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La garantie des creances des COOPEC: le cas du reseau CamCCUL

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par PETIPE Paterne Aime
Universite de Yaounde II - Soa - DESS de Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2005
  

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CONCLUSION

Cette réflexion avait pour objet l'examen, dans le cadre du réseau CamCCUL, des garanties auxquelles les COOPEC ont recours alors qu'elles ont affaire à des personnes aux conditions économiques précaires et généralement exclues du système bancaire classique. Il en ressort que les COOPEC font usage de mécanismes de garantie variés en puisant dans les sûretés classiques et en développant d'autres mécanismes plus spécifiques et mieux adaptés.

Relativement au recours aux sûretés classiques, les COOPEC du réseau CamCCUL s'efforcent à mettre en oeuvre l'essentiel des mécanismes organisés par l'Acte uniforme portant organisation des sûretés. L'affection pour les sûretés réelles a été notée, et est renforcée par la tendance à l'affectation d'un actif à l'engagement de la caution ou du garant. L'hypothèque fait à cet égard quelques fois ombrage à d'autres sûretés et conduit, lorsqu'elle ne peut être prise, à l'abandon pour défaut de garantie de projets de financement pourtant viables. L'usage du nantissement reste restreint dans son assiette. De nombreux biens, les récoltes notamment, sont souvent laissés de côté au profit des marchandises, des équipements et des véhicules automobiles. Cette situation freine le financement des activités agricoles pour lesquelles le nantissement des récoltes constituerait une garantie appropriée. En matière de gage, l'on aura constaté que certains mécanismes utilisés ne trouvent pas une qualification juridique claire. Il en est ainsi des dépôts libres de documents que l'on pourrait dans certains cas qualifier de gage, mais qui dans d'autres circonstances participent davantage de la mise en oeuvre du droit de rétention.

Plus significativement, les sûretés réelles se sont révélées être assez contraignantes pour les COOPEC. Le formalisme qu'elles requièrent en matière d'élaboration et de publicité des actes exigent que les COOPEC se dotent de compétences juridiques suffisamment qualifiées, ce qui pour le moment fait sérieusement défaut dans le réseau CamCCUL. L'absence des institutions publiques - judiciaires notamment - et des officiers ministériels (notaires) dans certaines localités pose également des difficultés aux COOPEC quant à la mise en oeuvre des sûretés réelles. Les procédures que ce type de sûretés impliquent engendrent aussi des coûts que les COOPEC s'efforcent à éviter en optant pour les actes sous seing privé et en s'abstenant de procéder dans certains cas aux modalités de

publicité desdits actes. A ce propos, la suppression de la procédure d'enregistrement pour les actes juridiques faisant intervenir les COOPEC est for recommandable. Les difficultés spécifiques à l'hypothèque constituent également un appel à l'endroit du législateur. En effet, bien qu'elle soit très prisée, l'hypothèque constitue une sûreté difficile à obtenir en raison de la rareté des immeubles immatriculés et des coûts exorbitants qui y sont associés. Une sûreté qui emprunte à la cession de loyer et au régime actuel de l'hypothèque a été envisagée dans ce travail. Elle permettrait de donner en garantie l'usage et la jouissance de l'immeuble. Ainsi, les revenus escomptés sur la location de l'immeuble pourraient être donnés en sûreté, ce qui permettrait d'éviter que le membre ne soit dépossédé d'un bien qu'il a mis de nombreuses années à acquérir pour une dette que les fruits de l'immeuble permettraient de régler en quelques mois.

Pour ce qui est des sûretés personnelles, le cautionnement et la lettre de garantie sont toutes deux employées. Sont cependant généralement affectés à l'engagement de la caution, soit un dépôt de consignation sous la forme d'une épargne bloquée, soit une hypothèque. Sans constituer une exigence légale, le garant et la caution dans le réseau CamCCUL sont toujours des membres de la COOPEC qui octroie le crédit. Ces spécificités dans le réseau peuvent être attribuées à une tendance rigoureuse à la prudence conduisant à l'inclination pour les sûretés faciles à réaliser et surtout à liquider. Cependant, elles traduisent également une faible maîtrise des effets des sûretés personnelles. De même, bien que très répandue, l'affectation de l'épargne de la caution à son engagement engendrent des difficultés essentiellement liées au contrôle du mécanisme. Le développement des sûretés personnelles, et singulièrement de la lettre de garantie, se pose comme une démarche nécessaire au financement par les COOPEC du réseau CamCCUL des PME/PMI. Cependant, de nombreuses prérogatives dont les COOPEC pourraient se prévaloir sont ignorées. C'est ainsi que la mise en oeuvre des sûretés légales est quasiment inexistante. Ceci constitue un handicap et contribue à mettre sérieusement en péril la créance de l'établissement dans le cadre du recouvrement forcé ou contentieux.

Les contraintes, faiblesses et lacunes observées en matière de sûretés réelles, couplées à une recherche continue de spécificité telle qu'observée dans le réseau expliquent largement le recours aux mécanismes de garantie spécifiques recensés à la CamCCUL. Deux techniques ont été identifiées dans ce cadre. La première qui consiste en la mutualisation des risques a conduit au développement d'un programme d'assurance très particulier qui emprunte tantôt aux règles classiques en la matière, tantôt aux règles

nouvelles nées dans le cadre de la microassurance en microfinance, ou résultent simplement du contexte spécifique de ce réseau d'EMF et des difficultés auxquelles il fait face. Le programme de gestion des risques tel qu'il est désigné permet à la fois à la caisse de base de garantir ses crédits à travers une assurance multirisques qui associe le risque de décès et celui d'invalidité totale, et de garantir l'épargne du membre à travers la couverture de l'épargne et des parts sociales. Le programme de gestion des risques constitue pour la ligue un produit financier qui, au-delà des objectifs spécifiques à ses affiliés et à ses membres tels qu'identifiés, permet de réaliser les objectifs d'harmonisation et de solidarité dans le réseau. Le programme de gestion des risques s'avère être jusqu'ici un succès. L'analyse montre même que son succès pourrait expliquer l'absence d'un fonds de garantie uniquement affecté au risque crédit et qui serait directement constitué par les emprunteurs membres des différentes caisses de base ayant souscrit audit fonds. Mais à la vérité, l'existence du programme de gestion des risques ne s'oppose pas à la mise en place d'un fonds de garantie dans le réseau.

La seconde technique identifiée dans le cadre du recours aux mécanismes de garantie classique est celle qui met à contribution les instruments et moyens de paiement. L'analyse a révélé à ce sujet que la garantie financière sous la forme d'une épargne bloquée de 30% en principe est la garantie la plus ancienne du réseau et est systématique. Elle souffre cependant de la difficulté de contrôle et de la faiblesse des systèmes d'information et de gestion (SIG) utilisés dans le réseau et de façon générale dans le secteur de la microfinance, qu'il s'agisse des systèmes manuels ou des systèmes automatisés. La définition rigoureuse des cahiers de charges des experts responsables de l'élaboration de ces SIG devrait contribuer à résorber la difficulté. La conception des cartes individuelles des membres avec un espace pour les opérations de blocage d'épargne contribuerait, en ce qui concerne cette question, à améliorer les SIG en question.

Toujours dans le cadre du recours aux moyens de paiement en matière de garantie des créances liées aux opérations de crédit, le constat de l'usage des « chèques de garantie » constitue une sérieuse irrégularité juridique, même si l'on note encore ici et là un succès de ces mécanismes plutôt dû à l'ignorance des membres. La lettre de change remplacerait avec plus de succès et plus de légalité les chèques de garantie. Plus heureuses sont les techniques de domiciliation et cession des rémunérations, malgré quelques lacunes liées au non respect de certaines formalités, en l'occurrence la quotité cessible et saisissable et la déclaration volontaire de cession au greffe.

Les efforts dans la recherche de mécanismes efficaces et appropriés de garantie des créances de crédit par les COOPEC du réseau CamCCUL sont considérables. Ces efforts doivent cependant être accompagnés de facteurs externes liés par exemple au cadre législatif et à l'environnement économique des populations cibles de la microfinance en général et de celles des COOPEC en particulier. Dans ce sens, il faut espérer que l'Acte uniforme OHADA relatif aux sociétés coopératives et mutualistes en projet prennent formellement en compte certaines des critiques et des recommandations formulées durant ces dernières années.

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