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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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1.4.2. La morale

D'autre part, si la dénonciation de la violence semble être un élement atténuant le caractère horrifique d'une oeuvre (notamment en vue de leur classement en catégories d'interdictions), ce n'est en aucun cas un élément présent tel quel dans un film d'horreur, et c'est principalement ce qui est souvent reproché au genre. Car comme le rappelle Laurent Jullier, «Le film qui «dénonce la violence» est par là même une chimère1». Cependant les slahers ou les survivals regorgent de mises en situation morales à consonnances religieuses : la fille saine, vierge et bien à tous égards laissée en survivante ultime d'une tuerie (Halloween, Scream,...) le feu purificateur effaçant les traces d'un évènement surnaturel ou d'un massacre (Amityville, La Fin des Temps,...) ou encore l'espoir porté par l'enfantement ou la croissance d'un enfant ayant survécu aux crimes (Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des Yeux,...). D'autre part, c'est souvent un élément déclencheur à connotation morale qui bouleverse un état et fait basculer le film dans l'horreur ou le fantastique, comme le rappelle Jean-Louis Leutrat : «toute topographie fantastique comporte un domaine dont il ne faut pas s'approcher, un territoire tabou dans lequel pénétrer entraîne les pires désagréments (...) La notion de frontière est donc fondamentale dans l'organisation de l'espace de ces récits. (...) Sans frontière, sans limite, pas de fascination de l'autre, pas de transgression non plus.»2 D'où un développement d'une esthétique du passage, combiné avec le rôle de la musique en crescendo (portes, trappes, ponts, fenêtres,...). Les films d'horreur sont le miroir des défauts de l'homme : curiosité, rebellion, orgueil, non respect des lois établies,...

Ces lieux communs font partie des clichés concernant les productions horrifiques, souvent identifiés et réduits aux slashers ou aux survivals: ceux qui les reproduisent se placent dans une démarche soit de respect de ces codes -une logique pouvant être assimilée à du cinéma dit d'exploitation- soit de détournement de ceux-ci à travers une recherche esthétique nouvelle ou par l'humour. Or en ce qui concerne la dimension morale de ces films, s'ils ne sont pas ouvertement dénonciateurs, ils ne font pas non plus l'apologie de la violence, malgré les mises en garde fréquentes des défenseurs des enfants et de certains psychologues et critiques, arguments souvent utilisés afin de détruire le film plus qu'à tenter d'en déceler l'originalité. Le traitement de la violence reste tout de même un élément déterminant un palier en vue de l'interdiction d'un film à une catégorie de mineurs, tout comme l'ambiance malsaine ou angoissante, la présence d'éléments déstabilisateurs dans le cadre familial, la prise de drogues et d'autres critères,

1 Laurent Jullier, op. cit. p. 67

2 Jean-Louis Leutrat, op. cit. p.58

tout en examinant cependant la totalité du propos développé par le film1. Malgré la liberté de création dont bénéficient les arts en France, il s'avère difficile de promouvoir, même sous une dimension esthétique, une sorte de violence dite gratuite. Or paradoxalement la figure de l'artiste maudit, marginal et provocateur fascine et continue d'avoir cours dans l'imaginaire collectif2. La volonté de provocation souvent invoquée dans ce genre de cas, comme pour celui des snuff movies -qui ne sont qu'une légende urbaine- ne suffit pas à justifier une telle déferlante de violence et passe mal dans l'opinion publique. Il faut détacher le propos du film de celui de son ou de ses réalisateurs ou scénaristes : un film mettant en scène un tueur psychopathe ne signifie pas que celui qui l'a imaginé en cache un, de même qu'une série présentant à l'écran des fondamentalistes religieux n'est pas nécessairement raciste.

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