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Financement des initiatives entrepreneuriales chez les jeunes du Bénin

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par Dona Maurice ZANNOU
IUB - DESS 2010
  

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II- PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSE

1- CARACTERES GENERAUX DES INSTITUTIONS DE FINANCEMENT PRESENTES DANS LA COMMUNE DE LOKOSSA

Dans la Commune de Lokossa, les institutions de financement qui opèrent sont de deux catégories. La première et la plus importante concerne les institutions du secteur privé. Celles qui sont dans le secteur public sont minoritaires et leurs activités couvrent une frange réduite de la population.

1-1- Institutions de financement privées

Les institutions de financement privées opèrent dans la Commune de Lokossa, les unes, sur place, les autres, à distance. Pour éviter d'agrandir indéfiniment le champ de l'étude, nous nous sommes seulement intéressé aux institutions qui se sont installées sur le territoire géographique que couvre la Commune. Quant à celles qui sont en dehors de cet espace, nous les avons prises en compte à travers les financements qu'elles ont mis en place au niveau des jeunes. Les institutions privées sont de deux catégories. Il s'agit d'une part des banques à présenter brièvement car, de par leurs conditions très sélectives, elles ne sont pas très actives au niveau du financement des jeunes de la Commune de Lokossa. D'autre part, nous allons présenter les institutions de microfinance qui exercent sur le territoire de la commune et donner un aperçu de leurs critères d'éligibilité et conditions de mise en place des crédits. Il faut signaler à nouveau que la collecte des données n'a pas toujours été facile. Nombre de personnes rencontrées ont fait preuve de réticence estimant que le secteur de la microfinance est un secteur sensible où il ne faut pas ventiler les données confidentielles. Par ailleurs, nous avons constaté que les informations relatives aux crédits mis en place ne sont pas archivées selon le sexe et les tranches d'âge. Cette situation a mis à mal notre volonté de collecter les statistiques sur les montants mis en place ces cinq dernières années au profit des groupes cibles.

1-1-1- Ecobank-Bénin

· Présentation d'Ecobank-Bénin

Ecobank Bénin est une institution financière bancaire, filiale du groupe Ecobank dont le siège est à Lomé au Togo. Elle a été créée sur l'initiative des Chambres de Commerce et d'Industrie des Pays de l'Afrique de l'Ouest avec un appui des Chefs d'Etat de la sous-région ; appui qui s'est concrétisé par la participation de la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans le capital de la banque. Cette création bénéficie de l'appui technique de City Bank (groupe bancaire européen) qui fait partie des partenaires. Ecobank s'est donnée pour mission de financer de prime abord les échanges commerciaux entre les pays de la CEDEAO et le reste du monde, puis de participer au financement du développement desdits pays.

Aujourd'hui le groupe est présent au Togo avec son siège et une filiale, et des filiales au Bénin mais aussi dans vingt sept autres pays, ce qui fait qu'au total, Ecobank est présente dans vingt neuf pays d'Afrique.

La filiale Ecobank-Bénin a été créée le 28 mars 1990. Très rapidement, elle s'est imposée comme une grande institution financière, car elle occupe la deuxième place après la Bank Of Africa (BOA) en termes de part de marché. Toutefois, Ecobank n'a pas encore les moyens de financer des activités de développement sur le long terme, car elle n'a pour l'instant, à l'instar de toutes les banques de la place, que des ressources à court terme.

Ecobank s'est installée dans la Commune de Lokossa depuis le 18 septembre 2006. D'abord, elle a fonctionné comme un guichet dont le siège était domicilié à PADME avant d'intégrer sa nouvelle Agence le 09 avril 2008.

· Critères d'éligibilité et conditions de mise en place des crédits à Ecobank

Pour bénéficier de crédit à Ecobank, il faut être un client ayant un compte mouvementé pendant plus de trois mois ; il faut être soit un salarié d'une structure crédible et avoir comme garantie l'employeur, soit un homme d'affaire avec des activités que seule la banque peut juger banquables.

La banque fait des crédits de plusieurs natures : crédits scolaires, crédits d'équipement, avance sur salaire... La durée maximale est de 5 ans avec des taux d'intérêt variant entre 9 et 12% en fonction des types de crédit. Les taux de remboursement avoisinent 98% et les rares impayés qui s'observent sont dus à des radiations ou des licenciements du client de sa structure de travail. Les cas de décès affectent également les taux de remboursement bien que l'assurance les prenne en charge.

1-1-2- Financial Bank Bénin

· Présentation de Financial Bank Bénin

Le groupe Financial a été créé en 1985. Trois ans plus tard, il a ouvert une filiale au Bénin. Elle était la première banque aux capitaux privés à ouvrir dans un environnement marxiste-léniniste à l'époque.

Le groupe Financial est un groupe bancaire privé fortement impliqué dans l'économie locale via ses deux métiers : la banque commerciale et la microfinance.

Dans une logique de proximité, les banques du réseau Financial proposent à leur clientèle variée, locale et internationale, une gamme élargie de produits et services bancaires. Destinées à devenir les partenaires au quotidien de leur clientèle, outre des services standards, les banques proposent des solutions « sur-mesure » aux demandes spécifiques qui leur sont formulées.

Impliquées dans tous les secteurs d'activité, les banques sont des acteurs légitimes du développement économique du pays. Membre d'un groupe bancaire, chaque banque bénéficie de l'expérience et de l'appui technique des autres filiales. Pour leurs opérations internationales, outre les filiales du Groupe, les banques s'appuient sur un réseau de correspondants internationaux de premier rang.

La clientèle des banques du groupe Financial est diversifiée. Elle regroupe les principaux opérateurs des pays dans lesquels le Groupe est implanté : particuliers, entreprises et professionnels, organismes et institutions...

Dans le souci de développer les activités de microfinance au sein de Financial Bank Bénin, une institution agréée de microfinance dénommée Finadev-Bénin a été créée en 2001. Depuis lors, elle favorise l'accès aux services financiers aux populations les plus pauvres et prouve que la microfinance constitue un des instruments les plus efficaces de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Le groupe Financial est leader de la microfinance en Afrique francophone. Il a développé des partenariats avec des bailleurs de fonds tels que la Banque Européenne d'Investissement (BEI), la Société Financière Internationale (SFI) et la Société Néerlandaise pour le Financement du Développement (FMO) pour aider les plus pauvres à réaliser leurs projets.

La Financial Bank Bénin est fonctionnelle à Lokossa depuis janvier 1999.

· Critères d'éligibilité et conditions de mise en place des crédits à Financial Bank Bénin

Pour prétendre avoir un crédit à la Financial Bank Bénin, il faut être titulaire d'un compte et le faire tourner pendant une période référentielle de six mois au moins. Outre ces critères, il faut remplir les conditions suivantes :

ü avoir un projet banquable selon les critères de la banque ;

ü être dans la grille des activités financées par la banque (commerçants, artisans, professionnels...)

ü accepter de souscrire à une assurance décès/invalidité ;

ü avoir des garanties personnelles et réelles.

1-1-3- Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM)

· Présentation de la CLCAM

Historiquement les CLCAM ont été créées en 1978 pour servir de réseau à la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA), qui elle, a été créée en 1975. Après dix ans d'existence et surtout avec la faillite de la CNCA, le réseau a fait l'objet d'une réhabilitation en 1989. Quatre ans après, à l'issue de l'assemblée générale constitutive tenue en juillet 1993, l'architecture du crédit agricole mutuel a été structurée en trois niveaux :

ü les CLCAM, au premier niveau, sont les seules unités de production qui mobilisent les ressources financières et octroient les crédits ;

ü les Unions Régionales des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (URCLCAM), au deuxième niveau, sont chargées du soutien, de l'appui et du suivi des CLCAM ;

ü la Fédération des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (FECECAM), au troisième niveau, s'occupe de la représentation vis-à-vis de l'extérieur, de la définition des principes généraux en matière d'extension et de structuration du réseau, de l'épargne et du crédit, de la fourniture d'appuis spécifiques (formation, échanges d'expériences, synthèse des informations), de la vérification de l'exécution des politiques, de la gestion des surplus de trésorerie et de l'inspection.

En 1996, il a été adopté un plan de développement pour la période de 1997 à 2001. Malgré cette mesure en 1997, le réseau a connu une crise de croissance et de gouvernance qui a conduit à la mise en oeuvre des programmes de redressement. La dernière restructuration date de 2007. Il s'agit dans cette réforme de rendre plus saine la gestion des caisses et de mettre résolument le personnel au travail. A cet effet, un expert a été commis au niveau de la FECECAM pour faire office de secrétaire exécutif. Dans la même dynamique, les URCLCAM changent de dénomination et deviennent des Délégations Techniques Régionales (DTR) avec à leur tête, des chefs de délégation ou des délégués. (Adéchoubou, 2004).

La CLCAM de Lokossa a été créée en septembre 1990 suite à une assemblée générale constitutive. Sa gestion est assurée par un conseil d'administration composée de neuf membres sociétaires, un comité de crédit de cinq membres et un conseil de surveillance de cinq membres également. Ces organes de gestion et de contrôle sont appuyés par une équipe technique composée de onze salariés dirigés par le gérant.

Avec un guichet à Athiémé, la CLCAM de Lokossa fait des crédits de plusieurs sortes : le tout petit crédit aux femmes, le crédit épargne avec éducation, le crédit à l'agriculture, à l'élevage et à la pêche, le crédit d'achat de produits agricoles et leur stockage, le crédit de financement de marchés, le crédit aux microentrepreneurs et le crédit aux salariés.

· Critères d'éligibilité à la CLCAM

Pour obtenir un crédit à la CLCAM, il faut pouvoir remplir les critères généraux suivants :

ü avoir un compte sur livret et avoir constitué une épargne préalable d'au moins 5% du montant sollicité ;

ü avoir au moins 18 ans et au plus  70 ans;

ü avoir une bonne capacité de financement ;

ü être de bonne moralité ;

ü présenter un dossier de qualité ;

ü être sociétaire et libérer le nombre de parts sociales exigées par la CLCAM ;

ü satisfaire aux conditions d'ancienneté de trois mois, soit par rapport à la date d'ouverture du compte, soit par rapport au sociétariat ;

ü être à jour dans les remboursements des crédits antérieurement reçus ;

ü n'avoir aucun antécédent douteux en matière de remboursement de crédit ;

ü avoir le siège de son entreprise dans le ressort territorial de la CLCAM ;

ü se conformer aux lois ;

ü respecter les normes environnementales.

· Conditions d'octroi et de remboursement des crédits à la CLCAM

Le montant à accorder ainsi que les modalités de remboursement doivent être directement reliés et conditionnés par l'objet du crédit, la source du remboursement et les garanties offertes. Tous les crédits accordés aux membres doivent se faire dans le strict respect des règles contenues dans "la politique de crédit du réseau".

Le montant sollicité doit être compatible avec l'objet du crédit. Les échéances (paiements) doivent être compatibles avec la capacité de remboursement de l'emprunteur. Le plancher du crédit est de 30 000 FCFA tandis que le plafond est fixé à 5 000 000 FCFA à l'intérieur du réseau. Dans une CLCAM performante, c'est-à-dire qui a au moins 98% de recouvrement, le montant plafond est de 2 000 000 FCFA. L'octroi de crédit de montant compris entre 2 000 000 FCFA et 5 000 000 FCFA par une CLCAM est exceptionnel et doit recevoir l'autorisation préalable de la DTR.

La durée du crédit doit être fonction de la nature du crédit, de son objet et de la limite maximum autorisée. La durée maximale est de 60 mois. Toute exception requiert l'autorisation préalable de la FECECAM. La CLCAM fait des crédits :

o de court terme (au plus 12 mois) ;

o de court terme allongé (entre 12 et 18 mois) ;

o de moyen terme (supérieur à 12 mois et inférieur à 36 mois) ;

o de long terme (supérieur à 36 mois et inférieur ou égale à 60 mois).

Les échéances des crédits sont hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles, semestrielles, annuelles avec précision de la date de l'échéance. Une période de grâce allant de un à trois mois est possible selon le type et l'objet du crédit financé. La CLCAM n'accorde aucun crédit avec un différé de plus de trois mois et pendant la période de différé, les intérêts courus sont payables mensuellement.

Le taux de crédit de la CLCAM est fonction de la durée, de l'objet et du niveau de risque. Il est fixé à 2% par mois sur une base dégressive et annuelle.

Pour obtenir un crédit à la CLCAM, il faut s'acquitter:

ü des frais d'ouverture de dossier qui s'élèvent à 500 FCFA ;

ü des frais d'étude de dossiers qui sont de 1% du montant demandé ; lorsque le crédit est supérieur à 2 500 000 FCFA, la règle de trois n'est plus valable, ce qui fait que les frais d'étude de dossier ne dépassent pas 25 000 FCFA.

ü 1 000 FCFA par membre pour les crédits de groupe ou de groupement dont le montant par membre est supérieur ou égal à 100 000 FCFA ;

ü 1% du montant pour les crédits de groupe ou de groupement dont le montant par membre est supérieur ou égal à 100 000 FCFA.

1-1-4- Association pour la Promotion et l'Appui au Développement des Micro-Entreprises (PADME)

· Présentation de PADME

PADME a été créé en septembre 1993 par le gouvernement béninois, sous le financement de la Banque Mondiale et avec l'appui technique de l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) américaine Volounteers In Technical Assistance (VITA). Son objectif à la création était d'atténuer l'effet de l'ajustement structurel sur les microentreprises. Le projet s'est transformé en association reconnue par le Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de l'Administration Territoriale comme une association de type loi 1901 en décembre 1998. En mai 1999, l'association est reconnue d'utilité publique.

PADME a pour objet de promouvoir le développement des microentreprises au Bénin. A ce titre, elle mène toute activité se rattachant à cet objet. En particulier, elle met en place des financements adaptés aux entreprises, apporte une formation de base en matière de gestion et une assistance dans le cadre du suivi du crédit. Elle fournit également aux entrepreneurs, en fonction de leur besoin, différents services d'information.

PADME se donne pour mission de rendre l'accès facile et rapide aux services financiers pour les microentreprises et toutes les personnes à faible revenu, en :

ü offrant une gamme variée et différenciée de services financiers adaptés aux besoins spécifiques de chaque groupe et spécialement au développement de la micro entreprise ;

ü garantissant un accès durable aux services financiers de proximité à un grand nombre de personnes à faible revenu tout en consolidant la viabilité financière de l'institution.

Les principaux organes de l'association sont : l'Assemblée Générale de neuf membres, le Bureau Exécutif de cinq membres et la Direction Générale. L'organigramme actuel du PADME comprend : l'Assemblée Générale, le Bureau Exécutif, un Directeur Général, un Directeur Général Adjoint, un Chef Service Crédit dont dépendent les Chefs d'Agence au nombre de quatre, un Chef Service Audit Interne, un Chef Service Administratif, un chef service Juridique, un Chef Service Informatique, un Chef Service Ressources Humaines, un Chef Service Marketing, Recherche et Développement, un Chef Service Comptable et Financier et un Chef service Gestion des Risques.

L'offre de services financiers du PADME est constituée essentiellement par trois types de prêts :

ü les prêts pour les activités génératrices de revenus avec deux grandes variantes que sont le microcrédit individuel et le microcrédit de caution solidaire (qui comprend le crédit au groupe de trois personnes, le microcrédit au groupement de cinq à 30 personnes, le crédit avec éducation) ;

ü les prêts aux ONG locales de microfinance ou à volet microfinance constitués essentiellement de crédit-relais ;

ü les prêts immobiliers et de consommation comprenant le microcrédit immobilier et le microcrédit à la consommation.

· Critères d'éligibilité à PADME

Puisque les prêts varient d'une catégorie à une autre, les critères d'éligibilité changent également en fonction des cibles. Cependant, les critères retenus pour obtenir le premier type de prêt peuvent se résumer ainsi :

ü être de nationalité béninoise ou exercer son activité au Bénin;

ü avoir une activité génératrice de revenu ;

ü avoir une pièce d'identité en cours de validité;

ü être disponible, coopératif et prêt à accepter les conseils de PADME.

· Conditions d'octroi des crédits à PADME

Compte tenu de la diversité des crédits octroyés par PADME à ses clients, les conditions d'octroi varient selon le type de crédit. Cependant, le montant minimum accordé au cours d'un crédit est de 20 000 FCFA tandis que le maximum est de 10 000 000 FCFA.

Les durées varient entre 12 et 24 mois avec des possibilités de différé allant d'un à six mois. La périodicité de remboursement peut être hebdomadaire, bimensuelle, mensuelle, bimestrielle, trimestrielle, semestrielle... Le taux d'intérêt peut être dégressif et osciller entre 1 % et 2 % le mois en fonction de la durée. Des frais de dossiers sont également exigés aux clients ainsi que des garanties réelles (parcelle, nantissement de biens ou gage sur véhicule), des cautions sur salaire ou des cautions solidaires.

Somme toute, avant de mettre en place les crédits et pour garantir leur remboursement, PADME met l'accent sur :

ü la qualité de l'entrepreneur (son énergie physique, son équilibre affectif, son intégrité morale, sa compétence, son honnêteté, sa motivation, sa détermination à remplir ses obligations vis-à-vis de PADME...) ;

ü la rentabilité et la viabilité de l'activité pour laquelle le financement est demandé (les montants de crédit octroyés aux promoteurs tiennent compte exclusivement de la capacité de remboursement de l'activité financée, du test de performance et du système de rating) ;

ü la caution solidaire (la pression sociale des membres permet d'assurer une bonne utilisation et un bon remboursement du crédit) ;

ü les garanties financières avant l'obtention du crédit qui sont de trois types : fonds de garantie (représente 10% du montant du crédit obtenu) ; dépôt de garantie (10% du crédit alloué pour renforcer certaines sûretés réelles) ; garantie décès (1% du montant du crédit pour couvrir les risques d'insolvabilité liés au décès des clients) ;

ü les sûretés réelles (terrain, véhicule, équipements etc.) pour réduire les risques de défaillance des clients.

1-1-5- Association pour la Promotion et l'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises (PAPME)

· Présentation de PAPME

PAPME a été créée en octobre 1993 par le gouvernement béninois, sous financement de la Banque Mondiale et de l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI). Le projet s'est transformé en association à caractère économique, reconnue d'utilité publique en juillet 1999 avec une orientation davantage tournée vers le financement que vers l'appui. Vers la fin de l'année 2004, PAPME est devenue une institution de microfinance rentable avec des services de prêt et d'épargne.

PAPME est actuellement détenue par son Assemblée Générale (AG) composée de 11 membres ; tous des personnes morales issues du secteur bancaire ou liées aux petites et moyennes entreprises. Le Bureau Exécutif, qui équivaut au Conseil d'Administration dans d'autres structures, est constitué de cinq membres désignés par l'AG en son sein pour des mandats renouvelables de deux ans.

L'organigramme de PAPME est composé d'une direction générale, des directions techniques (systèmes informatiques, exploitation, recherche et développement), des antennes principales et des bureaux délocalisés. Le réseau couvre la majeure partie du territoire et propose une dizaine de produits, ciblant les entreprises, les particuliers et les groupes. Les plus importants sont :

ü les prêts ponctuels, au taux d'intérêt nominal dégressif de 2% le mois pour une durée de trois à 12 mois ;

ü les prêts ordinaires, ayant un taux d'intérêt nominal simple de 12,5% par an pour une durée de trois à 36 mois ;

ü les lignes de crédit à très court terme (trois mois renouvelables) pour les clients ayant déjà un prêt en cours ;

ü les prêts aux organisations paysannes, ayant un taux d'intérêt nominal de 12,5% par an pour une durée de trois à 12 mois (remboursement in fine) ;

ü le crédit-bail qui n'est pas encore généralisé dans l'ensemble du réseau à cause du risque très élevé que ce produit comporte.

L'institution exerce aussi des activités d'épargne à travers le fonds de garantie, partie intégrante de la méthodologie de prêt et offre des services de dépôt à vue et dépôt à terme. Mais ces services ne rencontrent pas de réels succès auprès des clients de l'institution. (Planet Rating, 2005)

· Critères d'accès et conditions de mises en place des crédits à PAPME

Les différents produits du PAPME peuvent être regroupés en trois catégories, à savoir : le crédit d'exploitation, le crédit d'investissement et le crédit aux particuliers. Les critères et conditions de mises en place de ces crédits diffèrent d'une catégorie à une autre. Cependant, la synthèse suivante permet d'appréhender les spécificités liées à chaque catégorie de crédit. Ces spécificités sont relatives à la cible, à l'objet, aux frais d'ouverture et d'étude de dossier, à la durée du crédit, aux possibilités d'accord de différé, aux montants maximaux mis en place, aux taux d'intérêt appliqués, aux modalités de remboursement appliquées, aux garanties et fonds de garantie exigés, aux délais minimaux de traitement nécessaires à la mise en place du crédit dans chaque catégorie.

ü Spécificités liées aux crédits d'exploitation

Tableau n°3 : caractéristiques des crédits d'exploitation à PAPME

Caractéristiques

Crédit d'exploitation

Cible

- Personnes physiques (individus)

- Personnes morales (Ets, SARL, SA)

- Groupement (caution solidaire, association)

Objet

- Besoins en trésorerie

- Avances sur marchés

- Campagnes agricoles

- Evènements

Frais d'ouverture de dossier

0 FCFA

Frais d'étude de dossier

1% du montant de crédit à prélever lors du déblocage

Durée

12 à 18 mois selon le montant

Différé

1 à 3 mois de différé

Montant

80 000 000 FCFA maximum et selon la tranche du bureau

Taux

2% mois dégressif

Mode de remboursement

Mensuel, bimensuel, trimestriel selon l'activité

Fonds de garantie

10% du montant de crédit à prélever au déblocage

Montant = 10 000 000 FCFA

20% dont 10% à constituer progressivement sur la durée du crédit

Montant > 10 000 000 FCFA

Garantie

Cautionnement, cession de salaire, dépôt libre de titre, nantissement sans dépossession : gage sur véhicule, nantissement d'un compte de dépôt à terme, hypothèque sur immeuble, convention de vente ou cession de terrain

Délai maximum de traitement

Deux semaines pour nouveau dossier et renouvellement

Source : PAPME, 2009

ü Spécificités liées aux crédits d'investissement

Tableau n°4 : caractéristiques des crédits d'investissement à PAPME

Caractéristiques

Crédit d'investissement

Cible

- Personnes physiques (individus)

- Personnes morales (Ets, SARL, SA)

- Groupement (caution solidaire, association)

Objet

- Achat d'équipement

- Habitat

- Production agricole (pêche, élevage, agriculture)

- Construction pour besoin d'exploitation

Frais d'ouverture de dossier

0 FCFA

Frais d'étude de dossier

1% du montant de crédit à prélever lors du déblocage + 10 000 FCFA

Durée

24 à 48 mois selon le montant

Différé

1 à 6 mois de différé

Montant

80 000 000 FCFA maximum et selon la tranche du bureau

Taux

1,5% mois dégressif pour 24 à 36 mois

1,75% mois dégressif pour 36 à 48 mois

Mode de remboursement

Mensuel, bimensuel, trimestriel selon l'activité

Fonds de garantie

10% du montant de crédit à prélever au déblocage

Durée = 36 mois

20% dont 10% à constituer progressivement sur la durée du crédit

Durée comprise entre 36 et 48 mois

Garantie

Cautionnement, cession de salaire, dépôt libre de titre, nantissement sans dépossession : gage sur véhicule, nantissement d'un compte de dépôt à terme, hypothèque sur immeuble, convention de vente ou cession de terrain

Délai maximum de traitement

Deux semaines pour nouveau dossier et renouvellement

Source : PAPME, 2009

ü Spécificités liées aux crédits aux particuliers

Tableau n°5 : caractéristiques des crédits aux particuliers à PAPME

Caractéristiques

Crédit aux particuliers

Cible

- Fonctionnaire du secteur public

- Salariés du secteur privé

Objet

- Achat d'équipement

- Habitat

- Crédit événement

Frais d'ouverture de dossier

0 FCFA

Frais d'étude de dossier

1% du montant de crédit à prélever lors du déblocage + 10 000 FCFA

Durée

60 mois au maximum

Différé

1 à 3 mois de différé

Montant

20 000 000 FCFA maximum

Taux

12,5% dégressif annuellement

Mode de remboursement

Mensuel, bimensuel, trimestriel selon l'activité

Fonds de garantie

10% du montant de crédit à prélever au déblocage

Garantie

- Cautionnement

- Cession de salaire

- Autres sûretés réelles

Délai maximum de traitement

Deux semaines pour nouveau dossier et renouvellement

Source : PAPME, 2009

1-1-6- Financial Development (Finadev SA)

· Présentation de la Finadev SA

Finadev SA a débuté ses activités en novembre 1998 en tant que guichet microfinance de la banque commerciale Financial Bank. Cette branche d'activité a été autonomisée et institutionnalisée sous forme de société anonyme en juillet 2000, mais les statuts définitifs de la structure n'ont été signés qu'en février 2001. Dans la Commune de Lokossa, la Finadev SA a été implantée en 2004 et fonctionne avec un effectif de trois personnes.

Première société privée en Afrique de l'Ouest consacrée à la microfinance, Finadev SA a bénéficié du soutien technique, logistique et financier de la Financial Bank. Cela lui a permis d'être au démarrage, une institution rentable (même si cette rentabilité est encore fragile), reconnue, proposant une gamme de services plus étendue que ses concurrents et affichant un portefeuille de qualité. (Planet Rating, 2004)

La mission de Finadev SA est d'offrir un accès durable au crédit pour les populations qui ne sont pas éligibles au crédit bancaire classique. L'objectif est ainsi d'aider les plus pauvres à réaliser leurs projets et assurer la pérennité de leurs activités. Finadev SA propose des produits de financement dans les principales zones urbaines.

Les taux de remboursement sont exceptionnellement élevés, supérieurs à 98% au niveau national, en raison des principes en action de solidarité et de responsabilité. Les établissements Finadev SA sont des institutions privées, indépendantes, gérées de façon professionnelle et pragmatique, cherchant à conjuguer un triple impératif d'impact, de pérennisation et de rentabilité.

· Critères d'éligibilité à la Finadev SA

Pour bénéficier d'un financement à Finadev SA, il faut remplir les critères d'éligibilité suivants :

ü être de nationalité béninoise ;

ü être un homme ou une femme, âgé de 21 ans au minimum et de 65 ans au maximum ;

ü avoir démarré l'activité et être dans la nécessité d'un renforcement financier.

· Conditions d'octroi des crédits à la Finadev SA

La Finadev SA finance les activités de production végétale et animale, les activités de pêche ainsi que le commerce. Pour ce qui concerne l'artisanat, il faut que le promoteur accompagne son activité d'un volet commercial pour avoir des chances d'être éligible. Les fonctionnaires font également partie de la cible financée par Finadev SA.

Ainsi, Finadev SA fait des crédits aux toutes petites entreprises, aux groupements et aux travailleurs pour des montants qui varient entre 50 000 FCFA et 25 000 000 FCFA. Avant de disposer de ces crédits, les promoteurs sont astreints à payer des frais de dossier qui représentent entre 0,5% à 1% hors taxe du montant demandé. Les taux d'intérêt varient selon qu'il s'agisse d'un crédit à taux flat (1% par mois, soit 12% l'an) ou d'un crédit à taux dégressif (1,5 à 2% le mois). Les dossiers de demande de crédit sont généralement traités dans un délai de deux semaines pour donner satisfaction aux clients. Comme la cible est en majorité peu instruite, un plan d'affaire n'est pas forcément exigé lors de la demande de financement, mais il est le bienvenu pour les promoteurs qui l'exhibent. Cependant, l'équipe technique de Finadev SA accompagne les clients à faire des comptes d'exploitation prévisionnels sommaires. Elle fait également une petite formation aux clients avant la mise en place des crédits et se donne pour mission de suivre l'activité financée au moins une fois par mois. Pour bénéficier d'un crédit, le client doit s'astreindre à fournir des garanties qui changent en fonction des types de crédit. Ces garanties peuvent être matérielles (suretés réelles, ordres de virement permanent...) ou immatérielles (cautions solidaires...). Finadev SA accorde des crédits allant de trois à 36 mois avec des différés variables selon les activités menées.

Les performances de Finadev SA de Lokossa sont bonnes, car les taux de remboursement ces cinq dernières années oscillent entre 85 et 90%. Les dispositions prises pour atteindre cette performance consistent à suivre régulièrement le client, à le sensibiliser à la bonne gestion et à lui accorder des moratoires lorsqu'il a des difficultés pour respecter les échéances.

1-1-7- Réseau National des Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédits Autogérés du Bénin (RENACA/BENIN)

· Présentation du RENACA/BENIN

Le RENACA/BENIN est une initiative de l'ONG béninoise nommée Centre Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base (CBDIBA), basée à Bohicon. Dès sa création en 1990, elle a développé, à côté de ses autres activités comme l'alphabétisation, l'éducation au droit, la protection de l'environnement, un volet microfinance qui a pour entre autres objectifs, de financer les activités génératrices de revenus des membres des groupements et de lutter contre l'usure. Ces initiatives à volet microfinance ont été d'abord créées sous le nom de Section d'Epargne et de Crédit Autogérée (SECA) dès 1991 dans les groupements appuyés. Mais très vite, avec l'évolution positive et rapide de l'épargne collectée, il fallait sécuriser les ressources d'où la création en 2004, par le CBDIBA, des premières Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédits Autogérés (CAVECA) à partir des SECA les plus performantes.

De fil en aiguille, les CAVECA, avec l'appui de ses partenaires historiques (CISV Italie, DANIDA Danemark, SOS Faim Luxembourg) ont poursuivi leur évolution. Sachant que la professionnalisation du réseau exigeait une consolidation plutôt qu'une croissance effrénée, seules les 25 caisses les plus performantes ont été retenues pour créer le réseau dans un premier temps. Ainsi, le RENACA/BENIN a été mis sur pied pour continuer là où s'arrêtent les actions de la plupart des autres institutions de microfinance et aller au-delà des zones urbaines et périurbaines: le milieu rural.

La professionnalisation des caisses fut initiée dès 2003 avec l'appui de leurs partenaires dont SOS Faim. Elle fut renforcée dès 2006 grâce au programme triennal d'appui institutionnel du réseau des CAVECA cofinancé par l'Union Européenne. L'important soutien du Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole (PADSA) de DANIDA s'inscrit aussi dans cette dynamique. L'appui institutionnel comprend le recrutement et la formation d'agents de crédit, la professionnalisation de la direction « microfinance » créée au sein du CBDIBA et dénommée Centre de Promotion et d'Appui à la Microfinance (CEPAM), l'informatisation du réseau, la couverture d'une partie des charges de fonctionnement.

Comme toute institution, le RENACA/BENIN a connu une crise de croissance avec son pic vers la fin de l'année 2005 et au début de l'année 2006. Les taux d'impayés étaient montés jusqu'à 19,97%. Ces contre-performances sont liées surtout à des problèmes endogènes et trouveraient leur source dans le processus de recrutement des agents de crédit. Mais, très tôt, ces équivoques ont été levées et des mesures correctives ont été prises à l'encontre des caisses où la situation était catastrophique. Les premiers effets tangibles se sont fait sentir, car déjà au 30 octobre 2006, le taux d'impayés était redescendu de plus de la moitié (8,09%). (Zoom Microfinance, 2006).

L'une des innovations du RENACA/BENIN est le Crédit Adhésion Progressive (CAP). Ce produit rompt avec l'un des principes chers aux systèmes microfinanciers mutualistes de n'octroyer du crédit qu'à leurs membres. Une autre particularité est qu'il associe le financement d'une activité économique et une certaine éducation citoyenne.

Dans la Commune de Lokossa, la CAVECA a été installée le 25 juin 2001. Avec un personnel de trois membres, elle compte à ce jour 2752 épargnants. Les principaux produits qu'elle développe sont :

ü les produits de dépôt (le dépôt à vue, le dépôt à terme ou compte bloqué, l'épargne préalable ou garantie financière ou encore dépôt obligatoire)

ü les produits de crédit sont de trois ordres. Il s'agit :

o des crédits aux particuliers (le crédit individuel aux promoteurs, le crédit scolaire, le crédit aux fonctionnaires) ;

o des crédits de caution solidaire (crédit adhésion progressive, crédit aux groupes solidaires, crédits aux groupements personnes morales et crédits adhésion progressive (CAP)

o des crédits aux structures spécialisées.

· Critères d'éligibilité à la CAVECA

Pour être éligible à la CAVECA de Djèhadji (Commune de Lokossa), il faut obéir aux critères d'éligibilité suivants :

ü être de nationalité béninoise ;

ü être sociétaire ;

ü participer au moins une fois aux séances de sensibilisation organisées par la caisse ;

ü être majeur et capable ;

ü avoir une activité génératrice de revenus (AGR) rentable ;

ü vouloir investir le crédit dans l'AGR rentable ou avoir un revenu certain et régulier pour les fonctionnaires ;

ü avoir une bonne renommée en matière de crédit dans la communauté ;

ü avoir de l'harmonie dans son foyer et jouir d'une bonne moralité ;

ü avoir au moins deux avaliseurs potentiels (majeurs et économiquement actifs et de bonne moralité) ;

ü apporter une garantie matérielle suffisante ;

ü accepter de payer les frais d'étude (commissions) qui s'élèvent à 1% du montant du crédit obtenu (exception faite du CAP) ;

ü accepter de constituer une garantie financière qui s'élève à 20% du montant du crédit pour les personnes morales (exception faite du CAP) et 25% du montant du crédit pour les personnes physiques ;

ü accepter de payer les pénalités en cas de retard ;

ü accepter des visites de sites (domicile, lieu de l'activité...).

· Conditions de mise en place des crédits à la CAVECA

La procédure de mise en place d'un crédit à la CAVECA se décline en sept étapes.

ü Première étape, la sensibilisation : la sensibilisation des bénéficiaires probables se fait pendant une journée. Elle permet de présenter aux clients potentiels l'historique du réseau, les produits de la CAVECA, les conditions d'accès au crédit, les procédures d'octroi et les sanctions en cas de défaillance.

ü Deuxième étape, la formulation et l'enregistrement de la demande : les membres désireux de bénéficier du crédit de la CAVECA doivent acheter et remplir le formulaire de demande puis de le déposer auprès du gérant qui l'enregistre.

ü Troisième étape, l'étude technique : l'étude technique comprend l'enquête de terrain, l'évaluation de la rentabilité de l'activité, l'évaluation du patrimoine du demandeur et l'inventaire de ses sources alternatives de revenus, l'évaluation des engagements du demandeur vis-à-vis des tiers et des autres institutions, la capacité de remboursement du demandeur.

ü Quatrième étape, la tenue du comité de crédit : le comité de crédit se tient pour émettre son avis sur les demandes de crédit. Cette séance doit être minutieusement préparée pour permettre à toutes les personnes impliquées de fournir des informations utiles susceptibles d'édifier les autres membres dans leurs jugements de valeur sur chaque dossier.

ü Cinquième étape, le montage du dossier de crédit : c'est l'étape qui permet de vérifier si toutes les pièces demandées figurent au dossier, de remplir et de faire signer le contrat de prêt, de contrôler l'authenticité des pièces, de vérifier l'historique du client, de procéder à une dernière revue de garanties et cautions proposées.

ü Sixième étape, l'approbation par le Conseil d'Administration (CA) : le CA vérifie le travail du comité de crédit, approuve les études et, dans certains cas, retourne les dossiers au comité de crédit pour fournir des compléments d'information ou des explications. Il envoie ensuite les dossiers au comité technique pour satisfaire les clients.

ü Septième étape, l'atelier de déboursement : l'atelier de déboursement apporte les dernières clarifications sur le crédit aux différentes parties engagées. A cet effet, il précise :

o les responsabilités du bénéficiaire dans l'utilisation des fonds ;

o les responsabilités des avaliseurs dans le suivi de l'activité financée ;

o les risques liés à toute tentative de corruption par le bénéficiaire ;

o la nécessité pour le bénéficiaire d'entretenir une communication active avec la caisse sur l'évolution générale de l'activité.

1-1-8- Le Centre pour la Formation et l'Appui au Développement à la base (CFAD)

· Présentation du CFAD

Le CFAD a été créé sous le numéro 99/004/ MISAT/ DC/ SG/ DAL/ SAAP-ASSOC du 12 janvier 1999 pour aider les populations les plus démunies à se prendre en charge en leur octroyant un crédit et en les formant à la gestion de leurs activités génératrices de revenus. Le CFAD a été conçu également pour renforcer les microentreprises existantes en offrant une assistance financière et une formation aux entrepreneurs jouissant d'une bonne capacité d'emprunt.

· Critères d'éligibilité au CFAD

Pour être éligible au crédit octroyé par le CFAD, il faut être une entreprise (personne morale) ou une personne physique.

Dans le premier cas, il faut :

ü être de nationalité béninoise ;

ü être du métier ou démontrer une bonne connaissance du milieu et du secteur d'activité ;

ü avoir un accès limité aux autres sources de financement institutionnelles ou familiales ;

ü ne pas avoir de précédents douteux dans le cadre du remboursement de crédit ;

ü être disponible, coopératif et prêt à accepter les conseils du CFAD ;

ü démontrer une bonne capacité d'épargne ;

ü tenir une comptabilité (au moins des cahiers de recettes, achats et dépenses...) ;

ü respecter ses engagements.

Dans le second cas, il faut :

ü être de bonne moralité ;

ü jouir de ses droits et libertés ;

ü avoir une activité génératrice de revenus ;

ü avoir des biens meubles libres de tout engagement pouvant servir d'hypothèque ;

ü être de nationalité béninoise ou avoir une personne de nationalité béninoise pour répondant.

· Conditions d'octroi des crédits au CFAD

Les crédits mis en place par le CFAD sont des crédits individuels ou des crédits de caution solidaire. La durée de remboursement varie entre six et 12 mois. La périodicité des remboursements est mensuelle. Pour les crédits individuels, le client peut bénéficier d'un montant minimum de 50 000 FCFA contre un maximum de 10 000 000 FCFA. Lorsqu'il s'agit d'un crédit à un groupe solidaire, chaque membre ne pourra obtenir au maximum que 150 000 FCFA.

Mais il existe des tests de performance qui permettent d'aller graduellement dans les demandes de crédit. Les clients commencent par des prêts de faibles montants et dès que les premiers prêts sont remboursés dans les délais prévus sans anicroche et que les projets financés sont exécutés dans les normes, d'autres prêts pourraient être accordés avec des montants plus importants.

Les frais de dossier couvrent l'étude et le montage du dossier de crédit. Ils sont fixés à 3 000 FCFA pour les crédits dont le montant est inférieur à 300 000 FCFA. Pour ceux dont les montants dépassent 300 000 FCFA, les frais de dossier représentent 1 % du crédit demandé.

Pour couvrir une partie des frais de recouvrement du crédit en cas de défaillance du client, il est demandé à tous les bénéficiaires de crédit de constituer dans les caisses du CFAD, un fonds de garantie. Ce fonds peut se faire progressivement, suivant l'échéancier des paiements du crédit qui, bien entendu, sera couvert par les garanties classiques exigées par le CFAD. Le fonds de garantie ainsi constitué peut être récupéré après remboursement du crédit si le client ne veut plus renouveler son crédit.

Pour obtenir un crédit agricole par exemple, le promoteur doit fournir les pièces et remplir les conditions suivantes :

ü avoir un projet visé par le Responsable du CeCPA de la zone d'activité ;

ü donner quatre photos d'identité et 2 000 FCFA pour l'ouverture de compte ;

ü fournir deux photocopies légalisées de la carte d'identité en cours de validité (ou à défaut, une attestation de possession d'état avec cachet du Chef d'Arrondissement sur la photo originale et l'extrait de l'acte de naissance ou le jugement supplétif) et une attestation de résidence ;

ü apporter une photocopie de la carte d'identité de deux témoins (ou à défaut, une attestation de résidence avec une photo complète de chacun d'eux ou un certificat de possession d'état) ;

ü mettre à disposition une garantie matérielle (convention de vente d'une parcelle dont le client est propriétaire ou à défaut, une convention de vente d'une parcelle avec la photocopie de la carte d'identité du propriétaire suivies d'une procuration délivrée par ce dernier) ;

ü avoir un avaliseur.

1-1-9- Associations de Services Financiers (ASF)

· Présentation des ASF

Les ASF sont des institutions villageoises autogérées de microfinance à but lucratif, autofinancées par les actionnaires qui sont en même temps leurs seuls clients. Leur objectif est de faciliter de manière durable l'accès aux services financiers des populations rurales pauvres, notamment des femmes. Chaque ASF est autonome et pratique les taux d'intérêt du marché (non subventionnés) suffisants pour couvrir les coûts, permettre un bon dividende et financer leur expansion. Au début de 1997, les ASF ont commencé par être mises en place par le Projet d'Activités Génératrices de Revenus (PAGER), un projet financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), grâce à l'intermédiation des ONG.

Ces ONG n'étant pas expérimentées préalablement en financement rural, les ASF avaient des problèmes de sorte qu'à la fin de 1999, elles avaient un taux de 38% d'impayés à trois mois et de 52% d'impayés à un jour sur leurs encours de crédit. De plus, le taux d'intérêt requis, de 10% par mois, nécessaire pour générer une forte croissance du capital sujet au prêt et un bon dividende, limitait la rentabilité des investissements des emprunteurs. En décembre 2001, 1/5 des actionnaires avait quitté les ASF. DANIDA, co-financeur du projet, retirait alors son support à la mise en place de nouvelles ASF. Pendant deux ans, les mesures apportées pour corriger cette situation (suivi renforcé, responsabilisation des élus et mesures de recouvrement) ont produit peu d'effet : ainsi, en février 2001, les taux d'impayés à 3 mois et à un jour étaient toujours de 33% et de 53% respectivement. Mais, au cours du deuxième semestre de 2001 et en 2002, l'amélioration de l'encadrement et du contrôle des animateurs, des gérants et des élus, a entraîné un redressement spectaculaire. De sorte qu'en mars 2003, les impayés à trois mois étaient tombés à 3,1% alors que les impayés à un jour n'étaient plus que de 13,7%. D'autres indicateurs d'efficience se sont aussi fortement améliorés : le résultat d'exploitation était positif dans toutes les ASF vers la fin de l'année 2002 ; une forte réduction des taux d'intérêt dans la fourchette de 2 à 6% par mois dans la plupart des ASF ; un dividende de 20% en moyenne ; une capacité financière requise pour couvrir les charges de suivi en dehors de toute subvention pour plusieurs ASF. (Seibel, 2003). En 2006, les ASF installées par le FIDA par l'entremise du PAGER et du PROMIC sont au nombre de 44 sur toute l'étendue du territoire national. Elles couvrent 320 villages et leurs hameaux ; elles regroupent 18390 actionnaires individuels, soit une moyenne de 418 actionnaires par ASF. Le pourcentage des femmes est de 38% sur l'ensemble des actionnaires. La représentation au sein des organes dirigeants des ASF est de 18%. Le capital mobilisé correspond à un montant de 221 millions de FCFA, soit une moyenne de 5 millions par ASF (Hasna, 2007).

Dans la Commune de Lokossa, deux Associations de Services Financiers (ASF) interviennent, l'une dans l'Arrondissement de Ouèdèmè-Adja, l'autre dans l'arrondissement d'Agamè. Les deux ont été installées par le PAGER respectivement en 1998 et 2002.

· Critères d'éligibilité dans les ASF

Pour bénéficier d'un financement auprès des ASF, il faut que le client remplisse les critères suivants :

ü être actionnaire de l'ASF ;

ü avoir une bonne moralité ;

ü être crédible ;

ü avoir entre 18 et 65 ans ;

ü résider dans la zone géographique de l'ASF ;

ü avoir un niveau d'instruction de la classe de cinquième.

· Conditions d'octroi des crédits dans les ASF

Pour bénéficier d'un crédit à l'ASF, il faut remplir les conditions ci-dessous :

ü être sociétaire, c'est-à-dire avoir acheté au moins une action qui coûte 2000 FCFA ;

ü attendre au moins une période de deux mois pour permettre au comité de crédit d'enquêter sur la moralité ;

ü avoir une expérience dans le domaine de l'activité ;

ü disposer dans son compte d'au moins 20% du crédit sollicité ;

ü avoir une garantie légalisée et une caution.

Le taux d'intérêt pratiqué par les ASF de la Commune de Lokossa est de 2% le mois aujourd'hui, alors qu'elles appliquaient à leur création des taux allant jusqu'à 10% le mois. Les montants minimaux appliqués sont de 10 000 FCFA et 50 000 FCFA respectivement pour les crédits individuels et de groupement. Quant aux montants plafonds, les individus peuvent bénéficier jusqu'à 300 000 FCFA tandis que les groupements sont autorisés à obtenir jusqu'à 1 500 000 FCFA. Lorsqu'il s'agit de groupement, le nombre varie entre trois et cinq membres. Cependant, les crédits mis en place le sont en fonction de la performance des clients. Cela signifie que les montants plafonds ne sont mis en place qu'après plusieurs crédits de montants inférieurs remboursés avec fidélité.

1-2- Organismes gouvernementaux

En dehors des organismes privés qui opèrent dans le domaine de la microfinance, certains organismes gouvernementaux, sans but lucratif, relaient l'action du secteur privé par des initiatives à caractère social. Ces organismes sont souvent sous tutelle des ministères.

1-2-1- Ministère de la Microfinance, de l'Emploi des Jeunes et des Femmes (MMEJF)

Le MMEJF opère dans la mise en place des crédits aux jeunes à travers une de ses institutions intermédiaires appelée Fonds National de Promotion de l'Entreprise et de l'Emploi des Jeunes (FNPEEJ).

· Présentation du FNPEEJ

La décision de la création du FNPEEJ a été prise par le Chef de l'Etat le 23 mars 2007 lors de la remise officielle des conclusions du Forum National sur l'emploi des jeunes organisé par le gouvernement les 8, 9 et 10 mars 2007. Le FNPEEJ est donc un établissement public à caractère social, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est régi par la loi n°94-009 du 28 juillet 1994. Sa mission est de faciliter l'accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des jeunes aux moyens et outils de production par le biais du crédit.

L'objectif global du FNPEEJ vise à contribuer au développement économique et social du Bénin en offrant aux PME le financement de leurs investissements et aux jeunes de 15 à 40 ans, le maximum de possibilités de réaliser leurs projets d'entreprise.

· Critères d'éligibilité au FNPEEJ

Pour bénéficier d'une intervention du FNPEEJ, les promoteurs doivent réunir les conditions suivantes :

Ø être de nationalité béninoise ;

Ø être un jeune, homme ou femme, âgé de 15 à 40 ans ; un groupe de jeunes organisés en Groupement d'Intérêt Economique (GIE), coopérative ou autres formes de groupements légalement reconnus ;

Ø avoir les capacités requises pour gérer le projet ou, à défaut, accepter de suivre une formation appropriée ;

Ø être une entreprise génératrice de valeur ajoutée ;

Ø accepter l'encadrement et le suivi rapproché du FNPEEJ chargé de cette assistance technique.

· Conditions de mise en place des crédits au FNPEEJ

Le crédit obtenu par le jeune promoteur est débloqué progressivement par le FNPEEJ après analyse par le Centre de Promotion et d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (CePEPE) et avis motivé du comité de crédit.

Le crédit est octroyé par le FNPEEJ avec un taux d'intérêt de 5% pour les projets de microentreprises et de 6% pour ceux soumis par les PME. Le minimum de financement accordé est 1 000 000 FCFA et le montant des financements demandés varie selon la nature des projets soumis. Pour le remboursement, les jeunes promoteurs de microentreprises bénéficieront jusqu'à un an de différé et ne seront pas imposables pendant cette durée.

Sont éligibles aux ressources du FNPEEJ toutes les activités légalement reconnues au Bénin et génératrices de valeur ajoutée, à l'exception du transport et du commerce pur (achat/revente). La priorité pourrait être donnée aux activités porteuses de croissance économique et d'emploi telles que l'agroalimentaire, l'agro-industrie, l'artisanat, le tourisme, les Bâtiments et Travaux Publics (BTP), les industries des métaux et des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), etc.

La durée d'examen des projets peut varier en fonction du montant du crédit demandé. Ainsi, une durée de six mois et demi environ sera nécessaire pour l'étude et la sélection des projets de plus de trois millions. Quant aux projets dont les montants ne dépassent pas trois millions, l'étude et l'approbation interne peuvent être faites dans un délai de trois mois environ.

1-2-2- Le Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs (MJSL)

Le MJSL, dans ses activités courantes, accompagne les jeunes dans leurs initiatives de financement à travers sa Direction de l'Entrepreneuriat et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes (DEIPJ).

· Présentation de la DEIPJ

La DEIPJ est basée au Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs (MJSL). Elle utilise les Directions Départementales de la Jeunesse, des Sports et Loisirs (DDJSL) comme des bras opérationnels sur le terrain.

· Critères d'éligibilité à la DEIPJ

La DEIPJ met à contribution les DDJSL pour sélectionner les jeunes, souvent déscolarisés, enclins à l'entrepreneuriat et sans moyens réels pour concrétiser leur rêve. Les DDJSL lancent des appels à candidature pour recenser les jeunes. Une sélection est faite en fonction des priorités fixées car la DEIPJ travaille en partenariat avec le Fonds des Nations Unies Pour la Population (FNUAP) qui lui met à disposition les fonds et spécifie les zones de prédilection. Ainsi, chaque année, des jeunes de 18 à 21 ans, porteurs d'idées de projets, résidant dans les zones ciblées, sont sélectionnés au niveau des Directions départementales. Ils sont mis à la disposition de la DEIPJ pour la suite du processus.

· Conditions de mise en place des crédits par la DEIPJ

Lorsque les jeunes sont sélectionnés au niveau des Départements par les DDJSL, ils sont soumis à une série de formations qui portent essentiellement sur deux volets : un, théorique (initiation à l'entrepreneuriat) et l'autre, pratique (immersion en entreprise, fondamentalement au Centre Songhaï). A l'issue de cette double formation, les jeunes sont invités à rédiger un plan d'affaire qu'ils soumettent pour financement.

Pour l'instant, ce sont des promoteurs individuels qui sont financés dans la Commune de Lokossa. Les montants mis en place varient de 700 000 à 2 000 000 FCFA. Pour faciliter l'accès des jeunes à ce type de crédit, la DEIPJ n'exige d'eux aucune garantie. C'est une initiative louable, mais qui a des revers. Et pour preuve, certains jeunes bénéficiaires de ces financements rempilent et disparaissent au lendemain de la mise en place du crédit. De par son caractère social, aucune garantie n'est exigée avant la mise en place des crédits. Par ricochet, les jeunes ne sentent pas la nécessité de faire violence sur eux-mêmes pour avoir des résultats significatifs.

2- LES CONDITIONS DE FINANCEMENT DES INITIATIVES DES JEUNES DANS LA COMMUNE DE LOKOSSA

Dans les institutions privées, le financement des initiatives des jeunes se fait selon des règles qui sont propres à chaque structure, ce qui crée, par ricochet, un ensemble de disparités.

2-1- Les disparités liées aux frais d'étude de dossiers

La plupart des institutions de financement exigent aux clients de payer des frais d'étude de dossier dont les montants varient souvent en fonction du crédit à prendre. Dans certaines institutions, il existe des frais d'ouverture de dossier qui représentent un forfait alors que d'autres exigent directement un pourcentage du crédit (généralement entre 0,5 et 1%) qui connaît un plafond non variable au-delà d'un certain montant (25 000 FCFA par exemple). Très peu d'institutions se soustraient à cette exigence. Il s'agit fondamentalement des institutions à caractère social comme le FNPEEJ et le MJSL à travers la DEIPJ. Par ailleurs, il importe de souligner que 44% des institutions ont des coûts liés aux frais d'étude de dossiers qui sont inférieurs à 5 000 FCFA et 11% imposent des frais d'étude de dossiers dont les montants sont compris entre 5 000 et 10 000FCFA. Quant à la tranche de 10 000 à 20 000 FCFA, 11% d'institutions s'y retrouvent. Et celles qui réclament des frais d'étude de dossiers de montant supérieur à 20 000 FCFA représentent 11% de l'échantillon. La variable "autres" qui représente 17% de l'échantillon investi concerne les institutions qui ne réclament pas de frais d'étude de dossiers à leurs clients avant la mise en place des crédits. La figure suivante fait la synthèse des données recueillies auprès des IMF de la Commune de Lokossa.

Figure n°2 : évolution des frais de dossier suivant les institutions de microfinance dans la Commune de Lokossa

2-2- Les disparités relatives aux contreparties et aux garanties

Outre les frais d'étude de dossier, les IMF astreignent leurs clients à des contreparties et garanties. Les contreparties sont des épargnes préalables que le promoteur doit constituer avant le déblocage du crédit. Elles peuvent aller jusqu'à 25% du montant auquel aspire le client et ne peuvent être entamées par ce dernier avant la fin du remboursement du crédit. Généralement, elles sont constituées à l'avance et par conséquent, ne peuvent être défalquées du crédit lors du déblocage.

Pour garantir le remboursement, les IMF mettent en place une série de mesures. Certaines d'entre elles font directement prélever un fonds de garantie du crédit. Le montant de ce fonds varie d'une institution à une autre et représente la plupart du temps 10% du crédit à prendre. Si le fonds de garantie est obligatoire dans certaines structures, il n'est cependant pas suffisant comme garantie pour les IMF. C'est pour cette raison que d'autres dispositions sont utilisées pour sécuriser le crédit mis en place.

Par exemple, si les institutions à caractère social ne demandent pas expressément une garantie matérielle, les autres institutions exigent que le client gage sa moto, ses meubles, sa voiture, sa parcelle ou sa maison. La priorité est faite surtout aux parcelles et aux maisons, avec des conventions de vente à jour et des titres fonciers souhaités.

Les IMF considèrent qu'elles doivent s'entourer d'assez de précautions et c'est pour cette raison que certaines d'entre elles ajoutent aux garanties, la présentation par le client d'avaliseur ou de témoin (un ou deux selon les institutions). Ainsi, l'avaliseur est cette personne qui prend l'engagement, en cas de défaillance du client, de le suppléer dans le remboursement. Il accepte donc la responsabilité du remboursement du crédit au même titre que le promoteur et doit tout faire pour que ce dernier honore son engagement.

D'autres dépenses interviennent lors de la mise en place des crédits. Il s'agit des frais d'assurance (assurance décès, assurance invalidité...). Ils sont également variables d'une institution à une autre.

Toutes ces conditions à remplir sont souvent aux yeux des clients, des charges qui leur sont imposées et qui rendent difficile l'accès aux crédits. Certains d'entre eux, compte tenu de leurs conditions de vie, ne peuvent jamais remplir toutes ces formalités à la fois. Et puisque les IMF ne font pas de la philanthropie, ces clients sont victimes d'ostracisme. Cependant, une infirme partie des personnes concernées est prise en charge par les institutions publiques qui financent les initiatives des jeunes. Mais cette partie est infime par rapport aux besoins qui existent dans la Commune de Lokossa. Et là encore, il n'est pas évident que tous ceux qui ne sont pas pris en compte par les IMF le soient par ces structures à caractère social. Le gap est donc profond et quels que soient les efforts faits, il existera toujours une frange de la population qui ne sera jamais satisfaite.

2-3- Les disparités liées aux délais d'étude de dossiers et de mise en place du crédit

Les IMF visitées ont estimé qu'elles traitent les demandes de financement dans un délai relativement court, tournant autour de deux semaines pour les plus diligentes. Les moins véloces font jusqu'à quatre semaines pour étudier les dossiers et mettre en place le financement. Elles sont majoritaires et font 82% de l'échantillon. Parmi ces structures, certaines rassemblent les dossiers ensemble et font des assises périodiques, tandis que d'autres étudient les dossiers au fur et à mesure qu'ils leur parviennent. Les institutions à caractère social et les banques (18%) dépassent le délai d'un mois dans le traitement des dossiers de financement. Parfois même, six mois ne suffisent pas à certaines d'entre elles pour boucler le processus de financement.

Figure n°3 : durée entre la demande de financement et la mise en place du crédit

Si les IMF estiment faire preuve de célérité dans le traitement des dossiers de demande de crédit, les clients ne sont pas toujours satisfaits de leurs prestations. Les disparités relatives aux délais d'étude de dossiers et de mise en place du crédit ont des répercussions importantes sur certains d'entre eux, en l'occurrence ceux qui ont des activités saisonnières. Parfois, les crédits leur sont mis en place à des moments inappropriés et puisque les opportunités sont rares, ces promoteurs n'osent pas refuser ces aubaines qui, en réalité, constituent pour eux des « cadeaux empoisonnés ». Cette situation donne lieu à des déconvenues qui les amènent à avoir des difficultés dans la gestion du crédit. Parfois ces déconvenues sont si importantes qu'elles altèrent la régularité du remboursement et induisent des impayés.

J'ai demandé un crédit pour faire de la transformation de noix de palme en huile rouge, la stocker et la commercialiser en temps de soudure. L'institution qui doit me donner le financement a traîné sur mon dossier de demande de crédit pendant un mois. Lorsqu'elle m'a satisfaite, les noix de palme étaient devenues chères et le kpenbèvi (unité de mesure équivalant à environ 4,8 litres d'huile) avait augmenté de prix. Du coup, ma marge bénéficiaire s'est amenuisée et j'ai eu des difficultés pour rembourser les premières traites.

Transformatrice de noix de palme en huile rouge, Ouèdèmè, 38 ans.

2-4- La formation des jeunes avant la mise en place du financement

Si la majorité des IMF (82%) affirment former les promoteurs avant la mise en place des crédits, nous avons constaté que c'est, en réalité, une séance d'échange de quelques minutes qui leur est généralement offerte. Ce qui fait que la durée de cette « formation » est majoritairement située dans la modalité "demie journée" du questionnaire. Au cours de ces séances d'échange, les promoteurs sont briefés sur les informations concernant l'IMF et sur les meilleures conduites à tenir dans la gestion du crédit. Ces séances sont faites généralement les jours de déblocage et l'on pourrait se demander si les clients ont la patience d'écouter véritablement les agents de crédit.

Certaines institutions ne se donnent pas cette peine car elles sont sûres des stratégies de recouvrement qu'elles utilisent. Il s'agit fondamentalement des banques (18%) qui font des prélèvements à la source pour rentrer en possession de leur traite.

Figure n°4 : point des structures qui forment les clients avant la mise en place du crédit

Cependant, les institutions à caractère social telles que le FNPEEJ et la DEIPJ mettent un accent particulier sur la préparation des promoteurs avant le financement. En effet, la DEIPJ offre à ses bénéficiaires, des formations en entrepreneuriat de plusieurs jours. Le FNPEEJ quant à elle, privilégie les bénéficiaires qui ont été préparés par l'ANPE en suivant une série de formations de plusieurs semaines où ils acquièrent des rudiments pour trouver les bonnes idées d'entreprise, pour créer leur propre entreprise et pour mieux la gérer. Ces différentes formations constituent des sous-bassements aux promoteurs pour une bonne gestion de leur entreprise. Mais la réalité est là : il ne suffit pas de bien former un promoteur pour qu'il gère à merveille son entreprise. Encore faut-il qu'il sache bien ce qu'il veut faire et comment il veut le faire. Et c'est l'objet du plan d'affaire.

2-5- L'exigence de plans d'affaire avant le financement

Compte tenu des groupes cibles avec lesquels elles traitent, les IMF transigent facilement sur l'exigence de plans d'affaire avant la mise en place du financement. Les données recueillies révèlent que 64% des IMF ne réclament pas de plans d'affaire, contre 36%.

Figure n°5 : pourcentage des IMF qui réclament des plans d'affaire à leur client

Parmi les 36% d'IMF, il y en a certaines qui ne réclament de plans d'affaire qu'en fonction du client et de son activité. Cela veut dire que l'exigence n'est pas systématique et ne s'étend pas à tous les clients. Or, si les plans d'affaire ne sont pas demandés, sur quelle base les IMF mesurent-elles la rentabilité de l'activité à financer ? La question reste posée. Les IMF expliquent tout simplement qu'à défaut de mieux, les visites de terrain leur permettent d'aller vérifier l'effectivité de l'activité menée par le promoteur avant la mise en place du crédit.

2-6- Les tranches d'âge concernées par le financement

Les IMF accordent des crédits à des tranches d'âge variables. L'analyse des données montrent que les variations s'observent aussi bien au niveau des âges plancher que des âges plafond. En ce qui concerne les âges minimaux, ils oscillent entre 15 et 21 ans avec un pic à 18 ans. Cela signifie que la majorité des IMF requièrent un âge minimum de 18 ans pour l'accord de leur crédit. La figure n°6 rend compte de la situation.

Figure n°6 : fréquence des âges minima en fonction des IMF

L'âge plancher de 15 ans a été observé particulièrement au niveau du FNPEEJ qui estime qu'à cet âge, un jeune peut déjà gérer un crédit. C'est une chance pour la jeunesse car aucune IMF n'accepte prendre le risque avec des jeunes de cette catégorie. Cela ne poserait aucun problème si le FNPEEJ n'avait pas comme principe de mettre sur pied des crédits dont le montant minimal ne peut être inférieur à 1 000 000 FCFA. Est-ce que tous les jeunes à 15 ans sont sensés avoir la faculté de gérer convenablement un crédit de ce montant ? Ce n'est pas un manque de confiance en la jeunesse qui suscite une telle interrogation, mais une objectivité qui tient compte de la réalité selon laquelle il est judicieux d'aller à l'école de l'expérience par une pratique graduelle.

En ce qui concerne les âges plafond, il existe également une variation en fonction des structures de financement. Ainsi, les âges plafond évoluent de 40 ans à 70 ans avec un pic à 65 ans. Au-delà de 65 ans, les IMF refusent de prendre le risque de financement surtout parce que les assurances ne les couvrent pas en dehors de cette marge. Autrement dit, le client qui a plus de 65 ne peut souvent plus bénéficier de l'assurance décès/invalidité. La figure suivante fait la synthèse des âges maxima en fonction des IMF.

Figure n°7 : fréquence des âges maxima en fonction des IMF

Une seule institution financière a mis sa barre haute par rapport à sa limite supérieure. Il s'agit de la Financial Bank Bénin qui accepte mettre en place des crédits à des clients de 70 ans avec des conditionnalités de garantie. Cela préoccupe lorsqu'on considère l'espérance de vie qui, aujourd'hui au Bénin, est manifestement loin de ce seuil.

2-7- Les différentes catégories de personnes financées

Des investigations sur le terrain, il ressort que dix grandes différentes catégories socioprofessionnelles sont concernées par le financement. Le tableau n°6 en donne un aperçu.

Tableau n°6: catégories socioprofessionnelles financées par les IMF de la Commune de Lokossa

Catégorie socioprofessionnelles

Fréquence

% représenté

Agriculteur

9

10,59

Eleveur

10

11,76

Pêcheur

10

11,76

Commerçant

9

10,59

Artisan

10

11,76

Ouvrier

7

8,24

Fonctionnaire

9

10,59

Etudiant

1

1,18

Technicien

10

11,76

Transformateur

10

11,76

Total

85

100

Les informations du tableau n°6 permettent d'avoir une idée de la part que représente chaque catégorie dans le portefeuille des IMF à travers la figure n°8.

Figure n°8 : catégories socioprofessionnelles financées par les IMF

Les éleveurs, les pêcheurs, les artisans, les techniciens et les transformateurs sont apparemment ceux qui intéressent le plus les IMF. Pour limiter les catégories, il a été condensé dans le groupe des artisans, les menuisiers, les maçons, les couturiers, les potiers, les maroquiniers... Il s'agit en réalité de tous ceux qui travaillent sur la matière et la transforment. Dans le groupe des transformateurs, ont été rassemblés tous ceux qui transforment les produits vivriers en produits finis. Il s'agit fondamentalement des fabricants de gari, de savon, de sodabi... Les prestations de service comme la maintenance, le cyber service, la bureautique, la restauration, la blanchisserie, etc. sont classées dans la catégorie technique et leurs auteurs sont répertoriés comme techniciens. De toutes les catégories, c'est celle des élèves qui ne bénéficient pas de prestations de la part des IMF. Les raisons de ce refus de financement se situent dans leur indisponibilité.

Par ailleurs, si toutes les IMF acceptent de financer les catégories précitées, elles ne semblent pas toutes prêtes à prendre le risque avec les primoentrepreneurs.

Au moment où j'ai obtenu mon attestation de fin de formation en mécanique, j'ai demandé un crédit à CAVECA mais elle a refusé. J'ai été obligé de travailler comme ouvrier pendant six mois auprès du patron qui m'a libéré. Avec les ressources mobilisées et les aides des parents, j'ai ouvert mon propre atelier. Ce n'est qu'à partir de ce moment que CAVECA a accepté de me prêter 100 000FCFA pour que j'équipe mon atelier en pièces de rechange.

Mécanicien vélomoteur, Lokossa, 29 ans.

La figure n°8 montre que 64% des IMF n'acceptent pas de financer les primoentrepreneurs. Les raisons évoquées trouvent surtout leurs justifications dans l'inexpérience des promoteurs et dans l'ampleur du risque couru. Les difficultés de mobilisation des garanties et des contreparties ne se sont pas révélées comme étant des motifs principaux du refus de financement des primoentrepreneurs par les IMF.

Figure n°9 : propension des IMF qui financent les primoentrepreneurs

Toutefois, les 36% qui acceptent prendre le risque avec les primoentrepreneurs ne le font pas systématiquement. Elles tiennent surtout compte de la pertinence et de l'originalité de leurs idées d'entreprise. Il s'agit surtout des institutions à caractère social qui ont décidé de continuer là où s'arrêtent les IMF. Il s'agit aussi de quelques rares IMF qui font parfois exceptions pour prendre en compte cette catégorie, qui apparemment, n'a pas beaucoup de chance auprès des structures de financement.

3- LES PROBLEMES RELATIFS AU FINANCEMENT DES JEUNES DANS LA COMMUNE DE LOKOSSA

Le financement des initiatives entrepreneuriales des jeunes rencontre certains problèmes que nous présentons suite à notre enquête empirique.

3-1- L'absence d'originalité et le défaut de diversification des idées d'entreprise

3-1-1- Les catégories socioprofessionnelles répertoriées

A la lumière des déclarations des personnes ressources interrogées, nous avons constaté une similitude dans les idées d'entreprise. Ce qui fait que les catégories socioprofessionnelles ne sont pas très nombreuses. Certes, nous avons été obligé de faire des regroupements surtout au niveau des artisans, des techniciens et des transformateurs. Cependant, les différentes catégories investiguées se répartissent comme suit :

Figure n°10 : répartition des catégories socioprofessionnelles dans le groupe des promoteurs ayant reçu un financement

Ces données font état de neuf catégories socioprofessionnelles enquêtées au niveau des jeunes ayant obtenu du financement et sept au niveau de ceux qui travaillent à fonds propres.

Figure n°11 : répartition des catégories socioprofessionnelles dans le groupe des promoteurs n'ayant pas reçu un financement

La belle part a été faite à la catégorie « transformation ». En effet, beaucoup de jeunes s'investissent dans ce domaine, qu'il s'agisse de la transformation des noix de palme en huile rouge, des noix palmistes en huile palmiste, de l'arachide en huile d'arachide, du vin de palme en sodabi, de la transformation du manioc en gari et en tapioca ou de l'huile en savon. Cette catégorie représente 40,7% (21,1% et 19,6%) de l'échantillon. Elle occupe la même position que la catégorie « commerce » avec 40,7% (16,8% et 23,9%) où les vendeurs de cartes de recharge, les tenanciers de cabine téléphonique, les tenanciers de cyber café et les vendeurs de divers sont légion. La catégorie « artisan » vient en troisième position avec 33,2% (15,8% et 17,4%). Il est utile cependant de souligner que la catégorie « technicien » comporte les différents types de prestataires de service qui mènent leurs activités dans les Départements du Mono et du Couffo.

3-1-2- La vocation des promoteurs et l'absence d'originalité des idées d'entreprise

Toutes ces différentes catégories bénéficient de financement de la part des IMF. Le constat est qu'il n'y a pas une grande diversification dans les idées entreprises par les promoteurs. Il n'y a surtout pas d'activités nouvelles. La plupart se sont contentés de reproduire ce que des parents, amis ou voisins à eux ont entrepris sans se donner la peine de faire, à défaut d'une étude de marché, un petit sondage d'opinion. Cela impose la question de savoir s'ils ont effectivement une vocation pour leur activité. La vocation ne peut résulter ni d'un suivisme béat ni d'un désir spontané. Faudrait-il aller chercher les causes intrinsèques de l'échec de certains entrepreneurs dans ces déterminants ?

En se livrant à ce jeu de reproduction des activités des autres, ces promoteurs ignorent que, ce faisant, ils mettent en difficulté ceux qu'ils viennent concurrencer et se mettent en difficulté eux-mêmes parce qu'ils réduisent la clientèle. Le marché n'étant pas grand, ils provoquent la mévente et la baisse des revenus sur toute la ligne.

Or, ce ne sont pas des besoins nouveaux qui sont inexistants. Il suffit d'être fin observateur pour remarquer que de nombreuses initiatives peuvent être entreprises. Il faut le courage de s'aventurer sur de nouvelles pistes à l'instar de certains entrepreneurs remarquables2(*) du pays qui sont sortis des sentiers battus pour sonder de nouveaux horizons. Les institutions de microfinance déplorent elles aussi ce défaut de diversification dans les activités auxquelles les promoteurs recherchent des financements. Elles restent sur leur faim quant à la diversification certes, mais elles ne sont apparemment pas prêtes à prendre le risque lorsqu'il s'agit d'un primoentrepreneur avec une idée novatrice. Il y a cependant un bémol quand le promoteur a des références antérieures en matière de remboursement de crédits.

Mon institution a prévu d'investir dans des secteurs vierges et nouveaux, étudiés et approuvés comme étant des créneaux porteurs de prospérité et de richesse. Malheureusement trop peu de promoteurs nous proposent des idées d'entreprise à financer dans ces secteurs nouveaux. Nous ne pouvons rien y faire.

Responsable d'une IMF à Lokossa, 39 ans.

3-1-3- La motivation de certains promoteurs dans la mise en oeuvre de leur idée d'entreprise

Un constat spécifique se fait au niveau des institutions de financement public et amène à penser que les jeunes veulent une chose et en même temps son contraire. En effet, la jeunesse considère que les conditions d'accès aux crédits ne sont pas faciles et accessibles à elle. Mais dans le même temps, certains jeunes ne se rendent pas crédibles vis-à-vis des institutions qui leur offrent des opportunités de financement. Cela jette des doutes sur les réelles motivations des promoteurs qui souscrivent aux financements de la DEIPJ et surtout du FNPEEJ. Et pour cause, des centaines de promoteurs qui sont en activité dans l'emploi salarié montent des plans d'affaire et les déposent pour financement tout simplement parce que les conditions de mise en place des crédits exonèrent de certaines contraintes comme la garantie, la caution financière, l'avaliseur. Parmi ces conditions, il existe des facilités comme des différés allant jusqu'à douze mois et des taux d'intérêt très bonifiés (5 à 6%). Cependant, la cible visée n'est en réalité pas les salariés. C'est plutôt les chercheurs d'emploi désireux de s'autonomiser par l'emploi indépendant.

A partir de ce constat, on peut penser que les réelles motivations de certains promoteurs sont de nature opportunistes et frisent l'escroquerie.

Plusieurs promoteurs fraudent en allant déposer au FNPEEJ des plans d'affaire alors qu'ils ne remplissent pas les conditions d'éligibilité. C'est parmi ces promoteurs surtout que se retrouvent les brebis galeuses qui prennent le financement et disparaissent le lendemain. C'est ce qui justifie les difficultés que rencontre le FNPEEJ à financer les plans d'affaire en attente.

Correspondant du FNPEEJ à l'ANPE, Antenne de Lokossa, 37 ans.

S'il est vrai que la jeunesse a besoin d'un coup de main, il est aussi important qu'elle prenne conscience de ce qu'elle ne peut pas se prendre en charge tant qu'elle ne peut pas mériter la confiance des structures de financement aussi bien privées que publiques. Les initiatives de financement à caractère social ont souvent échoué. Le Fonds de Solidarité Nationale pour l'Emploi (FSNE) et la Coordination des Initiatives et Projets d'Emploi Nouveaux (CIPEN) en sont des exemples palpables. Ces institutions ont mis en place des financements qui peinent à être recouvrés.

3-2- Les difficultés d'accès au financement

L'accès au financement pose un ensemble de problèmes aux promoteurs. Il convient de souligner que c'est par souci de sécuriser les crédits qu'elles mettent en place, que les IMF prennent de nombreuses précautions.

3-2-1- Des formalités souvent exigeantes selon les clients

L'un des freins à l'accès au financement des jeunes se trouve dans les formalités à remplir avant de bénéficier du crédit. A cet effet, la majorité des promoteurs enquêtés (89%) dans la catégorie de ceux qui ont reçu un financement, ont affirmé avoir démarré leur activité sur des fonds propres issus des économies personnelles, des aides financières extérieures et des héritages.

Figure n°12 : part des promoteurs ayant démarré leur activité directement par l'entremise d'un crédit

Les raisons qu'avancent ces promoteurs et qui justifient ce faible taux de réponses affirmatives sont de trois ordres. Elles s'échelonnent sur la figure suivante.

Figure n°13 : raisons qui expliquent l'absence de crédit au démarrage de l'activité

L'analyse de la figure n°12 permet de déduire que 60,2% des promoteurs estiment qu'ils ont commencé sans bénéficier de crédit, tout simplement parce que les conditions d'accès sont difficiles ; 6,8% considèrent qu'il n'y a pas de structures de financement proches de leur localité et 33% affirment que c'est le désir personnel qui justifie leur position. La dépréciation des conditions d'accès au crédit semble compréhensible au regard des statistiques suivantes :

· 83,3% des institutions enquêtées demandent des frais de dossier qui sont variables en fonction de la structure et du montant du crédit, contre 16,7% ;

· 70,5% de ces institutions réclament à leurs clients des contreparties à montants variables, contre 29,5% ;

· 99,3% de ces institutions exigent des garanties matérielles, contre 0,7%.

Et en matière de garantie, le tableau suivant fait une récapitulation des données recueillies sur le terrain.

Tableau n°7: point des garanties matérielles exigées par les IMF

Nature des garanties

Fréquence

Pourcentage valide

Aucune

1

0,7

Moto

13

8,7

Voiture

1

0,7

Maison

19

12,7

Parcelle

46

30,7

Avaliseurs

59

39,3

Meubles

1

0,7

Grosses machines

2

1,3

Fiche de paie

4

2,7

Garantie employeur

4

2,7

Total des réponses obtenues

150

100,0

De toutes ces garanties, "avaliseurs", "parcelles" et "maisons" sont plus prisés que les autres types de garantie avec respectivement 39,3%, 30,7%, et 12,7%. Le secteur de la microfinance est un secteur à risque et il est normal que les institutions prennent d'énormes précautions. Mais ce faisant, elles isolent les plus faibles et les plus démunis. Combien de jeunes sont-ils capables aujourd'hui de garantir une parcelle, une maison ou d'autres biens similaires ? En tout cas, ce ne serait pas les jeunes déscolarisés qui décident de faire carrière dans l'emploi indépendant ; non plus les jeunes qui vivent dans une certaine précarité et qui ne demandent qu'un coup de main pour sortir de la dépendance.

La réalité est que certains, en présence de ces formalités, se retrouvent d'office exclus. Pour sonder cette piste, nous avons également considéré ceux qui mènent des activités génératrices de revenus et qui jusque-là évoluent sans financement. Parmi ceux-ci, il y en a qui sont de jeunes entrepreneurs comme il y en a qui ont de longues expériences dans le domaine. Mais quel que soit leur profil, les raisons qui justifient le défaut de crédit dans la gestion de leur entreprise se recoupent.

Figure n°14 : raisons qui expliquent l'absence de crédit depuis le début de l'activité

En comparant les figures n°13 et n°14, le constat fait est que les conditions d'accès constituent sans nul doute un frein aux financements des initiatives des jeunes. La plupart (63%) pensent que les conditions d'accès au financement sont difficiles, contre 26% dont le désir personnel consiste à ne pas se fier à un financement. Seulement 11% considèrent que c'est parce qu'il n'y a pas d'institutions de minicrofinance qu'ils évoluent sur fonds propres. En effet, dans cette dernière réponse, ils expriment surtout leur avis par rapport aux institutions qu'ils souhaitent voir implanter dans la localité et non par rapport à celles qui existent déjà.

Pour obtenir un crédit auprès d'une institution de financement, il faut beaucoup de formalités. En plus, elle ne te donne pas toujours ce que tu demandes. Et lorsque tu as des difficultés pour solder, elle te crée tous les problèmes du monde. Elle peut même aller le dire dans la cour de ton beau-père. C'est pourquoi moi, je n'aime pas le crédit.

Commerçant, Agamè, 34 ans.

Pour les promoteurs qui mènent leurs activités sans financement extérieur, le nombre qui affirme vouloir bénéficier de crédit dans l'échantillon considéré représente 73,9%. Cela n'est pas négligeable. Seulement leur élan est réduit par une série d'obstacles.

Figure n°15 : obstacles limitant l'accès au financement des promoteurs qui désirent être financés

Les tendances observées sur la figure n°15 confirment celles de la figure précédente. En effet, si les conditions d'accès au crédit sont jugées difficiles, les points d'ancrage se situent au niveau des conditions de mise en place et des taux d'intérêt pratiqués par les IMF. Subsidiairement, les échéances de remboursement impactent également l'accès au financement.

3-2-2- Des délais de satisfaction du client, relativement longs

Dans les réponses données par les IMF, les temps de satisfaction sont variables, mais ne sont jamais longs au point de défavoriser le client. Toutes les IMF affirment traiter les dossiers de financement dans un délai maximum d'un mois (81,8%), tandis que les structures publiques à caractère social le font en plus de trois mois (18,2%).

Figure n°16 : durée entre la demande de financement et la mise en place du crédit

Bien que les IMF affirment traiter les dossiers pour y donner une suite dans un délai de moins d'un mois, les clients ne semblent pas toujours ravis de la promptitude de la prestation. Ils estiment que parfois, le crédit n'arrive pas au moment opportun. Un autre grief que les promoteurs ont contre les IMF est relatif à la réticence de ces dernières à les financer vers la fin du mois de décembre, à l'approche des fêtes. Le prétexte utilisé par ces IMF pour se soustraire est la tentation pour les demandeurs d'utiliser le crédit à d'autres fins, précisément, les fêtes de fin d'année. Or, c'est souvent pour ces promoteurs, la période rêvée pour saisir de bonnes opportunités d'affaires.

Pour ce qui concerne les institutions dont les délais de traitement dépassent trois mois, les promoteurs doivent s'armer de patience dans la mesure où des facilités sont offertes au niveau de ces crédits particuliers. Malheureusement, ces durées rendent inactuelles les dispositions énumérées dans les plans d'affaire et obligent les promoteurs à actualiser les données ou à changer carrément l'idée d'entreprise.

3-2-3- Des montants émiettés et/ou attribués par à-coups

Les IMF ne sont pas des structures philanthropiques. A cet effet, les comités de crédit ne valident pas systématiquement toutes les demandes de crédit. Ils étudient les dossiers et délibèrent sur la base d'un certain nombre d'observations. Ainsi, un promoteur, candidat au crédit, peut voir son dossier rejeté ou accepté. Lorsque le dossier est accepté, le comité de crédit peut décider, compte tenu de certaines remarques relatives à l'idée d'entreprise, de ne pas donner la totalité du montant demandé par le client. Dans notre investigation, 32,6% des personnes enquêtées dans la catégorie de ceux qui ont reçu un financement affirment qu'elles n'ont pas obtenu exactement le montant demandé. Les taux d'abattement qu'ils ont subis sont récapitulés sur la figure ci-dessous.

Figure n°17 : taux d'abattement des montants demandés par les clients lors des demandes de crédits

Le constat est que, le taux d'abattement le plus régulier pratiqué par les IMF se situe autour de 20% et 30%. Or, les promoteurs doivent avoir tenu compte des coûts réels des produits avant de déterminer leurs besoins en financement. Ils ne doivent pas les rendre extensibles dans la perspective de pallier les impedimenta. La rubrique "imprévu" est même fortement déconseillée à ceux qui mettent leur document sous forme de projet avant le financement.

Lorsque dans ces conditions, les montants demandés ne sont pas accordés intégralement, cela chamboule toutes les prévisions du promoteur et le met en mauvaise posture. L'institution qui estime porter des gants en agissant de cette sorte se retrouve être la source même des difficultés du promoteur. Et les causes sont nombreuses : impossibilité de concrétiser tous les aspects du projet, difficulté de réadapter le projet aux nouvelles conditions de financement, problèmes de gestion, problèmes de remboursement...

Cette situation est défavorable aux promoteurs qui semblent n'avoir le choix qu'entre prendre ou laisser. Et puisque les opportunités de financement ne courent pas les rues, ils préfèrent prendre le risque tout en pensant qu'ils vont s'adapter chemin faisant. Malheureusement, ce sont des situations qui n'évoluent pas toujours en leur faveur.

Dans certains cas, le financement est rendu disponible par à-coup. Cela est souvent fait en deux tranches, la deuxième étant rendue disponible après les justifications des dépenses de la première tranche. Egalement dans ce cas, des problèmes se posent aux promoteurs qui se voient bloqués dans la mise en oeuvre de leur idée d'entreprise car, créer une unité entrepreneuriale, c'est réaliser plusieurs activités à la fois. Ce saucissonnement ne le permet pas souvent et des pans du projet sont carrément négligés. Cette synergie d'ensemble, lorsqu'elle vient à manquer, ne fait pas décoller réellement le projet, même après la mise en place de la première partie du financement. Cette expérience est réalisée surtout par les institutions de financement à caractère social qui ne sont pas forcément préoccupées par le lucre, mais qui sont soucieuses de la bonne gestion des ressources qu'elles mettent en place. Dans nombre des cas, ces dispositions sécuritaires normales constituent en elles-mêmes des freins à la floraison des activités des promoteurs.

J'ai bénéficié d'un financement d'une structure de l'Etat pour installer une mini-station. J'ai déjà eu le premier acompte pour installer les tanks. J'attends depuis huit mois la deuxième tranche afin de finaliser les installations et démarrer le projet. Je m'inquiète déjà de ce qui va se passer par rapport au remboursement après le différé de douze mois dont j'ai bénéficié.

Primo-entrepreneur, Lokossa, 31ans.

3-2-4- Des périodes de remboursement relativement courtes

Les idées d'entreprise les plus ambitieuses ne peuvent pas être financées et remboursées dans un intervalle de douze mois. Or, selon nos investigations, la plupart des IMF, pour sécuriser leur prêt, préfèrent réduire les temps de remboursement à un maximum de douze mois. La figure suivante donne un aperçu de la situation auprès de l'échantillon enquêté qui a eu accès au financement.

Figure n°18 : périodes de remboursement des crédits auprès des IMF

La remarque faite sur cette figure est que les crédits d'un an représentent la majorité (66,3%) de tous les crédits mis en place. Cela signifie que les promoteurs doivent impérativement solder leur crédit en douze mois. Ceux dont les délais de remboursement vont à quatre et cinq ans représentent de façon cumulée, seulement 2,2%. Or, les initiatives pérennes d'entreprise ont besoin de temps pour décoller. Cette opportunité d'accès au financement avec possibilité de rembourser sur plusieurs années est hautement amenuisée au niveau des IMF. Cela sclérose sérieusement les initiatives des promoteurs et les contraint à ne pas pouvoir diversifier leurs idées. Ils ne peuvent, par exemple, pas faire financer des projets d'équipement qui demandent des années de mise en oeuvre avant de finir le remboursement.

3-3- Les problèmes de gestion des crédits

S'il a été démontré qu'il y a des difficultés manifestes à accéder aux crédits, il est évident aussi que ceux qui réussissent à en avoir quelques uns sont confrontés à des problèmes de gestion.

3-3-1- Le détournement du crédit de son objet

Les promoteurs ont parfois tendance à détourner le crédit de son objet. En effet, lorsqu'ils ont un besoin que les IMF refusent de financer par principe, ils estiment investir l'argent dans une activité qu'ils mènent déjà. A cet effet, ils surévaluent un peu leur projet en fonction de l'initiative parallèle qu'ils veulent concrétiser. Lorsque l'équipe de pilotage des crédits, après ses contrôles d'usage (visite de site, évaluation de la rentabilité de l'activité...), n'arrive pas à déceler le piège, il met en place le financement qui sera détourné. C'est donc un détournement qui est prémédité. Dans nombre des cas, c'est une partie du crédit qui est utilisée pour satisfaire le désir intrinsèque qui a sous-tendu la demande de crédit. Ce n'est souvent pas la totalité.

Cette façon de faire conduit irrémédiablement les promoteurs à traverser des difficultés qui transparaissent dans le respect des échéances de remboursement. Ces difficultés peuvent conduire à l'impossibilité d'honorer les traites d'une part et à des impayés d'autre part.

3-3-2- La mauvaise gestion due à un suivi aléatoire

Certains crédits mis en place par les IMF sont mal gérés par les bénéficiaires. Et pour cause, très peu parmi les promoteurs échantillonnés disposent de documents de gestion tels que cahier de trésorerie et cahier de stock pour y enregistrer quotidiennement les données concernant la gestion de leur activité. Cela signifie qu'en amont, il y a absence de plan d'affaire et dans la gestion, la conduite des activités est faite au pifomètre. Les promoteurs, voyant de la liquidité disponible, y puisent à volonté.

Ce qui a encore attiré plus notre attention est que les agents accrédités des structures de microfinance font des suivis réguliers dont les périodicités varient de deux semaines à deux mois en fonction des clients et des durées de remboursement des crédits. Cependant, lors du suivi de ces crédits, très peu s'intéressent, comme l'indique la figure suivante, à la tenue des documents de gestion.

Figure n°19 : tâches réalisées par les agents du suivi lors de leur passage auprès des promoteurs

La figure signale que le centre d'intérêt des responsables chargés du suivi ne se trouve pas dans l'examen de la tenue des documents de gestion, mais plutôt dans le constat des activités de terrain et dans la résolution des problèmes rencontrés par les promoteurs. Ce suivi semble superficiel. Les chargés de suivi ne touchent pas à la racine-même de la situation pour aider le promoteur à prendre les bonnes dispositions. Le tort n'est cependant pas à rejeter sur les acteurs du suivi car le groupe cible qui bénéficie de ces financements est essentiellement analphabète et par ricochet, ne peut tenir les documents de gestion.

Parfois, le suivi n'en est pas un. Le promoteur qui est peut-être mécanicien reçoit la visite de l'agent de suivi pour une réparation. Au cours de cette visite, il pose la question de savoir comment vont les activités et le promoteur considère que ce dernier a fait un suivi. Or, en réalité, il n'était pas venu spécialement pour cela. Il en est de même pour un promoteur qui tient une buvette et qui reçoit la visite de l'agent de suivi comme un client qui est venu se désaltérer. Les exemples peuvent être multipliés à l'infini. Cela dénote des conditions aléatoires dans lesquelles les suivis se font.

Un autre aspect du suivi réside dans le fait que les promoteurs couvrent de présents les personnes responsables du crédit. Un plateau d'oeufs, un lapin, des vivres... L'agent de suivi s'y accommode et, dans ces conditions, même s'il constate des irrégularités, il ne peut pas réagir convenablement.

3-3-3- La multiplicité des crédits en instance pour un seul promoteur

Il n'est pas rare d'observer que le même promoteur qui est en impayé dans une institution de financement monte un dossier pour se faire financer par une autre institution. Cela marche souvent, car les IMF n'ont pas une synergie d'action et un cadre de centralisation des données leur permettant de déceler de tels doublons au niveau des demandes de financement. Dans les Départements du Mono et du Couffo, une centrale d'échange et d'information avait été installée par le Consortium Alafia en 2005, mais elle a fait long feu, car déjà en 2008, elle n'existait plus. Elle consistait à centraliser dans une base de données, actualisée tous les mois, les noms des promoteurs débiteurs dans les différentes institutions du Département. Chaque institution abonnée à la centrale devait souscrire une participation mensuelle pouvant lui permettre de disposer des données de cette base avant chaque décision de déblocage de crédit. Cela offrait aux IMF l'avantage de déceler les clients indélicats qui voulaient être à la fois au four et au moulin. Cette initiative aurait échoué parce que les IMF n'ont pas honoré leur engagement et la centrale d'échange et d'information a fermé ses portes.

Or, il est évident que le promoteur qui a des crédits en instance auprès de plusieurs IMF ne peut être efficace dans le remboursement. D'ailleurs, la plupart du temps, c'est lorsqu'il tombe en impayé auprès d'une IMF qu'il formule une demande de crédit auprès d'une tierce afin d'utiliser le nouveau financement pour solder le crédit en souffrance.

3-3-4- La culture d'insolvabilité chez certains promoteurs

Les promoteurs rivalisent de performance pour obtenir les crédits, mais lorsqu'il s'agit de les rembourser, c'est la croix et la bannière.

J'ai toujours été sidéré par le contraste que j'observe dans le comportement de certains clients entre le temps de la mise en place du crédit et celui du remboursement.

Avant le crédit, ils font la courbette, vous dorlotent et vous ménagent très bien. Quand vient le moment de rembourser, ils deviennent méconnaissables et développent même des stratégies pour vous décourager dans le recouvrement. Parfois, bien qu'étant en position de force, je suis obligé de négocier.

Agent de crédit d'une IMF, Lokossa, 29 ans.

Ce comportement d'insolvabilité ne s'observe heureusement pas chez tous les clients. Cependant, les responsables des IMF remarquent manifestement de la mauvaise volonté  chez certains clients; surtout lorsque le nominal qui reste à solder est infime par rapport à la taille de l'activité. Parfois, ce sont des miettes que le client traîne pendant des mois.

Cette mauvaise foi se remarque surtout lorsque les clients tombent en impayé et constatent que le renouvellement du crédit ne peut plus être systématique. Ils choisissent alors de faire main basse sur le reliquat qui se trouve en leur possession sans penser aux préjudices qu'ils se portent et qu'ils portent à l'institution.

3-3-5- Les impayés

Les impayés sont inhérents à la microfinance. Ils ont des causes naturelles comme la mort et les situations d'invalidité dues aux accidents et autres catastrophes. Ils sont prévus par les acteurs du secteur et sont donc prévenus grâces aux assurances. Mais dans la plupart des cas, ce ne sont pas ces causes naturelles qui conduisent les promoteurs aux situations d'impayés. Ce sont plutôt les difficultés rencontrées dans la gestion du projet.

Pour l'échantillon considéré, le phénomène s'est également manifesté. La figure n°19 rend compte de la part des personnes enquêtées qui ont déjà raté des traites par rapport à leur crédit en cours lors de notre passage pour l'étude.

Figure n°20 : part des promoteurs qui remboursent leur crédit dans les délais

Les difficultés qui amènent ces promoteurs à ne pas pouvoir honorer leurs engagements se résument en ces termes : activité non florissante, problèmes de liquidité, problèmes de gestion, maladie... La figure suivante montre à quel point ces problèmes affectent le remboursement normal des crédits.

Figure n°21 : les problèmes qui empêchent les promoteurs de respecter leur échéance

A l'analyse de la figure ci-dessus, 36,4% des personnes qui ne respectent pas les échéances de remboursement les attribuent à une activité non florissante. Or, cette activité ne leur a pas été imposée et les responsables des IMF ont fait des visites de site avant la mise en place des crédits. En deuxième position, les problèmes de gestion (27,3%) sont cités. Cela se comprend lorsque les projets financés sont gérés encore aujourd'hui par les promoteurs avec des pratiques surannées3(*). La maladie (22,7%) vient également altérer par moment la bonne conduite de l'activité. Elle rend indisponibles les promoteurs et les contraint parfois à puiser dans les ressources financières de la microentreprise pour se soigner.

3-3-6- Les implications sur les performances des IMF

Les problèmes de gestion énumérés plus haut ont des implications sur les performances des IMF. En effet, parties pour faire 0% d'impayé, elles font face à des situations qui font d'elles, en période de préfinancement (avant la mise en place du crédit), des persona grata, convoitées par les promoteurs. Mais en période de post-financement (lors des remboursements) la tendance s'inverse. Elles deviennent des persona non grata, indésirées et redoutées. Cet état de choses laisse forcément des impacts sur les performances, car malgré les nombreuses dispositions (suivis réguliers, majoration des retards, prise d'engagement, campagnes de recouvrement...) mises sur pied pour empêcher ou gérer les impayés, les IMF en connaissent tous les jours. Cela affecte leur taux de remboursement. Les résultats ci-dessous concernent les taux de remboursement moyen réalisés ces cinq dernières années par les institutions de microfinance que nous avons parcourues.

Tableau n°8: point des performances des IMF relatives aux taux de remboursement moyens

Institutions 

Taux de remboursement moyen ces cinq dernières années

Plus de 95%

Entre 95 et 85%

Entre 85 et 75%

Moins de 75%

CLCAM

 
 
 
 

ASF

 
 
 
 

PAPME

 
 
 
 

PADME

 
 
 
 

CFAD

 
 
 
 

FINADEV

 
 
 
 

FINANCIAL BANK

 
 
 
 

ECOBANK

 
 
 
 

FNPEEJ

 
 
 
 

MJSL

 
 
 
 

CAVECA

 
 
 
 

A l'analyse du tableau n°8, les meilleures performances se situent au-delà de 95% de taux de remboursement. Elles s'observent principalement au niveau des deux banques installées dans la Commune de Lokossa. Les performances les moins meilleures sont de moins de 75% de taux de remboursement. Elles se remarquent malheureusement au niveau des institutions de financement à caractère social. Ces institutions qui font aux promoteurs des conditions spéciales de facilité, sont apparemment récompensées en monnaie de singe.

Cependant, la plupart des IMF se retrouvent dans la catégorie où les taux de remboursement oscillent entre 75% et 95%. Elles ne s'auto-satisfont pas de ces performances qu'elles jugent insuffisantes. Aussi s'efforcent-elles de s'améliorer par rapport à ces résultats et c'est pourquoi, nombre d'entre-elles inventent au quotidien des stratégies pour limiter au maximum les impayés afin d'atteindre les prouesses convoitées des banques.

* 2 Sans vouloir leur faire de la publicité et sans entrer dans une analyse minutieuse de leurs initiatives, nous pensons aux entrepreneurs qui ont initié des projets tels « Fête Aura Lieu » (FAL) et « Rentrée Aura Lieu » (RAL), Top Chrono, Projet Cerco pour ne citer que ceux-là.

* 3 Absence de planification, inexistence de documents de gestion...

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery