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Les institutions financières internationales dans la transition des PECO

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par Francois Hurstel
Université Paris IV La Sorbonne - Master 2 - DEA 2007
  

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B/ La chute du régime soviétique et ses conséquences économiques

Afin de comprendre la situation dans laquelle se sont trouvés les PECO dans les années qui ont suivi l'éclatement de l'Union Soviétique, il est donc nécessaire d'opérer un rapide retour en arrière et de revenir sur leur relation avec l'URSS. Ce retour apparaît d'autant plus indispensable que la notion de PECO n'existe, au-delà de l'aspect géographique, qu'à travers leur expérience commune de la mise sous tutelle soviétique. Cependant, même si la politique de Moscou a toujours tendu à l'uniformisation, il y eut des différences notables dans le traitement de chaque pays. Le totalitarisme soviétique n'a jamais été à même d'effacer le passé national et les spécificités propres à chaque « satellites », mais il a réduit à néant ce que la transition a tenté de ressusciter : l'autonomie en matière d'économie et de diplomatie. Dès lors, la chute de l'empire soviétique a livré à eux-mêmes des « orphelins du communisme », pour qui les difficultés et défis à prévoir s'annonçaient proportionnelles aux joies procurées par la nouvelle liberté, c'est-à-dire immenses.

Pour Lénine, le socialisme ne pouvait être envisagé « sans une organisation planifiée de l'Etat imposant à des dizaines de millions de gens l'obligation de respecter strictement une règle uniforme dans le domaine de production et de distribution de biens »4(*). Parmi ces dizaines de millions de gens, les européens de l'est et du centre ont tenu un rôle prépondérant. Alors que l'utopie marxiste-léniniste se révélait incapable de résister à l'épreuve de la réalité, de répondre au défi de la modernisation et du développement de technologies de pointe, Moscou a continué longtemps à imposer ses certitudes aux démocraties populaires. Les leaders soviétiques n'ont cessé de proclamer l'avantage décisif de la planification centrale pour assurer le développement économique et social à chaque échelle. En effet, la planification s'opérait tant à l'échelle humaine dans chaque entreprise qu'au niveau international avec tous les « satellites ». Ces derniers devaient remplir des objectifs fixés par Moscou et pour Moscou, selon leurs industries les plus compétitives. Cinquante ans durant, les démocraties populaires ont mis leur production au service des besoins de l'URSS. C'est au sein du COMECON ou CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle), « grand dessein » institué en 1949, que l'harmonisation des plans nationaux s'opérait, sous l'égide de Moscou. L'objectif était double ; une meilleure planification d'abord, une spécialisation des industries nationales des pays satellites ensuite ; la conséquence directe étant une dépendance accrue de ces derniers envers l'URSS. En plus de lancer les satellites sur des projets industriels souvent en dehors de leur propre intérêt, le CAEM, avec des prix déconnectés de ceux du marché mondial en se fermant aux impulsions et critiques extérieures et en renforçant l'isolement de ses pays membres, n'a fait que conserver et même accentuer le retard des membres. A titre d'exemples, la Tchécoslovaquie produisait en priorité des machines industrielles tandis que la Pologne développait sa production de charbon et la Roumanie de pétrole, sans qu'aucun de ces pays n'aient de besoins particuliers dans ces domaines. De nombreux effets pervers et pernicieux vont apparaître au fur et à mesure pour les PECO qui ont été coupés de l'économie mondiale pendant quatre décennies. Ces effets ont été des moteurs pour la coopération régionale des anciennes démocraties populaires lorsqu'ils ont cherché à les enrayer, et ont même stimulé le besoin de se tourner vers l'Ouest et son modèle.

L'évolution des démocraties populaires dans les dernières années avant l'éclatement de l'empire soviétique fut diverse mais l'importance du facteur économique dans ces évolutions fut constante et globale. A partir des années 1950, apparaissent les premières crises et révoltes secouant le bloc communiste ; en mai 1953 à Pzen les ouvriers se révoltent contre l'échange de monnaie qui leur faisait perdre 12% de pouvoir d'achat ; en juin 1956 à Poznan ou encore en octobre 1956 à Varsovie d'autres révoltes dirigées contre Moscou éclatent. Ces crises ont en commun d'être liées au facteur économique et d'être des causes directes de la politique de satellisation, de planification et de croissance extensive imposée par Moscou. Au cours des années 1960, des stratégies réformistes ou au contraire accusant Moscou de révisionnisme voient le jour et les pays se différencient ; Tito et la Yougoslavie renouent avec l'URSS, l'Albanie rompt ses relations avec Moscou accusé de révisionnisme pendant que la Roumanie de Ceausescu affirme son indépendance nationale en 1965. En 1968, c'est la Tchécoslovaquie qui évolue vers le réformisme avec Dubcek qui arrive au pouvoir et annonce la libéralisation de l'économie au printemps. Le 20 août cependant, les troupes du Pacte de Varsovie interviennent. Malgré cette intervention, quelques années plus tard, à partir du milieu des années 1970, l'opposition aux régimes communistes et à Moscou s'accentue, à l'exemple de la Charte 77 des intellectuels tchèques qui a fait école dans les autres pays. Le mouvement s'accéléra alors, notamment avec la création du premier syndicat libre dans une démocratie populaire : Solidarnosc de Lech Walesa. Enfin, contre toute attente, le facteur décisif est venu de Moscou avec Gorbatchev qui se désengagea progressivement de l'Europe centrale et orientale.

Si nous avons rappelé ces événements ainsi que l'organisation économique des PECO sous le régime soviétique, c'est parce qu'ils ont déterminé de manière irréversible la vie de ces pays. L'économie planifiée les a réduits à produire en dehors de leur intérêt ; dès lors, après les révolutions démocratiques et, à fortiori la fin de la guerre froide, ils se retrouvent avec les mêmes difficultés : retard économique, absence de marché et d'appartenance à un grand ensemble susceptible de les tirer vers le haut et de les protéger. Ces pays qui ont toujours gardé leurs propres identités peuvent être appelés «les orphelins du communisme »5(*).

Une même expression caractéristique, certes, mais des situations particulières qui n'en restent pas moins diverses. En 1989, lorsque s'effondrent les régimes communistes d'Europe centrale et orientale et que débute le processus économique de transformation post-socialiste, une grande diversité de situations initiales caractérise les pays de la région. Pour le monde occidental et ses organisations multilatérales, cette variété de points de départ est alors occultée : le monde socialiste était le plus souvent perçu de manière homogène, d'où l'appellation fréquente d' « économies de type soviétique ». Assurément, les systèmes économiques présentaient de fortes ressemblances ; leur socle institutionnel était formé du régime de parti unique et de la domination de la propriété d'Etat, l'organisation hiérarchique prédominait dans l'économie, où les prix, les salaires, les échanges extérieurs étaient dépendants des décisions de l'administration économique, elle-même sous le contrôle formel du parti communiste strictement centralisé, l'agriculture était collectivisée, le commerce extérieur sous monopole d'Etat, le secteur privé strictement confiné. Toutefois, d'importantes différences dans le fonctionnement des institutions ou même dans leur organisation distinguaient les différents pays en 1989. Ces différences étaient le produit de l'histoire dans deux domaines ; les rapports avec le « grand frère soviétique » et l'expérience contrastée des « réformes économiques ». Enfin, la diversité des modalités de la rupture politique a conditionné les différences stratégiques de « transition » des premiers gouvernements post-communistes. Malgré tout, deux caractéristiques ressortent : l'adoption d'une stratégie d'inspiration néolibérale de transition vers une économie de marché, et une dépression économique d'une sévérité imprévue. Ces deux caractéristiques vont jouer un rôle important dans la mise en place et l'élaboration des aides apportées par les IFI.

* 4 LENINE, OEuvres complètes, t. 27

* 5 FEJTO, François, KULESZA-MIETKOWSKI, Ewa, La fin des démocraties populaires-Les chemins du post-communisme, p. 62

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