WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

( Télécharger le fichier original )
par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

précédent sommaire suivant

3.2. La réaction des institutions : la réglementation de l'accès aux films

3.2.1. De la censure...

Lorsque le cinéma apparaît en France, la censure n'existait théoriquement plus depuis un siècle, symbole d'Ancien Régime et de limitation des libertés individuelles, contraire à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen d'août 1989. Cependant, en vertu du devoir de respect de l'ordre public et des bonnes moeurs, des commissions plus ou moins formelles ont continué de réguler les publications, pièces de théâtre et autres créations artistiques. C'est en vertu de ce double principe, qui peut paraître paradoxal, que la censure au cinéma s'est forgé une légalité de fait et que la protection de l'enfance a pris le relais avec la commission de classification des oeuvres cinématographiques. Afin de se substituer au pouvoir de police aléatoire des maires et des préfets qui avait cours jusqu'alors (mais leur sens de la coercition demeura longtemps vivace), une commission de censure fut créée le 16 janvier 1916 (décision ratifiée par le décret du 25 juillet 1919) et composée de cinq commissaires de police avant de passer sous la tutelle du ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts. Dans les années 1930, on mit en place une restriction d'accès des salles aux mineurs (la majorité étant de 21 ans jusqu'en 1974) et on créa un Comité national régulateur composé de professionnels du cinéma.1 Après la guerre, un décret du 10 octobre 1959 (ratifié en1961), instaurait deux catégories de classement pour les films : l'interdiction aux moins de 13 ans et aux moins de 18 ans. C'est encore ce type de classification qu'utilisent de nombreux pays anglo-saxons, et notamment les Etats-Unis depuis 1968 : les films PG-13 et R étant respectivement déconseillés aux moins de 13 et 17 ans, mais l'accès leur est possible accompagnés d'un adulte ou d'une personne d'un âge supérieur au leur (selon les Etats). En France, les films qui ne relevaient pas des critères cités pouvaient soit être tout simplement interdits, c'est-à-dire privés de distribution en amont et donc de sortie en salles, soit subir le classement X, ce qui représentait des coûts supplémentaires2, une mauvaise presse mais aussi une publicité gratuite. Pour éviter ou contourner ces contraintes, beaucoup de films sortaient avec des coupures. Or cette classification ne

1 Laurent Jullier, 2008, op. cit., p. 14-15

2 En effet, la loi de finances du 30 décembre 1975 instaure une disposition fiscale catégorie dite X pour les films pornographiques ou d'incitation à la violence : Les films classés X font l'objet d'un prélèvement spécial de 33,1/3% sur les cessions de droits et les droits d'entrées et de 20% sur leurs bénéfices industriels et commerciaux imposables. D'autre part, tout type de soutien financier direct ou indirect de l'Etat est exclu, tant pour les films que pour les salles qui les projettent. Dans le cadre de l'harmonisation fiscale européenne, ce prélèvement a été abaissé à 19,6%, c'est-à-dire le montant courant de la TVA, mais reste toutefois supérieur à la TVA appliquée aux biens culturels (5,5%)

visait pas réellement la protection des mineurs car les films de ce type ne pouvaient être projetés que dans des salles spécialisées, dont l'accès était automatiquement interdit aux moins de 18 ans. Selon ces critères, des films d'horreur ont pu faire l'objet d'un classement X. A l'époque, des débats avaient été menés quant au classement de films comme Massacre à la Tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, d'abord totalement interdit puis privé de distribution par le fait qu'il n'y ait pas de cinémas spécialisés pour projeter ce type de films. Mais, finalement, ce film n'a pas subi la classification X (depuis, il a été classé en moins de 16 ans à l'occasion de son exploitation télévisuelle)1 ; il a tout simplement été interdit après une semaine d'exploitation ! De la même manière, Mad Max fut rangé dans cette catégorie, avant de sortir avec des coupures. Les enjeux de la classification X, malgré la possibilité d'en estampiller des films présentant une violence extrême, semblent cependant ne s'y appliquer que rarement.

précédent sommaire suivant







Cactus Bungalow - Bar Restaurant on the beach @ Koh Samui