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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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4 - Administration des Eaux et Forêts

La législation


Photos 7 et 8 : les balles à grande puissance d'arrêt (GPA) (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 20005

Les photos ci-dessus présentent les cartouches spécifiques à la chasse à l'éléphant. Il y a dans ce carton vingt cartouches d'une valeur de 200 000f CFA. Ces cartouches sont la propriété de l'un de nos informateurs qui apprêtait sa prochaine chasse à l'éléphant. Pour la circonstance, il nous a présenté toutes ses armes (4 fusils de chasse et un pistolet). Mais celle qui a attiré notre attention est la carabine 458. Il faut souligner que les balles de cette carabine sont blindées.

De fabrication française, ces balles sont interdites à la chasse en Europe. Nous nous sommes posés la question de savoir pourquoi cette interdiction, l'informateur nous dit qu'en Europe, il n'y a pas d'animaux féroces tels que les éléphants, les buffles et bien d'autres qui peuvent prendre les balles de ce type. L'informateur nous dit également que la chasse à l'éléphant, appelée aussi grande chasse, a pour objectif le besoin d'ivoire. Les balles de cette carabine ont une grande puissance d'arrêt (GPA) et voilà pourquoi on les appelle balles GPA. C'est à la suite de tout cela qu'une question nous est venue à l'esprit. En effet, l'éléphant est partiellement protégé sur le territoire gabonais. Il est formellement interdit de le chasser. Mais les balles GPA sont également vendues. Que fait-on de l'interdiction ? Et voilà que se présente le paradoxe que nous qualifions de flagrant. Interdire la chasse de l'éléphant, c'est interdire les cartouches ou les balles qui mettront sa vie en danger.

Chasser l'éléphant, c'est avoir besoin de son ivoire. Cela nous conduit à la consommation des sous- produits ou aux trophées comme disent les spécialistes. Un autre informateur que nous avons rencontré cette fois-ci à Mbel, nous révéla lors de notre excursion en forêt qu'un dignitaire du Haut- Ogooué engagea deux chasseurs qui sont venus chasser les éléphants à Mbel (village situé au PK 85 d'Owendo sur la voie ferrée). La chasse peut être qualifiée de massacre car elle permit l'abattage de 33 éléphants dans la période d'octobre/novembre 2004. Et le besoin d'ivoire était à l'origine de ce massacre. La 458 dont nous parlions plus haut a une capacité de quatre balles. Nous constatons ici que les insuffisances juridiques entretiennent l'impact négatif sur la faune. Les populations profitent de cette situation pour surexploiter la faune sauvage. Une reforme évidente de la loi d'orientation en matière de la protection de la faune est nécessaire. Même les populations des couches moyennes et aisées sont dans ce commerce. La loi se doit donc de mesurer et contrôler tout cela. La loi ne doit pas être passive face à certains comportements. Cette situation entraîne toujours l'injustice au sein de la société. Cet aspect nous a même été évoqué lors de nos enquêtes. D'aucuns pensent que la loi est faite pour certains et s'applique sur et pour d'autres. Cela entraîne les attitudes de mépris et de révolte de la loi par les populations touchées par ce phénomène.

Il est également important d'étudier les formes de procuration de ces cartouches par les chasseurs. Nous avons fait plusieurs observations. Le chasseur propriétaire d'un permis de chasse et de port d'arme aura droit à un bon de cartouches délivré par le ministère de l'intérieur. Mais cette procédure d'acquisition n'est pas partout la même. Il y a des chasseurs qui se procurent des cartouches auprès de leurs propriétaires notamment les chasseurs que nous avons qualifiés de dépendants. Il y a des chasseurs qui achètent des cartouches auprès des personnes qui ont des bons de cartouches. En effet, même les cartouches se vendent au même titre que les piles, les câbles métalliques et autres. Nous voyons effectivement que tous ceux qui se procurent des cartouches par le canal d'une tierce personne n'ont pas de bon de cartouches et ne sont pas propriétaires de l'arme qu'ils utilisent ou bien qu'elle n'est pas enregistrée. Plusieurs éventualités sont possibles, mais nous nous contenterons de ce peu.

Un autre fait observable, c'est celui de la vente des bons de cartouches par certains agents du ministère de l'intérieur à des prix dérisoires. Les bons de cartouches se retrouvent ainsi sur le territoire sans être enregistrés. Il est également important de souligner que ces bons sont produits chaque année et tant qu'il n'est pas utilisé, il reste toujours valable, même s'il date de 1990. Alors qu'il était intéressant d'instituer une date de validité sur ces bons (si possible un an de validité). Et l'entreprise assignée à cette tâche doit être un service non lucratif. Il est à rappeler que tant que le service sera lucratif, les périodes de fermeture et d'ouverture de la chasse ne seront guère respectées. Ce respect doit d'abord provenir de l'arrêt de la vente des cartouches pendant la période de fermeture de la chasse. Il ne faut pas oublier que l'entreprise a pour objectif principal la réalisation des bénéfices. Elle ne tiendra pas compte de la règle qui institue la fermeture de la chasse ou la non vente de certaines cartouches ou balles afin d'appliquer la réglementation qui protègent certaines espèces au Gabon. La loi d'orientation n'intègre pas toutes ces réalités. Ce qui ne ferra que compliquer la résolution du problème de la gestion rationnellement de la faune sauvage, politique prônée par l'Etat. La loi se doit de maîtriser tous les contours de la réalité sociétale.

Missions de police

Photo 9 : Lutte anti-braconnage dans le département d'Etimboué (cliché Programme de Valorisation des Ecosystèmes Humides en Afrique Centrale (PVEHAC)) Juin 2000.

Suite à la mission de collecte de donnée dans le département d'Etimboué (province de l'ogoué Ivindo) du 21 mai au 9 juin 2000, financée par le programme CARPE du BSP, les membres de l'équipe du Programme de Valorisation des Ecosystèmes Humides en Afrique Centrale (PVEHAC) ont assisté à l'opération de lutte anti-braconnage organisée par la brigade de faune d'Iguéla. L'opération de lutte a duré près de douze heures. Elle a débuté le 8 juin 2000 à 15h pour s'achever le 9 juin 2000 à 3h du matin. Elle a réalisé plusieurs saisies dont nous vous présentons l'image. Les saisies concernent les espèces qui suivent : crocodiles, porcs épics, gazelles, singes, tortues, buffles, cercocèbes à collier blanc, potamochères, antilopes sitatunga, vautours, chevrotains, calaos.

La photo 9 et le tableau 4 mettent en exergue la politique que l'Etat met en place de par les missions de police de la brigade de la faune et de la chasse, d'une part. D'autres part, nous savons de par cette image que les chasseurs et les « bayames » sont souvent victimes des saisies opérées par les agents des Eaux et Forêts. In fine, nous savons de par le tableau que la faune est menacée, tout en estimant les prélèvements opérés par les chasseurs.

Aussi, parmi les prérogatives qui leur sont assignées, les agents des eaux et forêts font en fonction des moyens disposés ces missions de police. Elles consistent en la saisie des ressources fauniques et forestières. Le tableau ci-dessus illustrant la lutte anti-braconnage dans le département d'Etimboué est un bon exemple. Notre objectif est d'exprimer la non application de la législation ou les dérapages des agents des eaux et forêts. Notre propos tire son fondement dans la première colonne du tableau (espèces saisies). La mission de police consiste en la saisie de tout le gibier que possèdent les chasseurs et/ou les « bayames ». La mission d'Etimboué a saisi plus de onze espèces différentes. Dans cette liste, nous retrouvons les catégories d'espèces définies par la loi : les espèces intégralement protégées, les espèces partiellement protégées et les espèces non protégées. Nous allons nous intéresser sur les dernières espèces. C'est à ce niveau que la loi ne s'applique pas. Dans ce type d'espèces, nous avons le vautour, le cercocèbe à collier banc, le singe, le céphalophe bleu (gazelle), l'athérure (porc épic). Nous voyons qu'à ce niveau il y a un véritable problème. La simple saisie constitue déjà pour les victimes une injustice. Car celles-ci ne savent pas la destination véritable et légale de ces saisies. Plus grave, quand ce sont les agents des eaux et forêts qui piétinent la loi. Nous avons là, l'un des éléments qui poussent les chasseurs et les « bayames » à la révolte.

Nous donnons dans le tableau ci-après les résultats des saisies.

Espèces saisies

Prise 1

Prise 2

Prise 3

Total 1+2+3

1 Crocodiles

9

1

5

15

2 Porcs épics

7

7

6

20

3 Gazelles

2

5

11

18

4 Singes

1

5

14

20

5 Tortues

11

0

0

11

6 Buffles

1

0

0

1

7 Cercocèbes à collier blanc

1

0

1

2

8 Potamochères

1

6

10

17

9 Antilopes Sitatunga

1

4

3

8

10 Chevrotains

0

2

1

3

11 Vautours

0

0

5

5

12 Autres

3

3

0

6

TOTAL

37

33

55

125

Tableau 2 : Lutte anti-braconnage dans le département d'Etimboué

Source : PVEHAC

Le tableau met en évidence la forte pression qu'exerce l'homme sur la faune par le biais de la chasse. En effet, si plus de 125 animaux sont prélevés en l'espace d'une demi-journée, ce sont donc plus de 90 000 gibiers (toutes espèces confondues) que l'on prélève chaque année dans les 22800 km2 du département d'Etimboué.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote