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Crise subprime et bourse régionale des valeurs mobilières de l'Afrique de l'Ouest

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par Demondji Mathieu GBAGUIDI
IAE Perpignan - Banque et assurance 2008
  

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3- CONSÉQUENCES DES SUBPRIMES SUR LA BOURSE RÉGIONALE DES VALEURS MOBILIÈRES

L'on ne peut mieux appréhender les conséquences des subprimes sur la bourse régionale des valeurs mobilières en Afrique de l'Ouest, sans s'intéresser au marché financier de l'Uémoa, à son mode organisationnel et à ses mécanismes de fonctionnement.

3-1 Analyse et fonctionnement du marché financier de l'Uémoa

3-1-1 Organisation du marché financier

Institué en 1996 par la convention portant création du conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers , le marché régional financier de l'Uémoa, est un marché réglémenté, continu et dirigé par les ordres d'achat et de vente de titres. Premier du genre au monde, ce marché régional est un marché que partage les huit Etats membres de l'union. C'est un marché bien structuré et organisé.

En effet, le marché financier de l'Uémoa est composée du Conseil Régional de l'épargne publique et des marchés financiers (CREPMF)29(*) qui est une autorité de marché pour la réglementation. Il a en ce sens, pour rôles de contrôler les différents acteurs du marché, les agrée à travers des cartes professionnelles et protège ceux qui vont sur ce marché. Ses modes d'intervention sont également des contrôles périodiques dans les sociétés de gestion et d'intermédiation (SGI) pour vérifier si les opérations sont bien faites.

La bourse régionale des valeurs mobilières est également l'une des composantes du marché financier de l'Uémoa. C'est un organe clé du marché qui s'occupe essentiellement de la cotation des titres sur le marché; c'est une entreprise de marché qui assure la confrontation des ordres. Elle s'occupe aussi de la promotion de la bourse dans les Etats de la sous-région. Cela se fait par les antennes nationales de la bourse dans les pays membres de l'Uémoa et par la publication du bulletin officiel des cours de bourse.

Le troisième organe du marché est le dépositaire central/ banque de règlement (DC/BR). C'est une banque qui garantit le règlement de l'ensemble des transactions. En effet, situé dans les mêmes locaux que la bourse, le dépositaire central/banque de règlement s'occupe de la compensation des titres sur le marché.

En termes simples, c'est notre banque centrale lorsque nous achetons en tant que sociétés de gestion et d'intermédiation et il permet le règlement des transactions et la livraison des titres. Seules les sociétés de gestion et d'intermédiation ont le monopole de la négociation des valeurs et la tenue des comptes titres. Le schéma n°1 ci-dessus explique très bien l'organisation de ce marché financier.

La deuxième composante majeure du marché des capitaux est le Marché Financier subdivisé en un marché primaire et d'un marché secondaire. Les marchés secondaires sont soit libres, et on parle alors de «Gré à gré» ou de «Other The Counter - OTC», soit organisé et là intervient l'outil majeur qu'est la Bourse des Valeurs Mobilières.

On appelle Marché «Primaire» la phase correspondant à la création de titres et à leur vente de «première main» par l'Emetteur aux Investisseurs tandis que la notion de marché secondaire renvoie à l'idée d'une « revente d'occasion ou de seconde main ». Le financement via le marché primaire se fait soit par appel public à l'épargne, soit par emprunt privé. Il est constitué de titres à placer directement auprès d'investisseurs en contrepartie de l'encaisse de fonds destinés à renflouer la trésorerie de l'émetteur et en respect des règles d'émission et de placement définies par l'Autorité de Tutelle du Marché Financier au sein de la Zone Uémoa.

Le Marché Secondaire quant à lui, correspond à la négociation entre investisseurs de titres déjà émis et placés sur le marché primaire. Les flux de trésorerie en circulation sur le marché secondaire ne concernent en rien l'émetteur de la valeur sauf cas exceptionnels:

- Lorsque l'émetteur assure la contrepartie d'une offre ou d'une demande de ses propres titres sur le marché (par exemple en cas d'intervention d'animation du titre ou de régulation du cours du titre);

- Lorsque le placement primaire d'une émission se fait directement par enregistrement des souscriptions correspondant aux ordres d'achats à l'occasion d'une séance de bourse, le cours de la valeur ainsi introduite est établi à la clôture après confrontation du prix d'émission (faisant office de «cours de référence») et des offres d'achat retenues aux fixing; Ce cas exceptionnel sur le jeune marché Ouest Africain s'est observé au moment de l'augmentation de capital de SHELL Côte d'Ivoire en 2000.

- Lorsque que le marché s'organise en «gré à gré» les prix des transactions sont fixés de commun accord des parties à l'échange sans contrôle par une autorité quelconque même si la conservation des titres peut être exclusivement confiée à un organisme central comme c'est le cas sur le Marché Financier régional de l'Uémoa où le Dépositaire Central/Banque de Règlement joue ce rôle.

- Lorsque le Marché est administré alors on parle de Bourse des Valeurs qui dispose de conditions spécifiques d'introduction à la cote, de négociation, d'animation et d'informations relatives auxdits titres cotés. La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'Afrique de l'Ouest (BRVM) offre un marché des actions et un marché des obligations distinct dans lesquels les titres sont répartis en compartiments en fonction de critères qualitatifs et qantitatifs.

 

3-1-2 La BRVM et son fonctionnement.

Créée en septembre 1998, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est une société anonyme disposant d'un capital de 2.904.300.000 francs CFA. C'est une bourse entièrement électronique. Le Site Central, situé à Abidjan, assure les services de cotation, de négociation ainsi que les services de règlements/livraison de titres. A partir des postes de travail installés dans leurs locaux ou de ceux situés dans les Antennes Nationales de Bourse des pays de l'Union , les agents des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) peuvent soit saisir les ordres de bourse et les transmettre au Site Central via le réseau satellite, soit consulter et éditer les résultats de cotation, consulter les informations statistiques du marché et du Dépositaire Central puis obtenir la diffusion des informations ( voir schéma 2 ci-après).

Les principes retenus pour la mise en place du marché boursier de la BRVM obéissent à la fois au souci de conformité aux standards internationaux et à celui de son adaptabilité à l'environnement socio-économique de l'Uémoa. L'égalité quant à l'accès à l'information, au traitement des investisseurs, au coût d'accès au réseau, quel que soit le lieu d'implantation de l'opérateur économique forment les points cardinaux:
- un marché centralisé dirigé par les ordres, c'est-à-dire le cours d'une valeur, est déterminé par la confrontation des ordres d'achat et de vente collectés avant la cotation;

- Trois séances hebdomadaires de bourse avec deux cotations au "fixing" (cours unique obtenu par confrontation des ordres d'achat et de vente). Les séances évolueront rapidement vers une séance quotidienne pour atteindre des séances de cotation en continu; un marché au comptant avec un dénouement glissant des transactions, qui permet aux opérateurs de connaître avec précision la date à laquelle ils devront faire face à leurs engagements. Lors de son démarrage, la BRVM a retenu un dénouement des transactions à J+5 (jour de négociation plus 5 jours ouvrés) qui doit évoluer vers les préconisations internationales en la matière, soit un dénouement à J+3;

- Des transactions garanties, grâce à la mise en place d'un Fonds de Garantie du Marché alimenté par les SGI pour pallier une éventuelle défaillance; la conservation et la centralisation des titres par un Dépositaire Central/Banque de Règlement et leur circulation exclusive sous une forme dématérialisée.

Schéma n°2: Mécanisme de fonctionnement de la BRVM

Client acheteur

Client vendeur

SGI

SGI

BRVM Site central

ANB

ANB

Source: Nos propres investigations, juillet 2008

La Bourse Régionale des valeurs Mobilières dispose, pour le démarrage de ses activités, de deux compartiments pour les actions et d'un compartiment unique pour les emprunts obligataires.

Pour être admise au Premier Compartiment, la société doit répondre aux conditions suivantes30(*):

- Présenter une capitalisation boursière égale ou supérieure à 500 millions de francs CFA;

- Avoir une marge nette sur chiffre d'affaires sur chacune des trois dernières années de 3% ;

- présenter 5 années de comptes certifiés;

- s'engager à signer un contrat d'animation de marché;

- diffuser dans le public au moins 20% de son capital, dès l'introduction en bourse;

- s'engager à publier les estimations semestrielles de chiffre d'affaires et les tendances de résultats;

Au Second Compartiment, l'admission de la société est soumise aux conditions suivantes:

- présenter une capitalisation boursière égale ou supérieure à 200 millions de francs CFA;

- présenter deux années de comptes certifiés;
- s'engager à signer un contrat d'animation de marché;s'engager à diffuser dans le public au moins 20% de son capital dans un délai de deux ans, ou 15% en cas d'introduction par augmentation de capital.

Le compartiment obligataire (titres de créance) est accessible aux emprunts obligataires dont le nombre total de titres à l'émission est supérieur à 25.000, et représentant un montant nominal au moins égal à 500.000.000 francs CFA.

L'admission à la Bourse est l'ultime maillon de la chaîne de financement pour les entreprises. Elle constitue une décision stratégique à long terme qui nécessitant une bonne préparation. L'inscription d'une société à la cote de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est subordonnée à la satisfaction des conditions suivantes:

- être constituée sous la forme de société anonyme ;

- l'engagement écrit de l'émetteur de diffuser les informations requises par la Bourse, notamment la publication des comptes annuels au Bulletin Officiel de la Cote et de participer à l'organisation du marché ;

- l'engagement écrit de l'émetteur de se soumettre à la réglementation de la BRVM.

Pour demander son inscription à la cote de la BRVM, la société candidate doit mandater une Société de Gestion et d'Intermédiation (SGI) qui l'assistera et la conseillera. Une fois le dossier de demande complet reçu, La Bourse Régionale décide de l'admission de la société, et transmet une copie du dossier au Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers pour l'avis requis. La société cotée a entre autres:
- la gestion de l'encadrement réglementaire et des relations avec les investisseurs,

- l'organisation des assemblées annuelles des actionnaires, etc.;

- l'information à la Bourse et au public de tout fait nouveau ou modification susceptible d'influer de manière significative sur le cours de ses titres.

Aujourd'hui, on dénombre 38 sociétés de l'Union cotées à la BRVM. La Côte d'Ivoire détient la grande partie de ces sociétés. Afin de mieux défendre leurs intérêts, ces sociétés se sont constituées en association (le club des sociétés cotées en bourse) pour exiger l'assouplissement de certaines de leurs conditions d'exercice telles que l'allègement de la fiscalité des entrprises cotées à la bourse au regard du rôle clé qu'elles jouent sur le marché.
Les deux indices boursiers de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières représentent l'activité des titres du marché des actions:

- le BRVM Composite, constitué de toutes les valeurs admises à la cote;

- le BRVM 10, composé des dix sociétés les plus actives du Marché.

La formulation et les critères de sélection du BRVM Composite et du BRVM 10 s'inspirent des principaux indices boursiers du monde, tout particulièrement de l'indice FCG, de l'International Financial Corporation, société affiliée à la Banque mondiale. La formule des indices tient compte de la capitalisation boursière, du volume de transactions par séance et la fréquence des transactions. En outre, seules les actions ordinaires sont retenues pour le calcul des indices.

Par ailleurs, la notion de liquidité occupe une place fondamentale dans la sélection des valeurs composant l'indice BRVM 10. En effet pour chacune d'entre elles ; le montant quotidien moyen des transactions au cours des trois mois précédent la revue trimestrielle ne doit pas être inférieur à la médiane des montants quotidiens moyens des transactions de l'ensemble des titres; la fréquence des transactions doit être toujours supérieure à 50% et le titre doit transiger au moins une fois sur deux, durant la période d'étude de trois mois31(*).

Les indices sont automatiquement générés par le système de négociation de la BRVM et diffusés après chaque séance de négociation.

Par ailleurs, le BRVM 10 est révisé quatre fois par année (le premier lundi de janvier, avril, juillet et octobre ) et le BRVM Composite après chaque nouvelle inscription à la cote, de manière à être adaptés à l'évolution du Marché Financier Régional. La nouvelle composition BRVM 10 entre le 1er octobre 2007 et le 31 décembre 2007 se présente comme suit:

Tableau n°4: Composition de l'indice BRVM 10 au 31 décembre 2007

Nouvelle composition BRVM 10

Sociétés sortant de l'indice

Sociétés entrant dans l'indice

1- ECOBANK TRANS-INCORP (ETIT)

2- SONATEL SN (SNTS)

3- SAPH CI (SPHC)

4- PALM CI (PALC)

5- SOGB CI (SOGC)

6- FILTISAC CI (FTSC)

7- CIE CI (CIEC)

8- BICI CI (BICC)

9- SIVOA CI (SIVC)

10- SITAB CI (STBC)

- BOA BENIN (BOAB)

- SHEL CI (SHEC)

- SIVOA CI (SIVC)

- SITAB CI (STBC)

Source: Lettre mensuelle de CGF Bourse n° 97, octobre 2007

Quels sont les effets de la crise des subprimes qui à secoué la plupart des places boursières mondiales sur l'évolution des indices de la BRVM?

3-2 Les effets de la crise des subprimes sur la BRVM de l'Uémoa

L'appréciation des effets de la crise des subprimes qui a contaminé la plupart des places boursières mondiales s'explique par l'évolution des indices boursiers. Ainsi, pour mieux analyser les effets des subprimes sur la BRVM, nous nous intéresserons à l'évolution des indices observés sur ce marché boursier en 2007 à travers un bilan boursier.

3-2-1 Le bilan boursier

Il s'agit d'étudier dans cette section, le comportement du marché secondaire, d'analyser de façon globale le marché par secteur afin de faire ressortir les faits marquants de l'exercice boursier 2007.

3-2-1-1 Comportement du marché secondaire

La Bourse Régionale des valeurs Mobilières affiche à la fin de l'année 2007 une forte hausse par rapport à l'année 2006. En effet, la capitalisation boursière de l'ensemble des valeurs cotées s'élève à FCFA 3726 milliards au 31 décembre 2007 contre FCFA 2067 milliards au 29 décembre 2006; soit une hausse de près de 80,26%. La capitalisation des valeurs constituant l'indice BRVM 10 s'affiche à FCFA 2893 milliards en 2007 contre FCFA 1626 milliards il y a un an en arrière. Cette embellie de la BRVM est possible grâce aux importantes plus-values réalisées par l'essentiel des titres de capitalisation dont notamment, le PH CI (+347,63%), SIVOM CI (+300%), PALM CI (+240%), UNILEVER CI ( +227,97%) et, SICABLE CI (+200%).

L'année 2007 a été à la BRVM, l'année où, le volume d'échanges est le plus important depuis la création de cette bourse régionale. Le volume des échanges a été multiplié par cinq pour un total de 9,79 millions de titres négociés contre un volume de 2,12 millions de titres en 2006. Cette forte activité est due notamment aux importants volumes de transaction observés dans les secteurs «Finance » (principalement sur le titre ETIT) et «Agriculture » ( PALM CI et SAPH CI). La valeur des transactions, renforcée par l'action SONATEL SN, reflète ce dynamisme et s'affiche, au terme de l'année 2007, à FCFA 73,72 milliards contre FCFA 53,23 milliards en fin 2006; soit une progression de 38,49% ( cf annexe 2).

Les indices boursiers ont suivi l'évolution du marché et ont affiché , en fin 2007, des valeurs jamais atteintes par la BRVM depuis sa création. En effet, les indices BRVM composite et BRVM 10 ont terminé respectivement en hausse de 77,05% et 71,71%, à 199,45 et 224,85 points alors que sur la plupart des places boursières du monde ( Europe, Etats-Unis, Asie), les principaux indices évoluent à la baisse suite à la crise des subprimes. Cette tendance à la hausse des indices principaux de la BRVM en dépit de leur variation à la baisse au 3ème trimestre de l'année 2007 (voir figure n°7), se poursuit juqu'au 2ème trimestre 2008 où, le 3 juin 2008, le BRVM 10 affiche 285,5 points et le BRVM composite présente un indice de 282,03 points. Cette forte embellie de l'évolution des indices de la BRVM résulte de l'environnement régional apaisé, notamment du retour de la paix en Côte d'Ivoire.

Source: Nos propres investigations à partir des données de la BRVM, juillet 2008

Au début de l'année 2007, les indices BRVM 10 et BRVM composite affichaient respectivement 131,03 et 112,7 points avant d'atteindre en septembre 2007 leur niveau le plus élevé pour une valeur respective de 222,64 et 197 points. Alors que la plupart des indices des places boursières européennes, américaines et asiatiques s'effondrent, la tendance est à la hausse à la BRVM. Selon M. Macalou32(*), directeur par itérim de la SGI Mali, «mathématiquement, il n'y a pas de rapport de corrélation entre nos marchés financiers ». En effet, le volume des échanges commerciaux entre le continent africain et le reste du monde est si marginal que difficilement l'on puisse établir de passerelle entre les deux phénomènes. Les places boursières américaines, européennes et asiatiques sont interconnectées, parce que ce sont les mêmes entreprises (les multinationales) qui opèrent sur ces différents marchés financiers, qui sont organisés de telle manière que ces entreprises peuvent être cotées sur chacune de ces places boursières: c'est la multiple cotation. L'avantage est de permettre à ces multinationales d'accéder facilement à la liquidité et à tout moment, en vendant des titres à la bourse. L'Afrique participe moins à ce flux. La plupart des entreprises multinationales opérant dans les pays africains sont cotées ailleurs; donc a priori, il n'y a pas de relation de cause à effet entre l' économie ouest africaine et la situation actuelle de la crise des subprimes, encore moins une conséquence directe sur les pays de l'Uémoa. Cependant les pays africains peuvent être concernés autrement. La plupart des pays du continent entretiennent des relations partenariales avec les anciennes métropoles.  Notre monnaie, "le Franc FCFA", est adossée à l'Euro, qui a le vent en poupe en ce moment tandis que le Dollar chute. La fluctuation des taux de change entre l'Euro et le Dollar peut affecter la stabilité du CFA , a expliqué Dieri Baucoum33(*), représentant de la BRVM au Mali.
Un autre aspect, non moins important, est la connexion entre les marchés des pays émergents (la Chine, l'Inde et le Brésil) et celui des États -Unis, qui constitue le principal débouché pour les produits manufacturés de ces pays. L'essentiel des produits chinois sont vendus aux Etats-Unis, selon les spécialistes du commerce mondial. Or avec la crise du subprime, la consommation des ménages aux Etats -Unis a baissé, ce qui a influé sur le volume des exportations chinoises. La productivité chinoise en prend un sérieux coup. Cependant autant le marché américain constitue un El dorado pour les industriels chinois, autant celui de la Chine l'est pour le coton ouest africain. La Chine étant le principal client de l'Afrique, les spécialistes de la question espèrent un rapide retour à la normale au bénéfice de l'économie mondiale.

Le marché des obligations quant à lui, enregistre un volume annuel de transaction de 1,02 millions de titres pour une valeur globale de FCFA 10,16 milliards, soit une progression de 59,38% en volume et de 58,75% en valeur par rapport à l'exercice 2006. Le marché est dopé par les volumes d'échanges réalisés sur les lignes « BOAD 5% 2005-2013 », « SHELTER AFRIQUE  6,25% 2003-2012», « CAA BENIN 6% 2007-2012 », et la cotation de cinq nouvelles lignes.

Comment évoluent les différents indices sectoriels de la BRVM?

3-2-2 Les indices sectoriels de la BRVM

Plusieurs secteurs composent le marché de la BRVM. On distingue entre autres, les secteurs de la finance, du transport, l'agriculture, les services publics, l'industrie, et la distribution.

Au cours de l'année 2007, le secteur « finances » reste le secteur le plus dynamique de la BRVM avec 8012353 titres négociés; soit 81,87% du volume global des transactions du marché. C'est en réalité l'action ETIT ( Ecobank Transnational Incorpored ) qui a dopé la performance de ce secteur. En effet, il a été échangé en 2007, 7828559 titres de cette action ; ce qui représente en moyenne 97,71% du volume sectoriel annuel. Malgré ce dynamisme, le secteur «Finances» ne représente que 12,90% (9,51 milliards de Fcfa) de la valeur globale des échanges annuels du marché et, en avril 2008, il est de 28,55%. En effet, le secteur est affecté par la faiblesse du cours de l'action ETIT qui termine l'année 2007 à 510 Fcfa, enregistrant la plus forte baisse annuelle du marché, soit -35,85%. Malgré le fractionnement opéré, en février 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, selon un nouveau cours de référence de 370 Fcfa, le cours de l'action ETI a suivi, après une brève montée, une tendance à la baisse pendant toute l'année 2007, avec une évolution en dents de scie. BICI CI et SGB CI enregistrent des plus values annuelles de 50,56%, à 30 000 Fcfa et 38%, à 27 600 Fcfa, respectivement. Par contre, leurs volumes d'échanges respectifs ne représentent que 0,8% et 1,16% des transactions sectorielles. SAFCA CI offre le rendement le plus élevé du secteur à 9,47% (3,39% en 2006) avec un PER de 7,49 (7,27 en 2006) et a versé, pour le compte de l'exercice 2006, un dividende net de 2 256 Fcfa par action (voir annexe 2).

Le secteur « Agriculture » a connu, en 2007, un regain d'activités et a enregistré 1229803 titres échangés, soit 13,28% du volume annuel du marché. le secteur est principalement tiré par le titre PALM CI qui totalise 1 135 872 actions transigées, soit 87,39% du volume sectoriel annuel. Son cours affiche une forte plus value de 240%, à 10 200 Fcfa. Le secteur enregistre également la plus forte hausse annuelle du marché à travers le titre PH CI, soit 347,63%, à 8 505 Fcfa mais le titre ne réalise que 0,34% du volume sectoriel. SOGB CI et SAPH CI gagnent, respectivement, 143,33%, à 29 200 Fcfa et 115,38%, à 28 000 Fcfa. Après un début d'année timide, le secteur «Agriculture» a bénéficié, à la fin du 1er semestre 2007, des effets d'annonce de versement de dividendes (SOGB CI et SAPH CI) mais également des opérations de capital réalisées (absorption de SAIBE par SAPH CI). En avril 2008, ce secteur confirme son dynamisme et présente 133525 titres transigés. SAPH CI a été au cours de ce mois, le titre le plus actif avec 120691 actions échangées soit 90,39% du volume sectoriel. PALM CI quant à lui, enregistre au cours du mois d'avril 2008, la plus value la plus importante du secteur ( 25%), à 20.000Fcfa. Le plan de restructuration et de doublement de capacité dénommé « plan palmier » mis en route par PALM CI depuis mars 2008 a renforcé considérablement la confiance des investisseurs quant au potentiel de rendement de ce titre dans un environnement politico-économique devenu plus stable.

Le secteur « Services publics », porté principalement par l'action SONATEL SN, affiche 335 663 titres transigés, soit 3,43% des échanges annuels du marché. 94,53% des transactions du secteur (317 318 titres) ont porté sur la valeur SONATEL SN dont le cours a terminé l'année 2007 en hausse de 92,31%, à 175 000 Fcfa. Du fait de la forte poussée de l'action SONATEL SN, le secteur représente 59,56% de la valeur totale des transactions annuelles du marché. SODE CI et CIE CI, les deux autres composantes du secteur, ont réalisé des gains intéressants de 60,48%, à 9 950 Fcfa et 42,11%,à 13 500 Fcfa, respectivement.

Le secteur « Industrie » présente 113 455 titres négociés, soit 1,16% du volume total des échanges comme le montre le graphigue n°8 ci-après:

Source: Nos propres investigations à partir des données de la BRVM, juillet 2008

FILTISAC CI a été le titre le plus actif totalisant 36 659 actions transigées, soit 32,31% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'année 2007 en hausse de 78,48%, à 9 950 Fcfa avec un rendement de 4,24%. Le secteur affiche d'importantes plus values à travers les titres UNILEVER CI, SICABLE CI et TRITURAF CI en hausse, respectivement, de 227,97%, à 38 700 Fcfa, 200%, à 24 000 Fcfa et 175%, à 5 500 Fcfa. Le cours de UNILEVER CI a été tiré par la nette amélioration des résultats financiers affichée par la société qui sont passés d'une perte de 10,6 milliards de Fcfa en 2005 à un bénéfice de 6,9 milliards de Fcfa en 2006, soit un redressement significatif de près de 17 milliards de Fcfa. Les performances commerciales publiées par SICABLE CI au 1er semestre 2007 (chiffre d'affaires en hausse de 68,3%, 4,57 milliards de Fcfa par rapport à la même période en 2006) ont contribué à rassurer les investisseurs. Concernant SOLIBRA CI, malgré le fractionnement opéré sur la valeur en avril 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, avec un cours de référence de 117 500 Fcfa, le titre a clôturé l'année en hausse de 67,63%, à 370 000 Fcfa, offrant ainsi un rendement de 16,23% (12,37% en 2006) pour un PER de 8,63 (7,79 en 2006). SOLIBRA CI a versé, pour l'exercice 2006, le dividende, de loin, le plus élevé du marché pour un montant de 45 000 Fcfa net par action. UNIWAX CI, par contre, perd 23,61%, à 11 000 Fcfa. Cette tendance à la baisse de cette action s'observe également en avril 2008 où UNIWAX CI perd de nouveau 14,43%. Ceci s'explique par la concurrence démesurée des tissus chinois vendus à bas prix sur les marchés des pays de l'Uémoa.

Le secteur « Distribution » totalise 16 681 titres échangés, soit 0,17% du volume des transactions annuelles. SHELL CI a été le titre le plus dynamique avec 5 028 actions échangées, soit 30,14% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'année 2007 en hausse globale de 46,19%, à 15 000 Fcfa. Cette tendance se confirme en avril 2008. SHELL CI a vu son cours affiché un gain de 50,17%, à 24500fcfa. ABIDJAN CATERING, CFAO CI et BERNABE CI offrent en 2007, d'intéressantes plus values de 150%, à 5 000 Fcfa, 104,64%, à 19 850 Fcfa et 103,87%, à 20000 Fcfa, respectivement. De son côté, TOTAL CI gagnent 43,54%, à 99 000 Fcfa.

Le secteur « Transport » enregistre un faible volume de 8 250 titres négociés, soit 0,08% des échanges annuelles. Cependant, SIVOM CI a enregistré la 2ème plus importante hausse annuelle du marché, soit 300%, à 6 000 Fcfa. SDV-SAGA CI représente plus de la moitié (58,73%) des transactions annuelles du secteur et affiche une plus value de 63,23%, à 47 500 Fcfa. Pour l'exercice 2006, SDV-SAGA CI a versé un dividende net de 4 460 Fcfa et offre un rendement de 11,61% pour un PER de 17,1 (voir annexe 2). Notons que durant toute l'année 2007, seules 80 actions SETAO CI ont été échangées. Le titre cède 0,72%, à 6 850 Fcfa.

3-3- Principales conclusions et implications en terme de politiques d'atténuation de la crise en Afrique de l'Ouest.

3-3-1 Analyses et vérification des hypothèses

Hypothèse /OS1

Cette hypothèse suppose que '' le système ouest africain, véritable héritage de la colonisation, s'est nettement réorganisé ces dix dernières années''.

Cette hypothèse dans son appréhension, est scindée en deux sous-hypothèses identifiées comme suit:

- la politique des taux d'intérêt pratiquée par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, favorise l'expansion des activités de crédit dans la zone Uémoa. Les ménages de la zone Uémoa ont pour principales sources de financement, les banques commerciales auprès desquelles ils contractent des dettes à un coût très bas.

L'analyse du graphique n°1 et celle du système financier de l'Uémoa nous révèle que pour un ménage ouest africain il lui faut débourser en moyenne un peu plus de 6,25 Fcfa pour bénéficier d'un crédit de 100Fcfa en 2004 alors qu'en Europe, le coût d'un crédit de 100 euros est, à la même année légèrement au dessus de 2 euros. Le ménage américain quant à lui, déboursait à peine 1 dollar Us pour 100 dollars Us. Ceci témoigne de la facilité qu'ont les ménages américains et européens à accéder plus aisément aux ressources nécessaires au financement de leurs besoins. Le taux d'intérêt pratiqué par la bceao est de l'ordre de 6% en moyenne sur la période allant de 2000 à 2007. En effet, les banques commerciales se refinancent auprès de la bceao, par la politique d'escompte, à un taux moyen de 5,31%. Le refinancent par la mise en pension nécessite un taux moyen de 4,81%. Ces taux sont largement au dessus de ceux pratiqués dans la zone euro et aux Etats-Unis dont les banques centrales affichaient respectivement une moyenne de 2,96% et 2,03% sur toute la période. De plus, le graphique n°4 illustre très bien combien de ménages ouest africains bénéficient des crédits des banques commerciales de l'Uémoa pour financer leurs logements. Malgré les dispositions prises par l'organe dirigeant de l'Uémoa pour favoriser la promotion de l'acquisition du logement par chaque ménage, le coût auquel les banques empruntent leurs capitaux est encore très élevé. Seuls les plus aisés pouvant exhiber une solide garantie en bénéficient.

A l'issue de ces analyses, il convient de souligner que, dans la zone Uémoa, le mode de financement des besoins des ménages par le crédit classique ( celui octroyé par les banques commerciales) est très peu développé et ne concerne qu'une minorité de personnes pouvant constituer une garantie très solide. Les ménages les moins nantis ont souvent recours aux méthodes traditionnelles ( tontine, microfinance, emprunt familial, capitaux propres) pour assurer le financement de leurs besoins essentiels tels que le logement, la voiture.... Le taux d'intérêt débiteur, pratiqué par les banques de second rang ne favorise pas le développement des activités de crédit. L'hypothèse d'expansion des activités de crédit des banques commerciales dans la zone Uémoa n'est donc pas vérifiée. Le ménage africain a, le plus souvent recours à l'autofinancement sinon emprunte à un coût très élevé pour financer ses besoins.

- le taux de couverture bancaire ( taux de bancarisation) dans la zone Uémoa est estimé en moyenne à 35% ces dix dernières années.

L'étude du réseau bancaire de l'Uémoa à travers le tableau n°3, mous montre qu'en 2006, il existe au total 116 banques et établissement financiers agréés dans toute la zone Uémoa. En effet, bien que la représentation du réseau bancaire soit très inégale d'un pays à un autre avec des différences allant du simple au décuple, sur toute la zone, il y a en 2006, un guichet pour près de 103.448 habitants couvrant une superficie de 5029 km2 contre, un guichet pour 116.000 habitants pour 5917 km2, il ya sept ans en arrière. Le taux moyen de bancarisation dans la zone Uémoa est de 5% loin des 35% admis dans l'hypothèse. L'espace Uémoa est donc très peu bancarisé. Cette hypothèse n'est donc pas vérifiée.

Au total, l'organisation du système bancaire de l'Uémoa pose toujours problème même si beaucoup d'avancées sont à noter. La monnaie de la zone Uémoa, le franc CFA adossé à l'euro, ne favorise pas toujours l'autonomie de la BCEAO dans la définition de sa politique monétaire. L'instabilité politique des pays membres n'est pas un facteur à encouager l'implantation des banques commerciales. L' hypothèse selon laquelle le système bancaire de la zone Uémoa s'est nettement réorganisée n'est donc pas vérifiée.

Hypothèse/OS2

Elle stipule que ''le prix de l'immobilier en zone Uémoa, entre 2000 et 2008, s'est apprécié de 75%''.

L'analyse des tableaux de l'annexe 2 et le graphique n°5 permettent d'appréhender la proportion dans laquelle évolue le prix de l'immobilier dans la zone Uémoa. Si dans la zone Euro et aux USA, le prix de la pierre a presque doublé, dans les pays de l'Uémoa, l'évolution du prix de l'immobilier n'échappe pas à cette réalité. Sur la période allant de 2000 à 2008, le prix du logement dans la zone Uémoa s'est apprécié de près de 22%. Cependant, l'hypothèse d'une augmentation significative est à relativiser. Si en Côte d'Ivoire, au Bénin et au Sénégal, le prix de l'immobilier a presque doublé sur cette période, force est de constater que dans les autres pays de l'Uémoa, il est relativement moins élevé; ce qui tire vers le bas la moyenne régionale. L'hypothèse d'une appréciation du prix de l'immobilier de 75% dans la zone Uémoa n'est donc pas vérifiée.

Hypothèse/OS3

Elle suppose que ''l' Afrique semble être épargnée de la crise des subprimes qui secoue la plupart des places boursières dans le monde. La bourse régionale des valeurs mobilières n'est pas affectée par la crise des subprimes''.

L'analyse des graphiques n°7 et n°8 nous permet de constater que les principaux indices de la BRVM ont connu sur l'année 2007 une évolution à la hausse sans précédent. Le BRVM Composite termine l'année à 199,45 points et le BRVM 10 affichait 224,85 points en dépit des nombreuses baisses qu'ont enregistrées les différentes places boursières mondiales. Ce sont des valeurs jamais atteintes depuis la création de la bourse. Cette progression se poursuit en 2008. Les indices sectoriels soutiennent cette évolution et c'est le secteur « Finance » qui a été le secteur le plus dynamique. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle la BRVM n'est pas affectée par la crise des Subprimes est donc vérifiée. Toutefois, il est à noter que les effets pervers de la crise n'épargne pas pour autant l'Afrique. Le graphique n°6 nous montre que les ménages, à quantité et revenu constants, consacrent plus une grande partie de leur budget à la consommation des biens alimentaires; ceci est la conséquence directe de la spéculation de certains fonds qui voient et considèrent les matières premières et le pétrole comme des valeurs refuges afin de se faire  une nouvelle santé financière suite à l'éclatement de la bulle immobilière.

3-3-2 Principales conclusions

Au terme de notre analyse, plusieurs enseignements se dégagent:

è L'Uémoa, zone d'échange et instrument d'intégration économiques des huit pays membres de l'Afrique de l'Ouest, est un espace dépendant de la zone Euro à travers la France. En effet, la monnaie utilisée dans cet espace économique, le franc CFA, est adossée à l'euro et garantie par la Banque de France; ce qui ne favorise pas toujours les échanges commerciales et l'élaboration de bonnes politiques monétaires par la bceao.

è La zone Uémoa contrairement à d'autre espace économique, est très peu bancarisée. Le taux moyen de bancarisation de la zone est estimé à 5%. La faible densité du réseau bancaire constitue un frein au développement des affaires dans cet espace de l'Afrique de l'Ouest.

è La politique des taux d'intérêt pratiquée par la banque centrale des états de l'Afrique de l'Ouest, banque centrale de la zone Uémoa, ne favorise pas des opérations de crédit aux particuliers. Le taux d'intérêt débiteur exigé par les banques commerciales de l'union est très élevé et assorti de garantie très solide; ce qui élimine d'office l'accès des couches les plus vulnérables aux crédits proposés par ces banques.

è Les ménages de l'Uémoa ne bénéficient presque pas de crédit pour le financement de leurs logements. Malgré les politiques récentes d'implantation des banques d'habitat dans les pays membres définies par la commission bancaire de l'Uémoa, le recours à l'autofinancement ou à l'épargne familiale sont les principales sources de financement des ménages ouest africains.

è Il n'existe pas de politiques uniques de financement du logements dans la zone Uémoa. Très peu de stratégies nationales du logement sont conçues comme cadre de référence de la politique nationale en matière d'habitat dans les pays membres de l'union.

è Le marché de l'immobilier en zone Uémoa est très peu organisée. Les promoteurs et agences immobiliers sont peu organisés et mal structurés.

è Le prix de l'immobilier a progressé de 22% sur la période allant de 2000 à 2008 dans la zone Uémoa. Les régions d' Abidjan, de Dakar, Cotonou et Bamako sont les villes où le prix de la pierre a presque doublé. Toutefois cette évolution à la hausse du prix de l'immobilier est moindre par rapport à la zone Euro et aux Etats-Unis où les crédits immobiliers sont très développés.

è Le marché financier de l'Uémoa constitue l'une des principales sources de financement des entreprises. Ce marché est méconnu des populations. C'est un marché réglémenté, continu et dirigé par les ordres d'achat et de vente de titres. Premier du genre au monde, ce marché régional est un marché que partage les huit Etats membres de l'union. C'est un marché bien structuré et organisé. La bourse régionale des valeus mobilières est un pilier fondamental de ce marché.

è La plupart des sociétés cotées à la BRVM ne sont pas cotées sur d'autres places boursières. Le risque lié à la cotation multiple est donc limité. 38 sociétés au total de toutes nationalités opèrent sur la BRVM.

è Les principaux indices de la BRVM, au couurs de l'année 2007, ont atteint des valeurs jamais atteintes depuis la création de la bourse; ceci traduit la bonne santé des entreprises cotées. Le BRVM 10 et le BRVM Composite ont atteint respectivement en fin décembre 2007 les valeurs de 224,85 et 199,45 alors que les places boursières américaines et européenne sont plongées dans le rouge et ceci à cause de la crise des subprimes. Cette performance exceptionnelle de la BRVM est rendue possible grâce à celle réalisée par les indices sectoriels. En effet, le secteur «Finance» a été le secteur le plus dynamique au cours de l'année 2007. Alors que la plupart des banques commerciales américaines et européennes sont à court de liquidité et secourues par leur banque centrale respective, l'action ETIT du groupe Ecobank vient doper le marché.

è La BRVM n'est pas affectée par la crise des subprimes. Les indicateurs de performance de cette bourse sont tous au vert pendant l'été 2007 et au cours du premier semestre 2008. Les principaux indices poursuivent leur évolution à la hausse. Toutefois, étant importateurs nets de produits pétroliers, la plupart des pays membres de l'Uémoa doivent faire face à l'envolée des prix des produits de premières nécessités. En effet, le krach financier qui a éclaté durant le courant de l'été 2007 a conduit bon nombre de gros opérateurs boursiers à jeter leur dévolu sur de nouveaux produits pour tenter de se refaire une santé à la hauteur des formidables plus-values réalisées pendant des années en misant sur l'immobilier états-unien et ses dérivés titrisés (transformation des traites des petits accédants à la propriété en titres boursiers échangeables). C'est ainsi que les regains de tensions sur la demande de matières premières ont débouché au pire sur des hausses de cours de 10% , 20%, 100% voire 200%.

Cependant, certaines contraintes limitent nos conclusions notamment celles liées à la non disponibilité de certaines données dans leur globalité telles que celles des années 2006 et 2007. Une extension de cette étude, aux autres marchés financiers de l' Afrique à savoir le Nigéria Stock Echange, Ghana Stock Echange, serait la bienvenue . Toutefois, à l'état actuel de nos investigations, nous pouvons faire quelques suggestions afin d'atténuer ou de prévenir les conséquences de cette crise.

3-3-3 Implications en terme de politiques d'atténuation des conséquences de la crise

La Bourse Régionale des valeurs mobilières n'est pas touchée par la crise des subprimes. Cependant, l' Afrique n'est pas totalement épargnée des effets pervers de la crise qui se traduit par l' envolée des prix des produits alimentaires. Ainsi, pour améliorer les conditions de vie des ménages Ouest africains quelques actions sont nécessaires tant sur le plan bancaire que sur le marché financier régional:

è La commission bancaire de l'Uémoa doit assainir et multiplier les agréments afin d'accroître le taux de bancarication de la zone. Ceci passe par la réorganisation du système bancaire dont l'objectif serait de limiter voire banir sa dépendance vis à vis de la banque de France et par conséquent de l'union européenne. Pour ce faire, il importe que l'Union se dote de sa propre monnaie afin de sortir du régime de rigidité du Fcfa qui ne favorise pas toujours la dynamisation de l'économie.

è La bceao, la banque centrale de la zone Uémoa, afin de stimuler la croissance économique dans les pays membres de l'Uémoa, serait amenée à revoir sa politique monétaire notamment celle des taux d'intérêt. La révision fréquente des taux directeurs de la bceao notamment à la baisse, permettra aux ménages d' accéder, à moindre coût, aux crédits de consommation proposés par les banques commerciales. Ainsi l'accès à la propriété immobilière cessera d'être l'apanage des seuls aisés financièrement. Le taux d'intérêt pratiqué par les banques défavorise les plus démunis qui n'ont que pour source de fiancement, la famille ou l'autofinancement. La promotion des banques spécialisées dans les prêts immobiliers est nécessaire. Ces prêts doivent être assortis des comditions souples et accessibles à tous et le CREPMF doit veiller à leur transparence sur le marché afin de limiter les risques pouvant conduire à la crise actelle des subprimes.

è Les moyens de paiement bancaires sont des fondamentaux d'une économie structurée où le secteur bancaire est au coeur des opérations commerciales. Ils permettent de régler en un temps record ses opérations et constituent un gage de sécurité car protégés par les assurances. L'Uémoa doit donc encourager l'utilisation des cartes, chèques bancaires pour éliminer au maximum l'importante masse de monnaie fiduciaire qui circule dans la zone.

è Les contraintes faites aux petites et moyennes entreprises dans le financement de leurs activités auprès des banques commerciales, constituent un véritable frein au développement économique de la zone Uémoa. Il est important d'assouplir les conditions de prêt pour permettre à ces entreprises d'accéder aux capitaux afin d'accroître l'investissement, créateur d'emplois et donc de richesse.

è L' organe chargé de la promotion de la BRVM, pour atteindre son objectif, qui consite à faire connaître la bourse auprès des différents acteurs économiques au sein de l'Uémoa, devrait procéder à des journées portes ouvertes des instances de la BRVM dans les huit pays membres de l'Uémoa. Des communications et séances d'informations doivent être faites dans les princales langues locales afin d'élargir le champ d'audience et surtout intéresser les populations.

è Les banques commerciales et entreprises doivent être stimulées par un dispositif commun d'ordre fiscal pour encourager leur inscription à la bourse. Les sociétés publiques ont un rôle déterminant à jouer dans l'animation du marché financier. Les autres pays de l'union en particulier et dans une moindre mesure la Côte d'Ivoire, doivent s'intéresser davantage à la BRVM pour financer leurs projets de développement au lieu de faire appel à des capitaux extérieurs.

* 29 Equivalent de l'ancienne commission des opérations de bourse en France.

* 30 D'après la BRVM

* 31 D'après la BRVM

* 32 Cité par le journal Essor n°16125 du 30 janvier 2008, dans son article, la crise boursière: la nersosité s'estompe.

* 33 Essor, op. Cit.

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