WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les entraves au développement du commerce entre les Etats membres de la CEDEAO

( Télécharger le fichier original )
par Abdoul Aziz SANA
Ecole Nationale des régies financières - Administrateur des services financiers 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : L'ORGANISATION DES ECHANGES
EXTRACOMMUNAUTAIRES

Le commerce extracommunautaire est celui qui organise le commerce entre les Etats membres de la Communauté et les Etats tiers. L'organisation des échanges commerciaux est conçue de manière à libérer la circulation d'une catégorie de produits (agricole, artisanat, minier, foret, pêcherie) d'une part, et à favoriser le commerce des produits industriels, d'autre part.

SECTION I : LE REGIME DE LIBRE ECHANGE ENTRE LES ETATS MEMBRES

Le chapitre VIII intitulé « la coopération dans le domaine du commerce, des douanes, de la fiscalité, des statistiques, de la monnaie et des paiements » dispose en son article 36 que les produits du cru et de l'artisanat traditionnel originaire des Etats membres de la Communauté ne sont soumis à aucun droit à l'importation et à aucune restriction quantitative au sein de la région. L'importation de ces produits à l'intérieur de la Communauté ne fait pas l'objet d'une compensation pour perte de recette.

Pour étayer cette volonté communautaire, le protocole de la Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement sur la libre circulation des marchandises dispose que « l'objectif du programme de libération des échanges commerciaux de la CEDEAO est d'établir progressivement au cours d'une période de 15 ans, à partir de sa mise en place c'est-à-dire le 1er janvier 1990 une union douanière entre les Etats membres de la Communauté. Cette Union douanière implique l'élimination totale des droits et taxes d'effets équivalents, des obstacles non tarifaires et l'établissement d'un tarif extérieur commun ».

C'est pourquoi dès sa création, la CEDEAO a opté pour une libéralisation totale des produits
du cru et de l'artisanat traditionnel. Dans cette optique, les produits du cru et de l'artisanat

traditionnel doivent circuler librement entre les Etats membres en franchise de tous droits et taxes d'effets équivalents sans restriction quantitative ou administrative. Pour obtenir la franchise, les produits du cru et de l'artisanat traditionnel doivent remplir les conditions suivantes :

y' être originaires d'un Etats Membres ;

y' être repris dans la liste des produits annexés aux décisions portant libéralisation de ces produits ;

y' être accompagnés d'un certificat d'origine et d'une déclaration d'exportation9.

Le commerce de ces produits est libéré de toutes entraves tarifaires ou non à leur entrée dans un Etat membre. Cette mesure s'explique par l'importance de ces produits, notamment ceux agricoles, dans la vie des populations ; les mettre au même pied d'égalité que les productions intérieures de même espèce devrait permettre aux populations de la zone sahélienne de pouvoir disposer, à des prix relativement moins élevés des produits alimentaires en provenance des côtes.

Mais ces dispositions importantes ont-elles produits l'effet escompté ?

Les statistiques officielles de la CEDEAO laissent apparaître que 10 à 15 % des échanges des pays membres sont réalisés à l'intérieur de l'espace de la CEDEAO. Ce taux reste faible mais donne un peu d'espoir par rapport au fait qu'il était à peine de 2% à sa création. A l'heure actuelle, selon William AMPONSAH, professeur associé de commerce international et de développement à l'Université d'Etat de la Caroline du Nord, « les accords régionaux se caractérisant par des échanges restreints, dépendent des produits primaires et représentent un commerce limité entre pays membres ». Cela s'explique par le fait que la plupart des pays exportent des matières premières et non des produits finis10 si bien que les importations africaines les intéressent peu.

Selon la Banque Mondiale, trois quarts des exportations intracommunautaires proviennent de
trois (3) pays que sont la Cote d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Il s'agit surtout de produits
primaires. Le pétrole représente à lui seul 30% de ces échanges et le coton, le bétail sur pied,

9 Se référer au protocole n° A/DEC/1 5/5/1980 sur la libre circulation de marchandises signé par la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement

10 Voir supra sur les entraves au développement du commerce, p 48

le maïs et le cacao 18%. Dans une moindre mesure, le poisson frais, les légumes, le thé et le sucre sont aussi exportés. Les produits manufacturés représentent 15% de ces échanges. D'après une étude récente de la Banque Mondiale intitulée `'que s'agit-il du fil médicament, du fer et de l'acier, des produits chimiques et machines-outils ? `', la majorité des exportations d'un pays membres vers les autres membres de la Communauté se limite souvent à quelques produits de base.

Il apparaît donc que la part des produits du cru dans le commerce intracommunautaire, bien que leur circulation soit libre, est relativement faible par rapport à l'ensemble des échanges. Il faut remarquer donc qu'un des objectifs fondamentaux de la Communauté cités à l'article 3 du Traité sur le développement des échanges des produits agricoles reste encore incertain.

En effet, les statistiques évoquées montrent qu'il n'y a pas eu développement des échanges de nouveaux produits agricoles, mais libéralisation pour des produits dont le commerce est ancestral. Ceci peut s'expliquer par le fait que la nature a spécialisé chaque Etat dans la production des produits primaires, ce qui limite fortement la circulation des produits alimentaires auxquels les populations ne sont pas encore habituées. Des campagnes nationales d'informations pourraient conduire à une variation des habitudes alimentaires et intensifier la demande d'un certain nombre de produits. De telles campagnes sont d'autant plus urgentes que depuis trois (3) décennies déjà, les pays du sahel n'arrivent plus à nourrir leurs populations avec leurs productions traditionnelles (mil, sorgho, mais...)

Conformément aux dispositions de l'article A/DEC/15/5/80 des Chefs d'Etats et de Gouvernement et l'article 7 du Règlement C/REG/3 /4/02 portant immatriculations des entreprises, l'on considère comme originaires, les produits du cru extraits de la mer par des bâteaux immatriculés dans un Etat Membre. Cette disposition parait en contradiction avec la notion d'origine communautaire qui se dégage de la production ou l'obtention du produit originaire de la Communauté.

Cet article A/DEC/. 15/5/80 permet aux chalutiers des multinationales de se faire immatriculer dans un Etat membre et de déverser leurs récoltes marines, à peu de frais, dans un Etat membre de la CEDEAO au détriment des petites unités industrielles ou artisanales de pêche existantes dans les pays côtiers. Les rédacteurs du Traité ont voulu promouvoir des produits primaires ou artisanaux pour la production desquels il n'y a pas eu de transformation

industrielle. C'est pourquoi sans distinction, la farine de manioc, le bois scié, le café tonifié, produits nécessitant une forte valeur ajoutée, ont été confondus avec le miel naturel, le tabac brut .... Cette conception devait permettre d'englober le maximum de produits afin de libérer leur circulation. Malheureusement les statistiques évoquées ci-dessus montrent que seuls quelques produits de la longue liste intéressent les opérateurs économiques encore imprégnés de l'organisation coloniale des échanges ouest africains.

En conclusion, on peut retenir que si la volonté d'intensifier les échanges des produits du cru et de l'artisanat traditionnel est clairement exprimée dans le Traité par la liberté totale de leur circulation, on constate dans la pratique que ces échanges restent encore faibles et se limitent à quelques produits dont la nécessité dans la situation actuelle n'est pas toujours évidente (noix de cola par exemple).

Dans la perspective d'une meilleure utilisation des ressources des sols et du sous-sol de la sous région, une politique de coopération dans le domaine des produits primaires, devrait privilégier l'autosuffisance alimentaire des populations de la Communauté. La Communauté étant bâtie sur la solidarité, il convient d'utiliser au maximum les potentialités agricoles, quel que soit le lieu où elles se trouvent, pour encourager le développement de la production agricole, vivrière en particulier, car l'expérience des puissances occidentales montre que ce sont également des puissances agricoles. Le développement industriel des Etats de la CEDEAO ne pourra pas se faire sans leur développement agricole.

Pendant longtemps, les pays sous-développés ont pensé qu'il leur suffisait d'accélérer leur développement industriel pour rattraper leur « retard » sur les pays développés. Les Etats de la CEDEAO n'ont pas échappé à cette conception et ont conçu un mécanisme qui devait favoriser l'essor industriel de ses membres. C'est le régime préférentiel appliqué par le moyen de la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery