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La construction d'une carrière de fan: étude de cas chez les fans de Mika

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par Christina Chiron
Université Victor Segalen Bordeaux 2 - Licence sociologie 2010
  

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PARTIE I/ La découverte

Presque systématiquement, la première « rencontre » musicale avec Mika semble être le fruit du hasard. On zappe sur une radio et on tombe sur une chanson encore inconnue à nos oreilles; on voit à la télévision un grand jeune homme, « beau garçon », se distinguant par un look aussi coloré et décalé que sa musique. Sans pouvoir toujours expliquer les raisons de cet engouement, les mères de familles, étudiants, et autres se retrouvent à s'attacher à l'artiste, aux mélodies, et finissent par adopter des comportements (nous verrons plus précisément lesquels plus loin) qui les assignent au rang de fan.

Néanmoins, tout comme tomber amoureux n'est pas totalement irrationnel, et qu'il existe des déterminismes sociaux (PCS, lieu d'habitation,...) à rencontrer la personne de sa vie, devenir fan de Mika n'est pas une simple coïncidence. En effet, des raisons plus rationnelles viennent succéder aux premières descriptions de la découverte lors des différents entretiens que j'ai pu effectuer. Et, tout comme le précise Christian Le Bart, il existe une « tension repérable dans les récits entre le désir de croire en une rencontre magique [...], et l'obligation de restituer les préalables qui rendirent possible, sinon nécessaire, cette préférence musicale »16(*).

C'est ainsi que dans cette partie, nous aborderons dans un premier temps la surprise de la découverte, ainsi que les critiques très positives concernant l'artiste et sa musique. Nous verrons ensuite que l'attachement à l'artiste a des origines logiques, souvent en lien avec la vie personnelle des individus.

A) L'émerveillement

Point de départ:

Relax, take it easy

For there is nothing that we can do.

Relax, take it easy

Blame it on me or blame it on you.

(Mika, Relax, take it easy, Life in Cartoon Motion, 2007)

Tube de l'été 2007, et, bien souvent, avec la chanson « Grace Kelly », points de départ de la carrière de fan, la découverte de Mika passe par celle de ses chansons. Les diffusions successives sur les ondes des singles «Relax, take it easy» et «Grace Kelly» au début de l'année 2007 ont souvent été à l'origine de cette découverte. Ainsi, avant de pouvoir mettre un nom sur le visage du chanteur, ce sont les chansons qui ont touché la plupart des fans interrogés: «j'ai du l'entendre la toute première fois en avril 2007, je crois, et comme à l'époque les radios passaient Relax et Grace Kelly en même temps, j'étais toujours en train de demander à ma fille qui chantait (car je ne me souvenais jamais!) » (Béatrice, 42 ans).

Mais les deux chansons étant différentes, certaines ne se sont pas tout de suite rendues compte qu'elles étaient du même auteur: « en fait un ami me chantait relax depuis décembre 2006 mais je ne savais pas que c'était Mika, et en fait, j'écoutais Europe2 chez moi et aimait Grace Kelly, et ma soeur écoutait Fun Radio qui passait Relax. Et j'ai donc remarqué qu'il faisait les deux chansons là alors que je ne pensais pas du tout que c'était la même personne » (Elodie, 20 ans). Elle ajoute d'ailleurs qu'elle aimait, mais que « c'était juste si différent de Grace Kelly que je ne pensais pas que ça pouvait être la même personne »; « j'avais entendu relax a la radio auparavant, mais je ne savais pas que c'était lui » (Aurélie, 28 ans). Cette remarque se retrouve aussi chez Béatrice, qui a « apprécié les 2 chansons tout de suite », mais qui, ne se souvenant jamais de qui chantait, a « donc souvent [j'ai] cru que c'était 2 gars différents! ». De façon plus amusante encore, l'une des membres du forum m'a dit avoir « directement adoré », mais a ajouté: « mais évidemment je ne savais pas qui pouvait bien être cette femme (euh... oui je croyais que c'était une chanteuse !) » (Lucinda, 24 ans).

Néanmoins, les passages à la télévision et à la radio étant plutôt proches, elles ont pu rapidement mettre un visage sur la voix: « j'ai entendu pour la première fois Mika en été 2006. C'était Grace Kelly et c'était dans la rue [...] Et c'est finalement en janvier 2007, que j'ai vu Mika dans Taratata et je me suis direct souvenue de la mélodie » (Lucinda, 24 ans). De même, Delphine (29 ans) l'a découvert simultanément à la radio et à la télévision: « la première fois que je l'ai vu et entendu c'était lors d'un extrait TV (France2, un extrait du clip de Grace Kelly) très court, mais j'ai ensuite reconnu la chanson à la radio »; « la première fois que je l'ai entendu j'étais chez moi, seule. C'était dans une émission sur la 6 le matin avant d'aller au travail. L'animateur a annoncé le clip d'un jeune homme très prometteur, il a dit qu'il avait quelque chose de Queen dans sa musique. Je me suis donc attardée, par curiosité. Et j'ai donc vu le clip de Grace Kelly, je suis tombée sous le charme! » (Aurélie, 28 ans); «La première écoute sur Radio Nova. J'ai d'abord trouvé que ça ressemblait aux Scissors Sisters. J'ai d'emblée trouvé que c'était sympa » (Sylvie, 42 ans).

Mais quelquefois, cela se passe non sans surprise: «La 1ere fois que je l'ai vu c'était à la fête de la musique 2007, avec Olivier Minne: on a l'habitude de regarder cette émission tous les ans et là enfin j'ai mis un visage sur son nom. Ma première réaction quand je l'ai vu : "il est complètement déjanté ce type"! Il bougeait beaucoup, il était super à l'aise j'ai trouvé pour un gars qui "arrivait" dans le métier [...] en plus je ne l'imaginais pas du tout comme ça [...] donc ça a été un choc on peut dire de le voir » (Béatrice, 42 ans).

Et de la même façon que certains ont tout de suite accroché à la musique, (« j'ai directement adoré!! »; « Je suis restée scotchée ») d'autres ont mis plus de temps à apprécier les mélodies. Ainsi, Déborah (23 ans) n'a pas tout de suite aimé, mais les écoutes régulières à la radio ont fini par la convaincre. « Mon ami (Paul, avec qui je suis depuis plus de 6 ans) a voulu me faire écouter un artiste qu'il avait découvert et c'était Mika. Au premier abord, j'ai été assez indifférente en fait ! Je n'étais peut être pas "prête" pour apprécier mais je n'ai pas été séduite ! Ensuite, les chansons sont beaucoup passées en radio et j'ai donc commencé à bien aimer Grace Kelly et Relax ».

Ainsi, pour certaines, cela s'est produit en deux temps, le commencement de « l'aventure Mikanesque » (Déborah) ayant été déclenché par la rencontre réelle lors du premier concert. En effet, le premier concert étant l'occasion de voir l'artiste en live, de « vivre » les chansons et de partager un moment, une expérience à la fois personnelle et collective, deux membres du forum interrogés l'ont vécu comme le déclic. D'ailleurs, j'ai pu noter que dans les deux entretiens, c'est ce même mot, « déclic » qui avait été employé. Comme si avec ce premier concert, c'était toute une machinerie qui s'emboîtait et se mettait en marche. Ainsi, pour Elodie (20 ans), l'occasion d'aller le voir s'est présentée « en mai [2007], un ami m'a dit qu'il passerait à Colmar, j'ai sauté sur l'occasion en plus la place n'était pas chère, c'était une veille de jour férié... et ça a été un des concerts que j'ai le plus aimé, ce que j'ai vu sur scène n'a fait que renforcer l'impression que j'avais sur l'album [...]  Le premier concert m'a fait venir sur le forum, le premier concert m'a donné envie d'aller en voir d'autres. Ce fut le déclic, et sûrement un de mes meilleurs concerts de lui ». Pour Déborah (23 ans), ce concert a quasiment été une révélation: « Pour l'anniversaire de mon ami, en août, je lui ai offert 2 places pour le zénith de Nantes. Et c'est ce concert qui a été un véritable déclic. Pour moi, j'ai découvert Mika en live et ça a été une vraie claque : les chansons ont pris une dimension différente et j'ai été bluffée par sa présence scénique, sa voix...». Selon Delphine, l'avoir vu sur scène a largement été une contribution à ce qui n'était pas encore une ''addiction'': « le fait de l'avoir vu en live et d'avoir pu le rencontrer à grandement contribué à ma fan attitude ». Pour Béatrice, c'est aussi de l'avoir vu en live, mais à travers l'écran de la télévision, où « le déclencheur ça a été son énergie, le voir sauter partout, et sa simplicité ».

De plus, dans les cinq entretiens effectués sur les sept, l'élément déclencheur, entraînant de cette façon les personnes à s'intéresser davantage à Mika, et par la suite à en devenir définitivement fan, a été le fait de le voir, que ce soit par le biais de la télévision ou du premier concert. Sur ce dernier point, je n'ai eu que deux personnes qui m'ont avoué l'avoir trouvé « beau garçon » (Lucinda, 24 ans), et d'être « restée scotchée [sur] son physique sur le coup » (Delphine, 29 ans). Ainsi, ses prestations scéniques les ont amenés à s'intéresser davantage à lui, en plus d'apprécier sa musique.

* 16 Le Bart (2000), op. Cit. p. 25.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera