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Mutations financieres et financement de l'économie au Cameroun

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par Dieudonne Desire ELANGA
Universite de Douala Cameroun - DEA 2004
  

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I.1 Les facteurs structurels

Ces facteurs résultent non seulement de l'inadaptation du système bancaire formel aux réalités sociales, culturelles et économiques, mais aussi de la faiblesse de celui-ci. Cette faiblesse se caractérise par : le manque d'innovations financières, la faible diversification spatiale et la faible profondeur financière. De plus, après les restructurations, les banques sont apparues encore plus fragiles. Elles sont restées de petite taille, alors que la globalisation financière conduit à la formation des conglomérats financiers multispécialisés. Cette recherche de la petite dimension les amène d'ailleurs à restreindre la nature de leurs opérations qui sont faiblement diversifiées.

Les produits offerts sont pratiquement toujours les mêmes que ceux d'il y a vingt ans comme si aucune évolution ne s'était produite, et comme si la fonction d'intermédiation était restée immuable (Bebolo-Ebé, 1998). Les banques sont restées étrangères à leur clientèle, et ont adopté des comportements de rationnement de crédit, expliquant ainsi le paradoxe d'une forte liquidité bancaire et, une croissante lente voire une diminution régulière du volume de crédits. Ce qui a entraîné l'exclusion du financement, d'une frange importante de la population qui, pour résoudre ses besoins recourt à la micro finance.

Dès lors, l'expansion de la microfinance trouve là son explication. D'autres facteurs peuvent également justifier leur émergence.

I.2 Les facteurs autonomes

Les facteurs autonomes sont liés aux caractéristiques intrinsèques des micro finances, qui intègrent l'individu dans une dynamique sociale, mais également présentent des caractéristiques techniques répondant aux habitudes des populations et à leurs besoins spécifiques.

La microfinance est considérée comme un moyen de lutter contre la pauvreté c'est pourquoi elle intéresse les bailleurs de fonds internationaux, en l'occurrence, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et les banques régionales de développement. Elle repose sur des relations de proximité, l'allocation des ressources l'est toujours à court terme. Au total la microfinance contribue au financement de l'activité économique pour des durées et des montants courts. D'où son expansion.

II. LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE DANS LE PAYSAGE FINANCIER CAMEROUNAIS

L'émergence de la microfinance est une manifestation de la vitalité et du développement de la finance informelle, et elle s'est enracinée dans trois évolutions. Le financement local, le secteur privé, et le crédit (Lelart, 2002). Même si la microfinance fait très souvent référence au micro crédit, sa contribution au financement des petites activités économiques est indéniable. C'est ainsi qu'un certain nombre de caractéristiques peuvent être admises, dont, l'une d'elle est une question de taille comme son nom l'indique.

Il s'agit d'un petit crédit, d'un montant peu élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une entreprise ou un ménage peut solliciter d'une banque. La Banque Mondiale retient un plafond de 30% du PNB par habitant, ce qui représente pour le cas du Cameroun à près de 100.000 FCFA ou 150 euros. Ce crédit est donc sollicité par des personnes dont le revenu est sinon moyen du moins bas. Ce sont souvent les fonctionnaires, des associations de personnes. Les chiffres ci-dessus étant déterminés par rapport à un PIB moyen au niveau du pays, le montant peut être inférieur au niveau d'un débiteur donné. C'est bien pourquoi le micro-crédit est considéré comme un crédit pour les pauvres. Ce micro-crédit peut être demandé pour plusieurs mobiles ; mais il l'est principalement pour développer une activité génératrice de revenu, qu'il s'agit d'une ancienne ou d'une nouvelle activité. C'est pourquoi le micro-crédit est souvent considéré comme un moyen de lutter contre la pauvreté et qu'il intéresse la banque mondiale et les banques régionales de développement. Enfin, les emprunteurs n'ont guère de garantie personnelle à offrir. Mais comme les candidats sont nombreux dans chaque quartier ou chaque ville, ils se connaissent et la solidarité africaine agissant, ils se constituent en groupes restreints au sein desquels chacun s'engage pour les autres. C'est ainsi que les taux de remboursement sont prohibitifs.

Cependant, la différence reste grande entre les banques, et les institutions de microfinance. Les banques accordent des crédits en créditant des comptes, elles créent la monnaie qu'elles prêtent, elles n'ont pas besoin d'en disposer au préalable, elles ne « perdent » rien jusqu'à ce qu'il y ait retrait et qu'elles soient obligées de rembourser le dépôt en billets. Les flux monétaires sont déconnectés de leur activité de crédit. Ils dépendent de l'usage que font leurs clients du crédit accordé, en chèque ou en billet, et le rythme de leurs dépenses et de leurs recettes. Au niveau d'une grande banque, et plus encore au niveau d'un pays de l'ensemble des banques. Ces flux sont relativement stables. Il en est tout autrement pour les institutions de microfinance. D'une part, elles accordent du crédit en donnant de l'argent, en billets ou en chèque, elles ne créent pas de la monnaie, elles doivent en avoir avant d'en prêter. D'autre part, elles doivent être remboursées si elles ne veulent pas être contraintes de cesser leurs opérations rapidement.

Ces flux monétaires sont donc pour elles directement liés à leurs opérations de crédit, ils dépendent du rythme des nouveaux crédits qu'elles accordent et des anciens qui leur sont remboursés. Leur encaisse soit toujours susceptible de fluctuer fortement, que ce soit l'ensemble des institutions ou pour chacune (Lelart, 2002).

SECTION III : LES RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

Depuis les travaux de Gurley et Shaw (1960), il est reconnu que le niveau d'évolution du secteur financier influence positivement le taux de croissance à long terme de l'économie. A cet effet, afin que le système financier camerounais puisse jouer son rôle dans le processus de financement de l'économie via une allocation efficiente des crédits, cette étude suscite un certain nombre de recommandations. Celles-ci vont du parachèvement de la restructuration du système financier, à l'assainissement complet de l'environnement macroéconomique.

I. L'ACHEVEMENT DE LA RESTRUCTURATION DU SYSTEME FINANCIER

La restructuration bancaire comme le relève Touna Mama (2002) doit déboucher sur une politique plus agressive de collecte de l'épargne et une politique plus audacieuse de distribution de crédit. Il ne saurait y avoir de politique de crédit fiable sans système bancaire sain et jouissant de la confiance du public. Or, il est étonnant que les banques restructurées comme la BMBC soient peu après, obligées de fermer malgré la surveillance de la COBAC. Si les banques commerciales persistent dans la politique de distribution des crédits qui consiste à privilégier essentiellement le court terme au détriment des moyen et long terme, alors, il faut absolument créer les banques spécialisées dans le financement du développement.

 En fait, le système financier actuel doit être réorganisé et élargi afin de couvrir un certain nombre de secteurs que les banques commerciales ne veulent assumer. Il s'agit notamment du financement de l'agriculture, des PME et des financements longs.

L'impulsion devra alors venir de l'autorité monétaire pour donner à la politique de crédit des orientations plus conformes à "l'esprit de développement". La forme à donner au système financier devrait alors s'inscrire dans cette logique pour qu'enfin les techniques et les instruments à donner à ce système contribuent à remodeler le canal du crédit bancaire. Aussi, les banques commerciales classiques sont encore réticentes à intervenir dans les secteurs précités, puisqu'elles travaillent avec des capitaux à courts termes déposés par leurs clients sur lesquels, elles ne veulent prendre des risques inconsidérés. Il faut donc imaginer de nouveaux mécanismes, notamment des mécanismes d'atténuation du risque qui permettront aux banques commerciales de s'engager davantage. Le développement du crédit-bail, la création de fonds de garanties, la création des sociétés de cautions mutuelles professionnelles et de sociétés de capital-risque, pourraient en plus d'une banque spécialisée dans le financement des PME permettre de résoudre le problème. Il doit également être envisagé, la création d'autres institutions plus spécialisées.

I.1 La création d'institutions financières spécialisées

L'architecture actuelle du système bancaire camerounais suite à la liquidation d'institutions spécialisées telles que la Banque Camerounaise de Développement (BCD) en 1989, révèle un vide de financement qui se doit d'être comblé.

Il s'agit donc de créer des banques de développement dont, la gestion serait plus rigoureuse et qui utiliseraient outre l'épargne nationale, les fonds alloués par les institutions financières internationales pour le financement du développement. Elles devraient, en outre, à travers plusieurs guichets, créer de la monnaie destinée exclusivement au financement du développement. A côté de ces banques, on peut envisager d'autres institutions telles que des crédits d'équipement aux PME, les banques de développement régionales au niveau provincial ou départemental, et les fonds de garantie des investissements. La nécessité d'accélérer le processus de la mise en place des premières cotations au niveau de la bourse des valeurs mobilières de Douala demeure pressante. Du reste, il est essentiel, dans les structures financières à recréer au Cameroun, de se rappeler que la priorité est le développement. Aussi, la Banque Centrale devra recentrer ses objectifs vers les besoins de financement de l'économie réelle. Car, au-delà des objectifs traditionnels de stabilité des prix, d'équilibre extérieur, de croissance du PIB et de réduction du chômage, le développement économique est bien l'objectif ultime de la politique monétaire. Il est également nécessaire que le système financier camerounais s'intègre véritablement dans le mouvement actuel de globalisation financière.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore