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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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2.2.3. Le slasher et le post-slasher : l'explosion du genre

Parallèlement à l'explosion des gialli en Europe, les films mettant en scène des psycho-killers apparaissent sur les écrans américains au milieu des années 1970. L'arme blanche laisse la place à des outils peu communs mais plus efficaces en terme de dommages corporels, prétextes à l'exposition de flots de sang. Le plus célèbre de ces nouveaux instruments de torture est certainement la tronçonneuse, que Wes Craven et Tobe Hooper mettent respectivement à l'honneur dans La Dernière Maison sur la gauche (1972) et Massacre à la Tronçonneuse (1974). Mais c'est résolument avec les séries des Halloween, des Vendredi 13 et des Griffes de la Nuit que sont intronisés les tueurs en série les plus célèbres de l'histoire du cinéma d'horreur : Michael Myers, Jason Vorhees3 et Freddy Krueger, qui inspirent toujours les réalisateurs contemporains.

' Do you like Hitchcock ? (2005) et Mother of Tears (2007), malgré le très attendu Giallo, conçu comme un hommage du réalisateur à cette vague de gloire du cinéma italien

2 Qui s'inscrivent dans une politique générale de baisse du budget de l'Etat italien consacré à la culture

3 Deux remakes ont vu le jour dernièrement : Halloween de Rob Zombie en 2006 et Vendredi 13 de Marcus Nipsel en 2009 (qui avait déjà signé un remake de Massacre à la Tronçonneuse en 2003)

Les grandes compagnies, comme dans les années 1930, s'engouffrent dans ce secteur (Vendredi 13 est produit par la Paramount) en réalisant des séries entières, dont l'originalité baisse de film en film, ne tenant plus qu'à la nouveauté des effets spéciaux. Le cinéma pour adolescents est né, reproduisant des scénarii bien rodés mettant en scène un tueur fou dont les meurtres rituels révèlent une blessure psychologique ou physique, le tout baignant dans une atmosphère pubère de libération des moeurs. Le slasher a souvent été déprécié par les femmes à cause des excès machistes de ses personnages et de l'intrigue. Mais certaines, parmi lesquelles Isabel Cristina Pinedo, tentent de réhabiliter ce genre auprès de la population féminine1. Malgré cela, la rentabilité est au rendez-vous, puisque le premier volet des aventures de Michael Myers, le tueur d'Haioween, La nuit des masques réalisé par John Carpenter en 1978, rapporte 50 millions de dollars pour un budget de 500 000 de dollars2.

Freddy contre Jason de Ronny Yu (2003)

Relancé au milieu des années 1990 avec Scream de Wes Craven, le slasher devient un genre auquel on identifie tout entier le cinéma d'horreur, avec ses nombreux clichés et implications morales évoquées dans ce film à travers l'intrigue, mettant en abyme le genre lui-même au sein de la diégèse. Certains y ont vu de l'irrévérence, d'autres du génie et une somptueuse réflexion sur le film d'horreur lui-même, comme Eric Dufour. Le post-slasher devient alors la nouvelle coqueluche des studios hollywoodiens, qui exploitent ce filon, à force de remakes, de nouveautés peu inspirées et de suites sans fin : Urban Legend (1998) de James Blanks, Souviens-toi l'été dernier (1997) de Jim Gillespie ou récemment le remake du Bal de l'Horreur (2008) de Nelson Mc Cormick. Grâce à leurs histoires dont l'originalité ne réside que dans l'invention de nouveaux

1 Voir le dernier chapitre de Recreational Terror, op. cit., où elle analyse notamment Henry Portrait of a serial killer, et montre comment il contient des potentialités féministes latentes.

2 Philippe Ross, op. cit. p.1 12-113

tueurs, toujours plus pernicieux et qui se révèlent souvent être liés aux victimes, laissant une fin « ouverte », susceptible de produire des séquelles, les post-slashers élaborent une machine qui tend à s'épuiser aujourd'hui. Leur différence avec le slasher ? Aucune, sinon la remise au goût du jour des acteurs et la contemporanéité du style par rapport à l'environnement actuel. Il intègre également, comme ses aînés, une dimension de « survival », où non seulement les personnages sont éliminés un par un, mais ceux-ci doivent lutter pour s'en sortir (ou périr). Aujourd'hui les slashers sont un peu déconsidérés, jugés trop faciles à réaliser, la rentabilité étant toujours critiquée dans l'intelligentsia cinématographique française, même si certains semblent quelque peu sortir du lot, comme Jeepers Creepers de Victor Salva. Cependant, c'est sans doute le genre qui représente le mieux la dimension de cinéma dit d'exploitation dans les années 1990 et début 2000, étant vite remplacé, dès son déclin amorcé, par des films plus violents que sont les torture-flick ou par des films plus abordables et plus matures, comme les thrillers.

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