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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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4. EN CHAIR ET EN OS : LES FILMS D'HORREUR ET LEUR PUBLIC

La volonté de se faire peur est souvent incomprise ; comment supporter un déluge de violence et y consentir, même avec une dénonciation ou une morale en filigrane ? Mais le nombre important de films disponibles et la variété du genre montre bien la tentation qu'il représente, malgré les contraintes liées à la classification. Dès lors à qui se destinent ces films ? S'il semble qu'ils font appel à un certain nombre de codes, il faut tenter de cerner quels sont les individus susceptibles de les comprendre et de les apprécier. De quelle façon les consomment-ils ? Que traduisent ces comportements, sociaux et psychologiques liés au visionnage de ces films, qui semblent réveiller les instincts les plus profonds ?

4.1. Le plaisir de regarder : données psychologiques

4.1.1. L'influence des images violentes

Les débats concernant l'influence des images ont été particulièrement animés depuis une dizaine d'années, notamment à cause de divers incidents étant survenus (meurtres et agressions), qui ont été reliés au visionnage de films contenant des scènes violentes (et également à l'écoute de musiques contenant des paroles jugées d'incitation à la violence). L'impact de la violence est souvent invoqué dans ce genre de cas, mais jamais attesté de façon formelle. Les courants d'inspiration conséquentialiste1 établissent une corrélation plus que certaine entre le visionnage d'images violentes et pornographiques et un comportement violent. Décrivant une accoutumance, assimilée à la drogue ou au tabac2, avec un radicalisme qui peut surprendre, ce type d'interprétation dicte souvent des comportements alarmistes, prompts à pointer du doigt et à décharger le spectateur d'une partie sa responsabilité. Or si le pouvoir des images n'est en aucun cas contesté et contestable, il est tempéré par l'implication personnelle du regard et son environnement intellectuel et social. L'influence des expériences passées et à venir, dans

1 Définis par Noël Caroll in A philosophy of mass art, Cambridge, Clarendon Press, 1998. Le rapport remis par Blandine Kriegel en 2002 sur les jeunes et la télévision, s'inscrivait dans cette obédience. Il a notamment exigé un renforcement de la présence de pédopsychiatres au sein de la commission de classification.

Voir Laurent Jullier,, op. cit., p. 51 à 59

2 Brad J. Bushman & Craig A. Anderson, Media violence and the American public : Scientific facts vs Media misinformation, in American Psychologist, vol. 56, 2001, p. 477 à 489

une logique de déterminisme social et psychologique, est également à prendre en compte, notamment en utilisant l'analyse multivariée (mise en oeuvre pour la première fois dans les études de Durkheim sur le suicide). C'est sous couvert de cette vision, qui laisse une grande part d'interprétation au spectateur, vu non comme un individu passif et subissant son environnement mais comme un sujet capable d'appréciation et de relativisation, que les courants d'inspiration libérale tendent à diminuer l'influence d'images violentes, génératrice de comportements déviants. Au titre de son pouvoir de représentation, le cinéma est incriminé. Cependant, si les images violentes sont l'objet d'attaques fréquentes de la part des institutions publiques, principalement aux Etats-Unis, il semble que ces dernières se focalisent davantage (et le nombre d'études le prouvent), sur la pornographie. Cette confusion est révélatrice de l'obsession des pouvoirs publics pour les images mettant en oeuvre des « scènes de sexe explicite ». Or il apparaît que le sexe est un élément qui peut être éprouvé dans la vie quotidienne en toute légalité1 alors que les actes de violence, et, a fortiori les crimes, sont illégaux et fortement répréhensibles par la loi (tant au civil qu'au pénal). Les mises en garde, les implications économiques de la classification X et le jugement fortement négatif associés au cinéma pornographique semblent plus importantes cependant que celles du cinéma mettant en scène la violence et particulièrement les films d'horreur. Dans le premier cas, la dimension cathartique n'est presque jamais invoquée alors que dans le second elle légitime souvent son appréciation.

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