WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de la situation épidémiologique des piqàğres et des envenimations scorpioniques dans la province de Beni Mellal (2002-2007)

( Télécharger le fichier original )
par Nezha CHARRAB
Université Ibn Tofail - Kénitra - Doctorat National 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Discussion

Notre série de cas ne représente pas l'épidémiologie générale des piqûres de scorpion. En effet, il est possible que de nombreux patients présentant une symptomatologie bénigne ne parviennent pas à l'hôpital mais soient traités en dehors de celui-ci. De plus les patients de la classe I n'ont pas été inclus dans l'étude. Nos données rejoignent en de nombreux points celles de la littérature, notamment en ce qui concerne les caractéristiques cliniques et évolutives.

L'évolution en fonction de l'âge montre que 100% des décès touche des enfants de moins de 15 ans. La plus forte exposition des enfants aux piqûres de scorpion est un véritable problème (Chippaux et Goyffon, 2008), en effet, l'âge est considéré comme un facteur de risque important lors d'une piqûre scorpionique (Suhendan et al., 2007 ; De Roodt et al., 2003). Cela est dû autant au plus faible volume de distribution du venin chez l'enfant, qu'à une moindre résistance de leur part, comme d'ailleurs chez le sujet âgé (Borglio et Goyffon, 1980).

D'après nos résultats, toutes les tranches d'âge sont touchées par l'envenimation scorpionique avec un âge moyen de 13,36 #177; 13,50 ans, ce qui est supérieure à celui de Cuernavaca au Mexique (5,2 ans) (Osnaya et al. 2001) et inferieur à celui de Tozeur à Tunisie (35,6 #177; 19 ans) (Nouira et al., 2007) et de Bombay en Inde (25,9 ans) (Karnad, 1998).

Par ailleurs, les enfants d'âge inférieur ou égal à 15 ans représentent 73% de patients envenimés, ce qui est conforme à la littérature (El Aminn et Berair, 1995 ; Bouaziz et al., 2008 ; Charrab et al., 2008).

Comme le soulignent certains auteurs, la plupart des piqûres ont lieu dans le milieu rural (Patrice et al., 2005 ; habzi et al., 2001). En effet, dans la la région de Beni Mellal, 92% des patients hospitalisés sont d'origine rurale. De plus, l'évolution en fonction de l'origine montre que la majorité des décès sont d'origine rurales, ce qui coincide avec la répartition des espèces scorpioniques les plus dangereuses et en particulier l'espèce mortelle Androctonus mauretanicus (Charrab et al., 2009).

Les manifestations cliniques dûes aux piqûres de scorpion différent en fonction de la localisation de la piqûre, l'âge du patient, le lieu géographique et l'espèce de scorpion.

L'apparition de signes de gravité est étroitement corrélée à la quantité de venin injectée (Ghalim et al., 2000) et comme nous l'avons montré, l'évolution dépend de manière hautement significative de la classe de gravité clinique à l'admission. Dans notre étude, les symptômes les plus fréquemment observés étaient les suivants : vomissement, l'hypersudation, tachycardie et priapisme chez l'homme, ce qui rejoint les données de la littérature (Chippaux et Alagon, 2008 ; Suhendan et al., 2007; De Roodt et al., 2003; Nouira et al., 2007 ; Hmimou et al., 2008).

Sofer (1995) a montré que ces signes apparaissent quelques minutes après la piqure, et ils peuvent être dûs à la stimulation du système nerveux central et du système nerveux autonome par le venin du scorpion conduisant à une libération des catécholamines.

D'autres études éxperimentales ont montré que la demi-vie d'excrétion de toxine est approximativement 30 minutes (Niranjan et al., 2006 ; Ismail et al., 1983), ce qui incite des complications dans presque tous les systèmes de l'organisme. De plus, les toxines du venin de scorpion ont une neurotoxicité responsable d'un syndrome muscarinique, avec perturbations de la tension artérielle et de la ventilation pulmonaire, et une cardiotoxicité directe par effet sur les canaux sodium, et indirecte par libération de catécholamines liée à l'action neurologique périphérique (Gueron et al., 1992).

Nous avons montré dans notre étude que les trois fonctions vitales (respiratoire, neurologique et cardiocirculatoire) sont corrélées entre elles et sont des facteurs de risque. En plus, elles sont les causes principales de décès chez les patients envenimés, conformément avec ce qui est rapporté par la littérature (Bouaziz et al., 2008 ; Gueron et Yaron, 1970 ; Cupo et al.,1994 ; D'Suze et al.,1999 ; Marcus et al.,2007 ; Bawaskar et Bawaskar, 1992 ; Dehesa-Davila & Possani, 1994 ; Carmen et al., 2002 ; Umesh et al., 2006 ; Farghly, 1999).

D'ailleurs, la défaillance cardiocirculatoire est fréquemment la cause du décès (Elatrous et al.1999, Cupo et Hering 2002, Kristal et al.1998). Elle se manifeste par un collapsus cardiovasculaire, voire un état de choc, des pressions de remplissage hautes (pression veineuse centrale, pression capillaire pulmonaire) et peut être responsable d'oedème aigu du poumon. Ces derniers signes sont présents dans la phase finale avant le décès (Abroug et al., 1995 ; Nouira et al., 1996 ; Muller, 1993 ; Ouanes et al., 2008).

D'autre part, la défaillance respiratoire se manifeste par une polypnée, une cyanose, une difficulté respiratoire évoluant vers un arrêt respiratoire. Ces signes sont dus aux effets cholinergiques des toxines, et aussi à une action indirecte de type inflammatoire au niveau du poumon (Goyffon et Billialrd, 2007).

De même la défaillance neurologique est une souffrance cérébrale secondaire à l'hypoxie et pouvant se manifester par l'agitation, l'irritabilité, les fasciculations, l'obnubilation, ensuite peuvent survenir des convulsions, puis s'installe un coma de profondeur variable (Nouira et al., 1996, 2005).

La moyenne du délai entre la piqûre et l'arrivée à l'hôpital est de 3,35 #177; 3,65 heures, ce qui est supérieur au temps post piqûre rapporté par Nouira et al. (2007) (1,3 #177; 1,45 heures) dans la région de Tozeur à Tunisie. Cela nécessite une sensibilisation plus importante de la population sur le danger de l'envenimation scorpionique.Le retard de consultation entraîne un risque accru de passage à la classe de sévérité suivante, et donc à une évolution plus défavorable.En effet, nous avons montré dans notre étude que la plupart des décès sont arrivés à l'hôpital dans un délai supérieur à trois heures.

Tout patient envenimé doit être mis en condition pour un transfert urgent vers un service de réanimation. La prise en charge en milieu hospitalier comprend un traitement symptomatique polymédicamenteux des signes généraux et une surveillance clinique.

Dans notre étude, les thérapeutiques les plus utilisés sont les analeptiques cardiaques type dobutrex (principe actif c'est dobutamine). Ce médicament a été préconisé à 84,7% des cas toutes les 30 minutes jusqu'à stabilisation de l'état clinique (disparition des signes de l'état de choc). L'administration de dobutrex est associé au remplissage vasculaire par du sérum salé à 9%o; 5 ml/kg chaque 30 minutes chez l'enfant et 250 ml/30 minutes chez l'adulte, afin d'éviter toute surcharge volumique pouvant aggraver un oedème pulmonaire (Soulaymani et al., 2008).

Elatrous et ses collaborateurs (1999) ont montré que la dobutamine a permis une augmentation significative du débit cardiaque, de l'index systolique, et des paramètres d'oxygénation tissulaire, tout en permettant une baisse substantielle de la pression de remplissage du ventricule gauche, en même temps qu'une baisse de l'admission veineuse.

Certains auteurs (Bawaskar et Bawaskar, 1991 ; Udayakumar et al., 2006 ; Suman et al., 2008) considèrent la prazosine comme l'antidote spécifique du venin du scorpion Mes obuthus tamulus (le plus répandu en Inde). Ils ont montré que le traitement par prazosine était en mesure de réduire significativement la mortalité et d'améliorer plus fréquemment les manifestations cardiovasculaires de l'envenimation.

Les antalgiques (Doliprane) ont été utilisés dans 42,9% des cas pour la lutte contre l'hyperthermie. En cas de vomissements importants, les antiémétiques utilisés sont Coloprame (45,2% des cas) et Primperan (24,3% des cas).

L'hypertension artérielle, généralement moins fréquente et passagère, est traitée, si elle persiste, par les antihypertenseurs type loxen (0,6% des cas), alors que les antispasmodiques de type Atropine ont été administrés à 1,7% des cas pour traiter les douleurs abdominales. L'oxygénothérapie a été utilisée (21,5% des cas) en réponse à des troubles respiratoires, elle permet d'assurer une bonne oxygénation cérébrale.

La sérothérapie est controversée et a montré, dans certaines circonstances, son inefficacité (Abroug et al., 1999). Cela peut être dû à un titre de neutralisation insuffisant ou une utilisation inadéquate du sérum (Possani, 2000). De plus, une étude a montré que la sérothérapie augmentait significativement le risque de décès et de détresse vitale (RR = 1,95 et IC 95 % : 1,37-2,79) (Soulaymani et al., 2002). Néanmoins, d'autres pays comme le Mexique (Osnaya et al., 2001), l'Iran (Pipelzadeh et al., 2007) et l'Argentine (Adolfo et al., 2003) ont utilisé la sérothérapie comme traitement de base de l'envenimation scorpionique.

Avec un taux de létalité hospitalière de 18,5%, les envenimations scorpioniques constituent à l'évidence une pathologie d'urgence grave, et un problème de santé publique important dans la province de Beni Mellal. L'analyse montre que l'âge et la classe de gravité clinique à l'admission ont de lourdes conséquences sur l'évolution des personnes piquées. Les signes de détresse vitale neurologique, respiratoire et cardiovasculaire sont des facteurs de risque élevés chez le patient envenimé. Des efforts restent encore à fournir, à la fois pour le renforcement en personnel spécialisé en réanimation et pour l'approvisionnement en médicaments et en matériel de réanimation afin de diminuer la létalité qui reste encore élevée chez les enfants de moins de 15 ans.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius