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l'Institut National de Préparation Professionnelle, Mondialisation et travail humain: enjeux de troisieme millenaire pour la République Démocratique du Congo

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par J.D. Felly MUKENDI KADIMA
Université de Kinshasa - Licence 2003
  

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Cfr l'organigramme.

2.6 FONCTIONNEMENT DE L'INPP

1. L'organisation de la formation professionnelle

L'organisation de la formation est régie par l'ordonnance n°71-055 du 26 mars 1971 qui fixe les règles applicables à la formation professionnelle, à l'apprentissage et au perfectionnement professionnel.

Nous avons :

a) La formation professionnelle : il s'agit d'un mode de formation permettant aux jeunes qui n'ont pas encore une activité professionnelle, aux personnes en chômage ainsi qu'à toute personne exerçant une activité économique, d'acquérir ou de développer des connaissances techniques et professionnelles générales en vue de l'exercice d'une profession ;

b) La formation professionnelle orientée immédiatement vers l'emploi : l'initiation de la main d'oeuvre dans des conditions du travail réel ;

c) L'apprentissage concernant les travailleurs déjà en emploi : elle donne naissance à un contrat d'apprentissage ;

d) La formation professionnelle accélérée : une formation technique des travailleurs ou futurs pour l'exercice des travaux spécialisés ;

e) Perfectionnement : amélioration et adaptation des connaissances déjà acquises ;

f) L'orientation professionnelle : oriente l'individu en vue de résoudre les problèmes du choix d'une profession ;

g) La sélection professionnelle : permet d'éviter l'admission des personnes inaptes dans la formation.

2. Cadre de la formation professionnelle

La durée de la formation de l'INPP repose sur certaines qualifications ou critères :

- Le niveau de connaissance à atteindre ;

- Les conditions minima requises et des qualifications que possèdent déjà les candidats lors de leur admission ;

- Activités professionnelles antérieures et de la nécessité de les préparer aussi rapidement que possible à exercer un nouvel emploi.

CHAPITRE II. LE SECTEUR PROFESSIONNEL CONGOLAIS A L'AUBE DU TROISIEME MILLENAIRE

Dans ce chapitre nous abordons les questions relatives à l'état des lieux du secteur de la formation professionnelle congolais en mettant l'accent sur les difficultés rencontrées par l'INPP dans l'exercice de la formation.

Section 1. LE SECTEUR PROFESSIONNEL CONGOLAIS

1.1 ORIGINE ET EVOLUTION

Depuis l'existence de l'homme sur la terre, le travail a considérablement préoccupé une très grande partie de sa vie, il est d'une importance capitale car c'est par lui que ce dernier arrive à satisfaire ses besoins multiples. De ce fait, la terre a constitué un premier bien de production de l'homme partant bien sûr de la cueillette, du ramassage caractérisés par le nomadisme progressif ; c'est par l'agriculture au sens large (chasse, pêche, culture,...) que l'homme est parvenu à se sédentariser, car son métier lui permettait de s'y identifier.

Au contact des hommes avec les étrangers, une nouvelle dimension du travail a pris naissance, il s'agit de l'échange des biens contre biens, et contre la monnaie plus tard, d'où l'existence de l'économie de troc et de la traite dans les milieux africains.

Lors du morcellement de l'Afrique en 1885 et pendant la période coloniale (1885-1960), apparut un groupement d'entreprise "trust " qui a occasionné le style du travail salarial dans des entreprises, des usines et des mines. Le travail a quitté le stade familial pour devenir celui du groupe hors-familial, caractérisé par les technologies diverses et des conditions nouvelles basées sur la prolétarisation.

Mais comme « le passage d'un individu du milieu traditionnel au milieu moderne, passage qui se fait le plus souvent sans transition, implique des heurts plus ou moins violents ; la main d'oeuvre ici considérée est caractérisée de la façon la plus frappante par son instabilité et par sa faible qualification ».((*)1)

Il sied de clarifier ici que, le progrès du travail était caractérisé par les avantages des uns, et les désavantages des autres qui furent marginalisés par le manque du travail, d'où l'on a parlé pour la première fois du "chômage" . Les principales conséquences de l'évolution du secteur professionnel sont : l'éclatement social, l'affaiblissement des solidarités collectives liées au travail et l'incohérence culturelle, professionnelle justifiés par le fait que tout travail devient soumis aux valeurs convergeant au profit de l'entrepreneur.

Sur le plan international, l'évolution du travail amène des idéologies diverses ; « la productivité du travail a considérablement augmenté depuis un siècle, et particulièrement depuis 1950, on est capable de produire toujours plus avec moins de travail humain ».((*)1) ; Ainsi, le travail humain perd sa valeur avec l'évolution technologique, il devient étiquette et sans importance en partant de la vision des entrepreneurs.

Après les indépendances et pendant la première et la deuxième république, le secteur professionnel congolais fut caractérisé par le renforcement des inégalités dues à une économie congolaise extravertie gérée et entretenue par les multinationales.

C'est ce que souligne C. MWABILA M. : «  le caractère extraverti de l'économie du pays et sa dépendance du grand capital étranger qui entraîne un développement déséquilibré des différentes régions, ce déséquilibre entretenant lui même des niveaux variés de participation des populations à la société, à l'économie et à la consommation ».((*)2)  Pendant la même période, suite aux imperfections professionnelles diverses, la mauvaise gestion de la res-publica, la privatisation des entreprises « la zaïrianisation », les niveaux d'instructions très bas de la majorité des congolais, l'augmentation géométrique de la population active et surtout les deux pillages de 1991et1992, l'on a eu comme conséquences la détérioration progressive et la dégringolade du secteur professionnel.

La troisième république se débat, à son tour, avec le retour des multinationales sur le champs idéologique et économique mondial visant la transformation structurelle de l'économie, « ...les transformations économiques résultant d'un processus inexorable qui est la mondialisation avec ses alliées, les nouvelles technologies de l'information qui feraient du monde un village planétaire..., la mondialisation rend les restructurations inévitable avec ce qu'elle implique de « dégraissage » (terme bien cynique, puisque la graisse désigne les femmes et les hommes qu'on licencie ».((*)3) De ce constat de Soulet, il sied de dire que la mondialisation et les nouvelles technologies qui l'accompagnent jouent un rôle important dans la productivité qui est la vision primordiale des multinationales de pouvoir maximiser les profits, cependant, elles génèrent moins d'emplois et s'assurent ladite productivité avec moins de ressources humaines.

Le mouvement de substitution homme-machine, propre à ce millénaire, est caractérisé par des tensions sociales diverses dans le secteur professionnel congolais ; les malaises anti-sociaux que couvrent ce millénaire, ne sont observables qu'en partant des effets manifestes dans ce secteur professionnel ; il est alors loin d'être le millénaire du développement du tiers monde, car, « le développement doit se faire par l'homme et pour l'homme ».((*)1) Pour l'évidence de la substitution homme-machine que vise les multinationales (les maîtres de la mondialisation), le développement n'est valable que si les tensions sociales sont conçues comme signe d'alerte des éléments anti-développement pouvant subir des corrections éventuelles propres aux réalités de chaque entité notamment la RDC.

 

1.2 LES CONDITIONS DE TRAVAIL EN RDC

Etant donné que : « le travail est pour chacun un droit et un devoir ; Il constitue une obligation morale pour tous ceux qui n'en sont pas empêchés par l'âge ou l'inaptitude au travail constaté par un médecin » ;((*)2) de ce fait, le négliger serait compromettre la vie sociétale, il doit être pris avec beaucoup de considérations et se réaliser dans les conditions socialement acceptées.

La problématique des conditions de travail est la question centrale dans toutes les nations et l'objet des revendications de tous les jours, l'existence des négociations paritaires (faites entre les partenaires sociaux représentant les salariés et les dirigeants) n'est que dans le but de créer l'équilibre et l'harmonie des conditions de l'exercice professionnel. Par les conditions de travail entendons : l'ensemble des facteurs psycho-sociaux intervenant dans l'exercice des tâches, d'une fonction...dans une entreprise ; et les négociants sont « les syndicats ».

En effet, depuis sa création en Suède, le syndicalisme n'a atteint la RDC qu'en 1967 en passant par les étapes ci-après : " Conseil National du Syndicalisme du Congo", pour " l'Union Nationale des Travailleurs du Congo", puis par la diversification des différents groupes syndicaux.

Dans la quintessence faite par P. Jardillier des études sur les conditions du travail dans le monde, il est intéressant de constater que : « ces études mêlent étroitement qualification et condition de travail, le progrès technique creusant le fossé entre les emplois qualifiés et ceux qui ne sont pas »;((*)3) pour ne rien dire que les conditions de travail sont fonctions ou sont tributaires de la qualification professionnelle.

« Le domaine de négociation paritaire Congolaise couvre en général les matières de travail prévues par la loi :

· Le salaire

· Condition d'embauche et de licenciement

· Durée de période d'essai et de préavis

· Congés payés

· Heures supplémentaires et leurs taux

· Primes d'encouragement

· Indemnité de déplacement

· Conditions générales de rémunération au rendement

· Majoration diverses (primes, salaires, ...)

· Organisation et fonctionnement de l'apprentissage et de formation professionnelle

· Organisation, gestion et financement des services sociaux et médicaux »((*)1)

Nonobstant ce vaste champ de négociation, les problèmes relatifs aux conditions de travail sont évidents, et un accent progressif est mis sur certaines matières telles que : le salaire par rapport à la formation professionnelle, et pourtant il est des compétences des syndicats de veiller à elles pour ce millénaire en partant de l'article 8 du code de travail congolais ainsi que toutes les matières prévues dans le titre II du chapitre 1.

1.3 LA MOTIVATION DU TRAVAIL

La motivation est un facteur psychologique stimulateur d'une action ; elle constitue l'une des matières inscrites au programme de la négociation collective et est la vision primordiale de tous les travailleurs en vue de la satisfaction de ses besoins.

En effet, étant un doit pour tous les travailleurs, la réalisation du travail exige une « rémunération », car chacun des contractants vise un objectif, dans l'offre d'emploi par l'employeur et dans sa demande par le travailleur.

Selon la législation Congolaise, « la rémunération est une somme représentative de l'ensemble des gains susceptibles d'être évalués en espèce et fixés par accord ou par les dispositions légales et réglementaires qui sont dus en vertu d'un contrat de travail, par un employeur à un travailleur ».((*)2)

Elle prévoit ces éléments comme ses constitutifs :

· Le salaire ;

· Les commissions ;

· L'indemnité de vie ;

· Les primes ;

· La participation aux bénéfices ;

· La gratification ;

· Les valeurs des avantages en nature ;

· Les allocations familiales (plus du montant légal) ;

· Les allocations de congé ;

· Les sommes payées par l'employeur pendant l'incapacité du travail et la période précédente et suivant l'accouchement.

« L'étude du salaire et salariat ressortit donc à un aspect de la sociologie du travail, à son aspect de valeur objective...»((*)1), elle est en fait tributaire des critères tels que : niveau d'étude, la qualification, la tâche occupée, du rendement ou travail fournit ... « car la valeur du salaire ne doit jamais être plus grande que la valeur de l'utilité produite par le travail, ce qui doit s'entendre en droit strict. Mais le capitaliste dévoile l'excès de l'exploitation du travailleur par l'emploi et par les plus values ».((*)2)

Etant donné que la rémunération constitue un coût pour l'entrepreneur, elle est calculée avec toute vigilance pour la réalisation des profits afin de réinvestissement. La rémunération est favorable et est octroyée légalement quand l'entreprise est dans la phase d'expansion (phase marquée par augmentation de la production), et est contrairement octroyée si l'entreprise est dans la phase de la dépression (le contraire de l'expansion).

D'une façon générale, le principe de la rémunération dans le monde et en RDC en particulier répond à l'idéologie capitaliste ou celle-là est conçue comme un prix payé à l'exercice du travail juste pour la restitution de la force perdue, ce qui ne correspond pas du tout au travail réalisé.

Contrairement souligne Hessle : « le salaire doit permettre à l'ouvrier de satisfaire pleinement et normalement les besoins qu'il ne pourrait retrancher sans mettre en danger son existence physique ; il doit être suffisant pour permettre à l'ouvrier de participer aux biens de la civilisation et pour lui assurer une existence digne de l'homme ».((*)3)

C'est ce qui fait que les revendications soient continuelles en matière de la rémunération en RDC par les travailleurs qui sont aliénés par les employeurs publics et privés.

D'une façon typologique, on distingue en RDC, le salaire direct et indirect :

· Le salaire direct : qui est donné souvent en numéraire suivant les minima légaux de l'Etat, le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti), le rendement, heure...

· Le salaire indirect : constitue l'ensemble des prestations sociales libérées par l'employeur au bénéfice des travailleurs : le logement, les cotisations à la sécurité sociale pour la retraite, le transport,...

En effet, à l'époque de la mondialisation, étant donné que les multinationales sont à la recherche de maximisation des profits à travers l'espace planétaire, il apparaît un système du travail à tout prix où l'on engage souvent les moins qualifiés et les journaliers (les ouvriers sans qualifications qu'on recrutent dans les entreprises industrielles pour une durée d'au moins un mois) en vue d'échapper aux différentes charges sociales.

Bref, le système salarial congolais est malade et demande une révision afin de la meilleure satisfaction des travailleurs et le meilleur exercice du travail selon la législation en vigueur.

1.4 NOTION D'EMBAUCHE

Il est évident qu'en parlant du système professionnel congolais, l'on met aussi l'accent sur la notion d'embauche qui est le domaine privilégié des économistes, des sociologues et psychologues du travail, par le fait que non seulement, elle met l'accent sur la loi de l'offre et de la demande du travail, mais elle fait appel aussi à une constellation d'individus (employeurs, travailleurs, syndicalistes...) entraînant une interaction et exigeant des conditions internes et externes du travail.

La théorie économique en matière d'emploi met l'accent sur les investissements et l'épargne pour qu'il ait les embauches, cela revient à dire que plus que les investissements sont nombreux, plus les entreprises sont dans l'expansion, plus il y a demande de travail.

Depuis plusieurs années, la RDC souffre d'une maladie chronique, celle de l'embauche, cette situation ne s'explique que par la crise multiforme qu'elle traverse et la destruction des infrastructures publiques et privées de travail. Devant cette crise, il revient de la compétence et la responsabilité de chacun de se mettre à la quête du travail soit dans le secteur informel ou formel, partout où il se trouve ; il se remarque en effet, une confrontation entre ceux qui cherchent le travail et ceux qui le gèrent. L'embauche est devenue en grande partie basée sur une certaine « solidarité » familiale, tribale, amicale,... ne tenant pas compte de la compétence ni la formation et la qualification professionnelle des demandeurs d'emploi ; or les emplois doivent être conçus en tenant compte des besoins, des aptitudes et des compétences de l'ensemble des travailleurs.

Contrairement à cette conception, la théorie économique élaborée par J. M. Keynes montre que « ... la demande de travail qui provient des entreprises est une fonction décroissante du taux de salaire réel, tandis que l'offre provenant des travailleurs est fonction croissante de ce même taux ».((*)1)

Il sied de souligner que dans la plupart des cas, l'emploi est lié au taux de salaire c'est-à-dire plus l'on engage beaucoup, plus le taux du salaire baisse ; plus le salaire augmente, plus l'on engage moins.

Cette situation d'emploi s'aggrave avec la mondialisation actuelle dans laquelle trouver un emploi devient problématique, toutes les entreprises préoccupées par l'innovation technologique, recourent à la compression des effectifs dans l'ensemble, en les remplaçant par les machines robots et les ordinateurs fixes et portables. A ce propos G. Blanc affirme qu' « il nous faut globalement considérer que les grandes entreprises vont poursuivre leur réduction d'effectifs et qu'il ne faut pas compter sur leur embauche pour réduire significativement le chômage, c'est probablement dans les PME / PMI et dans l'entreprise individuelle qu'il faudra chercher les emplois que tout le monde appelle de ses voeux ».((*)2)

Dans le même ordre idées, J.P. ILAKA affirme : « sous d'autres cieux, les micros entreprises et les petites entreprises jouent un rôle considérablement... en Allemagne ; elles représentent 99,7%, en Belgique, Italie, aux USA 99,9%... face aux exigences de la mondialisation, leurs gouvernements mettent en oeuvre diverses politiques tendant à les rendre compétitives... par contre en RDC l'environnement macro-économique est un carcan même pour les quelques entreprises qui subsistent encore. Les PME et les micros- entreprises, elles-mêmes, ont plutôt vocation à assurer la survie des ménages que de servir de leviers de croissance de l'économie nationale ».((*)3)

Devant ce dilemme d'embauche, le secteur informel en RDC semble prendre considérablement une grande place dans la mesure où il crée de plus en plus d'emplois et assure le revenu aux gens.

Telle est la vision des intellectuels préoccupés par le problème d'emploi pendant ce millénaire de la mondialisation, il revient donc à toutes les institutions s'occupant du travail de veiller sur l'applicabilité de la législation en vigueur en vue d'éviter le laisser-aller en matière d'embauche et autres. Il s'agit de créer des stratégies de sauvegarde d'emplois et leur création face aux exigences de la mondialisation entre autre : les exonérations fiscales et douanières faites par le ministère de l'économie et des finances avec l'ANAPI (Agence Nationale de Promotion et des Investissements) dans le but de favoriser les emplois en 2003.

1.5 NOTION DE CHOMAGE

Le chômage est l'un des malaises s'inscrivant comme préoccupations majeures de tous les pays. Il s'agit d'une inadéquation entre la population active et le nombre d'emplois disponibles ; une élasticité de l'offre du travail face à la limitation de leur demande, qui engendre un déphasage et la création d'une catégorie des personnes appelées "chômeurs".

Pour R. Salais et les autres : « le chômage est une invention du 19ème siècle qui est étroitement liée à la codification du salariat et à la différenciation progressive entre ceux que l'on a nommés les pauvres et les travailleurs privés d'emplois, qui ont été appelés les chômeurs, ici le chômage sera constitué comme le produit de causes industrielles ou économiques, indépendantes des volontés individuelles, un chômeur est un ouvrier régulier se trouvant dans l'état de sans fonctions ». ((*)1)

Pour D. Demanziere : « le chômage est défini généralement comme privation temporaire d'emploi, l'allongement des périodes de privation temporaire d'emploi est interprété généralement comme l'indice d'un renoncement à l'emploi, ainsi la responsabilité en est rejetée sur les individus qui sont soupçonnés de ne pas vouloir travailler ».((*)2)

Il découle de ce qui précède que la notion du chômage n'est valable que lorsque un individu ou un groupe d'individus sont privés d'emploi ou sont à la quête constante de l'emploi. Cette situation du chômage n'est apparue en RDC qu'à partir de l'époque coloniale qui a amené le travail industriel et le travail rémunéré.

Si sous d'autres cieux la situation du chômage est inhérente aux problèmes de salaire, en RDC, elle s'inscrit dans une réalité, autre dans la mesure où trouver un emploi est un dilemme, le taux de la population active augmente chaque année où des milliers de jeunes se lancent à la quête d'emplois et n'en trouvent point.

Ce malaise du chômage à l'aube du troisième millénaire de la mondialisation est renforcé aussi par l'innovation technologique qui est le moyen par lequel la mondialisation s'impose à tous, tout en prônant la compétitivité dans le secteur économique et qui engendre les effets pervers.

Dans cette optique G. Blanc montre que  « Dès le début de la révolution micro-électronique, à la fin des années 70, des experts ont commencé à prédire qu'elle entraînerait la disparition d'un grand nombre d'emplois. Jean Jacques Schreber l'évaluait à cinquante millions au niveau mondial...le nombre d'emplois mis en péril par l'informatisation pose le problème ».((*)1)

Quant à lui N. Wiener, le fondateur de la cybernétique, a pu à son tour prédire : « la révolution industrielle moderne est fatalement conduite à dévaloriser le cerveau humain à tout le moindre dans ses décisions les plus simples et les plus routinières».((*)2) Cette pensée va de pair avec la critique de J.J. Proudhon formulée contre la machine : « l'intelligence devient inutile » car désormais le travail de l'homme est substitué par la machine.

Il est ainsi permis de dire que la vision de nouvelles technologies à l'époque actuelle est de se substituer en grande partie la force humaine, car « la diffusion internationale des technologies ne profite donc pas aux pays africains et aux pays sous développés qui se trouve ainsi en marge des innovations technologiques et des multiples possibilités d'adapter les techniques aux conditions et besoins locaux ».((*)3)

Les pays africains étant à la recherche des moyens pour atténuer le problème du chômage et tant d'autres, sont victimes de l'agissement des sociétés multinationales qui ont une vision beaucoup plus matérielle que humaine, elles renforcent la misère. Cela ne revient pas à dire que la technologie soit mauvaise car tous s'y intéressent pour les besoins multiples, notre problème ici est au niveau des entreprises où les individus sont soumis au remplacement par la machine, ce qui augmente de plus le taux du chômage.

« La mentalité des individus dans un groupe humain est inséparable de l'ensemble de leurs conditions d'existence et particulièrement de l'état des connaissances, des techniques, et du langage dont ils disposent pour s'exprimer... ».((*)4) La technologie amène à un changement large et des transformations d'ordre social, psychologique, économico-politique... faisant appel à la formation nécessaire et appropriée de l'utilisation et de la production.

En effet, si pour Demanziere, situation d'un pauvre est liée à des handicaps individuels (tares morales, vices, infirmités, inaptitudes,) différent d'un chômeur qui est à la quête constante de l'emploi et n'en trouve pas, sa situation est liée aux problèmes structurels. D'où la pauvreté est aussi tributaire de l'élasticité de la période de chômage ainsi que le disfonctionnement progressif de la structure sociale.

Le chômage est un malaise qui affecte la vie sociale des personnes qui en sont victimes et leurs familles ; il n'est pas tributaire seulement de la privation de l'emploi de la part des entreprises, mais il dépend aussi des facteurs démographique, politique, économico-culturel, psycho-physiologique,...

Préoccupé par cette notion de chômage, B. Burgenmeir nous en donne la typologie. Il s'agit de :

- Chômage classique : qui reste lié à la loi de l'offre et la demande du travail, toutes deux fonctions de la recherche de revenu et la productivité du travail.

- Chômage structurel : lié à l'inadéquation entre les qualifications professionnelles et les exigences formulées par les entreprises.

- Chômage frictionnel : lié au mauvais fonctionnement du marché.

