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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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2.2.2. L'horreur à l'italienne : gialli, cannibales et gore

En Italie, un genre bien défini revêt l'appellation de « giallo », tirant son nom de la couleur jaune des couvertures d'une célèbre collection de polars commercialisés par la maison d'édition Mondadori, comparable à la Série Noire en France. Le scénario de ces films est presque toujours le même, mettant en scène un assassin souvent masqué et ganté qui perpètre des meurtres à l'arme blanche et dont on ne découvre l'identité qu'à la fin. Ses représentants les plus illustres sont certainement Mario Bava (Le masque du démon, 1961 ; La Baie sanglante, 1972), Ricardo Freda1 (L'effroyable secret du docteur Hitchcock, 1962, Le Spectre du professeur Hitchcock, 1963), Dario Argento (L'oiseau au plumage de cristal, 1969 ; mais surtout Les Frissons de l'angoisse, 1975 et Suspiria, 1977). Il est intéressant de noter que la plupart de ces réalisateurs ont fait leurs premières armes dans le cinéma comique ou naturaliste, bien loin des préoccupations qui feront leur renommée par la suite. Ce genre est propre à son milieu d'émergence et à sa nationalité italienne et n'a guère trouvé d'échos extérieurs malgré son succès après des fans.

Le cinéma italien des années 1980, se dirige ensuite vers le gore pur et simple, en allant plus loin que le gore américain, s'engageant dans les films de morts-vivants ou de cannibales. On retiendra entre autres parmi les plus célèbres Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato, Cannibal Ferox (1982) d'Umberto Lenzi, Anthropophageous (1980) de Joe d'Amato ou encore l'Enfer des Zombies (1979) de Lucio Fulci. La surenchère, la recherche d'une efficacité outrancière et la stratégie d'exploitation sont clairement affichés par ces réalisateurs, ce qui en fait à la fois des films prisés par les fans, justement en raison de cette médiocrité, mais aussi des films méprisés par la critique et l'opinion publique2. Une anecdote rapporte que les producteurs de ce genre de films couraient les marchés du film en proposant des oeuvres qui n'étaient pas encore tournés, pouvant ainsi au mieux satisfaire les distributeurs par la suite en imposant leurs exigences, récoltées par ce biais, au réalisateur. Lucio Fulci notamment a pris part à ce type de commandes ; il en résulte un nombre incalculable de réalisations d'une médiocrité variable. Notons cependant que ces films ont suscité un réel choc. En effet les scènes d'empalement présentes dans Cannibal Holocaust paraissaient tellement réelles que les tribunaux ont été saisis et le réalisateur obligé de reproduire les scènes devant huissiers pour prouver l'authenticité des trucages. Cette polémique avait relancé le mythe du snuff-movie, qualificatif désignant ce type de film particulièrement réaliste dans ses scènes de torture,

1 Trouvant son inspiration dans les nouvelles d'A.E. Poe, à la manière du réalisateur britannique Roger Corman à la même époque, qui donna naissance à une réelle école fantastique « hallucinatoire »

2 Si des films de Fulci étaient exploités par des salles parisiennes aussi importantes que le Pathé des Champs Elysées, ils n'en étaient pas moins peu recommandés par le monde cinématographique érudit

à tel point que les acteurs étaient supposés les endurer réellement, voire même y périr. Mais le manque de subventions dans l'Italie des années de plomb, ajoutée à l'épuisement et à la déconsidération de certains cinéastes, vont voir ce genre national disparaître rapidement. Quant à Dario Argento, ses films déclinent doucement par manque de renouvellement, n'ayant pas fait le choix de l'esthétique gore mais s'étant toujours positionné dans un fantastique plus onirique. La médiocrité de ses derniers films' signent la fin de ce cinéaste qui a pourtant marqué les années 1970, et révèlent bien l'inadaptation du cinéma italien aux réalités d'aujourd'hui autant que le manque de fonds dont celui-ci dispose, traduisant la baisse voire l'inexistence des subventions publiques2 et la frilosité des investisseurs.

Suspiria de Dario Argento (1977)

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