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Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP: la construction de sens

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par Camille PATRY
Université Paris Descartes, Institut Henri Piéron  - Master 2 pro psychopathologie et psychologie clinique 2010
  

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Discussion :

Par les réflexions qui ont donné lieu à cet écrit, il me semble pouvoir dire que la transmission, sous toutes les formes qu'elle comprend et les processus qui y sont inhérents, recouvre l'ensemble des pratiques du psychologue. Bien que la problématique ait été analysée à travers les missions du CMP, je suppose qu'elle est applicable dans beaucoup d'autres champs d'interventions du psychologue, dans des modalités différentes. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un véritable exercice de réflexion à renouveler sans cesse en tenant compte de la singularité de chaque situation.

Le clinicien est tenu de déterminer les conséquences de ses paroles sur ses interlocuteurs et de respecter l'intimité et l'intégrité de ses patients, ce qui englobe ici l'enfant et sa famille et complexifie encore la tâche. Si l'on examine les processus intrinsèques à la transmission, on distingue qu'elle ne peut se résumer à un simple échange linéaire, mais opère des transformations sur les représentations de chacune des personnes qu'elle engage. Dès lors, il parait indispensable que le psychologue ne se fige pas dans une position de détenteur d'un savoir univoque ayant pour corollaire l'illusion d'une « toute-puissance ». A l'inverse, il doit faire preuve de plasticité et être prêt à remettre en question ses propres représentations concernant le fonctionnement de l'enfant et/ou la dynamique familiale. C'est par ces transformations collectives créatrices de sens que pourra être resituée la singularité de chaque situation. Et c'est bien, entre autres, l'un des points constitutifs du travail en équipe. Si je repositionne mon observation dans le cadre du soin de l'enfant, le fait est que la problématique du petit patient s'inscrit directement dans la dynamique familiale ; l'enfant est sensible à l'état interne dans lequel est le parent qui s'occupe de lui, lui parle, et lui transmet inconsciemment des éléments qui vont colorer son monde intérieur. L'intervention clinique du psychologue se situe donc à bout portant du jeu des relations intersubjectives. A l'instar de la dynamique familiale, celles-ci pourront être transférées sur l'institution soignante, et analysées par la co-élaboration en équipe. C'est de la dimension clinique des réunions de synthèse dont il est question.

Force est de constater que ce travail est tributaire du bon fonctionnement même de l'équipe institutionnelle. Or, j'ai remarqué que les questionnements de l'équipe sur le fonctionnement de l'institution prennent actuellement une place importante dans les synthèses, au détriment de la disposition de chacun à l'élaboration des situations qui y sont rapportées. En effet, il me semble que les réformes hospitalières en cours au sein de l'EPS engendrent une remise en question des missions du CMP et de l'identité professionnelle de chacun des membres de l'équipe. J'ai l'impression que les discussions sur ce sujet donnent lieu à des échanges effervescents où les professionnels s'impliquent affectivement et personnellement avec peu de recul ; ambiance qui marque parfois la totalité de la réunion. Il est possible que ces remaniements institutionnels, qui dépassent le cadre du CMP, entrainent un sentiment d'incertitude relatif aux perspectives de l'institution et des activités de chacun, et qui affecte par là même le dynamisme et la créativité de l'équipe. Mais à ce moment-là, comment maintenir le sens de nos interventions malgré ces faits sur lesquels nous n'avons que peu de prises ?

Pour finir, il me parait opportun d'évoquer la place des transmissions écrites qui balayent l'ensemble des points que j'ai parcouru. En effet, les écrits tiennent une place importante dans les fonctions attribuées au psychologue ; qu'ils soient destinés aux parents, aux institutions extérieures ou qu'ils constituent la trace de la prise en charge dans le dossier patient. Navalet et Guérin-Carnelle (1997) repèrent deux utilisations qui peuvent être faites des écrits du psychologue : une utilisation officielle, qui en fait un outil de réflexion, et une utilisation sauvage, qui est susceptible d'en faire une arme. Le clinicien doit donc garder à l'esprit ces deux versants. Il doit s'efforcer à une véritable réflexion quant aux enjeux que ses écrits peuvent représenter.

Mais, selon moi, les écrits remplissent d'autres fonctions. Si l'on prend l'exemple de l'examen psychologique, au-delà du code de déontologie stipulant le droit des patients d'obtenir un compte-rendu compréhensible des évaluations les concernant, je pense que ce type d'écrit permet de s'assurer que les informations transmises pourront être bien comprises par la famille. J'ai effectivement décrit ci-avant que les processus de la transmission comprennent une réappropriation de l'information. En ce sens, il me semble que le compte-rendu adressé à la famille permet, entre autres, d'éviter les écueils d'une interprétation hâtive ou pervertie des conclusions du psychologue. De plus, ces écrits constitueront une trace durable de l'évaluation de l'enfant à un temps donné et favoriseront une reprise en après-coup des élaborations autour de celle-ci. Mais en ce sens, cela oblige aussi à prendre la mesure des effets de ces conclusions sur le long terme.

On peut ajouter, d'après les propositions de Roman (2007), que tout écrit contraint le psychologue à la mise en tension entre la nécessité de l'expression de ses compétences spécialisées, impliquant le recours à des notions complexes, et le souci d'un partage de sa compréhension de la problématique incluant l'usage d'un langage accessible aux parents. Le fait est que son compte-rendu doit pouvoir être adressé à un collègue comme aux parents.

D'autre part, outre l'ordonnance légale exigeant une traçabilité des soins et qui donne lieu à un archivage réglementé, les écrits du psychologue dans le dossier-patient peuvent être considérés comme garants de la continuité des soins, mais ils doivent être rédigés en tenant compte des diverses utilités qu'ils pourront avoir. Je pense qu'ils sont ainsi au croisement même de la conciliation entre l'utilité de la transmission et le respect du secret professionnel.

A la lumière de ces considérations, il me semble que ces questions, bien que touchant de prêt le sujet de mon travail, mériteraient d'être traitées indépendamment et pourraient faire l'objet d'une élaboration théorico-clinique à part entière.

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