et chaque peuple serait resté dans ses limites territoriales.

En définitive, la région de Franceville présente une diversité de nationalités  bien assises sur leurs traditions et organisées chacune selon les normes et les prescriptions de la société traditionnelle. Pierre Savorgnan de Brazza, en créant le 13 juin 1880 le poste d'administration coloniale de « Francheville »194(*) qui devint « Franceville », à partir d'avril 1881, s'est appuyé sur ces peuples qui ont constitué un réservoir humain et une main-d'oeuvre tant pour l'oeuvre évangélique des Missions catholiques et l'activité des sociétés concessionnaires que pour l'action de l'administration coloniale.

DEUXIEME PARTIE

L'ETABLISSEMENT DE LA DOMINATION COLONIALE ET L'ORGANISATION DE LA CHEFFERIE INDIGENE (1910-1960)

La colonisation s'est déterminée d'abord par des besoins économiques : acccroître les ressources générales du monde en utilisant des produits du sol (produits végétaux et minéraux) méconnus des populations autochtones195(*).

Après la période d'exploration, la mise en valeur des territoires occupés fut entreprise et codifiée ; elle nécessita l'action des colons et de l'administration. Pour l'administration, le premier devoir était de représenter, sur ces terres lointaines, par son action persévérante, l'esprit français, c'est-à-dire garantir, avant tout, à tous, indigènes et Européens, les bénéfices de la civilisation française196(*). L'établissement de l'administation coloniale dans la région de Franceville fut à l'origine des nouveaux rapports nés du contact des deux civilisations : la civilisation autochtone et la civilisation occidentale.

Chapitre IV :

L'IMPLANTATION COLONIALE DANS LA REGION DE FRANCEVILLE

Après les premiers voyages d'exploration, les explorateurs européens prirent possession d'immenses territoires riches en matières premières. Dans ces territoires, les colonisateurs devaient répandre leur culture. L'implantation française dans la région de Franceville, à partir de 1880, répond à cette logique d'occupation des terres prétendues incultes.

1. L'exploration du cours supérieur de l'Ogooué et la création du

premier poste colonial

Après l'exploration du bassin du Como et du Bas-Ogooué par les marins, militaires, commerçants, naturalistes et géographes européens, jusqu' en 1974, les régions du cours supérieur de Libagny étaient considérées comme terra incognitae dont il fallait découvrir et conquérir.

1-1.L'exploration du cours supérieur de l'Ogooué (Lebani)

L'exploration du cours supérieur de l'Ogooué fut entreprise par le naturaliste Alfred Marche et par Louis Alphonse Victor Dupont dit le Marquis de Compiègne. Ils atteignent, en effet, le village Lopé197(*) le 28 janvier 1874. Un mois plus tard, « ils se heurtèrent à l'hostilité grandissante des Fang de la branche mekè dont les nasses avaient été saccagées par l'équipage des deux voyageurs. L'opposition des Mekè fut telle que Marche et Compiègne durent rebrousser chemin à l'embouchure de l'Ivindo le 10 mars 1874. Cependant, effectué à un moment où l'on parlait de l'abandon du Gabon et de son échange contre la Gambie, ce voyage attira beaucoup l'attention des Français sur les richesses naturelles des régions visitées et contribua au maintien de la présence française »198(*).

Au moment de la déconvenue d'Alfred Marche et de Louis Alphonse Victor Dupont dit le Marquis de Compiègne, le cours supérieur de l'Ogooué, plus précisément au-delà de l'embouchure de l'Ivindo, était toujours terra incognitae pour les explorateurs européens. A cette époque, le commerce restait la seule activité reliant le littoral à l'hinterland. La résistance des peuples riverains, soucieux de préserver leurs droits de douane dans les échanges commerciaux, fut d'autant plus farouche que l'Europe tentait de briser le système des intermédiaires préétabli. C'est dans cette atmosphère que Pierre Savorgnan de Brazza, inspiré par les récits de voyage de ses prédécesseurs tels que le lieutenant de vaisseau Aymès (qui atteignit Lambaréné en 1867), le naturaliste Alfred Marche et Louis Alphonse Victor Dupont dit le Marquis de Compiègne projeta, lui aussi, de continuer leur oeuvre : reconnaître le cours supérieur de l'Ogooué. Pierre Savorgnan de Brazza pensait « qu'une sorte de mer intérieure sise vers l'équateur alimente toute l'hydrographie africaine »199(*). En outre, Pierre Savorgnan de Brazza "entendait par là briser les monopoles commerciaux des peuples du littoral et entrer en contact avec ceux de l'intérieur"200(*). De ce fait, il entreprit l'exploration des régions inconnues du cours supérieur de l'Ogooué.

Au cours de son premier voyage, Pierre Savorgnan de Brazza était accompagné de trois européens : Noël Ballay (médecin de l'expédition), le naturaliste Alfred Marche (qui avait une connaissance du terrain) et le quartier-maître de manoeuvre Hamon, ainsi que dix sept africains, dont quatre interprètes gabonais et une escorte de treize laptots sénégalais.

Partis de Libreville le 3 novembre à bord du Marabout, Pierre Savorgnan de Brazza et ses nombreux compagnons arrivent à Lambaréné le 13 novembre 1875. Après un séjour de plusieurs semaines dans cette localité, ils remontent le fleuve le 13 janvier 1876 et parviennent à Lopé le 10 février de la même année. A ce point, l'explorateur et ses hommes établissent leur premier Quartier Général pour quelques temps.

Par ailleurs, Pierre Savorgnan de Brazza apprend que le docteur Oskar Lenz201(*) se trouve à deux jours de son campement. Chemin faisant, l'explorateur français et son équipage s'empressèrent de rattraper leur devancier qui  « n'avait encore pu dépasser la rivière Ofoué. Après d'inutiles efforts pour se rendre chez les Ossiébas et les Adoumas, il se résigna à une attente forcée, sans espoir de solution possible »202(*).

En ralliant à leur cause les chefs indigènes les plus influents des régions visitées (Ranoké et Ndoundou, chefs okanda ; Mamiaca, Nze Aboghe dit "Zabouré" et Naaman, chefs ossiéba ; Djoumba et Djokonda, chefs shaké, etc.), Pierre Savorgnan de Brazza et Oskar Lenz « qui  profitent de la disposition générale favorable aux Blancs »203(*) explorèrent les pays okanda, ossiéba, shaké et aduma.

De Lopé, le Quartier Général fut provisoirement transféré au village de N'ghemé, en pays aduma. De fait, en l'absence de Pierre Savorgnan de Brazza, Noël Ballay et Alfred Marche remontèrent le fleuve et atteignirent le pays aduma, plus précisément les chutes Dumé, le 29 juin 1876. Ne pouvant franchir cet obstacle, les compagnons de Pierre Savorgnan de Brazza s'y établirent. Entre-temps, Oskar Lenz, délaissé par ses pagayeurs au confluent de la Lisiâß (Sébé) et de l'Ogooué qu'aucun autre explorateur n'avait atteint est contraint d'interrompre sa mission le 11 juillet 1876. Dès lors, Pierre Savorgnan de Brazza et les siens eurent les mains libres pour mener à terme leur mission.

Le 31 mars 1877, Pierre Savorgnan de Brazza rejoint ses compagnons de voyage à Dumé. Face à la réticence des Aduma de fournir des pagayeurs, Alfred Marche partit de Dumé « non par le fleuve toujours bloqué, mais par le sentier qui longe le fleuve, il dépasse le confluent de la Sébé et de l'Ogooué et atteint le rapide de Moledi sur la terre du chef Mapoco, le 24 septembre 1876 »204(*). Au comble du désespoir, il demande à rentrer en France. C'est ainsi que le 16 mai1877, il quitte l'expédition.

Remontant, à son tour, l'Ogooué jusqu'à son confluent avec la Leconi, Noël Ballay « apprend l'existence d'une grande chute nommée Poubara ou M'foumbara dont l'existence avait été cachée à Marche. Le chef Obamba, Leboussi a ainsi dévoilé ce secret à Ballay en ajoutant qu'autrefois les Adouma remontaient en pirogue jusque-là »205(*). Pierre Savorgnan de Brazza préconise alors de transférer le quartier général de Dumé à Poubara.

Pour bénéficier du concours des indigènes, il est contraint de collaborer avec les puissants chefs aduma (cas de Duomalam-bomba). C'est ainsi que, le 29 juin 1877, Noël Ballay et le quartier maître de manoeuvre Hamon continuèrent l'expédition avec treize pirogues, cent vingt Aduma et presque toutes leurs marchandises. Ils arrivent à l'embouchure de la Sébé le 30 juin 1877. Le 1er et le 2 juillet de la même année, ils s'entretiennent respectivement avec le grand chef ombaama, Lebossi, le grand chef awandji, Mapoco (qui fit la connaissance de Alfred Marche), le grand chef ndumu Balla puis le grand chef kani?ß Mosasa-A-Tsala. Parvenus au confluent de l'Ogooué et la Pasa, le 9 juillet 1877, les explorateurs (Noël Ballay et le quartier maître de manoeuvre Hamon) se dirigent vers les chutes de Fulåbå (actuel Poubara). Fascinés par les rapides de Motsåãå (future Masuku) en pays kani?ß, ils s'y établirent provisoirement. Dominique Ndilendogho relate le contact des explorateurs avec les populations du cours supérieur de Lebani comme suit :

« 1. mu bo ba mati Bambochi, « 1. Quand ils ont quitté le pays des Bambosi,

2. fumu Bakani?ß bwosi ali Mukaãa 2. le chef de tous les Kani?i était Moukaãa.

3. Mukaãa ito isi ki, 3. Lorsque Moukaãa est arrivé dans ce pays,

4. ko ali bati ?i. 4. il était inhabité.

5. nd'okitiãa, ndi bisi ya 5. Lorsqu'il arriva, il clama nous sommes déjà

6. Bakani?i. bisi li mukana?a isi ki 6. les Kani?ß.Nous avons occupé ce pays.

7.yi bana ba banguãu ba bisi ba yi ya bia bisi 7. Dès lors, nos frères nous ont suivi.

8. ndå bo ba sa ya bia bisi, 8. Losqu'ils nous ont suivi,

9. ndå yi Ngimi* ba yi isi ki. 9. Nguimi vint dans ce pays.

10. ndå Mundumu, mosiKa?adzoão. 10. Il est Ndumu, un membre de Ka?adzoão

11. yiayi basaãa bisi, 11. Il est venu nous retrouvé,

12. ndå ngula Pasa, 12. il s'installa sur une rive de la Pasa

13. Moukaãa så ngula Pasa. 13. Moukaãa aussi était sur l'autre rive de la Pasa.

14. Moukaãa yi twa ?a. Mubuãu yi 14. Moukaãa construisit sur le lieu

15. ndå yie ndjwani ?a Mumbaama. 15. qu'il s'était battu avec l'Ombaama.

16. ndå lia kali tsina. Brazza yi a yiri, 16. Il s'implanta là. Brazza vint,

17. ndå ifa ya, lia si naãa lia ndzali, 17. en venant, il laissa la voie de la rivière,

18. lia tori ku puãu Musasi-A-Tsala. 18. il parvint au village de Moussassi-A-Tsala.

19. Ito kwa, ndi wå ?a itwa ?i, 19. Arrivée là-bas, il lui dit : " tu ne construit pas ici,

20. wå Ikuyi. ye wå låle nana 20. tu es un albinos". Allez dire à mon frère

21. Mukaãa oti ikuyi ndu kia ãieya 21. Moukaga qu'un albinos est entrain d'arriver

22. fu boribori. 22. avec des cheveux mouillés.

23. bise bå imono ndå ?a ?ß. 23. Qu'on ne puisse plus le voir ici là.

24. yi Brazza* ayi naãa mu 24. C'est ainsi que Brazza vint en remontant par

25. ndzali e ndzali li ndå ato ?a Masuku ?a. 25. la voie fluviale et arriva à Masuku.

26. ndå kuâisi Libani, ndå moni 26. Il remonta l' Ogooué et rencontra Samolårå

27. Samolårå* ?a Ngalifutu*. 27. Samolårå* et Ngalifoutou.

28. li nd' amoni Ngalifutu. 28. il avait rencontré Ngalifoutou.

29. ndi ndå itwa ?a, yi ba 29. Il décida de construire là. Mais ces derniers

30. ba leri ndå ndi wå ?a itwa ?i. 30. lui ont dit de ne pas construire là.

31. kuâusa kiãa. 31. Remonte en amont.

32. ndå ikubusa yi ndå a moni mukutu , 32. En remontant, il rencontra l'aîné,

33. mukuta wua kumi Ndzigna* 33. le Kota qui se nomme Ndzigna-Ye-Kuvu.

34. Ndzigna yi yie leri ndå nde 34. Ndzigna-Ye-Kuvu lui dit que :

35. "buma kumvu ka Masuku 35." le nom de ce village était Masuku.

36. yi ibiti kia mulili. mulili 36. A cet endroit, il y avait un étang. Cet étang

37. a Ngwa-Ngwaraga". 37. appartenait à la mère de Ngwaraga".

38. yi Brazza asi ya kubusa masuku. 38. Ainsi, Brazza remonta à Masuku.

39. ito ?a mbuãa yi nde yie twayi ?a 39. Arrivé à l'endroit qu'il avait construit à

40. Masuku. Ngwaraga ndi 40. Masuku. Ngwaraga lui dit :

41. me ?a we ikala ni, we Ikuyi. 41." je ne cohabite pas avec toi, tu es un albinos.

42. wa be mufu. sila ?a puãu, 42. Tu étais mort, reste avec le village,

43. me muyie. 43. je m'en vais.

44. yi Ngwaraãa yie yeni kiãa Ngå?å. 44. Ngwaraãa partit en amont Ngå?å1(*)

45. Brazza yi nde ãa sili. 45. Brazza quant à lui est resté.

46. nd'osila, yi nde a vuni?i ?a Ngimi. 46. En restant, il rencontra Nguimi.

47. ndå isa vunu?a ?a Ngimi. 47. En rencontrant Nguimi,

48. Ngimi, yi Ngimi yie wi ndå tsiå. 48. Nguimi, Nguimi lui donna la terre.

49. isi ali Bakani?i. 49. Ce pays était celui des Kani?i.

50. mukutu Bakani?i ali Mukaãa, 50. Le grand des Kani?i était Moukaãa,

51. mukutu Bakani?ß ali Musasi, 51. le grand des Kani?i était Musasi,

52. mukutu Bakani?i ali Ngwaraãa. 52. le grand des Kani?i était Ngwaraãa.

53. Ngwaraãa ali mwana Mukaãa. 53. Ngwaraãa était l'enfant de Mukaãa.

54. mukutu Bakani?i ali Mbakoão* 54. Le grand des Kani?i était Mbakoão,

55. bakutu Bakani?i ali Bisari* 55. Les grands des Kani?i étaient Bissari

56. ?a Ngulu* 56. et Noulou.

57. Mindumu ngula Pasa. 57. Les Ndumu étaient à l'autre rive de la Pasa,

58. mio mbisa mia yi. 58. ils sont venus après.

59. Mindumu fumu ali Ngimi 59. Le chef des Ndumu était Nguimi.

60 .?a Bakani?i bo ndßãß ». 60. Mais avec les Kani?ß, ils sont amis »206(*).

Dans la même perspective, Sylvestre Okologho rapporte ce choque de civilisation en ces termes :

1. « ?a na, nd' oya, nd' obasiãß « 1.Quand il arriva, il trouva

2. Samolrê, Okani?ß.Ndi, 2. Samolrê, un kani?ß. Il dit,

3. ki kila, be itsisaãa oma ? 3. cette chose vous l'appelez comment ?

4. Bawumbu ?a Bandumu ?á 4. Les Wumbu, les Ndumu et

5. Bamba?ß ba kitiãß yana. 5. les Mba?ß arrivèrent là.

6-ndi bisi itsisaãa : Puâa. 6. Il dit nous l'appelons : Puâa.

7. Bawumbu ndi bisi itsisaãa : 7. Les Wumvu dirent que nous l'appelons

8. iwuwa. ?a na, Bamba?ß 8. iwuwa. Mais, les Mba?ß

9. itsisaãa puâa mon Lisuku. 9. appellent la chute par Lisúku.

10. ?a na nde, eau lieu que, 10. Mais, lui, au lieu que,

11. nd'a tende mo Lisuku, 11. il écrit Lisuku,

12. nde ya itende Machogo »207(*). 12. il écrivit maintenant Machogo »

Dans la même logique, André Ndouomi, rapporte ce qui suit :

1. « Ah! Justement (...) Vålunu* [...] « 1. Ah! Justement (...) Vålúnu [...]

2. Masuku*, puã' a Djanga*. 2. Masuku, village de Djanga.

3. Vålunu, puãu yi yeli ?a 3. Vålunu, le village qui se situe à

4. Masuku. yia puãu Vålunu. 4. Masuku. Ce village est Vålunu.

5. Masuku, puâa. 5. Masuku, ce sont les chutes d'eau.

6. gnamba'oya ndi : 6. Le Blanc en arrivant dit :

7. puâa yi kumu na ? 7. Cette chute s'appelle comment ?

8. ndi : Motsåãå*! 8. Il dit : Motsåãå !

9. ndi ka yia ?ß, «Masuku». 9. Il dit pas celui-là, « Masuku ».

10. wa luãu kumu yia 10. Celui qui baptisa ce lieu,

11. ya motangani : Brazza. 11. c'est le Blanc : Brazza.

12. wa ngi kùmu 12. Celui qui a donné ce nom

13. yi «Masuku» Brazza »208(*). 13. de Masuku est Brazza ».

De ce qui précède, il ressort que les peuples des environs du rapide de Motsåãå209(*) (Bakani?ß, Bandumu, Bewumvu et Mba?ß) ont offert l'hospitalité à l'expédition dirigée par Noël Ballay au village du chef kani?ß Samolrê. Cette péripétie de voyage permit à Noël Ballay de jeter les bases des relations franco-gabonaises dans la région de Masuku. Puis, de Masuku, l'expédition parvint, le 10 juillet 1877, « au pied d'une très forte chute que les Aduma déclarent infranchissable.[...] Aussi, selon les instructions du chef de mission, le docteur Ballay établit-il leur nouveau Quartier Général entre les deux cours d'eau, c'est-à-dire sur la rive droite de l'Ogooué et celle gauche de la Passa, à MASUKU...»210(*).

Informé de l'exploit de Noël Ballay et de son établissement à Masuku, Pierre Savorgnan de Brazza, toujours retenu par les Aduma, décida lui aussi de remonter l'Ogooué sans le concours de ces habitués des difficultés des chutes et rapides. Avec le reste de ses hommes (Samba N'digou, qui était redescendu avec les Aduma, son interprète Denis et cinq autres Gabonais), il quitta définitivement Dumé le 22 juillet 1877211(*). Il parvient le 24 juillet au confluent de la Lisiâß avec l'Ogooué. le 26 juillet, il est cordialement accueilli par les dignitaires ombaama Lebossi et ndumu Balla. L'équipage atteint le confluent de la rivière Pasa et de l'Ogooué le 6 août 1877 vers dix heures du matin, comme le souligne l'explorateur : « ...vers dix heures du matin, nous arrivons au confluent de la rivière Passa que nous laissons à gauche. [...] Le soir, j'arrivais au pied d'un grand rapide qui barre entièrement le fleuve ; nous étions à Machogo, où j'eus la joie de retrouver en bonne santé MM. Ballay et Hamon et tout le personnel. [...] Machogo se trouvait à environ huit cent kilomètres de la côte, en suivant le cours de l'Ogooué, que nous remontions si paisiblement depuis vingt mois » 212(*).

De Masuku, Pierre Savorgnan de Brazza parvint à la chute de Poubara le 10 août 1877, soit un mois après Noël Ballay et Hamon. Il réalisa que « ce fleuve  n'était pas [...] une grande route permettant de pénétrer par eau au coeur même du continent noir »213(*). Dès lors, l'explorateur jugea utile de se diriger vers le nord-est par le cours de la Pasa.

Le 11 août 1877, Pierre Savorgnan de Brazza et quelques-uns de ses hommes remontèrent la Pasa et arrivèrent au village ndumu du chef Pongo. De là, ils apprirent l'existence d'autres peuples en amont de la Pasa. Le 13 août 1877, la mission atteignit le village Enaï du chef ndumu Nguimi-A-Mburu, où elle fut majestueusement reçue214(*). Cette rencontre permit à Pierre Savorgnan de Brazza d'acquérir, au terme d'un traité d'occupation avec le chef ndumu Nguimi-A-Mburu, un immense territoire dont la description est faite par Paul Ndjabimba en ces termes :

1.« mokutu a bisi ku, okiãa kunu, 1.« Notre aîné là-bas, en amont, 

2. wu Mendumu Nguimi* . 2. celui des Ndumu est Nguimi.

3. lia, li ba yeni 3. De là, ils partirent.

4. li ba basiãß Nguimi, 4. Ils trouvèrent Nguimi,

5. li ba kusuãú baati. 5. et rassemblèrent les gens.

6. li ndå ã'awoli ko! ko! ko! ko! ko! 6. Il s'expliqua longuement.

7. nd' otsusu pu. 7. Il passa la parole.

8. Nguimi li ã'atoli. 8. Nguimi la prit à son tour.

9. ndi oui! D' accord ! 9. il dit oui ! D'accord !

10.yí ngulu Lebani, 10. De ce côté l'Ogooué,

11.yí ngulu Pasa. 11. de l'autre côté la Pasa.

12. hem'mm [..].oto ã' ovusu, 12. Hem'mm [...].Arrivé devant,

13. mo ndjila a Mba?ß ?a Djumu, 13. sur la route des Mba?ß et la Djoumou,

14. ?a wå ?a droit yí ã'osa piquet. 14. tu as le droit de mettre un piquet.

15. Brazza li ã'akunu piquet »215(*). 15. Brazza y planta un piquet ».

Hormis ces pourparlers, l'exploration de la Pasa permit à Pierre Savorgan de Brazza de faire la reconnaissance de certains villages des pays mba?ß, ambaama, bakani?ß et atåãå des environs. Le 5 septembre, accompagné d'hommes et de femmes offerts par Nguimi-A-Mburu pour effectuer les premiers transports à dos d'hommes, Pierre Savorgnan de Brazza rentre au Quartier Général de Masuku.

L'exploration de la rivière Pasa lui a, certes, donné une satisfaction mais elle n'a apporté aucun résultat à ses attentes. Comme l'Ogooué, la « Passa ne pouvait être utilisée et qu'il fallait désormais transporter les bagages à dos d'hommes »216(*). Dès lors, le Quartier Général de Masuku fut très vite transféré à Nghémi217(*), sur la rive droite de la Pasa, que l'explorateur situe en ces termes : « Notre établissement s'éleva ainsi à la limite des territoires ondoumbos, oumbétés et bangoués. A deux kilomètres à l'ouest, étaient les villages de N'ghémi et de Lindoui ; ceux de Madouma et de Leoumbo se trouvaient au nord-est. Les villages de Liwolongo et d'Olende étaient au sud-est  »218(*).

Du Quartier Général de N'ghémi, Pierre Savorgnan de Brazza, Noël Ballay et Hamon se tournèrent vers l'est et explorèrent le pays des Atåãå jusqu'à l'Alima où, face à l'hostilité des Boubangui en juin 1878, ils furent contraints de rebrousser chemin. Enfin, après avoir exploré le nord de la Licona, ils rentrent en France le 5 janvier 1879.

Ainsi, le cours supérieur de l'Ogooué a été visité par les Occidentaux. Cela a permis aux Français d'entrer en contact avec l'hinterland et de faire un premier sondage des potentialités économiques du Gabon.

1-2. La création du premier poste colonial (Futur Franceville)

Les résultats des explorations de Pierre Savorgnan de Brazza et de Stanley219(*) intéressèrent un grand nombre de chantres de la colonisation tel que le roi des Belges, Léopold II, qui présidait le comité central de l'Association Internationale Africaine (A.I.A.), dont l'activité consistait surtout en la création des stations hospitalières et scientifiques.

Stanley présenta l'Afrique centrale comme un riche et immense territoire où les matières premières, croyait-on, pouvaient être évacuées par trois voies essentielles : celle des grands lacs et du Nil à l'est, celle du Zambèze au sud et enfin du Congo à l'ouest220(*). Des trois voies indiquées par Stanley, Pierre Savorgnan de Brazza entendait atteindre la dernière en suivant le cours supérieur de l'Ogooué et de l'Alima.

En fait, Pierre Savorgnan Brazza était «possédé par son projet, par sa passion nationaliste qui l'incitait à donner une nouvelle colonie à sa patrie d'adoption »221(*). Pour convaincre l'opinion publique et les milieux d'affaires, il anima des conférences au cours desquelles il évalua les potentialités économiques du Congo tels que « le caoutchouc, l'ivoire, les bois, l'huile de palme, les minerais, la fertilité du sol propice à la culture du café, du cacao, de la canne à sucre, du coton, des arachides, et de tout ce qui pourrait être vendu de produits français, d'une population qui aura des besoins de plus en plus croissants à mesure qu'elle se développera en civilisation »222(*). L'A.I.A. chargea, de ce fait, l'explorateur de choisir, entre les cours de l'Ogooué et de l'Alima, l'emplacement des « stations hospitalières et scientifiques d'où partiraient les missions d'explorateurs avides de préciser la configuration du "continent mystérieux", et où se réfugieraient les esclaves libérés par les Européens »223(*) alors que la mission de fonder lesdites stations étaient confiée à Antoine Mizon, que le Ministère de la marine avait détaché auprès de lui. Il reçut une subvention de 20.000 francs.

Pour son deuxième voyage (1879-1881), Pierre Savorgnan de Brazza pouvait compter sur la collaboration du deuxième maître de manoeuvre Hamon, de l'élève mécanicien Michaux, du quartier-maître Gustave Noguez et de l'assistance de quinze Africains, dont dix laptots sénégalais et cinq Gabonais.

Avec ses compagnons, Pierre Savorgnan de Brazza s'empressa d'atteindre les cours de l'Alima et du Congo en suivant le cours de l'Ogooué qu'il connaissait bien, afin de freiner les ambitions de Stanley. Il remonta la Pasa du 8 mars au 10 juin 1880 et s'arrêta sur le site de l'ancien quartier général de N'ghémi qui, deux ans auparavant, était devenu sa propriété224(*). En effet, quelques mois avant d'arriver sur le site de la future station, Pierre Savorgnan de Brazza écrivit à Marius Fontane, secrétaire général du comité français de l'A.I.A. :

« La mission dont je suis chargé étant de choisir l'emplacement des stations et ayant pour cela la disposition d'une somme limitée, je n'ai pas le droit d'engager d'autre personnel ni de dépasser la somme qui m'est allouée. Toutefois, voyant la possibilité de non seulement choisir l'emplacement de la première station, mais aussi de la fonder, j'ai pris sous ma propre responsabilité d'engager un personnel plus nombreux et de faire, dans ce but, un surcoît de dépense »225(*).

Ainsi, le 13 juin 1880, à l'issue des accords passés avec les principaux dignitaires des environs de Masuku et de la Haute-Pasa, entre autre : les Ndumu Pongo, Nguimi-A-Mburu, Lindoyi, les Kaniñi Nguia, Samolèrê, Ngwariãa, les Wumvu et Mbañi N'zinia-Ye-kuvu, Nembe, Olendé, Lewoumbou, Liwolongo, les Tåãå et Ambaama N'jayolé, Niamanatchoué, Madouma, il décida de créer la première station hospitalière du comité français de l'A.I.A.. A ce propos, l'explorateur mentionne ce qui suit :

« J'ai l'honneur de vous informer qu'aujourd'hui, à environ 1 heure de l'après midi, j'ai, au nom de la France, planté ici le pavillon de la première station que j'ai fondée dans l'ouest africain [...].C'est au sommet d'un plateau qui a 300 à 600 mètres de large et qui s'étend sur un espace de 5 mille ou 6 en longeant la Pasa, puis son confluent avec l'Ogooué [...]. J'ai planté le pavillon en présence des chefs des environs qui ont reçu un cadeau. Le pavillon a été salué par dix décharges de mousqueterie quand j'ai dit : " Au nom de la France, je plante ici le pavillon. Vive la France, vive la République !", les hommes ont ensuite mis les genoux à terre et j'ai dit :"Que Dieu protège la première station française de l'ouest africain" »226(*).

Cette station hospitalière et scientifique que Pierre Savorgnan de Brazza appelle désormais "la première station française de l'ouest africain" fut initialement dénommée "Francheville" (la ville des franchises) en reconnaissance de l'oeuvre philanthropique de l'explorateur, considéré comme le "père des esclaves". En effet, Pierre Savorgnan de Brazza concevait cette station comme « un lieu d'asile où tous les esclaves évadés venant habiter son sol trouveront la liberté »227(*). Par ailleurs, par cette appellation, Francheville s'inscrivit dans la logique des cités émancipatrices telles que Freetown et Libreville. Cependant, dans un rapport fait à l'A.I.A., daté d'avril 1881, Pierre Savorgnan de Brazza écrivit : « je suis arrivé à Franceville...»228(*). Dès lors, la graphie de Franceville, qui semblait être un lapsus, devint définitivement le nom de la première station hospitalière et scientifique puis du premier poste d'administration coloniale français de l'hinterland.

Il faut, toutefois, dire que c'est sur le site de l'ancien Quartier Général « N'ghémi229(*) », à la rive droite de la Pasa et non sur celui du Quartier Général de Masuku, à la rive droite de l'Ogooué (Lebani), que Pierre Savorgnan de Brazza fonda, le 13 juin 1880, la première stations hospitalières et scientifiques qu'il donna le nom de "Francheville" (la ville des franchises) et qui prit la graphie de "Franceville" en avril 1881 parce que, « le comité de l'A.I.A. manquant de ressource avait décidé de céder ses stations au gouvernement français »230(*). En outre, semble-t-il que Franceville doit son nom à cause de la ressemblance de la région aux paysages d'Auvergne231(*).

En effet, dans ces récits de voyage, Pierre Savorgnan de Brazza parle indifféremment de Machogo (Masuku en réalité), Nghimi, Nghémi, Francheville et Franceville pour désigner la première station hospitalière et scientifique ou le poste colonial qu'il a crée sur les rives de Lebani (Ogooué) et de la Pasa, créant ainsi une confusion sur le plan chronologique. Une telle attitude peut cependant s'expliquer. Il s'avère que Pierre Savorgnan de Brazza attachait lui-même plus du crédit au nom « Masuku », point par lequel il prit contact avec les Kaniñi, les Mbañi, les Wumvu, les Ndumu et, partant, toutes les nationalités ou ethnies du cours supérieur de Lebani. Cependant, la survivance des noms français (Francheville puis Franceville) peut s'expliquer par la nécessité que ressentait Pierre Savorgnan de Brazza d'inciter les bailleurs de fonds à investir au Congo, dans l'Ouest africain. Par contre, l'usage des noms locaux (Machogo (Masuku en réalité), Nghimi, Nghémi) aurait dû avoir pour raison, le souci d'associer les indigènes et de les pousser à contribuer davantage à l'extension de l'entreprise coloniale.

Ainsi, après avoir ainsi jeté les prémices de la présence française dans le cours supérieur de l'Ogooué, le 22 juin 1880, Pierre Savorgnan de Brazza quitta Francheville et, partant, le bassin de l'Ogooué pour celui du Congo où il devait choisir l'emplacement de la deuxième station de l'A.I.A. En attendant Antoine Mizon, il confia le commandement de la station de Francheville au quartier-maître de la marine Gustave Noguez en 1880 puis à ses successeurs à savoir : le mécanicien de la marine Michaux (1882), le maréchal des logis de la Garde républicaine Roche (1884), l'Adjudant d'infanterie de la marine Pieron (1886), le Sous-officier Manas (1887) et le Sergent de la Garde régionale Sar Raynald (1895-1896)232(*). Mais à cause des difficultés budgétaires, comme les autres postes du cours supérieur de l'Ogooué, Franceville fut abandonné à son propre sort, en 1896. Il fallu attendre l'installation des sociétés concussionnaires et celle de la mission catholique pour mettre en valeur cette oecoumène forestier.233(*).

1-3. L'installation des sociétés concessionnaires et des missionnaires dans la région de Franceville

Après avoir créé le poste d'administration coloniale de Franceville et contribué, avec ses compagnons, lors d'une troisième mission (mission de l'Ouest Africain), à la création d'autres postes tels : Kinkouna en février 1882, Madiville (Lastoursville) le 9 juillet 1883, Diélé et Lékéty en décembre 1883, etc., « Brazza fut rappelé à Paris pour conférer sur le parti à tirer de la nouvelle situation créée autant par l'acte général de la conférence de Berlin de mai 1885 que par la convention entre la France et l'Etat Indépendant du Congo »234(*). Pendant son absence, les actes de violence auxquels s'étaient livrés les agents subalternes de ses intérimaires (Mizon, Descazes, Michaux, Roche, Pieron) avaient créé un fossé entre les populations autochtones et les membres de la mission de l'Ouest Africain235(*).

Cependant, nommé commissaire général du Congo français le 27 avril 1886, Pierre Savorgnan de Brazza voyant, à son retour, le chaos dans lequel se trouvaient les postes de l'Ogooué et de l'Alima, écrivit au ministre des colonies le 20 juillet 1887 pour lui expliquer la gravité de la situation. A propos du personnel par exemple, il souligne  qu'« il ne reste aucun des 400 indigènes laissés par moi au service régulier »236(*). Cette situation se compliqua davantage. En effet, en 1896, à l'hostilité des populations autochtones s'ajoutèrent des difficultés d'ordre matériel et surtout budgétaires237(*). Ainsi, la même année, on assistait à la fermeture des postes de Franceville et de Lastoursville, sous prétexte de réduire les dépenses budgétaires pour 1898.

Par ailleurs, à la suite du rappel de de Brazza, accusé de malversation financière par son administration d'origine en décembre 1897, le poste d'administration coloniale de Franceville fut delaissé de 1898 à 1909. Mais comment les autorités françaises s'en sont-elles prises pour compenser ce déficite budgétaire ?

Dans l'espoir d'administrer le Congo français à moindre frais et sous la pression de milieux d'affaires parisiens pressés de percevoir des bénéfices238(*), le gouvernement français partagea le Congo en 1899 entre de grandes compagnies concessionnaires pour une période de trente ans, suivant un système expérimenté par Léopold II dans l'Etat Indépendant du Congo. Les quarante sociétés d'exploitation ainsi créées reçurent le monopole de la commercialisation des matières premières coloniales tels que le caoutchouc, l'ivoire, les produits du palmier à huile, le sésame, etc., tout en respectant les dispositions inscrites dans le cahier des charges. Il convient de rappeler qu'en dehors des ressources naturelles, les compagnies concessionnaires se devaient d'assurer le bien-être des « malheureux humains qui y vivaient »239(*). A cet effet, la S.H.O., déjà présente dans la région de Franceville en octobre 1893, obtint du gouvernement français une concession de 104.000 km² avec une étendue de 700 km de l'Ogooué. La convention du 30 octobre 1893 mit à sa disposition toutes les installations officielles existant dans le bassin du Haut-Ogooué240(*). Dès lors, cette société, attachée à la maison Dumas-Béraud, commença officiellement la mise en valeur de son domaine de traite.

A Franceville, où elle fut représentée, pour la première fois, par Monsieur Goulert, la S.H.O. entreprit la mise en valeur de la région en s'appuyant sur la main-d'oeuvre locale. Comme le souligne Martin Alihanga, « la S.H.O. exploite sans vergogne la simplicité des indigènes en matière d'économie de marché [...] La main-d'oeuvre locale que la S.H.O.exploite à fond n'est pas constituée que de pagayeurs mais aussi de tous les paysans, ses fourniseurs de caoutchouc, de palmistes (ou amandes de palme), d'ivoire, ou les ouvriers qu'elle emploie dans ses champs de cultures, paturages et dans ses coupes de bois, là où elle a pu en amorcer quelques essais »241(*). L'installation de la S.H.O. dans la région de Franceville fut suivie de celle des missionnaires.

1-4. L'installation des Missionnaires dans la région de Franceville

L'installation des Missionnaires dans la région de Franceville fut facilitée par le climat d'insécurité242(*) qui prévalut à la mission catholique Saint-Pierre Claver de Lastoursville. En effet,  en 1886, Bamba, chef awandji du village Madoukou - reliant le « pays » awandji et le « pays » ndzèbi - instaura un blocus contre ceux qui s'aviseraient de traverser ses terres afin de commercer directement avec les Ndzèbi. Le refus par l'administration de s'acquitter du droit de passage était à l'origine des attaques dont le clergé catholique fut la première victime. En un temps record et au prix de plusieurs ruses, Bamba remporta des succès spectaculaires. Cependant, à la suite de l'arrestation de l'un de ses principaux généraux, Mopema, et des menaces répétées de la famille de ce dernier, Bamba se rendit à l'administration locale. Sur le chemin du retour au village Madoukou, il fut tué par les gardes laptos chargés d'escorter Mopema. Son action fut dynamiquement poursuivie par son neveu Tsangou-A-Mbera243(*).

Cette guerre, qui dura presque dix ans, eut des conséquences fâcheuses. En 1896, Pierre Savorgnan de Brazza évoqua la possibilité de retirer ses agents que, seule, l'obligation de protéger les missionnaires retenait. Face à ce climat d'insécurité et lorsque les intentions de de Brazza furent connues, Monseigneur Le Roy, promu supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit, exprima au commissaire général ses craintes pour les missionnaires de Lastoursville. Il suggéra au gouverneur du Congo Français d'aider les missionnaires à se transporter à Franceville244(*).

Ainsi, le 27 mai 1897, les Révérends pères Dahin, Tritant et Aloïse Raphaël Stéphane quittèrent Lastoursville pour Franceville où « La S.H.O. céda à titre gracieux aux missionnaires un terrain de 1300 ha »245(*). Ces derniers fondèrent la mission de Franceville sur la rive droite de la Pasa en juin 1897. Le père Alexandre Biton les y rejoindra en mars 1899. Désormais transféréé à Franceville et consacrée au Sacré-coeur de Jésus, la mission prit, le 21 juin 1901, le nom de Saint-Hilaire.

Tout comme l'installation de la S.H.O., celle des missionnaires marque le début de la colonisation mentale des peuples de la région de Franceville. Il faudrait dire que « la mise en place des structures coloniales eut pour effet d'arrêter pratiquement les migrations et de fixer les ethnies dans leurs limites actuelles »246(*). Après la création de l'A.E.F., l'administration coloniale fut véritablement organisée.

2. L'organisation de l'administration coloniale

De 1898 à 1909, l'administration coloniale fut pratiquement inexistante dans la région de Franceville. Il fallut donc attendre les années 1909 et 1910 pour voir ce poste du Haut-Ogooué réoccupé.

2.1. La reprise du poste de Franceville (1910-1915)

Le poste d'administration coloniale de Franceville fut réouvert le 22 février 1910. L'administrateur Potin et son adjoint Dorrival entreprirent alors de l'organiser. Leur action fut favorisée par les relations que les agents commerciaux de la S.H.O. et les pères de la mission catholique entretenaient avec les populations autochtones247(*). L'administration mit cette situation à profit.

En 1911, toutes les populations ndumu (alliés des Explorateurs, Commerçants, Missionnaires puis des Administrateurs) recencées s'acquittèrent de l'impôt. Les Atåãå réagirent de la même manière. Seuls, les Kani?ß s'opposèrent à l'impôt, mais il suffit de quelques punitions pour réduire à néant leur timide velléité d'indépendance248(*). En dehors des environs du poste, le reste de la région de Franceville n'avait jamais été exploré depuis Pierre Savorgnan de Brazza. Aussi les peuples voisins de ceux du poste furent-ils bienveillants, tandis que « les tribus Awandji de l'ouest et les Batéké de l'est étaient hostiles à l'impôt dont ils contestaient l'utilité »249(*).

Cependant, les années 1912 et 1913 furent difficiles pour les autorités coloniales. L'occupation irrationnelle de la région favorisa l'état de liberté des populations autochtones. Pour asseoir son pouvoir, l'administration coloniale occupa les postes créés notamment à Saïak (voisin de l'actuelle ville de Moanda), Opata (actuel Boumango) et dans les plateaux de la Haute-Leconi qui, de concert avec les postes de l'Alima, devaient contraindre les peuples Atåãå des alentours à se soumettre.

A partir de 1915, la résistance à la pénétration coloniale commença à s'affaiblir. En effet, après l'occupation de Saïak (Sayaka) et d'Opata en 1913, l'adiministration coloniale avait assis progressivement son autorité et la région nord-est de Franceville fut totalement pénétrée les années suivantes.

En somme, la politique européenne dans ces contrées fut le résultat de plusieurs systèmes coloniaux.

Dans la région des plateaux, à l'est de Franceville, la situation politique était satisfaisante malgré les premières hostilités qui éclatèrent entre l'administration et les Atåãå en 1913. La répression des Atåãå de l'est restaura la paix à Franceville. Mais, la première guerre mondiale entraîna la dislocation du Haut-Ogooué. Ainsi, « une partie de la circonscription de Franceville fut rattachée le 16 janvier 1916 à la circonscription des Bandjabi (chef-lieu Mbigou), et, en 1917, Franceville passa sous l'autorité militaire et le resta jusqu'au 18 janvier 1920 »250(*).

En gros, la reprise du poste de Franceville et de sa périphérie permit à l'autorité coloniale de disposer d'un immense rayon d'action. Mais, pour atteindre cet objectif, elle devait compter sur la la collaboration des chefs indigènes.

2.2. Le découpage administratif de la région de Franceville (1909-1960)

En 1910, l'organisation administrative du «Congo Français» fut modifiée. Le Congo Français devint l'"Afrique Equatoriale Française", regroupant les colonies du Gabon, du Moyen-Congo et de l'Oubangui-Chari-Tchad, administrées chacune par un lieutenant-gouverneur. Le décret du 7 mars 1920 ajouta à cette fédération la colonie du Tchad qui abandonna l'autorité militaire pour être sous l'autorité civile251(*).

Partie intégrante de la colonie du Gabon suivant le décret du 29 décembre 1903252(*), le découpage de la région de Franceville est le résulte de l'oganisation administrative interne de cette colonie. La première réforme est rendue officielle par l'arrêté du 29 septembre 1909 du gouverneur général du Congo Français, Martial Merlin, qui déterminait les circonscriptions et les subdivisions de sa zone de compétence253(*). L'article 2 du même arrêté fixait les limites des unités administratives créées. Au terme de soixante-onze ans de présence française, c'est-à-dire en 1910, le Gabon fut constitué de vingt circonscriptions, dont seize circonscriptions civiles et quatre militaires254(*).

Tableau n°1 :

Organisation administrative de la colonie du Gabon, 1909.

Circonscriptions civiles.

Circonscriptions militaires.

Como

Okano

Libreville

N'komis

Oroungous

Eshiras

Dilo-Lassio

Côte-Nord

Bas-Ogooué

Ivindo

Ofoué-N'gounié

Lastoursville

Bongo

Nyanga

Franceville

Kouilou

Okondja

Bakougnis

Woleu-N'tem

Lolo-Ouaya

Source: Tableau réalisé par l'auteur, à partir des informations recueillies dans l'ouvrage de Marc Louis Ropivia et Jules Djeki, Atlas de la formation territoriale du Gabon. Frontières et unités administratives des origines à nos jours, CERGEP/ ACCT, Libreville, 1995, pp32-33.

Ce tableau nous montre que la colonie du Gabon était presque pacifiée, car elle était à 80 % administrée par les civils.

D'abord, la circonscription de Franceville fut divisée en deux subdivisions : Saïck (Sayaka) et Opata (Mopata). En 1910, le poste d'administration coloniale de Franceville devint le chef-lieu de ladite circonscription255(*).

Après 1910, la région de Franceville connue des découpages successifs. En effet, en 1916, le poste de Franceville devient le "Haut-Ogooué". Le 16 janvier 1916, alors que la colonie du Gabon était en pleine guerre mondiale aux côtés de la métropole, une partie de la circonscription du Haut-Ogooué (Saïack) fut rattachée à la circonscription des Bandzabi - qui eut pour chef-lieu Mbigou256(*) - et, le 31 mars 1917, Franceville passa sous l'autorité militaire jusqu'au 18 janvier 1920. Entre-temps, le 1er décembre 1919, les archives mentionnent que la circonscription du Haut-Ogooué est constituée de trois subdivisions : Franceville, Opata et Zanaga257(*). A partir de cette date, la disparition de Saïack est ainsi constatée et ses territoires englobant Moanda et Bakoumba furent attribués à la circonscription de Franceville. Dès 1922, faute de personnel administratif, Opata connue le même sort que Saïack. Le chef-lieu Franceville devient, une fois de plus, la bénéficiaire de ses territoires, et sa superficie dépassa largement les limites initiales du poste.

Par ailleurs, le territoire de la circonscription du Haut-Ogooué allant grandissant, et conformément à la circulaire du gouverneur général Victor Augagneur au sujet de l'utilisation des chefs et notables indigènes258(*), « la première promotion de chefs de canton commença au Gabon le 12 février 1920 »259(*). Dans le Haut-Ogooué, ces fonctions échurent à Lendoyi-Li-Bangwali, chef ndumu du village Våmbålå, et à Nzinia-Yå-Gnågnå, chef wumvu du village Packa. Entre 1920 et 1934, d'autres chefs furent investis de ces charges. Ilconvient de souligner que cette réforme politique fut codifiée en 1936 par le gouverneur général Reste260(*).

En outre, en mai 1924, la partie orientale du Haut-Ogooué, plus précisément la Zanaga et la Leconi - devenus subdivisions entre 1919 et 1920 - furent rattachées à la colonie du Moyen-Congo. De même, par les arrêtés du 15 avril et du 1er juillet 1925, le reste de la circonscription fut transféré. De la sorte, pendant vingt-un ans, les populations du Haut-Ogooué furent soumises à l'autorité de Brazzaville. Le lieutenant Turennes, en sa qualité d'administrateur de la circonscription, mentionne dans son rapport annuel de 1925 ce qui suit : « Le territoire de circonscription encore agrandi en octobre 1925 de l'ancienne subdivision de Kimboto s'étend sur les plateaux de l'Ogooué et de la Luli, ses limites sont communes avec les circonscriptions du Djouah, des Adoumas relevant de la colonie du Gabon ; du Pool, de l'Alima Lifini et de la Likouala Mossaka, ressortissant du Moyen-Congo. Elle est divisée en trois subdivisions : Okondja au nord, Franceville au centre, Zanaga Kimboto au sud.Total : 20000 km² »261(*).

Cette période semble augurer un avenir obscur pour la circonscription du Haut-Ogooué. Car, à peine ratachée au Moyen-Congo, la Zanaga - une poche de cette circonscription - sera intégrée à la circonscription de la Bouenza-Louessé (chef-lieu Sibiti)., aux termes de l'arrêté du 15 novembre 1934 prenant effet à compter du 1er janvier 1935, la cirrconscription du Haut-Ogooué en tant que telle fut supprimée et rattachée au département du Niari, formant ainsi le département du Niari-Ogooué avec, pour chef-lieu, Dolisie.

Par ailleurs, les terres de Dambi et de Boundzamba du poste de contrôle administratif d'Okondja, comme le stipulent les dispositions de l'arrêté du 23 janvier 1936, furent rattachées à la subdivision de Lastoursville (département de l'Ogooué-Ivindo). De ce fait, l'arrêté du 29 avril 1936, appliqué à partir du 1er juillet de la même année, reconstitua le département du Haut-Ogooué, qui ne comprenait plus que la subdivision de Franceville et celle d'Okondja, tandis que la subdivision de Zanaga demeura liée au département du Niari. En outre, à la suite de la réorganisation politico-administrative entreprise par le gouverneur général Jean-François Reste262(*), les populations de l'A.E.F. furent regroupées dans des ensembles appelés "terres", "cantons" ou "tribus". Ce fut la période du réamenagement territorial. De ce fait, le Haut-0gooué disposa de 13 cantons désignés par les ethnonymes numériquement prédominants. Dans la subdivision de Franceville, « on dénombrait les unités ethniques suivantes : les cantons des Mindoumbou, Bahoumbou, Obamba, Bandjabi, Mbahouins, Bawandjis, Batéké-ndjinigui et Batéké. Le nombre de terre quant à lui variait de 6 à 10 terres par canton. »263(*).

Après avoir subi toutes ces modifications territoriales, les limites du Haut-Ogooué, aux termes de l'arrêté du 28 mars 1937, furent définies de la manière suivante : « ... la ligne de partage des eaux de la Ngoko et du bassin supérieur de l'Alima, d'une part, de celui de l'Ogooué de l'autre, jusqu'à la source de la rivière Djoumou. Le cours supérieur de la Djoumou, jusqu'à son confluent avec la Bafifi ; le cours de Bafifi jusqu'à sa source. Une ligne conventionnelle joignant cette source au confluent de la Létili et de l'Ogooué ; le cours de la Létili jusqu'à sa source, la ligne de crète séparant les bassins de la Likoko, de la Libombi et de la Likiri de celui de la Louessé, jusqu'à la source de la rivière Leyou. Le cours de la Leyou jusqu'à son confluent avec l'Ogooué, le cours de l'Ogooué jusqu'à son confluent avec la Sébé, le cours de la Sébé, en le remontant jusqu'à sa rencontre avec la piste Okondja-Lastoursville. De ce point, une ligne conventionelle rejoignant la source de l'Ambili (mont N'gouadi)»264(*). Par décret n°46-2-250 du 16 octobre 1946, portant réorganisation administrative de l'A.E.F., le Haut-Ogooué est détaché du Moyen-Congo et redevient gabonais.

Ainsi, de la création de l'A.E.F. jusqu'en 1934, la région de Francevile a connu des réformes tant sur le plan politique qu'administratif. La décision de son transfert au Moyen-Congo répondait aux préoccupations géographiques et économiques.

En effet, géographiquement éloignée des centres de décisions administratives par le massif du Chaillu et la dense forêt équatoriale, la région de Franceville n'était reliée à Libreville et aux autres parties du pays que par la voie très incommode de l'Ogooué : les pillages et les naufrages étaient tellement fréquents que son usage fut toujours préjudiciable à son ravitaillement. A cela s'ajoutait le coût du transport et la durée du trajet265(*). L'Ogooué, en sa qualité de principale voie de navigation, avait ainsi contribué à l'isolement du Haut-Ogooué. Le rêve d'une grande voie de communication de l'Ogooué, nourri par Pierre Savorgnan de Brazza, avait définitivement échoué à cause des rapides du fleuve. Dans ces conditions, l'enclavement de cette région n'était tempéré que par son ouverture sur le Congo, lieu par excellence où elle pouvait faire transiter la totalité de son approvisionnement.

Sur le plan économique, la construction du chemin de fer "Brazzaville-Océan Atlantique", dont le projet avait été étudié durant la décennie 1880-1890 par le capitaine Le Châtellier266(*), exigeait le recrutement d'une main-d'oeuvre massive. La gestion du budget relatif à cette entreprise revenait de droit à la colonie du Moyen-Congo, principale bénéficiaire du chemin de fer. La région de Franceville, avec sa mosaïque ethnique, constituait un important réservoir de recrutement de mains-d'oeuvre pour l'aboutissement du grand chantier. Pour saisir la portée de cette décision, il suffit de comprendre le gouverneur général Victor Augagneur lorsqu'il déclarait en 1921 que « la rapidité avec laquelle l'entreprise sera poursuivie dépendra de notre activité qui ne fera pas défaut, mais aussi d'autre facteurs : argent, matériel, main-d'oeuvre »267(*). Ainsi fut décidé le rattachement du Haut-Ogooué au Moyen-Congo, car les autorités coloniales y trouvaient un grand intérêt pour le ravitaillement des chantiers du chemin de fer et le recrutement des travailleurs. Dès lors, le Haut-Ogooué participa à la réalisation de cette voie en fournissant en moyenne 1200 travailleurs par an268(*). Au-delà des nécessités immédiates, la réorganisation territoriale ainsi opérée pouvait paraître conforme à la conception d'un espace que le chemin de fer était appelé à structurer269(*). Mais cette situation, qui fit le bonheur du Moyen-Congo, entraîna des incidences tant démographiques qu'économiques pour la colonie du Gabon.

En 1926, à la suite du détachement du Haut-Ogooué, le Gabon perdit, à en croire Georges Bruel270(*), 15874 habitants, soit 5,5% de sa population. Or, sur le plan économique, le Gabon, à l'instar des autres colonies de l'A.E.F, avait, à l'époque, pour principale ressource financière l'impôt de capitation. Ce départ constitue donc, pour lui, un manque à gagner énorme au profit de la colonie du Moyen-Congo.

Mais comment comprendre qu'après la conférence de Brazzaville et l'avènement de l'Union française en 1946, les autorités coloniales décident du retour du Haut-Ogooué à la colonie-mère ? Quelle a été la réaction des autochtones au sujet de ce retour ?

La question du retour du Haut-Ogooué au Gabon a été justifiée « par les besoins en main-d'oeuvre de l'économie forestière gabonaise au lendemain de la guerre. [...] Le Haut-Ogooué fut en effet mis à contribution pour aider à la reprise des activités des chantiers du Bas-Ogooué : le contingent des travailleurs recrutables en 1947 était fixé à 2420, soit approximativement le quart des adultes mâles valides. Le scénario est donc comparable à celui qui en 1925 avait mis le Haut-Ogooué au service du Congo-Océan »271(*).

De plus, « en 1946 l'importance du gisement de manganèse de Moanda était à tout le moins pressentie. Un rapport du service des mines de Brazzaville établi pendant la guerre en faisait état, tandis qu'en 1945, le géologue J. Nicault attirait l'attention sur l'intérêt du gisement que devait visiter un an plus tard (en 1949) D. Sinclair pour le compte de l'U.S.Steel. Les autorités coloniales ne pouvaient pas ignorer les perspectives minières du Haut-Ogooué et rien n'interdit de penser qu'elles aient préféré que le manganèse fût localisé au Gabon plutôt qu'au Congo dans la perspetive d'une évolution amorcée vers l'autonomie des colonies »272(*). Ces perspectives économiques qu'offrait la région du Haut-Ogooué donnèrent lieu à un débat au conseil représentatif gabonais, débat au cours du quel le conseiller Paul Gondjout, après avoir rappelé que « le Gabon avait souffert "non seulement dans son moral mais aussi dans sa chair " depuis la création de l'A.E.F. »273(*), déclara que « le Gabon ne pourra jamais admettre, non seulement d'être insulté plus longtemps, mais d'être démembré à nouveau concluait-il, demandant la confirmation du rattachement du Haut-Ogooué »274(*) au Gabon. Ainsi, à la suite « des discussions, 21 conseillers votèrent pour le maintenir du Haut-Ogooué dans le territoire du Gabon, tandis qu'il y eut deux abstensions, celles des Conseillers du Haut-Ogooué, Otha et Okikadi »275(*).

Comme le souligne Hubert Binga, «  le retour de la "région de Franceville" [...], au Gabon constitue un facteur important qui annonce, pour le futur, le début de nouveaux types de rapports entre l'administration coloniale et les populations locales. C'était la première fois que pour une question d'aménagement du territoire, le pouvoir colonial sollicitait l'avis des populations (représentées par treize chefs de canton) »276(*). De ce fait, réunis en conseil de notables,  Kiki François, chef de canton ndumu, « demande la parole et déclare ne pas comprendre pour quelles raisons un retour en arrière a été décidé. Fortement appuyé par l'ensemble des notables, il constate que pendant la période où le Haut-Ogooué étant rattaché au Gabon rien ne fut fait et que le pays resta en sommeil. Il s'étonne et avec lui N'zinia, chef des Bahoumbous et plus violemment Bongo, chef des Batékés, que maintenant que deux routes ont été ouvertes vers le chemin de fer et Brazzaville, une décision "tourne le Haut-Ogooué vers la région sauvage et sans voies d'accès du Gabon Est". Les notables demandent au chef de Département d'intervenir auprès du Gouverneur Général pour faire rapporter une mesure qui " va les ramener dans la barbarie"»277(*). Malgré cette revendiction, et donc au grand mépris du voeu des populations autochtones, la décision du retour du Haut-Ogooué fut adoptée.

Somme toute, il sied de retenir que l'histoire du poste de Franceville, de sa création à 1946, a été émaillée d'une instabilité politico-administrative. Cette instabilité est le résultat de plusieurs facteurs, à savoir le manque de personnel, de matériel, et surtout les raisons économiques, qui ont à la fois déterminé son rattachement au Moyen-Congo et, vingt-un ans plus tard, son retour à la mère- patrie

Cependant, après ce retour, la région de Franceville subit encore quelques réaménagements territoriaux. En effet, à chaque fois que l'administration coloniale constatait des vides juridiques, elle introduisait des nouvelles réformes. C'est ainsi que, par arrêté du 14 novembre 1947, il fut créé, à l'ouest de la subdivision de Franceville, le poste de contrôle administratif de Leconi. Ce poste devait réunir, en deux cantons, les populations atåãå de Franceville et d'Okondja. Mais, « son occupation fut en fait éphemère. M. Lief, administrateur stagiaire, Docteur en droit, qui s'y installa de juin à novembre 1947 l'abandonna subitement. On le confia à nouveau à un sergent de la milice régionale chargé exclusivement du dispensaire et du contrôle des transactions commerciales avec les régions voisines. Il l'abandonna à son tour en décembre suivant »278(*).

En 1948, sans affecter l'organisation cantonale du 28 décembre 1936 modifiée par les arrêtés du 26 novembre 1937 et du 17 juin 1939, les villages situés à la périphérie du poste de Franceville (canton mindoumbou, terre ondouama) furent organisés pour compter du 15 juin 1948 en douze quartiers (ces quartiers étaient groupés en un village appelé " Franceville")279(*). Deux ans plus tard, la réforme territoriale de 1950 conduisit un changement d'appellation des unités administratives du Gabon. Les termes "région" et "district" remplaçèrent ceux de "département" et "subdivision". Puis, par arrêté n°844/APAG du 29 mars 1957 portant réorganisation cantonale dans la région du Haut-Ogooué, le district de Franceville comporta désormais cinq cantons, à savoir :

le canton de la Leyou ;

le canton de la Lekei ;

le canton du Haut-Ogooué ;

le canton de la Haute-Leconi ;

le canton de la Djouya.

Comme nous le constatons, à la désignation des cantons par les ethnonymes se sont substitués des hydronymes. S'appuyant sur la lettre n°439 du 21 avril 1958 du chef de région du Haut-Ogooué, quelques modifications furent apportées à l'organisation du district de Franceville par Louis Raimbault, en sa qualité de chef de district, le 30 juin 1958280(*). A partir de cette date, en effet, cette unité administrative fut constituée de six cantons281(*).

Tableau n°2 

Cantons

Nombre d'habitants

Canton Nord

6368

Canton Ouest

5370

Canton Sud

3899

Canton (Atåãå) Lekei

5035

Canton (Atåãå) Djouya

1995

Quartiers de Franceville (poste)

1404

Réorganistion territoriale du district de Franceville en1958

Source : A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db(I).52.1 : Commandement indigène

du Haut-Ogooué. Lettre n°16 du chef du district Franceville à M. Le chef de Région du Haut-Ogooué. 1948-1958. p. 2.

Enfin, dans une lettre non datée, le ministre de l'intérieur recommande au chef de la région du Haut-Ogooué de changer les appellations "Nord, Sud, Est, Ouest" données à certains cantons par une dénomination plus imagée, rappelant soit celle de la principale agglomération susceptible de devenir un "centre cantonal", soit celle des plus importants cours d'eau s'inscrivant dans leurs limites282(*). C'est ainsi que, conformément à cette lettre, la région du Haut-Ogooué fut répartie, en 1959, en huit cantons dont cinq pour le district de Franceville283(*) et trois pour celui d'Okondja.

Alors, qu'est-ce que cela a donné concrètement comme dénomination ?

Tableau n°3

Organistion territoriale du district de Franceville en1959

Cantons

Nombre de village

Nombre d'habitants

Ogooué-Leyou

57

5398

Haut-Ogooué

67

5260

Ogooué-Lekei

70

6614

La Djouya

17

1778

Haut-Léconi

43

5041

Source: A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db (I)52 :

réorganisation cantonale, regroupement et délimitation des chefferies, (carte), 1948-1958, .pp.2-5.

C'est donc ce dernier découpage adminisratif de la région de Franceville qui demeura jusqu'en 1960. La carte n°4 résume cette organisation administrative.

2.3. La hiérarchie de l'administration coloniale dans la région de Franceville

La région de Franceville présentait, dans sa gestion, une organisation pyramidale comportant deux niveaux d'encadrement des populations indigènes, à savoir  la circonscription - devenue ensuite département puis région - et la subdivision - dénommée plus tard district -.

Le lieutenant-gouverneur du Gabon, placé sous la haute autorité du gouverneur général de l'A.E.F., résidait à Libreville, capitale de la colonie du Gabon. Il était représenté dans chacune des circonscriptions et subdivisions, respectivement, par le chef de circonscription et le chef de subdivision.

Les chefs de circonscription étaient soit des administrateurs soit des officiers désignés par le lieutenant-gouverneur de la colonie. A ce titre, les attributions du du chef de circonscription variaient selon les domaines de compétence.

Ainsi, sur le plan administratif, le chef de circonscription ou de région était tenu de veiller à la coordination du fonctionnement des services de la circonscription. Il en rendait compte au lieutenant-gouverneur par des rapports périodiques, des correspondances administratives et bien d'autres actes officiels.

Dans le domaine financier, le chef de circonscription ou de région faisait office d'ordonnateur délégué ou sous-coordonnateur des budgets du gouvernement local ou d'établissements publics. Il avait la mission de procéder au recouvrement de l'impôt collecté par les chefs indigènes qui, par le biais des conseils des notables, décidaient de la fixation de la quotité des impôts. Enfin, il était chargé de contrôler, de surveiller les chefs indigènes et de fournir les renseignements concernant les imposables et les indemnités de la région qu'il administre.

Les circonscriptions étant divisées en subdivisions, les chefs de subdivision étaient sous la tutelle du chef de circonscription à qui ils rendaient compte du fonctionnement des services publics placés sous leur autorité. Le chef de subdivision donnait également son point de vue sur les préoccupations locales touchant aussi bien à l'instruction publique qu'à divers autres secteurs. Sur le plan judiciaire, il avait la surveillance des tribunaux coutumiers. Dans ce domaine, il devait empêcher tout empiètement de ces juridictions sur les domaines réservés

respectivement aux tribunaux de 1er degré et ceux de second degré. Il devait, en outre, procéder aux inspections périodiques des tribunaux coutumiers284(*). Ils se faisait présenter les registres "dit des conciliations" ou "dit des jugements" et veillait à la régularité des procédures et à l'observation des coutumes285(*). Dans les tribunaux coutumiers, il avait un droit d'appel.

Désigné dans le jargon local par le terme « commanda », les chefs de subdivision étaient les collaborateurs d'un autre niveau de commandement colonial : les chefs indigènes.

Les tableaux n°4 et 5 présentent chronologiquement les différents chefs de station, de poste et de circonscription, de subdivision et de district de la région de Franceville de 1880 à 1960.

Tableau n°4 

Les différents chefs de station, de poste, de circonscription,

de subdivision et de district de la région de Franceville de 1880 à 1960.

Décision de nomination

Noms et Prénoms

Grade

Date de prise de service

 

Savorgnan de Brazza

Pierre (dit Bula- Matari ou Olumagnwi)

Lieutenant de Vaisseau

1880

(création de la station)

 

Noguez

Quartier maître de la marine

1880-1881

 

Michaux

Mécanicien de la marine

1882

 

Roche

Maréchal des logis de la Garde Rép.

1884

 

Pieron

Adjudant d'infanterie de la marine

1er septembre 1886

 

Manas

Sous- officier

 

Chefs de poste

 
 

Sar Raynald

Sergent de la Garde Régionale

1895-1895

Chefs de circonscription

8 décembre 1909

Potin

Administrateur adj.

12 septembre 1910

23 septembre 1911

Dubosc

 
 

23 mai 1911

Potin

Administrateur

 

25 mai 1914

Dubosc

Administrateur adj.

 

1916

Potin

Administrateur

 
 

Sillon

Adjudant

17 juin 1917

 

Degre

Lieutenant

30 juin 1919

3 décembre 1919

Parizot

Administrateur adjoint

 

20 janvier 1920

Berlan

Administrateur

 

18 novembre 1920

Bourdil

Administrateur

 
 

Gougis

Administrateur adjoint

9 septembre 1922

26 mai 1924

Turennes

Administrateur

 

16 avril 1926

Baudon

Administrateur

 

30 mars 1928

Collombet

Administrateur

 

2 mars 1929

De Bruchard

Lieutenant (promu capitaine en cours de séjour)

 

5 janvier 1932

Poli

Administrateur adj.

 

4 novembre 1933

Casmatta

Administrateur adj.

 

6 juin 1936

Robert

Administrateur

 

20 janvier 1937

Capagory André

Administrateur

 

16 janvier 1939

Helfrield Armand

Administrateur adj.

20 août 1939

10 octobre 1939

Capagory André

Administrateur

 

1940

Touhladjan Léon (dit Mouyamba )

Administrateur

1941

18 septembre 1945

Sabatte Pierre

Administrateur adj.

19 septembre 1945

31 janvier 1946

Moncoucut André

Administrateur adj.

25 février 1946

15 septembre 1948

Helfrield Armand

Administrateur

25 septembre 1948

12 mai 1950

Madec Réné

Administrateur p.i.

1erjuin 1950

27 mai 1952

Jagu-Roche Pierre

Administrateur

15 Juin 1952

8 novembre 1952

Granier Réné

Administrateur

15 novembre 1952

26 mars 1953

Reydel Henri

Administrateur

7 avril 1953

20 mars 1955

Lafont Francis

Administrateur

21 mars 1955

1er décembre1955

Reydel Henri

Administrateur

 

9 décembre 1955

Touboul Joseph

Reydel Henri

Administrateur p.i. Administrateur

 

21 mars 1958

Berge Philippe

Bitar Elie

Administrateur Administrateur

18 mars 1958

27 août 1959 p.i.

21 août 1959

Grandperrin Maurice (dit Boula Mbata )

Administrateur

1er septembre 1959

2 juin 1960

Raimbault Louis

Administrateur

5 juillet 1960

Sources :SONNET AZIZET,(R.G.), Répertoire sous série 2 Db (I) Franceville (1910-1965), op.cit., pp.13-18.

- CABROL (c.), Province du Haut- Ogooué, op.cit., p.81-82 .

Tableau n°5

Les différents chefs de subdivisions et de districts de la région de Franceville de 1910 à 1960

Décision de nomination

Noms et Prénoms

Grade

Date de prise de service

10 décembre 1910

Dorival

Sergent-chef adj.

 
 

Gougis

Sergent-chef adj.

 

9 octobre 1913

Couillard

Administrateur adj.

 

3 juin 1914

Olivier

Sergent-chef adj.

 

9 janvier 1915

Berck

Administrateur adjoint

 

9 mars 1916

Potin

Administrateur

 

15 janvier 1917

Sillon

Adjudant

 

10 novembre 1917

Triboulet

Sous-lieutenant

 

5 juin 1920

Roger

Administrateur adj.

 

31 mai 1921

Berlan

Administrateur adjoint

 
 

Bourdil

Administrateur adj.

 
 

Gougis

Sergent chef

 
 

Potevin de la Fregonnière

Sergent chef

15 janvier 1925

Janvier 1925

Turenne

Administrateur

6 mai 1925

1er juillet 1925

Courtois

Administrateur adjoint

10 juillet 1925

 

Durepaire

Sergent chef

3O octobre 1925

 

Bessac

Sergent chef

 
 

Clupot

Sergent chef

 

4 novembre 1928

Poli

Administrateur adjoint

 

5 mars 1929

Quastana

Sergent-chef adjoint

 

23 janvier 1930

Moulin Léon

Administrateur adjoint pl s.c.

 

17 octobre 1931

Poli

Administrateur

 

8 août 1932

Lagarde

Administrateur adjoint pl s.c.

 
 

Casmatta

Administrateur adjoint

 

29 juin 1935

Hillenvecck

Administrateur adjoint

 

19 septembre 1939

Sabate Pierre

Administrateur adjoint pl s.c .

 

18 septembre 1945

Charnay Réné

Administrateur adjoint

5 novembre 1945

 

Theodose Felix

Administrateur adjoint

1er septembre1948

 

Lalain Robert

Administrateur adjoint

1er janvier 1949

 

Madec Réné

Administrateur

12 octobre 1951

 

Ingrand Michel

Chef bureau Agom

21 novembre 1952

27 juin 1952

Lalain Robert

Administrateur adjoint

12 juillet 1952

23 mai 1954

Durand Claude

Administrateur adj.

17 juin 1954

13 octobre 1955

Raimbault Louis

Administrateur adj.

14 janvier 1956

 

Touboul Joseph

Administrateur adj.p.i.

 
 

Raimbault Louis

Administrateur adj

20 juillet 1957

28 août 1958

Touboul Joseph

Administrateur

28 août 1958

1er décembre 958

Bitar

Administrateur

8 janvier 1959

 

Raimbault Louis

Administrateur adj.

1er décembre 1959

Sources : SONNET AZIZET,(R.G.), Répertoire sous série 2 Db (I) Franceville (1910-1965), op.cit., pp.13-18.

- CABROL (c.), Province du Haut- Ogooué, op.cit., p.81-82.

La lecture de ces tableaux nous amène à constater la prédominance des militaires dans la gestion des unités administratives de la région de Franceville. Cette prédominance des officiers et sous-officiers répondait à plusieurs nécessités dont la plus évidente était la pénurie du personnel civil. Au lendemain de la défaite de 1870 face à l'Allemagne bismarckienne, la France n'entendait plus dégager d'énormes capitaux pour la mise en valeur de ses possessions d'outre-mer. En outre, dans cette vaste circonscription les dépenses administratives dépassaient cinq ou six fois les recettes qu'elle en procurait. En faisant appel aux officiers (militaires), le budget local de la colonie voyait un allègement de ses dépenses, car ces soldats recevaient leurs soldes du ministère de la guerre286(*).

Au total, ce chapitre nous a permis de constater que la région de Franceville est le résultat de réformes territoriales diverses voulues par l'administration coloniale pour asseoir son pouvoir et, par conséquent, maintenir dans cette région la mosaïque ethnique qui s'y trouvait.

Chapitre V 

L'ORGANISATION DE LA CHEFFERIE INDIGENE DANS

* 157 C'est une des variété dialectale du lembama (on dit, en réalité Mbedé ou Mbété)

* 158 Brazza appelait ainsi les Ndumu (Mendumu).

* 159 Brazza (P. S. de), Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.179.

* 160NDJABIMBA (P.) & MOUTELE (A.), Entretien du 30 avriil 2004 à okoloville ( Frnceville).

* 161 AMBOUROUE-AVARO (J.), Un peuple gabonais à l'aube de la colonisation. Le Bas-Ogooué au XIXè siècle. Paris Karthala -CRA, 1981, p.74.

* 162 RAPONDA WALKER (A .) & SILLANS (R.), Rites et croyances des peuples du Gabon : essai sur les pratiques religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui. Présence Africaine, Paris, 1962, p. 21.

* 163 DIVASSA NYAMA (J.), Entretien du 26 août 2004 à la Fondation Raponda-Walker (Libreville).

* 164 TULU KIA MPANSU BUAKASA, « Croyances et connaissances ». In : COLLECTIF, Racines bantu Sous la direction de Théophile Obenga et Simão Souindoula, CICIBA, Libreville, 1991, pp.186.

* 165 RAPONDA-WALKER (A.) & SILLANS (R.), Rites et croyances des peuples du Gabon : essai sur les pratiques religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui, op.cit., p.232.

* 166 METEGUE N'NAH (N.), Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la domination coloniale 1839-1960, op.cit., p.43.

* 167 Selon De Brazza, « le prix d'un esclave est minime : il coûte deux kilogramme de sel, un bassin en cuivre, deux pagnes, des colliers : en tout, environ dix francs, valeur d'Europe ». Voir BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.145.

* 168 BRAZZA ( P.S. de ), Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.157.

* 169 ALIHANGA (M.), Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives dans la société Altogovéenne (Gabon), op.cit., p. 67.

* 170 Ndouomi A. (entretien du 25 avril 2003 au quartier Dialogue Franceville), Ndjabimba P. , Moutélé A. (entretien du 30avril 2003 au village Mindili, regroupement d'Okoloville), Lebama Anatole et Okologho S. (entretiens du 9 janvier 2002 au quartier Maba et du 23 avril 2003 au quartier Menaye à Franceville, réalisé par Yabighui Philippe) et Loungou Fernand (entretien du 14 avril 2004 au quartier Fumier à Moanda) et de Kouatsi D. (entretien du 23 avril 2003).

* 171 MILLETTO (Dr.), « Notes sur les ethnies de la région du Haut-Ogooué», op.cit, pp.28, 30 et 31.

* 172 METEGUE N'NAH (N.), Lumière sur points d'ombre. Contribution à la connaissance de la société gabonaise, op.cit., p.28.

* 173 CUREAU (A.), Les sociétés primitives de l'Afrique Equatoriale. Paris, A. Collin, 1912, 412 p.

* 174 DESCHAMPS (H.), Traditions orales et archives au Gabon.Contribution à l'ethno-histoire, op.cit.,p.50-140.

* 175 ALIHANGA (M.), Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives dans la société Altogovéenne (Gabon), op.cit., pp.57-86.

* 176 CABROL ( C.), Province du Haut-Ogooué. Multippress Gabon, Libreville, 1980, pp. 47-60.

* 177 RAPONDA-WALKER (A.), Notes d'Histoire du Gabon. Mémoire de l'Institut d'Etudes Centrafricaines, n°9, 1969, pp. 49-54.

* 178 KOUMABILA (J.R.), " L'épopée Téké au Gabon" :une histoire bancale. Libreville, 1er juin 20002, Inédit, pp.5-8.

* 179 Ngàkà-na Mwuâà : ce sont les deux montagnes situées dans la région Est de Franceville proche des villages Ondili (m'pùã'Enkoro ou village du chef de canton obamba Mikoto Edouard) et Kellé. Ces deux grandes montagnes, aux dires de nos informateurs, marquent une étape décisive de la migration du peuple Kani?ì avant leur implantation sur le territoire d'Okolo entre 1650 / 1695 et 1730 environ. C'est sur ces montagnes que le groupement de personnes fuyant les Mboshi construisirent leurs premiers villages et portèrent l'ethnonyme et l'identité Bakani?ì. Ils abandonnèrent ces habitations et se dispersèrent à cause des différends, du désaccord avec le voisin Odjourou (patriarche otåãå) qui avait la même barbarie que les Mboshi. Mais, malgré tout, les Kani?ì et Atåãå étaient très proches parents. Cette région aurait été habitée par les Awandji, Ndumu, Ambama, Aduma et Ndzébi. Lire aussi MOUTETE (B.), Contribution à l'histoire du Gabon : les Wandji des origines à 1929. Mémoire de maîtrise d'histoire, U.O.B., F.L.S.H., Libreville, septembre 1984, p. 25.

* 180 Cité par ONGALA (S.R.), Administration coloniale, chefferie indigène et relations inter-ethniques dans la région de Franceville de 1880 à 1960. Rapport de Licence d'histoire, U.O.B., F.L.S.H., Libreville, septembre 2003. pp. 42-43. Ce témoignage concorde avec ceux que nous avons recueillis à Leconi en avril 2004 auprès de Jerôme Ngayama et de Endelet Philippe, ainsi que ceux de Pierre Angango (à Okouma ) et Anatole Lebama (à Franceville).

* 181 KOUMABILA (J.R.) & LOUBAMONO (G.C.), Les populations de la région de Franceville. Notes complémentaires aux études d' André Raponda-Walker sur l'histoire du Gabon, op.cit, pp. 4-5.

* 182 DESCHAMPS (H.), Traditions orales et archives au Gabon. Contribution à l'ethno-histoire, op.cit., pp.51 , 57, 58, 60, 61, 62.

* 183 Ibid.

* 184 CABROL (C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.55

* 185 BRAZZA (P.S. de.), Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op .cit., p.152.

* 186 KABELE (J .), Entretien du 11 avril 2004 à Leconi.

* 187 BRAZZA (P.S. de.), Au coeur de l'Afrique.Vers la source des grands fleuves 1875-1877, op.cit.,p.160.

* 188 Le royaume d'Anzico ou d'Anzicana selon la carte de Dapper, publiée au au XVIIe siècle, se situe au nord-ouest du royaume du Makoko ( dans l'actuel République du Congo).

* 189 KOUMABILA (J.R.), Brève histoire des Ambaama et des Ondasa d'Okondja au Gabon .Lastoursville, les 26 et 27 juillet 2003. p.6. Inédit.

* 190 RAPONDA-WALKER (A.), Notes d'Histoire du Gabon. Suivi de toponymie de l'Estuaire, Libreville et topographie du Fernan-vaz , Port-Gentil, op.cit., p.238.

* 191 Ibid.

* 192NGOMO (T.), Contribution à l'histoire des Tsengi. Mémoire de maîtrise d'histoire, U.O.B. F.L.S.H. , Libreville, octobre 1984, p.31.

* 193POURTIER (R.), Le Gabon. Tome1. Espace-Histoire-Société, op.cit, p.185

* 194 AUTIN(J.), Pierre Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers-monde, op.cit, p.63.

* 195 J.O.A.E.F. du 15 février 1921 : discours prononcé par le gouverneur général de l'A.E.F., Victor Augagneur à l'occasion de l'ouverture des travaux du chemin de fer Brazzaville à l'Océan, p.126.

* 196Ibid.

* 197 Lopé était un village en pays okanda. Selon de Brazza, c'était « un lieu en temps habituel. Une fois par an, au mois de février, les Inenga et les Galois s'y rendent pour tenir leur marché d'esclaves avec les Okandas : aussitôt que les trafiques sont réglés, tout le monde abandonne le campement ». Lire Brazza (P.S. de), Au coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877, Editions Phébus, Paris, 1992, p.63.

* 198 METEGUE N'Nah (N.), L'implantation coloniale au Gabon : résistance d'un peuple. Tome 1, Editions L'Harmattan, Paris, 1981, p.21.

* 199BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877, op.cit., pp.13-14.

* 200 LEPEBE (J.), Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon) 1880-1946, Op.cit., p.27.

* 201 Le naturaliste Oskar Lenz était un sujet austro-allemand. Professeur de géographie, il faisait partir de l'expédition du docteur Lux, organisée sous les auspices de l' Association Africaine Allemande (A.A.A.. Il revenait d'une expédition au Congo (actuel R.D.C.) et, pour prendre de vitesse ses rivaux européens, il s'était installé en pays okandé à Lopé afin de tenter la remontée de l'Ogooué. Ainsi, faisant route avec Pierre Savorgnan de Brazza, il parvint, avant lui, à l'embouchure de la rivière Lisiâß (la Sébé). NB. La mission du docteur Oskar Lenz dura de 1874 au 11 juillet 1876.

* 202 BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique : vers les sources des grands fleuves 1875-1877, op.cit., p.67.

* 203 Idem, p.77.

* 204CABROL (C.), La remontée de l'Ogooué et la découverte du Haut-Ogooué, Libreville, sans date, p.13.

* 205 Idem, p.14.

* 1 Nom d'une rivière (affluent de la rive droite de l'Ogooué situé au sud de la région de Franceville, dans les environs de Boumango).

* 206 Ndilendogho (D.), Entretien réalisé par Jean Mathieu Obanda à Franceville.

* 207 OKOLOGHO (S.), Entretien réalisé par Yabighui Philippe Gildas, le 23 avril 2003, au quartier Menaye Epila (Enaï) à Franceville.

* 208 NDOUOMI ( A.),Entretien du 25 avril 2003 au quartier Dialogue (Franceville). Ce témoignage converge avec ceux de: MOKIKALI dit OSSAâßãß ( J.),Entretien du 26 avril 2003 au quartier Mbaya; WOUTOU- PIGA (E.), Entretien du 27 avril 2003 au quartier Maba (Franceville). NB : La confrontation de ce récit aux sources écrites nous permet d'affirmer que c'est Ballay qui donna le nom de Machogo (Masuku) au grand rapide dit » Motsåãå» et non Brazza comme l'indique cet informateur.

* 209 Nom de la plaine qui côtoie, à la rive gauche, les rapides de l'Ogooué appelés "Machogo" par Pierre Savorgnan de Brazza et "Masuku" par les populations autochtones, les Mba?i en particulier.

* 210 ALIHANGA (M.), Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives dans la société Altogovéenne (Gabon),. Typographie de l'Université Pontificale Grégorienne-Rome, 1976, p.370.

* 211 BRAZZA (P.S. de), Au coeur de l'Afrique. Vers les sources des grands fleuves 1875-1877, op.cit., pp.149-151.

* 212 Idem,, p.161.

* 213 Ibid.

* 214 Idem, p.179.

* 215 NDJABIMBA (P.), Entretien du 1er mai 2003 au village Mindili (regroupement d' Okoloville).

* 216 BRAZZA (P.S.de), Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves1875-1877, op.cit.,p.194.

* 217 N'ghémi est la déformation du nom d'un des chefs Ndumu le plus influent : Nguimi-A-Mburu, qui, avons-nous dit ci-dessus, offrit à Pierre Savorgnan de Brazza des hommes et des femmes chargés d'effectuer les premiers transports à dos d'hommes.

* 218 BRAZZA (P.S.de), Au coeur de l'Afrique. Vers la source des grands fleuves1875-1877, op.cit., p.197.

* 219 Journaliste britannique, envoyé en Afrique à la recherche de l'explorateur Livingstone qu'il retrouva en 1871. C'est, précisément, lors d'un deuxième voyage (1874-1877) que Stanley traversa l'Afrique Equatoriale d'Est en Ouest, découvrant le Congo. Il convient de noter que les missions de Stanley, en Afrique, avaient eu un écho favorable en Europe.

* 220 LEPEBE (J.), Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon) 1880-1946, op.cit., p.30.

* 221 BRUNSCHWIG ( H.), L'Afrique noire au temps de l'empire français: l' aventure coloniale de la France, Destins-croisés .Ed. Denoël, Paris , 1988., p.124.

* 222AUTIN (J.), Pierre Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers Monde, Librairie académique Perrin, Paris, 1985, p.57.

* 223 BRUNSCHWIG (H.), L'Afrique Noire au temps de l'empire français : l'aventure coloniale de la France, op.cit., p.119

* 224 Voir extrait du témoignage de Ndjabimba Paul, lignes 10 à 15, p.6.

* 225 BRUNSCHWIG (H.), Brazza explorateur : les traités Makoko 1880-1882. Paris, Mouton & Compagnie., La Haye, 1972, p.133.

* 226 BRUNSCHWIG (H.), L'Afrique Noire au temps de l'empire français: l' aventure coloniale de la France, op.cit., p.120.

* 227 Idem, p.122.

* 228 BRUNSCHWIG ( H.), Brazza explorateur : les traités Makoko 1880-1882, op.cit.,p.128. 

* 229 N'ghémi est la déformation du nom de l'un des plus influents chefs ndumu de la région : Nguimi (Nguimi-A-Mburu). Ce dernier, au terme de l'accord avec Pierre Savorgnan de Brazza, lui offrit une portion de son territoire et mit à sa disposition des hommes et des femmes pour effectuer les premiers transports à dos d'hommes.

* 230 BRUNSCHWIG (H.), L'Afrique noire au temps de l'Empire français : l'aventure coloniale de la France, op.cit., p.123.

* 231 Auvergne : région française comprenant les départements de l'Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. L'Auvergne recouvre le centre et une partie du nord du massif central ; le relief est varié.

* 232 SONNET AZIZET (R.G. ), Répertoire sous série 2Db(I) Franceville (1910-1965) , vol.1, Libreville, 2001, p.13.

* 233 POURTIER (R.), Le Gabon : Tome 1. Espace-histoire-société, Editions l'Harmattan, Paris, 1987, p.78.

* 234LEPEBE (J.), Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué ( Gabon) 1880-1946. op.cit., p.42.

* 235Idem, p.43.

* 236LEPEBE (J.), Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué ( Gabon) 1880-1946. op.cit., p.43.

* 237CABROL (C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.63.

* 238 MAQUET (E.), BABA KAKE (I.), SURET- CANALE (J.), Histoire de l'Afrique centrale des origines au milieu du X Xe siècle, op.cit.,p.185.

* 239 KALCK (P.), Histoire de la République centrafricaine. Editions Berger-Levrault, Paris, p.167.

* 240 A.N.G., Fonds d'Archive de Franceville, Affaires administratives 1945-1954, carton 2 Db ( I ) 40.2  : Chronologie de l'organisation administrative du Haut-Ogooué depuis sa création jusqu'en 1947, p.1

* 241 ALIHANGA (M.), Structures communautaires traditionnelles et perspectives coopératives dans la société Altogovéenne (Gabon),.op.cit., pp.508 et 510.

* 242 Idem, p.434.

* 243 MOUGNONDZI (R.), Entretien du 21 août 2003 à Angondjé (Libreville).

* 244LEOUMBOU ( S-R.), Contribution à l' histoire de la ville de Franceville 1880-1946, op.cit., pp.46-47.

* 245 KOUMABILA (J-R) cité par LEOUMBOU ( S-R.), Contribution à l' histoire de la ville de Franceville 1880-1946, op.cit., p.47.

* 246 CABROL (C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.63.

* 247 A.N.G., Service microfilm, bande 4 (1) D6 : résumé des rapports mensuels des chefs de circonscription, 1911.

* 248 A.N.G., Fonds d'Archive de Franceville, politique générale, carton 2Db (I) 48.1 : Tournées des chefs de circonscription, département, subdivision du Haut-Ogooué, 22 juillet- 5 août 1911.

* 249 CABROL(C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.65.

* 250 A.N.G., Fonds d'Archives de Franceville, Affaires administratives, 1945-1954, carton 2Db (I) 40.2 : Organisation administrative des territoires, cercles et postes. A.G.G. du 31 mars 1916.

* 251 J.O.A.E.F. du 17 mars 1917, pp.111-116.

* 252 BRUEL (G.), La France Equatoriale Africaine : le pays, les habitants, la colonisation, les pouvoirs publics, op.cit., p.435. Ce décret réorganisa l'ensemble des possesions équatoriales, distingué en deux colonies, le Gabon, administré par un lieutenant-gouverneur, le Moyen-Congo, placé sous l'autorité direct du commissaire général, et deux territoires : l'Oubangui-Chari ayant à sa tête un délégué permanent et le Tchad, administré par un officier commandant les troupes coloniales. Nb: la partie gabonaise devait être formée de tous les territoires non compris dans le bassin conventionnel du Congo. Toutefois, le 11 février 1906, un nouveau décret portant remaniement du CongoFrançais fut promulgué. Il divisait ledit territoire en trois colonies, à savoir le Gabon, le Moyen-Congo et l'Oubangui-Chari-Tchad. C'est d'ailleurs cette réorganisation qui perdura jusqu'à l'arrêté du 29 septembre 1909.

* 253 SONNET AZIZET (R.G.) , Répertoire sous-serie 2Db(1) Franceville (1910-1965) , vol 1, Libreville , 2001. p.10.

* 254 Voir tableau n°1.

* 255 REMONDO (M.), L'organisation administrative du Gabon de 1843 à nos jours. Thèse de doctorat de droit public, Université de Paris, 1970, pp. 253-254.

* 256 A.N.G., Fonds des archives de Franceville, sous-série 2Db (I) 40.2, Affaires administratives, Colonie du Gabon: organisation administrative des territoires, cercles et postes-chronologie de l'organisation administrative du Haut- Ogooué depuis sa création jusqu'en1947 : A.G.G. du 31 mars 1916, p.1. 

* 257 Ibid.

* 258 A.N.G..Fonds de la Présidence de la République, carton n°981 : Circulaire n°2 du 23 août 1918, p.1.

* 259 CABROL (C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.68.

* 260CABROL (C. ), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.68.

* 261 Cité par CABROL (C. ), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p.67.

* 262 A.N.G., Fonds de la Présidence de la République, carton n°2686, op.cit., p1.

* 263 A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène,  sous-série 2Db (1) 52.1: Commendement indigène du Haut-Ogooué. Réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des chefferies, allocation des chefs, 1948-1958.

* 264 CABROL (C.), Province du Haut-Ogooué, op.cit., p. 108.

- POURTIER (R.), Le Gabon. Tome1: Espace-Histoire-Société, op.cit., p. 121.

* 265 A.N.G., service Microfilms, bande 4 (1) D 28 : rapport annuel : circonscription du Haut-Ogooué et des Adoumas.

* 266 KALCK (P.), Histoire de la République centrafricaine, op.cit., p. 166.

* 267 J.O.A.E.F. du 15 février 1921, op.cit., p.126.

* 268 POURTIER (R.), Le Gabon. Tome1: Espace-Histoire-Société, op.cit, p.121.

* 269 Ibid.

* 270 BRUEL (G.), La France Equatoriale Africaine : le pays, les habitants, la colonisation, les pouvoirs publics, op.cit., p.328.

* 271 POURTIER (R.), Le Gabon. Tome1. Espace-Histoire-Société, op.cit, p.133.

* 272 Idem, p.134.

* 273 Idem, p.136

* 274 Ibid.

* 275 Ibid.

* 276 BINGA (H.), Chefferie et territoire dans le Sud-Est du Gabon (Haut-Ogooué). Tome 1, op.cit., p.103.

* 277 A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène, sous série 2Db (I) 51.1.: Région du Haut-Ogooué, conseils de notable, procès-verbal de la réunion du conseil des notables du département du Haut-Ogooué (1926-1958), pp.2-3

* 278 LEPEBE ( J.), Occupation coloniale française dans le Haut-Ogooué (Gabon) 1880-1946, op.cit., p.119.

* 279 A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db (I). 52.1: Commandement indigène du Haut-Ogooué, réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des chefferies , allocations des chefs (carte) , 1948-1958, p.3.

* 280 A.N.G., Fonds d'archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db(I).52.1 : Commandement indigène du Haut-Ogooué. Lettre n°16 du chef du district Franceville à M. Le chef de Région du Haut-Ogooué. 1948-1958. p. 2.

* 281 Voir tableau n° 2, p.96.

* 282 A.N.G. Fonds des Archives de Franceville, politique indigène, sous-série 2Db (I).52.1 : Commandement indigène du Haut-Ogooué, réorganisation cantonale : regroupement et délimitation des chefferies (1948-1958), lettre MI-AG/CF, du ministre de l'Intérieur à M. le chef de région du Haut-Ogooué, non datée

* 283 4 Voir tableau n° 3. p.96.

* 284A.N.G., Fonds de la Présidence de la République, Affaires politiques et sociales, carton n° 1634 : Circulaire n°415 du 5 juillet 1948 du Haut-commissaire de la République, gouverneur général de l'A.E.F. à Monsieur le chef du territoire du Gabon, p.1-3.

* 285 Ibid.

* 286 DUBOIS (C.),Le prix d'une guerre. Deux colonies pendant la première guerre mondiale (Gabon- Oubangui-Chari),1911-1923. Peuples et pays d'Afrique tropicale. Institut d'histoire des pays d'Outre-Mer, Université d'Aix- En-Provence, p.37.

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