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Les institutions financières internationales dans la transition des PECO

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par Francois Hurstel
Université Paris IV La Sorbonne - Master 2 - DEA 2007
  

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B/ Travail avec les autres types d'aide et autres cadres de coopération

La question se pose donc maintenant de savoir si les IFI ont travaillé avec les autres types de donateurs et autres cadres de coopération. Comment les IFI ont-elles travaillé avec les pays donateurs et les donateurs privés ?

La première question est la part de l'aide bilatérale, constituée principalement par les dons de pays (Etats-Unis, Allemagne, France surtout). Environ 1/3 de l'aide de l'aide occidentale cumulée accordée aux PECO est constituée de dons. De tous les donateurs, l'UE, à travers le programme PHARE, fournit la plus large part (60% du total), devant les Etats-Unis (environ 25% du total). Sur ce point, on ne peut pas parler de rivalité, mais à la vue de certains chiffres, l'impact financier de certaines IFI par rapport aux Etats-Unis se réduit. Cette situation peut paraître étonnante lorsque l'on sait que les Etats-Unis sont déjà les leaders financiers (étant les contributeurs les plus importants) d'au moins deux IFI, la Banque Mondiale et le FMI. Cependant, cette manière de séparer strictement aide au développement bilatérale, à travers les outils nationaux, et aide multilatérale, à travers les organisations et institutions financières est classique et commune à tous les pays participant à l'aide sur les deux terrains.

Un autre type d'assistance qui mérite que l'on s'y attarde provient davantage d'investisseurs privés, le plus souvent occidentaux : les IDE, ou investissements directs étrangers. L'IDE est un investissement qu'une entité30(*) résidente d'une économie (investisseur direct) effectue, dans le but d'acquérir un intérêt durable dans une entreprise résidente d'une autre économie. Un intérêt durable implique une relation à long terme et l'exercice d'une influence notable sur la gestion de l'entreprise. L'investissement direct comprend à la fois l'opération initiale entre les deux entités et toutes les opérations ultérieures en capital entre elles et entre les entreprises affiliées, qu'elles soient constituées ou non en sociétés. Selon le FMI, une relation d'investissement direct est établie dès lors qu'un investisseur détient au moins 10% du capital social de l'entreprise investie. En deçà du seuil de 10%, les opérations sur titres sont classées dans les investissements de portefeuille. Ces investissements, que certains ne voient pas comme de l'aide, ont été massivement utilisé durant la période de transition des PECO. Il convient donc de rappeler la nature, les objectifs et l'impact des IDE sur la transition des PECO avant de les comparer aux aides des IFI. Tout d'abord, si l'on veut étudier les rapports entre assistance des IFI et IDE, il est nécessaire de rappeler que les IDE n'auraient pas pu exister en Europe centrale et orientale sans les IFI. En effet, si depuis le début des années 1990, les PECO ont reçoivent des flux d'IDE31(*) en progression constante, c'est d'abord parce que les IFI, en coopération avec les gouvernements nationaux, ont élaboré de cadres réglementaires incitatifs et des environnements économiques favorables. Dès lors, les investisseurs privés ont pu investir et ont souvent accompagné le processus de transition, le plus souvent à travers les privatisations. En termes de chiffres, les IDE étaient quasi inexistants en 1990 et ont ensuite fortement progressé, surtout depuis 1995. Entre 1999 et 2000, ils ont augmenté de 15% pour atteindre le niveau record de 22 milliards de dollars. L'UE est à l'origine de 71% des flux entrants dans les PECO, dont les 2/3 sont concentrés sur la Pologne et la République Tchèque. Selon la CNUCED32(*), le stock total d'IDE33(*) dans les PECO s'établissait à 102 milliards de dollars fin 2000 et trois pays en accueillaient l'essentiel : la Pologne (36 milliards USD), la République Tchèque (21 milliards USD) et la Hongrie (20 milliards USD). Depuis 1996, la Pologne est la première destination des flux d'investissement directs étrangers en Europe centrale et orientale. Parmi les pays d'origine des investisseurs directs en Pologne, 90% sont membres de l'OCDE et les pays de l'UE en constituent à eux seuls près de 67%. La France se place au premier rang des investisseurs avec un stock de 7,9 milliards USD, devant les Etats-Unis (7,3 milliards USD) et l'Allemagne (5,9 milliards USD). Cette position s'est nettement renforcée en 2000 avec le rachat de 35% du capital de l'opérateur national de télécommunications TPSA par France Télécom (plus grosse opération de privatisation jamais réalisé dans un PECO). Selon les chiffres de l'Agence polonaise pour l'investissement étranger (PAIZ), les principaux secteurs investis sont le secteur manufacturier (38% du stock total), le secteur financier (21%), le secteur des transports et de la logistique (11%) et celui de la distribution et du commerce (8%). Il est intéressant de noter que ces secteurs sont également ceux privilégiés par les IFI, quelque soit le rôle de ces derniers : conseil, formation ou financeur. Selon ces différents rôles, les rapports avec les investisseurs directs changent. Ils peuvent travailler ensemble dans le cas de conseil ou de formateur. En effet, comme nous l'avons dit, les IDE ont eu besoin des IFI qui ont formé les cadres juridiques et économiques préalables à tout investissement. Dans le même registre, les IDE ont besoin des IFI pour obtenir des garanties sur leurs cibles d'investissements, demandent parfois des études indépendantes (notamment du FMI) et peuvent se servir d'autres études et rapports faits par les IFI. Dans ce contexte, la coopération entre IFI et IDE est réel, à défaut d'être officielle. Dans le cadre de formation (PHARE, FMI, OCDE, Banque Mondiale), les IDE ont aussi profité du travail préalable des IFI qui ont formé des cadres politiques et économiques aux règles du marché financier international qui règle et supervise les IDE.

Ainsi, le rôle et l'action omniprésente des IFI en Europe centrale et orientale ont joué sur l'importance du stock d'IDE présent dans la région aujourd'hui et sa progression tout au long de la décennie 1990. Outre ce facteur, d'autres explications à cette attractivité ont pu jouer. Nous avons relevé cinq facteurs ayant attiré les IDE dans les PECO. Premièrement, la taille du marché. Elle apparaît même comme la principale motivation des investisseurs pour s'implanter dans les PECO. En deuxième lieu, la proximité géographique avec les pays investisseurs a beaucoup joué. A la fois la théorie et l'expérience empirique suggèrent que les investisseurs privilégient les pays proches géographiquement (la première destination des investissements des Etats-Unis reste l'Amérique latine par exemple), car les coûts d'implantation sont croissants avec la distance. Troisièmement, le facteur des coûts salariaux est difficile à évaluer de manière sûre. Si les grands PECO, principales cibles des IDE ont une main d'oeuvre, qualifiée ou non, plus basse que les pays d'Europe occidentale, il n'en reste pas moins que les pays où les salaires sont encore plus bas qu'en Hongrie, Pologne ou République Tchèque (Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Slovénie) restent relativement délaissés par les investisseurs étrangers, en dépit des opportunités qu'ils offrent. Cependant, l'instabilité économique plus forte qui règne dans ces pays a sans doute dépassé l'attrait strictement financier lié au coût de la main d'oeuvre, d'autant plus que les IFI ont été elles-mêmes moins présentes dans ces pays, offrant moins de garanties en conséquence. Le quatrième facteur explicatif de la masse d'IDE est l'existence d'une main d'oeuvre qualifiée importante. Cependant, si elle est couramment présentée comme un atout, son impact est délicat à mesurer par des études économétriques. Les indicateurs existants (taux de scolarisation, nombre d'années d'études reçues) ne prennent pas en compte la qualité de l'éducation, l'expérience ou la formation professionnelle. Or, certaines études suggèrent que malgré un niveau d'éducation élevé, la main d'oeuvre des PECO serait mal adaptée aux exigences des firmes multinationales. Enfin le dernier facteur pouvant entrer en jeu est le degré d'avancement des pays en transition. La perception qu'en ont les investisseurs étrangers influence également leurs décisions d'implantation. Dans le cadre du processus de transition, les PECO ont entrepris des réformes dans différents domaines : faillite, droit des sociétés/gestion des entreprises, concessions, réglementation du marché financier et des télécommunications...Ils ont aussi renforcé la solidité et la transparence du cadre juridique et institutionnel, même si beaucoup reste à faire, (respect des engagements publics face aux investisseurs étrangers, transparence des règles de marché public, absence de clause de préférence nationale ou de traitement différencié, rapidité et lisibilité du système judiciaire, absence d'interférences politiques dans la vie économique...). Ces réformes ont contribué et contribueront à améliorer encore le climat d'affaires aux yeux des investisseurs étrangers. Dans ce défi, encore une fois, nous sommes en mesure d'avancer que les IFI ont un rôle primordial à jouer, en collaboration avec les gouvernements nationaux et représentants de la société civile.

* 30 Cette entité - l'investisseur direct - est une personne physique, entreprise publique ou privée ayant ou non la personnalité morale, gouvernement, groupe de personnes physiques ou d'entreprises liées entre elles qui possède une entreprises d'investissement direct - filiale, société affiliée ou succursale - opérant dans le pays autre que le pays ou les pays de résidence de l'investisseur ou des IDE.

* 31 Les flux d'IDE enregistrent les transactions de capitaux fournis par l'investisseur à l'entreprise d'investissement ou reçus de cette entreprise par l'investisseur. Ces transactions se décomposent elles-mêmes en capital social, bénéfices et autres transactions.

* 32 Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement

* 33 Les stocks d'IDE comprennent le capital-actions et les réserves attribuables à l'investisseur direct, ainsi que les prêts, crédits commerciaux et titres de créances dus à l'investisseur direct par les filiales et sociétés affiliées (et inversement). Dans le cas des succursales, ils comprennent les immobilisations, les investissements et les actifs réalisables, diminués des engagements envers les tiers. Les statistiques existantes sont issues des balances des paiements publiées par les banques centrales ou les organismes statistiques mondiaux. La CNUCED, le FMI, l'OCDE et EUROSTAT centralisent ces données nationales et les publient sous une forme harmonisée, ce qui peut entraîner des divergences avec les chiffres publiés par les banques nationales. Tous les pays ne déclarent pas l'ensemble des sources d'IDE ; ainsi la République Tchèque ne déclare les bénéfices réinvestis et les autres transactions que depuis 1998, la Hongrie et la Roumanie ne déclarent pas les bénéfices réinvestis et ne déclarent les autres transactions que depuis 1996 pour la Hongrie et 2000 pour la Roumanie. Même si l'essentiel de l'IDE provient du capital social (en Pologne, la capital social a représenté en moyenne 71% des flux d'IDE entre 1990 et 1999), des biais qui peuvent être importants interviennent dans la comptabilisation de l'IDE total.

Il faut opérer une distinction entre fusions et acquisitions et investissements directs internationaux : les statistiques d'IDE ne comptabilisent pas les Fusions et Acquisitions transfrontalières financés par les marchés de capitaux internationaux ou par les marchés financiers domestiques, ni celles portant sur une prise de participation inférieure à 10%. Il y a de plus un décalage temporel entre l'annonce d'une opération de Fusion et Acquisition et la réalisation des transactions financières afférentes.

Le besoin de financement externe comprend le déficit courant, le remboursement du principal de la dette extérieure et les remboursements effectués auprès du FMI. Ce besoin de financement externe peut être - partiellement ou totalement - couvert par des dons, des investissements directs, des crédits à long terme officiels ou privés, et des crédits du FMI. Si ces différentes sources de capitaux se révèlent insuffisantes à couvrir le besoin de financement externe, le pays se trouvent alors dans l'obligation de se financer à court terme, et deviennent dépendants de l'obligation de flux de portefeuille, incertains car extrêmement volatils.

Source : FMI, Manuel de la balance des paiements, 1993

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"