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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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1.1.1. La presse spécialisée : fanzines et magazines

Comme toute culture, le cinéma d'horreur dispose de ses magazines. Comme toute subculture, il compte de nombreux fanzines. Cette profusion de titres produits artisanalement, sans autorisation d'éditer, découle des pratiques amateurs et de la volonté des fans de s'impliquer et de « faire vivre » le mouvement. D'autre part, des titres aujourd'hui nationaux sont vendus dans les kiosques et les librairies, faisant collaborer des journalistes spécialisés dans ce domaine. Il s'agit de l'Ecran Fantastique, fondé par les frères Schlockoff dès 1970 mais surtout de Mad Movies, créé deux ans plus tard par J, an-Pierre Putters, qui n'était d'abord qu'un fanzine édité à moins de 300 exemplaires. Une revue spécialement axée sur le cinéma gore, Toxic, a même vu le jour en 1989, dirigée par la même équipe que l'Ecran Fantastique mais traitait essentiellement des effets spéciaux, du maquillage et de tous les aspects visuels du cinéma horreur/gore. Citons également le légendaire Starfix (1er numéro en 1983, Christophe Gans et Christophe Lemaire faisaient partie des rédacteurs) ou encore Evil Z, qui furent la référence des inconditionnels du festival de Paris au Grand Rex, dont se souvient avec nostalgie Marie- Agnès Bruneau1. Ces titres ne paraissant plus, les fans n'ont désormais plus qu'un mensuel de référence réellement spécialisé dans le fantastique/horreur : Mad Movies, qui compte une dizaine de journalistes aux goûts hétéroclites mais défendant leur passion avec humour et rigueur. Le mensuel constitue une véritable bible pour certains, un univers trop partial pour d'autres, qui n'hésitent pas à pointer du doigt la dégradation dans la

1 directrice du bureau parisien du MipTV Mag et passionnée de cinéma fantastique/horreur

qualité des numéros, tout en assurant que c'est une bonne chose qu'un tel magazine continue d'exister. En effet, la ligne éditoriale est rarement homogène, cela étant également du à la variété des thèmes et des oeuvres abordées, qui, bien que recouvrant un genre particulier, peuvent aller de l'action à l'animation en passant par le film de zombies gore et le fantastique onirique et merveilleux. Avec une promesse annonçant la couverture du « plus fort du cinéma », Mad Movies table sur une cible masculine et jeune, sans pour autant occulter les femmes, malgré les interjections à l'adresse du lectorat, supposé être composé de « gars », avec des rubriques plutôt orientées sexuellement comme la page pin-up ou un numéro spécial Scream Queens à l'été 2008. Dans un langage résolument détendu, agrémenté de nombreuses blagues qui ne peuvent être comprises que par des lecteurs fidèles et assidus, le magazine affiche une sérieuse culture filmique. Se positionnant en véritables critiques, les journalistes de Mad Movies délivrent des informations sur les films à venir, élaborent des dossiers sur des phénomènes contemporains à l'oeuvre dans le genre (Les remakes, Sexe et gore,...), scannent l'actualité des jeux vidéos, des séries et des sorties DVD, rendent des hommages à des personnalités, font des reportages sur les festivals,... De plus, récemment se sont insérées des pages portant plus sur l'histoire du cinéma fantastique/horreur, avec des biographies et filmographies de Boris Karloff ou de Jacques Tourneur et des analyses plus pointues de chefs-d'oeuvre du cinéma de genre. Il semble donc que le mensuel soit en train d'évoluer vers un plus grand registre, afin d'attirer un public différent et de satisfaire les lecteurs les plus cinéphiles. Cependant, les photographies présentes sur les couvertures ou illustrant les sorties de films risquent encore d'en choquer plus d'un ; on ne lésine pas sur le sang et la chair lorsqu'il s'agit de dévoiler des images gores à propos d'un long-métrage attendu. Le magazine est également proposé avec un DVD (hors abonnement), à un prix plus élevé que l'édition papier seule. Cette pratique, désormais courante en ce qui concerne la presse du 7e jour1, permet d'attirer ponctuellement de nouveaux lecteurs, dont le but principal serait d'acquérir l'objet vendu en annexe, le magazine passant au second plan.

De plus Mad Movies est impliqué dans beaucoup d'évènements liés au genre de cinéma qu'il défend : partenaire média sur divers festivals (L'Etrange Festival de Lyon, Le Festival du Film Fantastique de Gérardmer, La Nuit de l'Horreur à Courbevoie,...), soutien de la chaîne de télévision thématique Sci-Fi (un des anciens journalistes de Mad Movies est désormais responsable éditorial de la chaîne) ou encore sponsor de sorties salles ou DVD. L'équipe du mensuel entend bien se poser en défenseurs du genre, sans pour

1 C'est-à-dire la presse hebdomadaire (ex : Le Monde 2 ou Le Figaro Magazine)

autant perdre sa faculté de jugement lorsqu'un film ne leur sied pas. Il semble que la défense du cinéma de genre français leur incombe, comme en témoigne le dernier numéro de juillet-août 2008, où la critique dithyrambique de Martyrs de Pascal Laugier, écrite par Alexandre Bustillo, comme l'avait été celle d'A l'intérieur (dont l'un des réalisateurs n'est autre que Bustillo lui-même), semble plus relever de la croisade que de l'analyse cinématographique. Même si leur vision est parfois un peu partisane, Christophe Lemaire félicite les gens qui assument ces positions, en allant à l'encontre de la majorité bien-pensante des critiques de cinéma1. Les débats au sein de la rédaction sont également suivis et alimenté par de nombreux aficionados, qui peuvent s'exprimer sur le forum Mad Movies, affilié au site Internet. Cette extension du magazine était indispensable afin de continuer à jouer un rôle primordial sur le web, parmi une multitude de sites, blogs et autres forums d'amateurs.

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