- Chômage conjoncturel : lié à la baisse de commande dans les entreprises. ((*)1)

Il y a lieu de reconnaître que le chômage en RDC répond aussi à cette typologie, mais nous mettons un accent particulier sur le chômage structurel, celui-ci découle de la qualification professionnelle devenue une nécessité à l'aube de ce 3eme millénaire de la mondialisation. Cette nécessité doit être, non seulement l'affaire des travailleurs eux-mêmes, mais aussi celle des entreprises et tous les autres organismes du travail.

L'inadéquation entre les qualifications professionnelles et les exigences de chaque entreprise surtout celles en pleine innovation technologique étant un grand problème à l'aube de ce 3ème millénaire, la RDC par recensement des chômeurs, a enregistré plus de 1000 (mille) travailleurs licenciés en l'an 2000, provenant de deux usines en pleine innovation : Bralima et Unibra.

Cette situation de la compression des effectifs au sein des entreprises à cause de l'innovation technologique est valable pour toutes les nations. G. Blanc affirme que « les entreprises françaises face aux nouvelles technologies, conserveront un noyau restreint du personnel permanent, et pour le reste, feront de plus en plus fonction des besoins, aux compétences de personnels employés alors sur des contrats à durée déterminée voire à des partenaires plutôt qu'a des salaires ». ((*)1)

L'innovation technologique, non seulement conduit à la compression des effectifs mais, engendre également un nouveau style d'emploi périodique (mensuel, ou trimestriel), ce qui n'est pas du tout avantageux pour le travailleur qui finira sa carrière sans bénéficier des avantages sociaux ni de la sécurité sociale.

Enfin, la situation du chômage en RDC est tellement profonde qu'elle nécessite pour son éradication de faire appel à l'interdépendance entre Etat, les entreprises, les travailleurs, tout en tenant compte des réalités sociales qui concourent à sa progression.

* (1) FRIEDMANN, G. ET NAVILLE, P., Traité de sociologie du travail, éd. Armand colin, Paris, 1962, P.235.

* (1) MEDA, D., op.cit, P.15.

* (2) MWABILA MALELA, travail et travailleur au Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1979, P.10.

* (3) SOULET, M. H, op.cit, P. 34.

* (1) MUKABA MBUTU, op.cit, P.34.

* (2) Journal officiel de la RDC, Code du travail congolais, 4e année, 25 octobre 2002, P. 10.

* (3) ) JARDILLIER, P., Les conditions du travail, PUF, Paris, 1982, P.10.

* (1) MWABILA M., Cours op.cit (partie pratique).

* (2) Code du travail op.cit, P. 8.

* (1) FRIEDMANN, G. et NAVILLE, P., op.cit, P.42.

* (2) HESSLE, J., op.cit, P.256.

* (3) IDEM, P-P. 260-263.

* (1) KEYNES cité par MWABILA, M., Cours op.cit, P. 13.

* (2) BLANC, G., Le travail au xxe siècle, Ed. Dunod, Paris, 1995, P.152.

* (3) ILAKA, J. P., " La micro-entreprise congolaise et la mondialisation, enjeux et perspectives", in CADICEC- information, n° 83 /84, nov. 2000, P.P.13-14.

* (1) SALAIS, R. et Alii, l'invention du chômage, histoire et transformation d'une catégorie en France des années 1890 aux années 1980, PUF, Paris, 1986, P.4.

* (2) DEMANZIERE, D., chômage de longue durée, PUF, Paris, 1995, P.15.

* (1) BLANC, C., op.cit, P.85.

* (2) WIENIER, N. cité par FRIEDMANN, G., où va le travail humain ?, éd. Gallimard, Paris, 1963, P. 13.

* (3) MUNKENI LAKUP T., " marché africain et marché mondial : caractéristiques et conditions d'accès" in CADICEC- information, N° 73, 3e trimestre, Kinshasa, 1998, P. 53.

* (4) FRIEDMANN, G., op.cit, P.58.

* (1) BURGENMEIR, B., cité par MWABILA, M., cours op.cit, P.51.

* (1) BLANC, G., op.cit, P. 3.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo