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Elites urbaines et politique locale au Cameroun. Le cas de Bayangam

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par Paul NUEMBISSI KOM
Université Yaoundé II SOA - Master en sciences politiques 2007
  

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PARAGRAPHE 3 : Tchuinte Madeleine : femme d'affaires et femme politique professionnelle

Mme Madeleine Tchuinte est née il y a 58 ans. Elle a fait ses études secondaires à Nkongsamba d'où elle est partie pour Strasbourg, en France afin d'y poursuivre des études universitaires. Ces études de pharmacie ont été couronnées par un Doctorat en pharmacie. Dès son retour au Cameroun dans les années 1970, elle est nommée à la direction de l'approvisionnement en médicaments au Ministère de la santé publique.12(*)

Après un passage assez court dans l'Administration, elle ouvre une officine de pharmacie dans la ville de Bafoussam, ville où elle découvre la politique. En effet, sur le plan politique, elle correspond à la définition que Max Weber donne de l'homme politique au regard de sa carrière. A la question comment êtes-vous entrée en politique ? Elle répond :

« Je suis arrivée à la politique un peu par hasard. Un jour, j'ai lu dans Cameroon Tribune qu'on était entrain de renouveler les organes de base (du RDPC) en 1986 à la maison du parti et que les élections seront libres. (...) j'y suis allée pour voir si c'était vrai. Nous étions huit candidats et j'ai fait un ras de marée ».13(*)

C'est ainsi qu'elle a été tour à tour conseillère municipale à la mairie urbaine de Bafoussam en 1987; présidente de la section OFRDPC de la Mifi14(*) ; député à l'Assemblée Nationale pendant deux mandats consécutifs jusqu'en 1997. Aujourd'hui, elle est membre titulaire au comité central du RDPC. Depuis 2004, elle est la Ministre de la Recherche Scientifique et de l'Innovation.

Cette identification sociopolitique rapide permet de constater que du fait de sa carrière politique, elle est l'une des élites urbaines les plus influentes à Bayangam, à coté de Sohaing André et Tchuente Maurice, élites urbaines du même parti dont on étudiera plus loin l'influence.

SECTION II : DE LA FORTE REPRESENTATIVITE DES ELITES URBAINES DANS LES INSTITUTIONS POLITIQUES LOCALES BAYANGAM

Par instance, nous entendons dans la perspective de Karl Schmitt, un ensemble constitué plus ou moins rationnellement qui détient le pouvoir de décision dans les affaires internes et externes et le cadre juridique ou institutionnel dans lequel se déroule l'autorité politique (1993 : 20). Les partis politiques et les instances communales constituent les lieux où se manifeste la domination effective des élites urbaines à Bayangam.

PARAGRAPHE 1 : De l'emprise contrastée des partis politiques par les élites urbaines bayangam

Dire que les partis politiques constituent des vecteurs de la domination politique signifie que c'est par le biais de ces derniers que les élites investissent le jeu politique local. De manière générale, tous les partis qui ont leur représentation locale sont dominés par les élites urbaines. Mais cette domination est inégale selon qu'il s'agit du parti au pouvoir le RDPC ou des partis politiques de l'opposition. Il s'agit par ordre d'importance du RDPC, du SDF et de l'UNDP qui comptent respectivement 23, 22 et 10 sous sections. En 1996, l'UFDC était présent mais a disparu peu de temps après les municipales cette année. Même si L'UPC, le NPCBush et l'UDC sont présentes lors des autres scrutins, notamment présidentiels et parlementaires, leur score et leur audience très faible à Bayangam, justifie qu'on ne les prennent pas en compte dans notre analyse (Confère tableau 2).

Tableau 2 : Poids des partis politiques à Bayangam au regard des législatives du 30 juin 1997.

Partis politiques

RDPC

SDF

UNDP

NPC BUSH

PDS

votants

3076

2101

140

34

89

pourcentages

56,64%

38,62%

2,57%

0,63%

1,64%

(Source : archives de la sous-préfecture)

Ainsi, les têtes de liste des partis aux élections municipales sont systématiquement des élites urbaines comme le montre le tableau 3 ci-dessous. Les autres candidats sont les représentants locaux des partis politiques et, vers la fin de la liste, on retrouve des hommes et des femmes qui n'ont pas d'activité politique régulière et qui ont été sollicités pour compléter les listes en raison de leur représentativité liée à l'âge, au sexe, à la profession, au lieu de résidence, à l'activité sociale ou au statut dans le village.

Tableau 3 : Elites urbaines têtes de listes aux municipales à Bayangam

Partis politiques

Têtes de listes

Professions

Qualité

RDPC

Sohaing André

Homme d'affaires

Membre du comité central RDPC

SDF

Puepi Bernard

Ingénieur géomètre

Leader local du SDF

UFDC (en 1996)

Simo Tagne Joseph

Médecin

Leader local de l'UFDC

UNDP (depuis 2002)

Ngayap Pierre Flambeau

Pharmacien

Secrétaire général de l'UNDP

(Source : enquêtes)

L'analyse des listes des conseillers présentées par les partis politiques lors des différents scrutins depuis 1996 présente des proportions variables. Si on relève la domination généralisée des listes RDPC par les élites urbaines, les partis politiques de l'opposition sont les parents pauvres en la matière.

1) Le RDPC et la domination généralisée des élites urbaines

Le RDPC est le premier parti à Bayangam au regard de ses performances électorales. On observe que la tendance lourde dans les arènes politiques locales était la domination des autorités traditionnelles. En effet, la liste présentée par le RDPC en 1996 avait comme tête de liste les trois chefs traditionnels de la commune. Les chefs Batoufam, Bandrefam et Bayangam. Les élites urbaines n'apparaissent qu'à partir de la 4 ième position. Cette tendance s'est rapidement inversée après le scrutin de 1996. Une élite urbaine ayant pris la tête de la commune. Depuis 1996, les autorités traditionnelles n'apparaissent plus en tête de liste proposée par le RDPC. Les listes pour les municipales de 2002 et les partielles de 2004 sont conduites par des élites urbaines. A titre d'illustration, on recense outre la tête de liste Sohaing André, deux grands entrepreneurs des travaux publics, un diplomate, un enseignant d'université, plusieurs hauts fonctionnaires,etc. Bien plus, ces candidats officiels sont soutenus par de nombreuses élites urbaines qui ne briguent pas de sièges au conseil municipal. Les plus représentatifs sont l'ancien ministre de l'Enseignement Supérieur, le professeur Tchuente Maurice, la ministre de la Recherche Scientifique et de l'Innovation (MINESRI), le Docteur Tchuinte Madeleine, le Gouverneur Noutsa Joseph, le pharmacien Kanmogne Jean Claude, etc. Il n'en va pas de même dans les partis politiques de l'opposition.

2) Les partis politiques de l'opposition, parents pauvres des élites urbaines à bayangam

S'agissant des partis politiques d'opposition ayant une audience à Bayangam, la tendance est quasiment la même en matière de listes électorales. Les élites urbaines conduisent les listes de leur parti aux consultations municipales, la différence s'observe au niveau de la quantité et de la qualité des élites.

Ainsi, en 1996, les listes proposées par le SDF et L'UFDC sont toutes deux conduites par des élites urbaines. La tendance s'est confirmée depuis 2002, l'entrée en scène de L'UNDP s'est traduite par la conduite des listes par une élite urbaine. Concrètement, le SDF ne compte qu'une seule élite urbaine en la personne de M. Puepi Bernard, soutenu par Kago Lele Jacques, membre du NEC. Il en est de même de l'UNDP avec M. Ngayap Pierre Flambeau. Contrairement aux listes du RDPC, celles de l'UNDP et du SDF sont constituées en majorité par des maîtres d'écoles, des retraités, des paysans, des manoeuvres, des sans emploi et même d'élèves.

Cette faible participation des élites urbaines dans les partis politiques d'opposition, ne doit pas occulter le fait que peu de places sont réservées aux élites du terroir dans la politique en général. L'explication de cette faible représentativité des élites du terroir tient à deux principaux arguments. Le premier argument tient dans les propos d'un conseiller municipal résidant au village : « Nous pensions que les élites urbaines, parce qu'elles vivent en ville, sont plus à même de porter nos doléances. Leurs voix portent plus que la notre ». Le deuxième argument tient aux ressources limitées des élites du terroir qui, pour la plupart, dépendent économiquement des élites extérieures.

Au total, on observe qu'en dépit de l'existence d'une élite locale, ou élites du terroir que sont les notables, le chef, les représentants locaux des partis politiques, les élites urbaines se sont dans une large mesure appropriées le jeu politique à Bayangam. Toutefois, cette domination varie d'un parti à l'autre. Si on note une véritable irruption des élites urbaines dans les listes d'investiture que propose le RDPC, parti au pouvoir, il n'en est pas de même dans les partis politiques de l'opposition où l'on retrouve d'avantage des élites opérant dans le secteur privé ou des fonctionnaires retraités. C'est sans doute ce constat qui a amené Ibrahim Mouiche à conclure au « leadership local « généralisé » des élites urbaines en faveur du parti au pouvoir » (2005 : 224). Cette tendance lourde se confirme dans les instances communales bayangam.

PARAGRAPHE 2 : Les instances communales bayangam et la participation dominatrice des élites urbaines

La domination de l'arène politique de Bayangam par les élites urbaines est quantifiable et mesurable ; l'instance communale étant ici l'unité de mesure. Avec la création en 1992 d'un arrondissement et en 1995 d'une commune, la chefferie a cessé d'être le centre principal du pouvoir au village. Comme le relevait Jacques Philibert Nguemegne (1998), les autorités traditionnelles s'étaient appropriées les instances communales. Les arènes municipales dans la période du monopartisme étaient devenues de véritables « perchoirs » pour les chefs traditionnels. C'est donc à juste titre que Ibrahim Mouiche (2005 : 207) soutient :

« ...sous le règne du parti unique, l'alliance hégémonique entre chefs et pouvoir d'Etat avait conféré aux premiers une certaine assurance voire un blanc-seing, où ils étaient craints là où ils ne pouvaient être respectés. Mais bien plus, en leur qualité d'auxiliaires de l'administration, les chefs étaient associés aux organes de base du parti soit comme élus, soit comme membres de droit. En outre, ils étaient constamment investis comme candidats dans les compétitions politiques somme toute non compétitives, à l'instar des élections municipales ».

Mais, la démocratisation et le multipartisme sont venus changer la donne. Les élections municipales de 1996, 2002 et 2004 à Bayangam ont consacré de manière progressive, la domination des instances municipales par les élites urbaines.

En 1996, la proportion des élites urbaines est relativement faible au conseil municipal. Comme nous le verrons plus loin, c'est par ses ressources variées que le Bigman Sohaing a pu se faire élire maire à la place du chef traditionnel Pouokam Kom Christophe. L'hypothèse de la polyarchie s'est effectivement vérifiée lors de ce premier scrutin municipal au regard de la présence significative au conseil municipal d'élites issues de filières et de partis politiques différents.

Tableau 4 : Résultats des élections municipales de 1996 à Bayangam

Parti politique

RDPC

SDF

UFDC

Pourcentage des suffrages

44,27%

39,29%

38,54%

Nombre de sièges au conseil municipal

18

5

2

(Source : Ouest Échos n°024 du 21 février 1996, p. 3; rapport du procès verbal)

Trois partis politiques sont représentés au conseil municipal soit 2 sièges pour l'UFDC, 5 sièges pour le SDF et 18 pour le RDPC. Ce premier conseil municipal a consacré, dans une certaine mesure la domination des autorités traditionnelles. Même si le tout premier maire est une élite urbaine, les deux adjoints sont les chefs batoufam et bandrefam.

En 2002, la domination des élites urbaines est nette. Bien qu'une seule liste ait remporté les élections, sur les 25 conseillers municipaux, 13 sont des élites urbaines. Parmi eux, deux résident hors du Cameroun. Le premier en Norvège et le second en Italie. Le maire et le deuxième adjoint sont également des élites urbaines qui résident respectivement à Douala et à Dschang. Le poste de premier adjoint était alors réservé à une élite du terroir, M. Wakam Dieudonné. Cette configuration de l'exécutif communal va changer à la suite de la contestation réussie des municipales de 2002 par le SDF, les partielles de 2004 ont consacré l'hégémonie des élites urbaines. C'est ainsi que le poste de premier adjoint au maire, réservé jusque là aux élites du terroir, sera attribué à une élite urbaine. C'est ainsi que depuis 2004, le maire et ses deux adjoints sont des élites urbaines. Le maire réside à Douala, le premier adjoint à Dschang et le deuxième adjoint à Bamenda.

Tableau 5 : Progression de la domination des élites dans l'arène politique de Bayangam.

Période

Nombre d'élites urbaines au conseil municipal

Nombre d'élites urbaines dans l'exécutif communal

1996-2002

14 sur 25

1 sur 3

2002-2004

13 sur 25

3 sur 3

2004-2006

14 sur 25

3 sur 3

(Source : enquêtes)

A ce niveau de notre analyse, on peut se poser une question : pourquoi tant d'élites urbaines s'intéressent-elles à la politique au village qui ne représente que 49 km² et dont le budget de la commune en 1996 était inférieur a 40 million ?15(*) Laissons le soin à nos informateurs de répondre. En effet, les raisons qui poussent les élites urbaines à se battre sur la scène périphérique sont diverses et varient d'un acteur à un autre et sont fonction, non seulement de leurs positions au niveau de l'échiquier politique national, mais aussi de leur affiliation partisane.

Ainsi M.X, 54 ans, leader local de l'UNDP justifie ainsi son choix :

« Je participe à l'action politique à Bayangam pour ne pas laisser le terrain et la gestion des affaires du village à des personnes qui n'ont pas de capacités managériales appropriés, mais qui ont pour seuls arguments politiques la corruption des consciences et l'argent à distribuer aux populations à l'approche des élections... »16(*). Dans le même ordre d'idées, un autre répondra :

« ...c'est pour sensibiliser les villageois, leurs faire prendre conscience de » ce qu'ils doivent se prendre en charge... »

M.Y, élite urbaine et militant du RDPC résume sa position en ces termes :

« Le sort des élites urbaines est lié au sort du village. L'élite qui fait campagne le fait pour elle-même. Ce qui est en jeu à Bayangam ce n'est pas la commune, mais l'image qui va se dégager à l'issue du vote. Car le positionnement sur l'échiquier national en dépend. A village rebelle correspond élite rebelle. »17(*)

C'est dans le même ordre d'idées que l'on peut comprendre ce commentaire d'un conseiller municipal, enseignant d'université :

« Je fais la politique au village par réalisme. Lorsque après les élections de 1992 (présidentielle) le RDPC a obtenu un score de 1% dans mon village, nous en avons ressenti les effets en ville. C'est depuis cette époque que nous nous sommes investis au village pour soutenir le RDPC... »18(*).

CONCLUSION

Le parti pris dans le cadre de ce chapitre était de montrer qu'à la faveur de la libéralisation politique survenue au Cameroun dans la décennie 1990, l'arène politique rurale de Bayangam s'est vue investir par une pluralité d'elites urbaines. Contrairement à ce que pense Daniel Gaxie (1994), la politique en milieu rural Camerounais, contrairement à la France, n'est pas le fait d'amateurs ou de profanes. Les différents acteurs qui se battent pour la conquête des positions de pouvoir périphérique sont des professionnels de la politique au sens que Max Weber (1959) donne à ce terme. Ils vivent pour et de la politique. C'est le cas notamment de Sohaing, Ngayap, Tchuinte et Kago Lele19(*) qui sont tous des responsables à un niveau élevé de la hiérarchie dans leurs partis politiques respectif. Par ailleurs, une sociologie des élites urbaines montre qu'elles ont des trajectoires socioprofessionnelles plurielles. En effet elles sont hommes d'affaires, entrepreneurs, architectes, diplomates, avocats, médecins et professeurs de lycée. Ainsi se trouve effectivement vérifiée l'hypothèse de la polyarchie à Bayangam.

Cependant, l'activité politique locale des élites urbaines au village n'est pas un long fleuve tranquille. Elle s'effectue dans un environnement contraignant.

CHAPITRE 2 : LES DETERMINANTS DE LA VIE POLITIQUE BAYANGAM

Selon George Gurvitch, « le principe fondamental de toute recherche scientifique sur le comportement électoral consiste dans la comparaison entre les résultats des élections et les facteurs qui peuvent contribuer à les expliquer » (1968 : 48). En effet, l'analyse savante du comportement électoral s'inscrit soit dans l'école stratégique soit dans l'école écologique. En arrière plan des analyses stratégiques se situent les notions de marché et d'offre politique. Par contre, les analyses de types écologiques dégagent plutôt la vision d'un électeur captif conditionné par des solidarités sociales (Braud, 2004 : 383-389 ; Mayer et Perrineau, 2002 : 39). Ces considérations théoriques permettent de comprendre que la vie politique est dans une large mesure déterminée par des facteurs qui échappent plus ou moins au contrôle des acteurs. Autrement dit, dans l'arène politique de Bayangam, les entrepreneurs politiques que sont les élites urbaines font face à des contraintes.

En effet, l'activité politique des élites urbaines à Bayangam s'exerce suivant un certain nombre de facteurs. Les règles de l'échange clientéliste ne s'effectuent pas seulement dans le sens de la domination. De véritables contraintes pèsent aussi sur les « patrons » dont le maintien du statut supérieur, dépend largement de leur capacité à répondre aux attentes des supporters qui leurs sont indispensables. A ce propos Jean Pascal Daloz relève justement que: « The exercise of power rests firmly on commonly and mutually accepted terms. Political elites themselves must operate within well-defined constraints, even if patron-client relations remains unequally biased in their favour » (2002:5).

Il est dès lors question pour nous de montrer à quel types de contraintes, se trouvent confrontées les élites urbaines dans l'arène politique de Bayangam. Il s'agit dans une certaine mesure, de déterminer les facteurs prédictifs du vote en milieu rural, étant entendu qu'ici, l'expression du soutien à une élite s'effectue généralement lors des compétitions électorales locales.

La prise en compte de la longue durée (Bayart, 1989) permet de mettre en exergue la pertinence du « traumatisme historique », qui, selon Mayer et Perrineau, pose le problème de la mémoire collective dans les comportements politiques (1992 :46). Le traumatisme historique des années de luttes pour l'indépendance du Cameroun dans la localité de Bayangam, structure encore de manière forte l'activité politique. Mais, le contexte des années 1990 a introduit des éléments de rupture d'ordre socio-politique qui constituent autant de contraintes à la domination des élites urbaines.

SECTION 1 : LES FACTEURS SOCIO-POLITIQUES

Les facteurs socio-politiques renvoient aux facteurs relatifs au contexte des années de crise économique au Cameroun. En effet, depuis la libéralisation politique, la redistribution par les élites urbaines et les investissements des partis politiques au village sont des contraintes sérieuses, même si par ailleurs le poids des idées n'est pas négligeable.

PARAGRAPHE 1 : La (re) distribution, gage d'influence politique au village ?

L'idée selon laquelle, le politique en Afrique est très peu basée sur l'idéologie, est largement répandue dans la littérature africaniste (Farvejon, cité par Mouiche, (2005 : 49-50), (Daloz, 2002 : 5 ; 1999 : 17), Bayart (1989), Nguemegne (1998 : 450). Le problème majeur auquel se trouve confrontée cette analyse, en dépit de sa pertinence, c'est de succomber aux charmes de l'exotique et du spécifique. La « politique du ventre » telle que formulée par Bayart (1989, chap. IX) n'est pas une spécificité africaine. Comme l'à si bien montré J.L. Briquet (2003 : 32) même en France en zone rurale, le clivage idéologique gauche /droite cède le pas à des considérations plus matérielles. Selon cet auteur, en Corse rurale les rapports politiques sont :

« étrangers aux conflits idéologiques qui divisent les partis politiques,limité aux enjeux circonscrits de la localité, se déroulant dans un contexte d'interconnaissance, le vote se modèle fréquemment, dans ce cas , sur les relations personnelles et familiales. Il s'énonce plus facilement dans les registres de la proximité individuelle (l'amitié, la confiance, la reconnaissance) que dans ceux de la conviction politique abstraite. Il peut être la contre partie (ou l'anticipation) d'avantages matériels que l'élu local a octroyé (ou promet) à certains de ses électeurs ».

Ainsi, la « politique du ventre » qui serait un trait anthropomorphique du négro-africain, tombe dans les travers du développementalisme (Onana, à paraître).

Elle n'est pas non plus le seul facteur déterminant pour la compréhension du politique en Afrique. L'étude du cas de Bayangam permet de vérifier la pertinence d'un tel point de vue. En effet, et au premier abord, l'influence des élites urbaines au village est, dans une large mesure proportionnelle aux actes d'évergétismes réalisés. C'est ainsi que les leaders les plus influents (cf. tableau 1) le sont surtout pour les actions au village. A titre d'illustration, le professeur Tchuente Maurice a posé des actes qu'on peut regrouper en deux catégories : ceux concernant la jeunesse et ceux destinés à la population en général. Pour les jeunes du village, il a régulièrement organisé des cours de répétition pour les élèves en classe d'examen, des examens blancs conduits par les étudiants Bayangam, distribué des livres aux élèves méritants et a crée une bibliothèque au lycée de Bayangam. Pour l'ensemble de la population rurale, il a crée un groupe d'initiative commune (GIC), distribuer des kits de santé. Son plus important projet est sans doute le projet volaille initié en 2003 pour « lutter concrètement contre la pauvreté en milieu rural »20(*). Ce projet avait pour ambition d'initier environ 185 femmes à l'élevage des poulets de chair. Par ailleurs, il a construit deux ponts et deux forages au village.21(*)

Dans le même ordre d'idées, l'influence de Puepi Bernard résulte de son discours pour le « changement », mais surtout de la latérisation de l'axe central qui traverse le village, l'installation du téléphone à la chefferie et dons de médicaments à des intervalles plus ou moins réguliers aux deux centres de santé du village. Par ailleurs, le fait qu'il ne soit pas un notable, malgré toutes ces réalisations augmente son influence et sa crédibilité politique. En effet, les paysans considèrent que contrairement aux autres élites, du RDPC notamment, ces actes ne sont pas faits dans le but de s'attirer les honneurs.

C'est toujours dans la même perspective, qu'on peut comprendre le peu d'influence au niveau local d'un leader d'envergure national comme Ngayap pierre Flambeau. En effet, deux facteurs complémentaires permettent d'expliquer sa relative faiblesse au niveau local. D'une part, la fusion de son parti, la convention libérale avec l'UNDP et l'accord de gouvernement passé entre l'UNDP et le RDPC; Lors d'un entretien qu'il nous a accordé, le secrétaire général de l'UNDP et leader local de ce parti s'explique :

« Les municipales de 1996, plus encore que les législatives et la présidentielle de 1992, ont montré les limites d'un parti basé simplement sur des idées de faire la politique autrement. Les valeurs conservatrices restent ancrées dans les mentalités, l'argent et la corruption des consciences restent l'argument électoral dominant, même chez les jeunes. La scène politique est alors dominée par trois grands partis : le RDPC, le SDF et l'UNDP. Dans ces conditions, considérant que dans les dix prochaines années, il sera difficile de voir émerger une autre formation politique, la Convention Libérale décide d'interrompre son aventure solitaire et de s'arrimer à un parti porteur d'avenir et dans lequel ses membres peuvent exprimer leurs talents. Excluant d'office le RDPC, après des contacts exploratoires avec les deux autres partis, le choix est finalement porté sur l'UNDP ».

Du fait de son alliance avec le RDPC, l'UNDP est dans une large mesure assimilé par les paysans au « R »22(*) où ils préfèrent adhérer directement pour en tirer les bénéfices ou alors au SDF. D'autre part, le volume relativement faible des actes d'évergétisme constitue le second facteur. Ainsi a-t-il contribué à la rénovation de l'Église Évangélique de son quartier et fait des dons de houes23(*), ce qui en comparaison avec les réalisations des autres élites urbaines, du point de vue des paysans, n'est pas significatif.

Il convient toutefois de ne pas exagérer la part des contraintes d'ordre matériel. En effet, au regard des résultats des élections municipales, on se rend compte que le patronage politique exercé par Fru Ndi sur l'électorat bamiléké avec son discours de « changement » doit également être pris au sérieux (Mouiche, 2005). Si non, comment comprendrait-t- on le succès que remporte le SDF qui ne fait pas « boire » et « manger » pour s'attirer une clientèle politique ? Les scores très souvent serrés sont sans rapport direct avec les réalisations des uns et des autres. En effet, si la seule variable « redistribution » devait être prise en compte, seul le RDPC remporterait des suffrages à Bayangam. Les résultats des trois compétitions locales qui s'y sont déroulées depuis huit ans sont à ce titre illustratifs. Ainsi, alors que le parti au pouvoir dispose qualitativement et quantitativement de plus d'élites (cf. tableau : 1), en 1996 les résultats sont presque équilibrés pour les trois partis en présence : 44,27% pour le RDPC, 39,29%pour le SDF et 38,54% pour l'UFDC. En 2002, les résultats des municipales ont été contestés avec succès par l'opposition devant les juridictions compétentes. C'est dire, qu'en définitive la place des « idées » dans la politique au village est importante.

PARAGRAPHE 2 : Les investissements sociaux des partis politiques au village

De la même manière que les élites urbaines, les partis politiques sont contraints de faire état de leurs réalisations à côté de celles de leurs leaders pour s'attirer une clientèle politique. C'est ainsi que par nos enquêtes de terrain nous avons pu recouper grâce aux professions de foi des différents partis en présence les actes posés ou les promesses de réalisation. Les professions de foi permettent de comprendre l'enjeu de la redistribution au village. Si à titre individuel, les élites urbaines du RDPC ont réalisé le plus d'investissement c'est le parti SDF qui, de ce point de vu est en tête.

Dans cet ordre d'idées, le SDF a construit un bloc d'hospitalisation de trois salles comportant quinze lits en plus des latrines au Centre Médical d'Arrondissement de Bayangam grâce aux fonds des microprojets parlementaires de ses députés entre 1997 et 2002. Ce bloc est peint aux couleurs vertes - blanches de ce parti. Des dons de tables- bancs ont également été faits aussi bien au Lycée de Bayangam, au CES qu'aux diverses écoles primaires et maternelles du village24(*) par les militants les plus nantis de ce parti depuis que le RDPC a remporté les législatives dans le Koung-Khi en 2002.

Le RDPC pour sa part dans son « bilan des réalisations en faveur des populations »25(*) mettait en exergue des investissements d'un coût total de 4 951 195 de F CFA. De manière concrète, cet argent a été utilisé pour refaire ou construire des ponts et chaussées, refaire certaines écoles, l'achat d'un microscope et d'un moulin à écraser. Seul l'UNDP ne se targue pas de réalisation matérielle significative.

A coté de ces investissements des partis politiques au village, une analyse des professions de foi fait ressortir un chapelet de promesses faites pour s'attirer une clientèle politique.

Il apparaît au total que les facteurs socio- politiques jouent un rôle important dans la politique locale de Bayangam et constituent de ce fait des contraintes auxquelles les élites urbaines ne peuvent se soustraire. Ces contraintes politiques et économiques sont dans une large mesure liées à la conjoncture de crise économique des années 1987. La prise en compte de la longue durée permet de prendre au sérieux l'impact des luttes des années d'indépendance.

SECTION 2 : LE TRAUMATISME DES LUTTES DES ANNEES D'INDEPENDANCES A BAYANGAM

L'histoire locale de Bayangam montre que les luttes d'indépendances des années 1950-1960 ont marqué la mémoire collective des populations et y structurent encore de nos jours les comportements politiques.

PARAGRAPHE 1 : des luttes d'indépendance des années 1950-1960 à Bayangam.

Les luttes d'indépendances ont été entreprises au Cameroun par l'union des populations du Cameroun (UPC) dans les années 1950.En effet, après sa création le 10 avril 1948 par des Bassa, Um Nyobe et Mayi Matip, des douala, Abel Kingue, et des bamilékés comme Ernest Ouandié et Félix Moumie, ce parti militera d'abord dans la légalité pour l'indépendance du Cameroun, avant d'être mis hors la loi en 1955. C'est à partir de ce moment que l'UPC entrera dans le « maquis ».

A Bayangam, la rébellion trouve un train favorable, car la masse des « cadets sociaux » y adhère au discours révolutionnaire sur l'égalité et l'indépendance. L'Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK) dirigée par des locaux,Tchoupo, Simo Pierre et Bentse - d'anciens bandits chassés du village avant les troubles (NENKAM, 1979), aidé de Singha de Badenkop et Paul Momo de Baham, terrorisa la population de Bayangam. C'est ainsi que des hommes sont brutalement éliminés, des tribunaux populaires jugent et châtient les « traîtres », des impôts élevés frappent la population. Même l'intervention des forces de l'ordre participa des troubles dans la mesure où, eux aussi se livraient à des actes de pillage et de vol en tout genre.

Les violences continuèrent ainsi jusqu'en 1960. A la veille des élections législatives du 10 avril 1960, le pasteur Nenkam David de l'église évangélique du Cameroun située à Koupoue et le prêtre de la mission catholique de Mbeng, trouvèrent une mort violente26(*). Les archives de la chefferie montrent qu'il y a eu plus de 100 morts. En effet, lors de la campagne pour ces legislatives, Kamdem Minym Pierre, le chef des Baham destitué en 1957 se promenait à bord de sa jeep qui lui permettait de sillonner les villages. Il arrêtait les gens qui refusaient de défendre sa cause et ses adversaires politiques qu'il considérait comme des traîtres et leur tirait une balle dans la tête. Par ailleurs, d'après un témoignage recueillit par Nguemegne (1998 :181-182), Les tueries n'étaient pas le fait des seuls maquisards :

« Il y avait une sorte de rivalité inter- villages, et aussi entre les élites des villages. Les familles s'entretuaient : on tuait les enfants bien placés, c'est-à-dire instruits, ou ayant socialement réussi des autres familles. Les gens d'un village allaient éliminer physiquement les élites des villages voisins et détruire leurs infrastructures viables. Une fois l'infâme tâche finie dans un village, il fallait à tour de rôle, poursuivre l'oeuvre de destruction dans les localités suivantes. Et réciproquement, le cycle infernal recommençait... »

Les images de cette époque troublée restent vives dans la mémoire collective locale et n'est pas sans effet sur les comportements politiques des différents acteurs dans l'arène politique de Bayangam. On peut ainsi, avec Jean-François Bayart (cité par Mouiche, 2005 : 56) soutenir que la lutte pour l'indépendance du Cameroun a « structuré sur la longue durée les attitudes et les comportements des acteurs » et leur a ainsi procuré un « idiome » qui plusieurs années après les événements eux-mêmes s'avère encore capable de « circonscrire le champ des possibles politiques ». Ces événements historiques sont importants pour comprendre l'activité politique à Bayangam de nos jours.

PARAGRAPHE 2 : Des effets du traumatisme historique des années de lutte sur la politique à Bayangam

Les événements décrits plus haut permettent de comprendre l'historicité de la peur des populations du Koung-Khi en général et des Bayangam en particulier pour la politique et la résistance des populations locales au discours politique des élites urbaines.

Ainsi, à partir des résultats des élections municipales par quartier, il apparaît qu'il y a une corrélation entre quartiers ayant subi les affres des luttes des années d'indépendance et vote contre le parti au pouvoir. A titre d'illustration, les quartiers comme Tchala, Tougoue, Beng et Koupou sont considérés comme des fiefs de l'opposition, notamment parce qu'étant plus proches de Baham et de Bangou, ils ont subi avec beaucoup plus d'intensité les conséquences des violences des années 1950-1963. En effet, Bangou est un ancien fief de l'UPC et terroir d'Ernest Ouandie dernier chef historique dudit parti. Même si ce parti a perdu de son audience, c'est essentiellement au profit du SDF. Par contre, les quartiers comme Kassap, quartier du maire et Hiala, quartier où se situe la chefferie traditionnelle, sont dans une large mesure acquis à la cause du RDPC. En effet la chefferie de Bayangam est l'une des chefferies ayant dans une certaine mesure échappée aux destructions.

Bien plus, les statistiques des électeurs par tranche d'âge révèlent que la participation est très forte chez les personnes du troisième age chez qui la mémoire des événements est encore assez vivante. Au contraire, les jeunes de 20 à 25 ans pour ceux non encore touché par l'exode rural, participent très peu aux élections. La participation des femmes est presque aussi forte que celle des hommes.

Tableau 6 : Statistique des électeurs par tranche d'âge dans l'arrondissement de Bayangam (2004)

 

Tranche d'age

 
 
 
 
 
 
 
 
 

effectifs

19 /20

20/25

25/30

30/40

40/50

50/60

60/70

70/80

80/90

100 et +

11 193

6

626

1460

2850

2003

848

1150

1001

419

130

(Source : archives, sous-préfecture de Bayangam)

Tableau 7 : Statistique des électeurs par sexe (2004)

Inscrits

Nombre d'hommes

Nombre de femmes

11 136

6221

4915

(Source : archives, sous-préfecture de Bayangam)

Le traumatisme historique constitue ainsi une contrainte à laquelle les élites urbaines font face à Bayangam. Ce facteur permet ainsi d'apporter un bémol au discours récurrent sur la politique du ventre.

CONCLUSION

L'objectif dans ce chapitre était de montrer que les élites urbaines poursuivent leurs objectifs de conquête et de domination de l'arène politique rurale dans un environnement qui leur impose des contraintes. C'est ainsi que la prise en compte de la longue durée nous a permit de mettre en exergue le poids du traumatisme historique dans la structuration des comportements politiques des paysans. Mais, sous l'effet de la conjoncture des années 1990, se sont ajoutés des contraintes liées à la redistribution au village ; l'influence des élites au village est dans une large mesure proportionnelle aux investissements faits en direction du terroir. Par ailleurs, la place des « idées » ne doit pas être négligée. Ainsi, l'entreprise politique de domination des élites urbaines ne s'effectue pas sans résistance de la part des paysans et de l'environnement. Elle rencontre, sur le marché politique de Bayangam, des difficultés variables à mobiliser sa clientèle du fait des caractéristiques socio-culturelles qu'il présente (ruralité, tradition, historicité, etc.).

Face à ces nombreuses contraintes auxquelles les élites urbaines doivent faire face, l'une d'entre elles semble s'imposer et apparaît comme la figure du cacique.

CHAPITRE 3 : DE LA DOMINATION  « BIGMANIAQUE »  DE SOHAING André A BAYANGAM

Si Max Weber (1992) est le théoricien de la domination, la notion de big man a quant à elle été initialement conceptualisée en anthropologie par Marshal Sahlins (1963) pour rendre compte de la différence fondamentale entre la société mélanésienne et polynésienne. Le Big man est un leader, qui par ses propres efforts, a réussi à émerger et s'est hissé au dessus du lot des communs et bénéficie d'une grande renommée. Ce modèle a été repris et adopté au contexte africain entre autres, par Jean François Médard et Yves Faure pour rendre compte des trajectoires des élites africaines (Médard,1989, Médard et Faure,1994). Comme le relève Patrick Quantin et Jean Pascal Daloz, cette approche en termes d'élites est « nécessaire » dans la mesure où l'Etat en Afrique se caractérise par un faible niveau d'institutionnalisation du pouvoir et par conséquent par une forte personnalisation du pouvoir (Daloz, 2002 : 1 ; Médard, 1989 : 42). Dans le même ordre d'idées, Sophia Mappa soutient qu'en Afrique, on ne distingue pas l'Etat en tant qu'institution, des hommes qui l'occupent. L'État est peu intériorisé et ne constitue guère un objet de réflexion ou de débat. « Ce sont, dit-elle, les hommes politiques qui sont objets de débats » (1900 : 169).

C'est ce constat qui a dans une large mesure, justifié la prise en compte de la variable personnelle dans l'analyse de l'Etat africain. Mais l'accent a très souvent été mis sur les seules élites du « haut », les « numéros 1 » et les « numéros 2 » au détriment des autres titulaires du pouvoir (Quantin, 2005; Médard, 1989). Or, comme le suggère Ibrahim Mouiche « ce genre d'études sur le `' haut'' demande à être irrigué par celles du `'bas'' » (2002 : 126). C'est dans cette perspective que nous analyserons la trajectoire d'un acteur politique d'en « haut » qui s'implique dans les élections municipales dans son terroir.

En effet, l'identification des élites urbaines participant au jeu politique local nous a permis de vérifier la pertinence de l'hypothèse de la polyarchie dans l'arène politique de Bayangam. Toutefois, ce pluralisme masque mal l'hégémonie d'une élite à savoir Sohaing André qui apparaît comme la figure du cacique, c'est-à-dire selon Fogui « un leader qui contrôle la quasi-totalité de ressources politiques, économiques et sociales d'une zone géographique donnée et qui est implicitement reconnu comme tel par les leaders extérieurs à la zone ». Pour paraphraser Robert et Helen Lynd (1971 : 214), on peut dire qu'à l'instar des villes américaines, chaque village à l'Ouest Cameroun possède son lot d'hommes d'affaires triomphants27(*).

Après avoir étudié les ressources de Sohaing, nous verrons en quoi il est un bigman à Bayangam.

SECTION I : SOHAING André : DU CAPITAL ÉCONOMIQUE AU CRÉDIT POLITIQUE

Pour Yves Faure et Jean François Médard,

« En Afrique subsaharienne (...) le politique est réduit à l'économique et, d'une certaine manière, l'économique au politique. En régime patrimonial pouvoir politique, richesse et prestige sont largement confondus. Ils finissent par se coaguler dans un processus complexe et cumulatif. Mais à l'origine, ce n'est pas tant la richesse qui est source de pouvoir que le pouvoir qui est la source de richesse. » (1995 : 293).

L'analyse révèle en effet que Sohaing est à la fois un entrepreneur économique et un entrepreneur politique. Pour la Banque Mondiale, « entrepreneurs are people who perceive profitable opportunities, are willing to take risks in persuing them, and have the hability to organise a business » (cité par Warnier, 1993:127). A l'analyse Sohaing apparaît comme un entrepreneur économique et comme un entrepreneur politique.

PARAGRAPHE 1 : Sohaing André, un entrepreneur de la diaspora commerçante Bamiléké

Sohaing André est né le 21 janvier 1933 à Bayangam, où il entreprend des études primaires. En 1950, soit à 17 ans, il quitte le village pour Douala. C'est donc très jeune à Douala qu'il découvre le commerce dans les boutiques de Bessengué. C'est dans ce cadre qu'il est remarqué par les grecs qui détiennent alors la plupart des affaires au Cameroun. Entre 1950 et 1966, il se consacre au commerce de l'alimentation, des boissons et dans l'importation du sucre28(*). En 1977, il rentre dans l'hôtellerie en acquerrant Akwa Palace, hôtel quatre étoiles situé à Douala.

En 1981, il est classé neuvième des plus importants hommes d'affaires camerounais (Ngayap, 1983 : 261). Il dirige alors la compagnie soudanaise dont le capital social s'élève à 240 millions, la société Camerounaise de mise en bouteille de vin et de représentation de marque, au capital social de 60 millions, la société de biscuiterie koupan-Sohaing-Cameroun ainsi que les établissements Nein et Cie., à côté de ses nombreuses affaires dans l'immobilier.

Sohaing fait ainsi partie de la « première génération d'entrepreneur bamiléké » dont parle Jean Pierre Warnier (1995 : 66-67 ; Geschiere et Konings, 1993 ; Mouiche, 2005). Celle-ci est constituée des cadets migrants, nés et socialisés au village en contexte inégalitaire. Ils sont allés en ville ou dans les zones de plantation à un âge relativement précoce (entre 10 et 20 ans). Leur bagage scolaire est inexistant ou réduit à quelques années d'enseignement primaire. Rares sont ceux qui, possèdent le certificat d'études primaires élémentaires ou qui ont passé quelque années dans le secondaire. Ils ont commencé par occuper des petits métiers de rue (marchands ambulants, laveurs de taxis, porteurs d'eau), tout en menant une existence austère. Ils ont constitué un capital grâce à la participation à une tontine qui leur a fourni soutien moral, conseil en affaires, et moyen de résister à la demande de la parentèle. Autour de la trentaine ils ont contracté une union avec une femme partageant leur capacité et leurs aspirations. Dès lors, les revenus de l'épouse pourvoient aux besoins de la maisonnée, et ceux de l'époux sont réinvestis dans l'immobilier de location, le commerce, le transport, etc.

La période de prospérité qui va de 1955 à 1986, a permis à SOHAING de réaliser l'accumulation lui permettant de se hisser au dessus du petit artisanat ou des métiers de rue pour fonder des entreprises dans le secteur du commerce, de l'immobilier de l'hôtellerie, de l'agro alimentaire, etc.

Sohaing compte parmi les hommes d'affaires ayant atteint « le seuil de crédibilité politique » (Ngayap, 1983). Sa place dans le monde des affaires peut également être comprise au regard des titres symboliques dont il est titulaire. En 1988, il est intronisé compagnon de Beaujolais, nommé commandant du grand conseil de bordeaux, Chevalier du coteau de champagne, etc. En effet, il a été pendant longtemps l'importateur exclusif des vins et spiritueux français au Cameroun.

Sohaing mobilise ainsi selon Jean François Bayart les « symboles culturels de l'occident non seulement dans son pays ou envers ses partenaires, mais aussi aux yeux de son terroir » (1996 : 19-20). Sa trajectoire est particulière, car il ne rentre dans aucun des trois cursus élaborés par Faure et Medart (1995). Par contre, sa trajectoire colle bien au phénomène du chevauchement ou straddling. Comme le précise ces derniers :

« le straddling(...) se caractérise en premier lieu par le cumul de positions. C'est- à- dire qu'un même individu peut être à la fois haut fonctionnaire, dirigeant du parti unique, grand propriétaire, homme d'affaires etc....le constat répété de ce cumul permet de parler de straddling »(1995 :305).

Dans cet ordre d'idées, l'accumulation des ressources par le big man s'appuie à la fois sur des positions formelles et informelles, politiques, économiques et sociales très diversifiées. Seule une étude du processus de cumul et de passage d'une position à l'autre permet de rendre compte de la dynamique de l'accumulation.

Si Sohaing apparaît ainsi comme un entrepreneur économique au regard des ressources accumulées, il est aussi un entrepreneur politique dans la mesure ou l'ouverture démocratique lui a permis de convertir les ressources d'une nature en ressource d'une nature différente; autrement dit, ses ressources économiques en ressources politiques.

PARAGRAPHE 2 : SOHAING, un entrepreneur politique

Si Sohaing est un des hommes d'affaires qui comptent au Cameroun, il est aussi un homme politique. Dans la perspective de Jean Patrice Lacam (1988 : 24-25) :

« À l'instar d'un chef d'entreprise, l'homme politique est un entrepreneur. Il l'est, non pas au sens commun où, élu, il gère les affaires de sa collectivité, mais au sens où, d'une part, il se constitue un capital de ressources utiles à sa carrière, et où, d'autre part, son capital constitué, il active ses ressources dans le but de produire du pouvoir ».

A la différence de Fotso qui n'entre de manière ouverte en politique qu'avec la libéralisation politique (Mouiche, 2002 : 133; Nguemegne (1998), Sohaing a toujours cumulé affaires et politique. C'est ainsi qu'après avoir été simple militant de l'union nationale camerounaise (UNC), il est nommé en 1975, membre du comité central de ce parti sous le régime d'Amadou Ahidjo. Lors du 4 ème congrès ordinaire de l'UNC à Bamenda en mars 1985 au cours duquel le parti allait se transformer en RDPC, il sera maintenu par Paul Biya, le nouveau président, au comité central où de nombreux hommes d'affaires vont l'y rejoindre, notamment Samuel Kondo, Pierre Tchanque, Joseph Sack et James Onobiono (Owona Nguini, 1996). Avec l'avènement du multipartisme et de la démocratisation, il est élu député suppléant du Wouri à Douala en 1992. Outre ses positions de pouvoir dans les instances politiques, il est, depuis 2003, le président de la section Commerce à la Chambre de Commerce, d'Industrie, des Mines et de l'Artisanat. Dans le même ordre d'idées, mention doit être faite de ses nombreux titres honorifiques : chevalier de l'ordre de la valeur, chevalier du mérite camerounais, etc.

Le politicien investisseur, par la mobilisation de ses ressources et par la réalisation d'actes concrets, cherche à produire du pouvoir. Or, très peu d'hommes politiques font explicitement référence à leur goût pour le pouvoir pour définir leur ambition locale. De toutes les élites urbaines que nous avons rencontrées, très peu affirment leur goût pour le pouvoir. Même s'il convient de prendre au sérieux la « recherche du bien pour le village »29(*) comme but de leur activité, il n'en reste pas moins que à l'instar des chefs d'entreprises, l'homme politique recherche le pouvoir politique, soit parce qu'il le considère comme un moyen au service d'autres fins, idéales ou égoïstes, soit qu'il le désire pour lui-même en vue de jouir du sentiment de prestige qu'il confère (Weber, 1959, 126). Avoir du pouvoir dans la perspective de Jean Patrice Lacam, « c'est, pour l'entrepreneur politique, avoir la capacité de faire systématiquement prévaloir ses idées lors des processus décisionnels portant sur des enjeux clés, et ce, dans le cadre d'un agenda politique totalement maîtrisé »(1988 : 25).

Pour Sohaing André cette production du pouvoir s'est traduite par la conquête et la conservation de plusieurs centres de pouvoir. Ainsi, après avoir obtenu le titre honorifique de Fowagap, il est devenu maire de Bayangam en 1996 et a conservé sa position depuis lors.

Tableau 8 : Matrice des ressources politiques de Sohaing30(*)

Origine Des Ressources

Fonction Des Ressources

Coercitives

Retributives

Persuasives

Personnelles

 

-Président du groupe SOHAING

-Titre de Fowagap

-Chevalier de l'ordre de la valeur

-Chevalier du mérite camerounais

Contextuelles

-soutien des différentes autorités administratives de l'ouest (gouverneur, préfet, sous-préfet)

-Amitié des présidents Ahidjo et Biya.

-Amitié des principaux hommes d'affaires

-amitié des autorités administratives provinciales

-Soutien logistique apporté par le RDPC

-Soutien des militants

-soutien des autorités traditionnelles en 1996

Institutionnelles

-Membre du comité central de l'UNC

-Membre du comité central du RDPC

-Président de la section commerce à la chambre du commerce, d'industrie, des mines et de l'artisanat du Cameroun (2003)

-Député du Wouri (1992)

-Maire de Bayangam depuis 1996

 

(Source : enquêtes)

Au surplus, il a réussi par ses multiples ressources à implanter les locaux de la sous - préfecture et de la mairie dans sa concession familiale à kassap, en dépit de la contestation des autres élites et des autorités traditionnelles.31(*) C'est ainsi que les manifestations publiques comme la fête de la jeunesse ou la fête nationale du 20 mai se déroulent chez le maire. Sans fausse modestie, le maire de Bayangam nous déclarait : « je suis fier d'être le maire des intellectuels. Lorsqu'en 1990 certains demandaient la conférence nationale, moi j'ai demandé un district pour Bayangam ».

Au total, l'identification sociopolitique de Sohaing André nous a permis de faire un inventaire de ses ressources politiques. Il convient dès lors de comprendre comment et en quoi il est un Bigman à Bayangam.

SECTION II : LE FONDEMENT DU « BIGMANISME » DE SOHAING André à BAYANGAM

C'est par ses réalisations au village que Sohaing est considéré comme un Bigman. On le sait, sous le régime du parti unique au Cameroun (1966-1990) les entrepreneurs économiques « brillaient » par leur apathie politique. Avec la démocratisation beaucoup vont entrer en politique en s'efforçant de convertir leurs ressources économiques et financières en dividende politique. C'est ainsi qu'on va assister à ce que Ibrahim Mouiche appelle « l'élargissement de la classe politique RDPC aux principaux hommes d'affaires bamiléké » (2005 : 50). Même si comme on l'a vu, M. Sohaing André est rentré en politique de longue date, c'est l'ouverture démocratique qui va l'amener à s'inscrire dans la logique de ce que Jean-Pascal Daloz qualifie de quête « bigmaniaque », c'est à dire l'obsession de s'ériger en figure dominante et incontestée écrasant tout challenger en vertu des capacités supérieures de redistribution. De fait, le bigman, c'est quelqu'un qu'on suit pour ce qu'il a à donner.

La renommée des hommes politiques est souvent basée à la fois sur des faits précis et sur des bruits et rumeurs invérifiables (Médard, 1989), ce qui n'en constitue pas moins une ressource politique pertinente.

PARAGRAPHE 1 : Du mythe et des « rumeurs invérifiables » sur la personnalité de Sohaing André

Sohaing apparaît dans la vie politique de Bayangam à partir de 1992. Pendant les années dites de « braise », le chef de l'État avait reçu les principaux hommes d'affaires bamiléké. A la sortie d'audience, aux journalistes qui voulaient savoir ce dont il avait parlé avec le Président de la République, Paul Biya, il a répondu « j'ai demandé au Président que Bayangam soit érigé en district »32(*)

Or, comme souligne à juste titre Luc Sindjoun : « La périphérie est un espace local construit par les acteurs politiques dominants du centre à des fins de contrôle social et de rayonnement territorial d'un système de domination politique » (2002 : 34). En effet, toujours selon cet auteur, la

« Promotion d'une localité dans l'ordre administratif (est) pratiquement la condition sine qua non pour être pourvu en infrastructure moderne (établissement d'enseignement public, hôpitaux....). Le contrôle du découpage par le président de la république apparaît alors comme une ressource politique, comme un moyen pouvant éventuellement permettre d'obtenir des soutiens et recevoir des requêtes de localités en quête d'émancipation administrative » (2002-64).

Dans cet ordre d'idées, le partage administratif devient par conséquent une ressource pour les élites urbaines qui en revendiquent la paternité. Bayangam en tant qu'unité administrative est dans une large mesure associée à la figure de Sohaing André. On peut ainsi lire dans Cameroun Soir du 15 février 1996 :« Le président Sohaing incarne Bayangam, et n'en est pas une simple élite .Il a sorti Bayangam des ténèbres . Il fait corps avec son Bayangam... ».

En effet, les demandes formulées pour demander l'érection de Bayangam en unité administrative datent de 1963 (Kuipou Chimba, 1986 :166). Ainsi, même si dans une large mesure la constitution de Bayangam en une unité administrative et une collectivité territoriale décentralisée, respectivement en 1992 et en 1995, est le résultat d'un long processus ayant engagé plusieurs acteurs33(*) d'une part, et de la conjoncture favorable des années 90 d'autre part, c'est Sohaing qui en retire tous les bénéfices politiques, car Bayangam est considéré par les villageois comme étant sa « chose »34(*).

Un autre argument qui milite en faveur de la domination de Sohaing, c'est sa puissance réelle et/ou supposée dans le processus de sélection locale des élites. C'est ainsi qu'au village, la promotion d'un natif au poste élevé dans l'État ou leur déchéance sont inscrites à son actif. A titre d'exemple, les nominations du professeur Maurice Tchuente en 2002 et du Docteur Madeleine Tchuinte en 2004 comme membres du Gouvernement et celle de M. Joseph Noutsa comme gouverneur de l'Adamaoua sont inscrites à son actif. De la même manière et, en sens inverse, le départ du gouvernement du premier et les péripéties de M. Puepi Bernard, ancien directeur du Cadastre sont considérés comme étant des victimes de la puissance du Bigman.

Sur un autre plan, malgré la nomination de sous-préfets à Bayangam, ceux-ci demeurent très souvent sous son commandement.35(*)

La domination « bigmaniaque » de Sohaing s'appuie aussi sur des actes concrets.

PARAGRAPHE 2 : Les investissements sociaux au village

Les actes d'évergétisme du milliardaire de Bayangam sont nombreux. Pour un inventaire ordonné, nous distinguerons ceux réalisés pour le compte des institutions publiques de ceux réalisés pour les institutions traditionnelles.

Pour le compte des institutions publiques, on peut relever :

-La contribution à hauteur de 80% pour la construction du collège Polyvalent Saint Christophe, soit 30 millions CFA;

-Contribution à hauteur de 40% pour la construction du foyer social;

-Construction de l'Hôtel Akwa kassap;

-Construction du CES de Kassap livré clé en main, soit 4 salles de classes entièrement équipées;

-Construction de deux forages;

-L'offre à titre gracieux des locaux provisoires à la sous-préfecture de Bayangam36(*). (Un logement pour le sous-préfet de 1995 à 2004, locaux pour les services administratifs de 1995 à 2002);

-Offre de deux moulins a écrasé le mais;

-Offre d'un véhicule de service Nissan Patrol tout terrain au sous-préfet;

-Don à la commune d'une Nissan Pick-up double cabine (24 000 000 CFA)37(*).

A coté de ces réalisations opérées dans le cadre des institutions publiques, les largesses du bigman vont également en direction des autorités traditionnelles .C'est ainsi que le feu chef, sa majesté Pouokam I a reçu plusieurs véhicules, une Land Rover, une Mercedes 300 et une Mercedes 280 (Nguemegne, 1998 :418). Dans la même perspective, il a contribué à hauteur de dix millions pour l'achat d'un véhicule neuf à sa majesté Pouokam II et son adjoint.38(*)

Par ailleurs, les distributions ponctuelles d'aliments, de pagnes et même parfois d'argent sont faites, soit pour des quartiers précis, soit pour les militants du RDPC .Un responsable local du RDPC résume ainsi une partie des activités de son chef :

« Fowagap organise une réunion générale des sous- sections une fois par mois et une réunion des présidents des sous-sections tous les deux mois ponctuée par la distribution des aliments .Tous les « 11 février et 20 mai », il organise une coupe et récompense tout le monde »39(*).

* 12Cf. Cameroon Tribune du 10 décembre 2004, p. 8.

* 13 Ouest Echos, n° 127, 2000, p 6.

* 14 Avant 1992, l'Ouest comptait 5 départements donc celui de la Mifi qui regroupait près de 14 chefferies traditionnelles. Les ressortissants de ces chefferies s'identifiaient à la ville de Bafoussam, chef-lieu de département et de la province. En 1992, l'Etat procède à une nouvelle organisation administrative, en divisant l'ancien département de la Mifi en 3 nouveaux départements : les Hauts Plateaux, la Mifi et le Koung-Khi. Pour une analyse des effets du découpage administratif à l'Ouest, cf. Kayo Sikombé (2005).

* 15 Source : Procès verbal du premier conseil municipal de Bayangam, 1996.

* 16 Source : entretien.

* 17 Source : entretien.

* 18 Source : Entretien.

* 19 Il convient de signaler que ce dernier a démissionné du SDF le 23 avril dernier. Après avoir servi comme directeur de l'Institut des Techniques Administratives et Financières (ITAF) et enseigné à l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM), il militera d'abord dans le RDPC où il briquera le siège de conseiller municipal à Bafoussam en 1987. Avec le retour au multipartisme, il intégrera d'abord l'UDC en 1990, ensuite l'UFDC dont il conduira les listes aux municipales à Bafoussam en 1996, enfin il démissionnera de ce parti pour le SDF. Sous les couleurs de ce parti il sera élu président du conseil municipal dans la même ville en 2002, poste qu'il conservera jusqu'au 22 février 2006, date de sa destitution. (Mutations, n° 1893, 25 avril 2007, p. 3), (Ouest Echos n° 257 du 23 au 29 juillet 2002, p. 5).

* 20 Rapport annuel du projet volaille dans l'arrondissement de Bayangam.

* 21 Ouest Echos, n°362 du 15 au 21 juin 2004, p. 4.

* 22 Appellation locale de RDPC.

* 23 Source : entretien.

* 24 Source : enquête de terrain.

* 25 Profession de foi du RDPC. Cf. annexes.

* 26 Source : entretien avec des notables Bayangam.

* 27 On peut citer à titre d'illustration le cas de Fotso à Bandjoun, Kadji à Bana, Foning à Dschang. Pour une étude approfondie de la trajectoire des deux premiers, confère Ibrahim Mouiche (2005). Cette tendance s'observe un peu partout au Cameroun comme le montre les annexes 3 et 4.

* 28 La plupart des informations utilisées ici ont été recueillies lors d'un entretien semi directif avec M. Sohaing à Douala.

* 29 Les élites justifient très souvent leurs intenses activités au village par le souci du bien être de tous, le développement etc. Pour une présentation allant dans ce sens, cf. Kengne Fodouop (2003 :135-148)

* 30 Modèle librement inspiré de Jean Patrice LACAM (1988 : 27-29).

* 31 Cf. Le Journal de Douala, n° 33 du 11 février 1994.

* 32 Source : entretien. Il précise : « pendant que les autres demandaient la conférence nationale, moi je demandais un district. Beaucoup de personnes n'ont pas compris le sens de mon action, cela m'a d'ailleurs valu des problèmes à l'époque... » 

* 33Le Journal de Douala n°33 du 17 février 1994 p. 4.

* 34 Source ; entretien.

* 35 Confère matrice de ses ressources politiques.

* 36Le Journal de Douala, n°33 du 11 février 1994, p .5

* 37 Source : Procès verbal de la mairie, 1999.

* 38 Les Nouvelles de Bayangam, 2003, p.6.

* 39 Source : entretien.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci