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Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP: la construction de sens

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par Camille PATRY
Université Paris Descartes, Institut Henri Piéron  - Master 2 pro psychopathologie et psychologie clinique 2010
  

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Conclusion : mon expérience de stagiaire

Tout au long de cette expérience, j'ai pu appréhender les multiples facettes que comprend le travail du psychologue en CMP enfants. Ce stage a été d'une grande richesse pour la construction de mes représentations concernant ma future profession. Je m'aperçois de cet évolution quand je compare mes attitudes en début de stage et celles que j'adopte à l'heure actuelle.

Mes expériences préalables se situaient davantage auprès d'une population adulte ; ainsi, je me suis confrontée à la complexité de la clinique infantile. Par le fait que l'enfant soit en plein développement, il est plus difficile d'établir des repères quant à la structuration psychique et au développement psychoaffectif. Cela s'est confirmé, pour moi, lorsque j'ai eu à analyser des bilans psychologiques et que j'ai constaté plusieurs registres de fonctionnement, ainsi que le chevauchement de différentes problématiques.

Qui plus est, je me suis rendue compte que le psychologue doit faire preuve d'un grand sens clinique pour approcher la réalité psychique de l'enfant, qui, ne possède pas toujours les capacités de mentalisation que l'on peut attendre d'un adulte. En ce sens, il me semble que le clinicien doit pouvoir faire appel à l'infantile en lui pour développer une empathie nécessaire à la compréhension de la dynamique psychique, et qui, je pense, passe par une identification « maitrisée » à l'enfant. On peut ajouter à cet aspect que l'engagement des parents dans le soin complexifie encore ce travail empathique, puisqu'il faut se situer à différents niveaux, celui de l'enfant et de chacun des parents. Cette manoeuvre a été difficile pour moi et a donné lieu à un cheminement tout au long de mon stage. Avec du recul, je reconnais m'être un peu trop focalisée sur la réalité psychique des parents au début de mon stage, au détriment de celle de l'enfant, qui est pourtant le sujet que l'on estime souffrant. Je présume qu'il était plus facile de m'identifier aux adultes. Néanmoins, il m'apparait qu'à force de recevoir des enfants en consultation, j'ai assoupli, au moins en partie, mon fonctionnement propre, ce qui m'a permis de me défaire peu à peu de cette rigidité.

De même, il m'a fallu un certains temps avant de saisir véritablement ce qui constitue le phénomène de contre-transfert. Je pense que la reconnaissance de mon vécu émotionnel a pu émerger conjointement à l'établissement de mes repères au sein de l'institution et de l'équipe. Il est possible que l'arrivée dans un lieu nouveau, avec son histoire propre et ses modalités de fonctionnement groupal notamment, me confronta à une dose d'inconnu et me campa sur un fonctionnement trop défensif pour que je puisse m'impliquer affectivement dans les situations, ou tout du moins en avoir conscience. Au fur et à mesure, et en voyant ma référente partager son propre vécu contre-transférentiel avec moi après les consultations auxquelles j'assistais, je me suis autorisée à ressentir des affects, à les identifier et à les nommer afin de les inclure dans mes élaborations cliniques. Malgré tout, j'envisage que ma position de débutante, et le fait de n'avoir entamé mon travail psychothérapique personnel que trop récemment, ne me permettent pas de maitriser suffisamment ces phénomènes. J'ai pu m'en apercevoir, entre autres, lorsque je me suis retrouvée en face de parents relatant une histoire violente lors d'un entretien d'accueil qui, je pense, m'a effracté. Quand j'ai restitué le contenu de l'entretien à la consultante, j'ai alors eu du mal à produire un discours ordonné ; de la même manière, en confrontant mes impressions avec l'assistante sociale qui avait mené l'entretien en ma compagnie, j'ai constaté que j'avais « oublié » certaines informations. A ce moment-là, j'ai saisi l'impact des paroles de cette mère sur mon fonctionnement psychique.

A l'instar des différents points abordés ci-avant, j'ai conscience qu'il m'a fallut du temps pour être plus à mon aise en consultations. Au départ, je me sentais un peu comme une « intruse », surtout lorsqu'il s'agissait de suivis thérapeutiques déjà engagés avant mon arrivée en stage. J'avais l'impression que les patients donnaient leur accord dans le but de satisfaire au désir des consultants, mais qu'il ne s'agissait pas d'une décision totalement libre. Puis, je me suis dit que mon sentiment de gêne devait se percevoir et que cela risquait d'accentuer le leur. J'ai donc essayé de travailler ceci, et je me suis progressivement permise de prendre une place active en témoignant de ma réceptivité aux éléments amenés dans l'espace thérapeutique, en m'autorisant à intervenir oralement avec certains consultants lorsque c'était possible ou en jouant avec les enfants. De plus, ma référente, auprès de qui j'ai le plus travaillé, me présentait comme une étudiante en fin de formation, ce que j'ai éprouvé comme une valorisation aux yeux des patients ; j'estime que cela m'a aidée à admettre que j'avais effectivement une place au sein du CMP. Par ailleurs, durant la première période, il me semble que j'essayais de retirer un enseignement peut être un peu trop technique et théorique. Cette recherche prenait probablement un aspect défensif face à mes incertitudes d'étudiante en situation préprofessionnelle. Or, j'ai vite perçu que le savoir-faire clinique ne peut se transmettre tel quel, et qu'il incombe à chaque personne de composer avec sa personnalité et de créer sa propre manière de travailler. A ce moment là, j'ai pu sortir de ce qui s'apparente à une position d'identification adhésive au consultant, et je pense que mon attitude a été plus naturelle ; ce point me parait essentiel, et même inhérent, à la dimension clinique de notre profession. Cependant, j'avoue que je manque encore de confiance et que cela se traduit notamment par mes appréhensions concernant le regard du professionnel expérimenté qui mène la consultation. Je l'ai ressenti personnellement comme une position un peu surmoïque, bien que je n'ai pas la sensation que les consultants mobilisent ouvertement cette disposition.

Prendre la parole en réunion de synthèse reste encore aujourd'hui l'une de mes principales difficultés. En effet, là encore, je manque d'assurance et il sera nécessaire que je m'applique à améliorer ce point dans mes futurs lieux de travail. Sans doute ma position de stagiaire accentue cette difficulté en me fixant à une place d'élève, dans laquelle je suis là pour recevoir un enseignement. Pourtant, le médecin responsable du CMP se montrait favorable aux interventions de l'interne et de moi-même, stipulant qu'un regard neuf était porteur d'une créativité qui a parfois tendance à s'essouffler avec l'expérience. Je dois dire que j'ai l'impression de ne pas avoir pu m'intégrer auprès de l'ensemble des professionnels. Le fait est que la majeur partie d'entre eux travaille sur des temps partiels au CMP, et que je n'ai pas eu l'occasion de travailler en collaboration avec certains. Je crois que ma présence aux réunions de synthèse n'a pas suffit à me manifester comme membre à part entière de l'équipe. Toutefois, on peut retourner ce questionnement, car si je m'étais plus exprimée durant celles-ci, je me serais sûrement davantage incluse dans l'équipe.

Pour en revenir à la problématique de cet écrit, j'observe qu'à la lumière des considérations auxquelles il a mené, j'ai certainement transmis davantage d'informations que je n'aurait dû. En effet, le besoin d'être étayée dans mes élaborations m'a conduit à partager beaucoup d'éléments avec ma référente ; je pense notamment aux bilans psychologiques que j'ai réalisé à sa demande, pour des enfants qu'elle suivait en consultation. En ce sens, il m'a quelquefois était difficile de respecter le secret professionnel concernant ce que l'enfant avait mis en jeu lors de nos rencontres. Par contre, j'estime avoir fait en sorte de respecter la dignité de l'ensemble des patients avec lesquels je me suis entretenue. De même, au fur et à mesure de ma réflexion sur ce sujet, je me suis efforcée de tenir compte des enjeux soulevés lorsque j'ai eu à faire des restitutions, que ce soit à ma référente, à l'équipe ou à l'extérieur de l'institution.

A l'issue de cette expérience, je peux dire que je suis globalement satisfaite de l'enseignement que j'en ai retiré, et qu'elle a renforcé encore davantage mes aspirations à exercer le métier de psychologue clinicienne. J'ai effectué un réel travail de co-élaboration avec ma référente qui a favorisé les échanges bilatéraux entre nous. J'ai également éprouvé un grand attrait pour la clinique infantile, bien que je sois consciente qu'il me reste beaucoup de domaines d'intervention à explorer en tant que psychologue. A travers l'autonomie dont j'ai pu profiter, notamment dans la passation des bilans psychologiques, je pense avoir développé une certaine assurance qui m'a donné l'envie de démarrer ma propre pratique. Enfin, de par cette activité de terrain et l'enseignement théorique de l'université, j'estime avoir posé les bases de mon identité professionnelle. Je sais qu'elle sera sans cesse à renouveler et j'espère pouvoir affiner mon positionnement à mesure que j'acquerrais de l'expérience.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote