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Etude socioéconomique du système de commercialisation des amandes de mangues sauvages (irvingia spp) dans l'arrondissement de Ngoulemakong (Sud cameroun)

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par Grégoire Tsafack Ninglepong
Université de Dschang, Cameroun - Ingénieur agroéconomiste 2004
  

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3.4.2- Caractéristiques fonctionnelles du marché

Le fonctionnement ou la conduite du marché a été évaluée sur la base de la caractérisation du comportement des acteurs impliqués. Les informations recherchées portaient sur les pratiques de l'offre, le degré de communication, les principales fonctions du système et les normes de qualité recherchées par les consommateurs dans les volumes commercialisés..

Les pratiques de l'offre ont été évaluées à l'aide des données d'enquête relatives aux stratégies de fixation des prix, le mode de payement lors des transactions. Le mode de transport utilisé a aussi été évalué à ce niveau ainsi que les personnes responsables.

Le degré de communication entre les différents acteurs a été évalué sur la base des informations concernant le mode de circulation de l'information du marché, le type de coordination qui existe entre les acteurs. En ce qui concerne l'information du marché, l'évaluation a porté aussi sur l'influence de l'utilisation de l'information sur les prix et les quantités vendues.

3.4.3- Caractéristiques de la performance du marché

La performance a été évaluée dans cette étude au moyen des critères tels que le prix moyen à tous les niveaux du marché, les coûts de commercialisation, les marges commerciales, la part du paysan, le degré d'intégration du marché et les difficultés rencontrées.

De manière spécifique, les prix moyens à tous les niveaux du système de commercialisation ont été analysés en demandant aux acteurs de donner leurs prix d'achat et de vente suivant les périodes.

Les coûts de commercialisation ont été évalués en prenant en compte le transport de l'agent et de la marchandise lors du transfert des villages vers le marché, les taxes et impôts payés dans le marché, la main d'oeuvre lors des chargements et déchargements, la location du magasin entre autres.

L'état des infrastructures a été évalué en déterminant le pourcentage de paysans et de commerçants qui éprouvent des difficultés dans leurs activités. Egalement, le coût de transport a permis de juger de l'état des infrastructures.

En ce qui concerne les marges de commercialisation, elles ont été calculées au moyen des prix pratiqués à chaque niveau du marché et des coûts supportés par le commerçant.

Les coûts de commercialisation ayant été pris en compte, nous avons calculé les marges nettes de commercialisation des commerçants. L'expression de calcul utilisée était suivante :


Avec MNC : Marge Nette de Commercialisation

MBC ; Marge brute de commercialisation

CTC : Coût total de commercialisation

La marge brute est définie comme étant la différence entre le prix de vente et le prix d'achat.

où PV est le prix de vente et PA est le prix d'achat.

Le coût total de commercialisation regroupe les coûts de transport de l'agent et du produit, les autres coûts (taxes, main d'oeuvre, manutention, etc.)

La part du paysan (PP) a été estimée suivant l'expression de calcul suivante proposée par Pomeroy et Trinidad (1998):

PAp est le prix d'achat au paysan

PVc est le prix de vente du commerçant.

3.5- Limites de l'étude

Les données utilisées dans l'estimation du volume de production de la zone et dans l'évaluation des prix et coûts de commercialisation pour la performance du système de commercialisation ne sont basées que sur des déclarations des paysans et commerçants. Ces derniers généralement n'ont pas de fiches de compte pour leurs activités et donc ne font recours qu'à leur mémoire. Ces données pourraient être sous-estimées.

CHAPITRE IV

RESULTATS

4.1- La structure du système de marketing de Irvingia

4.1.1- Caractéristiques socio-démographiques des acteurs de la filière Irvingia

Quelques caractéristiques socio-démographiques des paysans et des commerçants impliqués dans la collecte et la commercialisation des amandes de mangues sauvages ont été étudiées.

4.1.1.1- Les paysans

Les paysans sont à la base du système c'est-à-dire au niveau de la `'production'' des amandes. Ils ramassent les fruits de mangues sauvages, les rassemblent, les fendent frais ou les cassent lorsque sèches et en extraient l'amande qui est alors commercialisée.

Statut matrimonial et le sexe des paysans

Nous avons étudié le statut matrimonial et le sexe des personnes impliquées dans la collecte et la vente des amandes d'Irvingia dans les villages. Les résultats de cette étude sont répertoriés dans le tableau 4.

Tableau 4: Distribution des paysans suivant le sexe et le statut matrimonial

Statut matrimonial

Sexe

TOTAL (%)

Hommes

Femmes

Nombre

%

Nombre

%

Célibataire

1

2

2

4

6

Marié(e)

5

10

36

72

82

Divorcé(e)

0

0

1

2

2

Veuf(ve)

0

0

5

10

10

TOTAL

6

12

44

88

100

L'analyse de ces résultats montre que 88 % des paysans enquêtés étaient des femmes et 12 % seulement des hommes. Il apparaît clairement que les femmes sont plus impliquées dans la récolte et la commercialisation des mangues sauvages que les hommes. Ndoye (1995), Gockowski et Ndoumbé (1999) ont fait le même constat respectivement dans l'étude des marchés des PFNL dans la ZFH du Cameroun et dans l'analyse du marketing des produits horticoles dans la zone du Sud-Cameroun. Ce résultat montre que toute amélioration entreprise dans le système de marketing de Irvingia rehaussera à coup sûr le bien-être des femmes rurales. Cette amélioration pour avoir plus d'impact devrait s'orienter vers les paysans mariés. En effet, 82 % des paysans sont mariés dont 72 % de femmes. A ce titre, l'activité d'exploitation et de commercialisation des amandes d'Irvingia est bénéfique à tout le ménage.

Age des paysans

L'âge des paysans a été étudié. Le tableau 5 présente la distribution des paysans suivant les tranches d'âge.

Tableau 5: Distribution des paysans suivant l'âge

Age (ans)

Nombre

Pourcentage

20 - 29

4

8

30 - 39

13

26

40 - 49

14

28

50 - 59

13

26

60 - 69

5

10

+ de 70

1

2

Total

50

100

Il apparaît que les paysans dans leur grande majorité (80 %) étaient âgés entre 30 et 59 ans, l'âge moyen étant de 44 ans. Ces paysans sont pour la plupart des propriétaires terriens ou bénéficient du droit d'usage. Ils peuvent donc exploiter les arbres de Irvingia qui se trouvent sur ces parcelles. En plus, l'activité relative à l'exploitation de Irvingia demande du temps et du travail. Certaines catégories sociales sont exemptes de cette tâche. C'est le cas par exemple des femmes enceintes, des vieillards, etc. C'est la raison pour laquelle 54 % des paysans sont âgés entre 40-59 ans ; donc la tranche d'âge d'entrée en ménopause pour les femmes. Les personnes très âgées sont moins impliquées parce que leur force de travail est réduite et de plus, les produits frais sont assez lourds à transporter à leur âge de la forêt au village.

Niveau d'éducation des paysans

En général, le niveau d'éducation dans les villages n'est pas assez élevé. L'éducation des filles est moins encouragée dans les villages. Dans l'objectif de la lutte contre la pauvreté en milieu rural, les capacités des paysans doivent être renforcées dans le domaine de l'éducation. Cette éducation permettrait aux paysans de mieux développer des actions et stratégies de vente. Cela leur aiderait également à se soustraire de l'emprise des commerçants et à exploiter leurs ressources de manière durable.

Le niveau d'éducation des paysans a été étudié. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 6.

Tableau 6: Niveau d'éducation des paysans

Niveau d'éducation

Hommes

Femmes

Total (%)

Nombre

%

Nombre

%

N'a pas été à l'école

0

0

1

2

2

Primaire

2

4

24

48

52

Secondaire

4

8

19

38

46

Total

6

12

44

88

100

Le tableau 6 montre que 46 % des paysans ont au moins fait le secondaire. 52 % des paysans ont le niveau d'éducation primaire parmi lesquels 48 % sont des femmes.

Principales sources de revenu des paysans

L'agriculture est le principal pourvoyeur de fonds pour les paysans. En effet, toutes les femmes (88 % de l'échantillon) tirent principalement leur revenu de la culture des produits vivriers tels que le manioc (Manihot utilisima), le macabo (Xanthosoma sagitifolium), le maïs (Zea mays), l'arachide (Arachis hypogea), le plantain (Musa spp) entre autres. A ce titre, les revenus issus de la vente de Irvingia permettent aux ménages de pallier les insuffisances de la production agricole. Ces revenus, non négligeables sont des revenus d'appoint pour les chefs de ménage. En effet, la production et la vente de Irvingia se déroulent à l'approche de la rentrée scolaire pour les enfants. L'argent reçu permet aux parents de s'occuper de la scolarité de leur progéniture ; le cacao ne produisant pas en cette période. La culture du cacao est beaucoup plus l'activité des hommes (12 % de l'échantillon).

4.1.1.2- Les commerçants

Les commerçants sont généralement appelés `'Buyam Selam''. Ils achètent les produits et les revendent afin d'en tirer un bénéfice. Suivant le volume des transactions, les lieux d'achat et de vente entre autres, trois principales catégories de commerçants sont distinguées dans cette étude. Il s'agit des collecteurs, des grossistes et des détaillants.

Les collecteurs

Ce sont des commerçants qui vont dans les villages acheter Irvingia et le transfèrent vers les marchés urbains. Ils sont pour la plupart du même groupe ethnique que les paysans. Ils résident dans les villages pour certains et dans les villes pour d'autres. Les collecteurs font le porte-à-porte pour acheter le produit dans les villages. Ils font la collecte sur un rayon d'environ 20 Km de leur lieu de résidence s'ils sont établis dans le village. Ils ont l'avantage de parler la même langue (Bene) que les paysans. Leurs transactions s'opèrent avec des assiettes de divers volumes et avec le seau de cinq litres. Comme l'a noté Engola Oyep (1997), ces `'buyam selam'' achètent et vendent plusieurs autres PFNL et des produits agricoles vivriers. Ils revendent leurs produits dans les marchés urbains chez les grossistes et détaillants.

Ne disposant pas assez de capital dans l'ensemble, les collecteurs transfèrent en moyenne 4 sacs d'amandes de Irvingia par voyage. Leur fréquence moyenne d'aller dans les marchés urbains est évaluée à deux fois par semaine en période d'abondance. Cette période s'observe généralement au courant des mois d'Août et Septembre.

Les grossistes

Ils sont établis dans le marché urbain d'Ebolowa. Ils sont d'origines diverses. Ils s'approvisionnent auprès des collecteurs et des paysans de leur zone. Leurs transactions se font avec uniquement le seau de 5l. Ces transactions ne s'opèrent pas en sacs pour besoin d'inspection. Ils revendent le plus souvent leurs stocks de Irvingia aux acheteurs étrangers (Nigérians, Gabonais, etc.) qui viennent s'approvisionner sur place. Parfois, certains partent vendre dans les marchés frontaliers d'Abang Minko et de Kyé-Ossi.

Les détaillants

Ils sont établis dans les marchés (Ngoulémakong et Ebolowa). Ils s'approvisionnent auprès des paysans de leurs localités, des collecteurs et des grossistes en période de pénurie. Ils revendent aux consommateurs en utilisant différentes unités de mesure: seaux, assiettes et tas. Lorsqu'ils ont de grandes quantités réunies auprès des paysans, ils les vendent aussi aux grossistes du marché en période d'abondance.

Quelques détaillants dans le système en cours exercent les fonctions des grossistes à certains moments de la saison de Irvingia ; par exemple en période d'abondance. Par ailleurs, les collecteurs résidant dans les villages produisent également les amandes.

Il existe très peu de relation d'affinité et de confiance entre les commerçants. Les collecteurs ne vendent pas généralement aux mêmes grossistes ; l'objectif étant de vendre au plus offrant. C'est la raison pour laquelle la totalité des collecteurs souhaiteraient vendre directement aux potentiels acheteurs étrangers (Nigérians, Gabonais et Equato-guinéens). Cependant, les mouvements de ces étrangers sont beaucoup plus connus par les grossistes des marchés à qui ces étrangers ont l'habitude d'acheter des stocks importants.

Catégorisation des commerçants interviewés

Les commerçants d'Irvingia sont regroupés en catégorie. Le tableau 7 présente la répartition des différents acteurs du marché identifiés dans le système de commercialisation en cours dans la zone.

Tableau 7: Types de commerçants identifiés

Types

Nombre

Total

Pourcentage

Hommes

Femmes

Collecteurs

3

10

13

42

Grossistes

6

3

9

29

Détaillants

1

8

9

29

Total

10

21

31

100

L'analyse de ces résultats montre que 42 % des commerçants sont des collecteurs, 29 % des grossistes et 29 % des détaillants. Dans l'ensemble, 68 % des commerçants sont des femmes. C'est la preuve que les femmes occupent une place importante dans le marché des PFNL comme l'ont souligné Ndoye (1995) et Tshiamala et Ndjigba (1999). Cependant lorsque le volume des transactions devient important et requiert de gros capitaux, les hommes prennent le dessus sur les femmes. C'est la raison pour laquelle 67 % des grossistes sont des hommes. Du fait de la situation socio-économique des femmes dans les villages, la plupart n'ont pas accès à la terre. Elles sont moins crédibles lorsqu'il faut comme garantie la terre pour emprunter le capital. Elles occupent ainsi dans le circuit de Irvingia des fonctions qui nécessitent peu de capital. Il s'agit des collectrices ou des détaillantes.

En ce qui concerne les caractéristiques socio-démographiques des commerçants, l'analyse des résultats révèle que tous les commerçants interviewés étaient mariés. Le tableau 8 ci-après nous présente l'âge et le niveau d'éducation des commerçants reportés lors des enquêtes.

Tableau 8: Age et niveau d'éducation des commerçants

Age

(ans)

Niveau d'éducation

(% des commerçants)

Total

(%)

Primaire

Secondaire

20 - 29

3

3

6

30 - 39

0

36

36

40 - 49

16

16

32

50 - 59

16

3

19

> 60

7

0

7

Total (%)

42

58

100

L'analyse de ces résultats montre que les commerçants étaient âgés de 42 ans en moyenne ; l'âge variant de 24 à 65 ans. De manière spécifique, 68 % des commerçants étaient âgés entre 30-49 ans. Cette tranche d'âge est plus impliquée pour plus d'une raison. Premièrement, la collecte dans les villages se fait le plus souvent à pied avec les charges sur la tête ou au dos. Cette opération nécessite de l'effort physique. Deuxièmement les jeunes sont mieux outillés pour supporter les risques énormes liés à l'activité. Les collecteurs, les grossistes ou les détaillants peuvent subir des pertes à cause des intempéries, des charançons, des moisissures.

En ce qui concerne le niveau d'éducation, 58 % des commerçants avaient au moins fait l'enseignement secondaire contre 46 % chez les paysans. Les commerçants dans l'ensemble sont plus instruits que les paysans. Ils profiteraient de cet avantage pour davantage tromper les paysans au niveau des prix et des stratégies de vente.

Concernant les sources de revenus, l'activité commerciale apparaît comme la principale source de revenu pour 74 % des commerçants. Il s'agit du commerce de Irvingia, d'autres PFNL et des produits agricoles. 26 % des commerçants pratiquent en plus du commerce l'agriculture. Il s'agit beaucoup plus des collecteurs résidant dans les villages. Le commerce de Irvingia représente pour eux une activité secondaire.

Les commerçants interviewés pratiquent cette activité en moyenne depuis 9 ans. Cette expérience professionnelle varie de un an pour les uns à 20 ans pour les autres. Avec le temps, ces commerçants connaissent mieux le marché du fait de leur stabilité.

4.1.2- Lieux de vente par les paysans et les commerçants

La figure 2 présente les différents lieux de vente répertoriés au niveau des paysans. Trois types de vente ont été identifiés: d'abord la vente à domicile ; ensuite la vente combinant le domicile et le marché de Ngoulémakong et enfin la vente combinant le domicile et les marchés urbains des villes environnantes (Ebolowa et Mbalmayo).

Figure 2: Lieux de vente par les paysans

De ces résultats, il apparaît que 72 % des paysans vendent leurs amandes de mangues sauvages à domicile. Les collecteurs une fois dans les villages, font le porte-à-porte pour collecter les quantités d'amandes produites. 10 % des paysans affirment vendre à la maison et au marché de Ngoulémakong ; parcourant en moyenne 13,6 Km. Egalement, 18 % des paysans parviennent à vendre non seulement à la maison mais aussi souvent dans les marchés urbains les plus proches (Ebolowa, Mbalmayo).

Du moment où les collecteurs sillonnent les villages à la recherche des amandes, les transactions se déroulent dans une situation d'oligopsone. Ce type de marché à ce niveau est plus conforté par le fait que les domiciles des paysans sont leur principal lieu de vente. Les collecteurs sont les seuls acheteurs devant les paysans. Cette situation du marché est caractérisée par la présence d'un petit nombre d'acheteurs (les collecteurs) et de plusieurs offreurs (les paysans). Ce type de marché est défavorable pour les paysans. Ils sont contraints d'accepter les prix des collecteurs.

Les collecteurs des villages de Ngoulemakong transfèrent leur stock d'Irvingia vers plusieurs marchés urbains. Le tableau 9 nous présente les différentes destinations des collecteurs.

Tableau 9: Principaux marchés de destination des collecteurs

Marchés

% des collecteurs

Ebolowa

50

Ebolowa et marchés nationaux

17

Ebolowa et marchés transfrontaliers

33

Ce tableau montre que 50 % des collecteurs vendent uniquement dans le marché d'Ebolowa le plus proche et 33 % vendent en plus du marché d'Ebolowa dans les marchés frontaliers d'Abang Minko qui a lieu tous les samedis et de Kyé-Ossi. Très peu de collecteurs parviennent à supporter les coûts pour aller vendre dans les marchés frontaliers. En effet, leur stock par voyage est réduit et le transport est de 1500 F CFA/sac d'Irvingia et de 2000 F CFA pour le commerçant (à partir d'Ebolowa).

Certains grossistes (66 %) établis dans le marché d'Ebolowa ont reporté vendre souvent dans les grands marchés nationaux ou transfrontaliers et même dans les pays voisins. Ces mouvements des grossistes s'observent lorsque ces derniers, par le biais de la téléphonie mobile sont au courant de la relative hausse des prix dans ces marchés d'exportation. Ainsi, 67 % de ces grossistes vendent souvent dans les marchés frontaliers (Abang Minko et Kyé-Ossi) et 33 % s'orientent vers les grands marchés nationaux (Yaoundé, Douala, Kumba).

4.1.3- Circuit de commercialisation de la zone

La figure 3 ci-après présente le circuit de commercialisation de Irvingia dans la zone de Ngoulémakong et ses environs. Les flux de Irvingia sont présentés à tous les niveaux du système c'est-à-dire des villages jusqu'aux marchés.

Marché

Ebolowa

Marchés frontaliers

Pays voisins :

Gabon, Nigeria, Guinée Equatoriale

PAYSANS

Villages

COLLECTEURS

GROSSISTES

CAMEROUNAIS

GROSSISTES ETRANGERS

DETAILLANTS

CONSOMMATEURS

Export

Flux habituel du produit

Flux uniquement en période d'abondance

Figure 3: Circuit de commercialisation de la zone

4.2- Fonctionnement du système de marketing de Irvingia

4.2.1- Mécanisme de formation du prix et stratégies de négociation

Comme dans le cas des produits agricoles, les prix des amandes de Irvingia dépendent dans une large mesure des conditions de l'offre et de la demande. L'offre est caractérisée par la quantité d'Irvingia récoltée par les paysans et la quantité conservée des précédentes récoltes. Du fait de la nature saisonnière de la production, le stockage s'avère important pour garantir la disponibilité du produit tout au long de l'année. La demande des amandes de Irvingia est déterminée par la quantité que les commerçants sont capables d'acheter. Cette quantité est fonction du capital dont disposent ces derniers, des signes de rareté du produit dans les marchés urbains et de la demande des potentiels acheteurs étrangers (Nigérians, Gabonais, Equato-guinéens).

Le processus de formation du prix entre les paysans (vendeurs) et les collecteurs (acheteurs) et entre les différents commerçants est fonction également du `'prix de réserve''. Pour le vendeur, c'est la plus petite somme d'argent qu'il est prêt à accepter pour son produit. Pour l'acheteur, c'est la plus grosse somme d'argent qu'il est prêt à payer pour acquérir le produit. Les paysans et les collecteurs s'engagent dans un processus de négociation du prix parce que chacune des parties impliquées dans la transaction aimerait avoir un prix aussi proche de son prix de réserve.

Dans les villages, le pouvoir de négociation des paysans dépend du nombre de collecteurs présents pour acheter le produit, de l'accessibilité du village, de leurs besoins financiers actuels, de l'offre et de la qualité de Irvingia. Si plusieurs collecteurs sont présents dans le village, cela peut donner un signal aux paysans de la relative pénurie dans les marchés. 92 % des paysans ont reporté négocier suivant le prix donné par le collecteur et 8 % négocient suivant un prix de base qu'ils donnent. Cette situation dénote la position « d'accepteurs de prix » des paysans.

Au niveau du marché urbain d'Ebolowa, le pouvoir de négociation lors des transactions entre les collecteurs et les grossistes dépend dans une large mesure des prix qui prévalent dans les autres marchés urbains et transfrontaliers, de la quantité d'Irvingia sur le marché, du nombre d'acheteurs présents, des coûts de commercialisation et des bénéfices espérés. 61 % des commerçants tiennent compte des conditions de l'offre et de la demande dans la fixation du prix de vente et 39 % prennent en considération leur prix d'achat et les coûts de commercialisation supportés.

4.2.2- Circulation de l'information du marché

Dans l'achat et la vente de Irvingia, les acteurs engagés souhaitent obtenir le meilleur revenu possible. Par exemple l'acheteur souhaite acheter au prix le plus bas possible alors que le vendeur souhaite vendre au prix le plus élevé possible. Tous s'engagent donc à la recherche des actions pour accomplir cet objectif. Le but de cette partie est d'évaluer le niveau d'information des acteurs engagés sur les prix qui prévalent dans d'autres marchés et leurs sources d'information.

4.2.2.1- Au niveau des paysans

Le niveau d'information des paysans sur les prix a été évalué dans le souci de mesurer le niveau d'intégration des prix entre les villages et les marchés. Ceci a été fait en demandant aux paysans s'ils sont informés des prix prévalant dans d'autres marchés. Les résultats sont présentés à la figure 4 suivante.

Figure 4: Niveau d'information des paysans sur les prix

L'analyse de ces résultats montre que 70 % des paysans ne sont pas informés sur les prix de Irvingia dans les marchés. Cette situation serait due à trois principales raisons. Premièrement, les paysans ne vendent pas les amandes d'Irvingia en quantité importante en un jour ; il serait coûteux pour eux d'aller vendre au marché afin de s'informer sur les prix, le coût du transport étant très élevé. Deuxièmement, il n'existe pas un système d'information du marché pour les PFNL dans la zone comme dans le cas des produits agricoles. Troisièmement, les paysans dans leur grande majorité (72 %) ne vendent leurs amandes uniquement qu'au village.

Les informations des 30 % des paysans informés sur les prix proviennent dans 100 % des cas de leurs connaissances qui vont dans ces marchés ou de passage. Ces paysans informés dans l'ensemble ménagent très peu d'efforts pour utiliser les informations. Une faible minorité (8 %) tient compte d'un certain prix de base des marchés dans le processus de négociation du prix.

4.2.2.2- Au niveau des commerçants

De même, le niveau d'information des commerçants a été évalué dans l'objectif également de mesurer le niveau d'intégration des prix entre les villages et les marchés et entre les différents marchés. Ceci a été fait en demandant aux commerçants s'ils sont informés des prix prévalant dans d'autres marchés. Le tableau 10 nous présente le nombre de chaque catégorie d'acteurs du marché informé et leurs sources d'information.

Tableau 10: Types de commerçants et leur source d'information

Type de commerçants

Nombre

% informés

% non informés

Source d'information (%)

Autres commerçants

En allant dans ces marchés

Collecteurs

13

69

31

78

22

Grossistes

9

100

0

100

0

Détaillants

9

78

22

100

0

Il apparaît clairement que les commerçants sont plus informés sur les prix que les paysans. En effet, 81 % des commerçants connaissent les prix en cours dans d'autres marchés. De tous les commerçants, les grossistes sont les plus informés. Les autres commerçants sont cités comme principale source d'information (78 % pour les collecteurs et 100 % pour les grossistes et détaillants). Toutefois il faut reconnaître que cette source d'information est influencée par les intérêts de l'informateur et est difficile à vérifier.

Dans tous les cas, les résultats révèlent qu'entre les paysans et les commerçants, il n'existe pas de véritable coordination verticale ; les commerçants étant mieux informés sur les prix que les paysans. Ndoye en 1995 est arrivé à la même conclusion dans l'étude du marché des PFNL dans la ZFH du Cameroun. De même en 2000, Foundjem Tita dans une étude sur la commercialisation des denrées agricoles dans la zone de Ngoulémakong, a montré que la proportion des commerçants informés sur les prix d'autres marchés est supérieure à celle des paysans. C'est dire que lors des transactions, les commerçants sont mieux outillés dans le processus de négociation du prix.

Il s'avère difficile d'attribuer directement cet avantage des commerçants sur les paysans par une quelconque influence des caractéristiques socio-démographiques sur le niveau d'information sur les prix. La compréhension de cette situation résiderait dans la recherche et l'utilisation de l'information du marché par les acteurs. Le pouvoir économique, l'existence de coordination horizontale entre groupe d'acteurs, la place du commerce de Irvingia parmi les activités rentables de l'acteur entre autres peuvent être les causes. A titre d'exemple, les grossistes investissent d'importants moyens à l'instar de la téléphonie mobile pour s'informer des prix et des mouvements d'acheteurs étrangers dans d'autres marchés.

4.2.3- Mode de vente

Le mode de vente pratiqué par les paysans et les commerçants dans le système en place est la vente au comptant. Ce mode de vente se caractérise par le payement en espèces lors de la transaction. La multiplicité d'origines des commerçants (collecteurs, grossistes, acheteurs étrangers) conforte ce mode de payement. Aucune confiance n'existe entre les paysans et les commerçants et entre les commerçants eux-mêmes pour que les paysans par exemple s'engagent dans des ventes à crédit ou par avance de paiement.

Par ailleurs aucune stratégie de collusion n'existe chez les paysans à l'exemple de s'accorder sur un certain prix de vente. En effet, 100 % des paysans affirment n'avoir jamais vendu en groupe. Les raisons de cette inexistence de vente en groupe dans les villages sont multiples. De la figure 5 suivante, 58 % des paysans affirment ne pas vendre en groupe parce qu'ils ne sont pas organisés, 14 % affirment être dans un besoin financier. 2 % affirment ne pas maîtriser les techniques de conservation qui les permettraient de stocker leur produit jusqu'à la date de vente.

Figure 5: Obstacles à la vente en groupe dans les villages

Pour réduire davantage les prix, les paysans rapportent que les collecteurs utilisent des arguments pour les convaincre. La figure 6 nous montre que 44 % des paysans citent le mauvais état des routes et le transport élevé comme le principal argument utilisé par les collecteurs. 30 % des paysans notent les prix bas offerts par les grossistes dans les marchés et 26 % pour l'abondance du produit dans les marchés comme autres arguments.

Figure 6: Arguments utilisés par les collecteurs pour réduire les prix

4.2.4- Quelques fonctions du marketing et leurs implications

Dans le circuit de commercialisation de Irvingia dans la zone, la production des amandes, la conservation, la transformation et le transport ont été reportés comme étant les principales fonctions d'intérêt dans cette étude.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams