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Effet des variations des prix du pétrole sur l'inflation : approche macro-sectorielle pour le cas de la Tunisie

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par Omar JRIDI
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion deTunis El Manar - Mastère 2010
  

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Section 2 : Efficacité des politiques anti-inflationnistes aux chocs pétroliers

L'inflation et le chômage sont perçus comme les deux grandes maladies de l'économie, dans la mesure que la lute contre l'une se fait au détriment de l'autre, ce qui met les autorités monétaires dans une situation délicate vu au paradoxe qui s'y inflige. Cependant, l'enseignement tiré des incidences pervers des deux premiers chocs pétroliers sur les plans économiques et sociales, met l'objectif de stabilité des prix au devant de la scène parmi les préoccupations des banques centrales. La commodité de cette politique, ainsi que les bienfaits qui peuvent être diffusés sur les plans économiques et sociales, font l'objet de la première sous-section. Dans la seconde, nous examinerons le cadre de l'émergence de la politique de ciblage crédible d'inflation comme la politique la plus efficace face à la transmission des effets des chocs pétroliers, tout en utilisant les hausses récentes des cours pétroliers pour l'évaluation de sa performance.

2-1 Commodité de la politique de stabilité des prix

Dans l'objectif d'apprécier l'importance de la stabilité des prix, dans le cadre d'une économie mondiale caractérisée par des volatilités intenses et imprévisibles des cours pétroliers et par une instabilité financière fulgurante, nous préservant cette sous section à la

découverte des enseignements retenus par les politiques monétaires, et mis en oeuvre par les pays industrialisées, l'or des deux premiers chocs pétroliers. Dans un second temps, nous avançant, du point de vue théorique, les bienfaits d'un tel objectif.

2-1-1 Réaction des politiques monétaires aux deux premiers chocs Pétroliers

L'étude de la réaction des principaux pays industrialisés aux hausses des prix du pétrole l'or des deux premiers chocs pétroliers peut être présenté comme suit :

Commençant par le premier choc, la brutalité et l'ampleur des augmentations des prix du pétrole ont des incidences perverses, néanmoins, le degré des effets diffère d'un pays à un autre ; Aux Etats-Unis, les réformes de 1971 concernant la libéralisation des prix et la suppression du contrôle des rémunérations ont été suivis par le quadruplement des prix du pétrole, début 73. Les retombées de ce choc ont été perverses sur l'inflation, qui table sur 11,7% en 1974 contre 4% en 1973. Confrontée à la hausse des prix et du chômage, la Réserve Fédérale opte pour le resserrement de sa politique monétaire, la baisse de l'inflation été fulgurante et tend vers 5,8% en 1975, même si elle reste bien supérieure aux taux enregistrés l'or des deux décennies précédentes.

En Europe, la réaction de l'inflation au choc diverge par pays, ce qui montre l'importance des effets des politiques mis en oeuvre. L'inflation a été bien maitrisée en Allemagne et en Suisse qui ont opérés, respectivement, des politiques monétaires restrictives fin 1972 et début 1973, les taux d'inflation ont été abaissés aux alentour des 4% et des 3% en 1976.

Néanmoins, ce choc pétrolier à été suivi par de fortes pressions inflationnistes pour le reste des pays européens, qui se sont tournés vers l'objectif de stimulation de la production et de l'emploi au moyen de politiques monétaires accommodantes. Les retombées des hausses des prix du pétrole sur l'inflation ont été dramatiques ; en France l'inflation grimpa à 15% en 1974 contre 7,3% en 1973. La situation du Royaume Unis et de l'Italie été plus grave sous l'effet de l'indexation des salaires, le taux de croissance de l'indice des prix à la consommation atteignit les 15% en 1974 et 24% en 1975 contre environ 9% en 1973.

Finalement, les réactions de l'inflation à ces chocs pétroliers constituent un cas particulier pour le Japon, suite au premier choc pétrolier les hausses prix atteignirent un niveau critique depuis la guerre et tablent sur 25,3% en 1974 contre 11,7% en 1973, ce qui reflète la dépendance de l'économie japonaise vis-à-vis du pétrole importé.

Les divergences des réactions politiques au premier choc pétrolier pèsent sur les effets inflationnistes du second choc des années 1979-80, dans la mesure où les pays qui ont accordés la priorité pour la maitrise de l'inflation semblent être en position de force, en héritant des taux d'inflation faibles, relativement à ceux qui ont axés leurs politiques monétaires vers la stimulation de leurs taux de croissance.

Les incidences du second choc pétrolier aux Etats-Unis été sévères, le retard pris dans la lutte contre l'inflation a coûté l'économie américaine un taux record de 13,5% fin 1980. Le resserrement des conditions monétaires, au cour des deux années qui suivent, a baissé l'inflation au dessous de 4% début 1983, néanmoins, ces baisses ont été coïncidées par une régression de 3,25% du PIB et un taux culminé de 11% du chômage. Pour les autres pays européens, à l'exception de l'Allemagne et la Suisse, le constat reste le même : un coût de récession semble nécessaire pour la maitrise de l'inflation.

A partir de ce constat, on peut tirer que toute hausse des prix du brut n'est pas, obligatoirement, synonyme de pressions inflationnistes. L'idée sous-jacente est que la nature de la politique monétaire mis en oeuvre joue un rôle crucial dans la réaction de l'inflation à ces chocs. Cette conclusion peut être approfondie par les résultats des Série des études économiques et financières du Fond Monétaire International : « Les vagues d'inflation de 1973-74 et 1979-80 étaient toutes deux liées à de fortes augmentations des prix des produits de base, en particuliers de celui du pétrole. Mais l'enseignement le plus signifiant de ces épisodes n'était pas le fait que des chocs au niveau de l'offre de produits de base et d'autres produits peuvent donner une forte impulsion à l'inflation. Le point important est que la réaction de l'inflation à ces chocs dépend des politiques appliquées ainsi que du comportement des rémunérations. »30

Confrontées à des taux d'inflation inacceptables, les pays industrialisés se trouvent obligés de s'inscrire, aux années 80, dans le cadre d'une réorientation des politiques économiques vers une stratégie d'objectifs à moyen terme. Les piliers de cette stratégie sont principalement le ciblage de l'inflation pour garantir une stabilité raisonnable des prix et l'introduction de nouvelles réformes pour l'injection du concept de flexibilité des salaires sur les marchés de travail. C'est ainsi que l'objectif de stabilité des prix est devenu vital pour la résistance économique aux chocs pétroliers. Néanmoins, l'importance de la stabilité des prix réside dans plusieurs autres facteurs d'aspect économiques et sociaux.

2-1-2 L'importance de la stabilité des prix

Déjà illustrer dans la courbe n°1 du premier chapitre, la stabilité des prix est la période qui s'épare la désinflation de la déflation dans le cycle des variations des prix. C'est ainsi qu'on peut définir la stabilité des prix comme la situation au cours de la quelle les prix n'enregistrent, en moyenne, ni hausse (inflation) ni baisse (déflation) sensible dans le temps. C'est-à-dire que « les variations attendues du niveau moyen des prix sont

30 1996, « Haut et bas de l'inflation : analyse du bilan de l'après-guerre », Série des études économiques et financières, Perspectives de l'économie mondiale, Fond Monétaire International.

suffisamment faibles et graduelles pour ne pas influer sensiblement sur les décisions financières des entreprises et des ménages » (Greenspan, 1989). La mise en oeuvre d'une telle politique fait référence aux bienfaits de ses incidences sur le plan des consommateurs, des producteurs et de la cohésion sociale. L'ensemble de ces avantages peuvent être résumés dans les points qui suivent :

a) Le maintient du pouvoir d'achat des ménages : La stabilité des prix est un facteur essentiel du maintient du pouvoir d'achat des ménages ; les inconvénients et les coûts liés à l'inflation sont effectivement considérables surtout du point de vue de l'amputation régulière du pouvoir d'achat des ménages. La stabilité des prix prévient l'apparition des ces coûts et offre l'avantage de préserver la valeur des pouvoirs d'achats et le maintient de la valeur réelle des épargnes des ménages, ce qui contribue à l'élévation des niveaux de vie et de la prospérité économique.

b) Favorable à la croissance économique et à l'emploi : En période d'inflation ou de déflation, les prix des biens et des services sont soumises à de fortes variations continues et imprévisibles ce qui rend difficile de savoir si un changement de prix rend un produit plus cher ou moins cher qu'un autre, c'est-à-dire que la tâche d'identifier les variations des prix relatifs deviennent délicate étant donné qu'elles sont masqué par les fluctuations du niveau général des prix.

En revanche, lorsque le niveau général des prix est stable, les consommateurs et les producteurs disposent l'information fiable sur la significativité des variations des prix, et ne risque plus de confondre les variations des prix relatifs avec celles du niveau général des prix. Dans ce cas, ils donnent l'affectation la plus productive à leurs ressources dans un contexte optimal pour la prise des décisions de consommation et d'investissement, ce qui accroit le potentiel productif de l'économie. A cet effet, on peut ajouter l'effet de compétitivité à l'exportation dans la mesure où les prix des biens exporté augmentent dans une cadence inférieure aux pays inflationniste, ce qui favorise les exportations et contribue à des gains de part de marché par rapport aux concurrents.

En outre, lorsque les prix sont stables, les créanciers acceptent des taux d'intérêt faibles sur leurs placements vu qu'ils s'attendent à ce que leur épargne conserve sa valeur sur le long terme, c'est ainsi qu'ils n'exigent pas des primes de risque destinées à compenser les pertes en termes d'inflation. En réduisant ces primes de risque, la faiblesse des taux d'intérêt contribue à stimuler les crédits d'investissement et de consommation, ce qui accroit la production et favorise la création d'emploi. C'est ainsi que la stabilité des prix est importante pour la croissance économique et l'emploi.

c) Prévient le phénomène de la progression à froid et contribue à la stabilité financière : Le phénomène de la progression à froid peut être illustré par le cas d'un salarié soumit à des taux d'imposition fiscal et de cotisation sociale supérieurs aux revendications salariales censées compenser la perte du pouvoir d'achat, ponctionner par l'inflation. C'est ainsi que les systèmes fiscaux et de sécurité sociales sont jugés, dans la plus part des cas, êtres responsables de créer des distorsions exacerber par l'inflation et la déflation, dans la mesure où ils n'indexent pas exactement les taux d'imposition et de cotisation sociale sur les taux d'inflation. Dans ce cadre, on peut conclure que « La stabilité des prix réduit ces effets de distorsion liés à l'incidence des tensions inflationnistes ou déflationnistes sur les systèmes fiscaux et de sécurité sociales »31.

Outre, la stabilité des prix renforce la solidité financière des banques dans la mesure où l'émergence inattendue des pressions inflationnistes entraine la réévaluation des actifs, ce qui engendre un déséquilibre entre les dépôts à court terme et les prêts octroyer à des intérêts fixes sur le long terme. Les banques se trouvent confrontées à des problèmes d'insolvabilité qui risque de s'étendent en chaine via l'effet de mimétisme. C'est ainsi que la stabilité des prix renforce la stabilité financière en prévenant des chocs inflationnistes et déflationnistes, susceptibles d'effondre la valeur réelle des actifs nominaux.

d) Les aspects sociaux de la stabilité des prix : La stabilité des prix est l'une des piliers de la stabilité sociale. Par le passé, on peut constater que l'inflation était une source d'instabilité sociale, telle que le cas de l'hyperinflation allemande de 1923 et la déstabilisation des classes moyennes et des salariés, considérées comme les classes les plus vulnérables aux hausses des prix dans la mesure où ils peuvent difficilement protéger leurs créances nominales de l'inflation. Il s'ensuit un transfert arbitraire de richesse des préteurs vers les emprunteurs engendrant une instabilité sociale et politique. C'est ainsi que la stabilité des prix contribue à préserver la cohésion sociale et politique, un facteur jugé nécessaire pour le développement de toute économie.

Tous ces arguments nous amène à confirmer que le maintient de la stabilité des prix par les banques centrales, contribue significativement à la réalisation des objectifs économiques plus généraux, tel que l'élévation du sentier de l'économie et l'augmentation du niveau de vie. Cette conclusion se trouve authentifiée par la réalité économique des pays qui maintiennent des taux d'inflation faibles et réguliers et qui connaissent, en moyenne, une croissance plus forte à long terme. En outre, dans le choix de la politique monétaire qui vise à stabiliser les prix, s'impose la politique de ciblage d'un objectif d'inflation.

31 2007, « Pourquoi la stabilité des prix est elle importante pour vous ? », Manuel à l'intension des enseignants, Banque Centrale Européenne.

L'émergence de cette politique et la connaissance de ses caractéristiques fait l'objet de la sous section suivante.

2-2 La politique de ciblage d'inflation

Dans la mesure de l'importance du rôle joué par les politiques monétaires face à la transmission des effets des chocs pétroliers, la plupart des pays ont orienté leurs politiques monétaires vers l'objectif ultime de stabilité des prix. Néanmoins, l'échec enregistré par les tentatives de stabilisation des prix usées au cours des deux premiers chocs pétroliers a basculé ces économies vers la politique de ciblage crédible d'inflation. L'émergence de cette politique et la définition de ces principales caractéristiques fait l'objet de la première partie de cette sous section. En outre, les hausses récentes des cours pétroliers enregistrées à la fin cette décennie, avancent le cadre d'un test réel de la résistance des composantes de l'inflation sous le contexte de la mise en oeuvre de cette politique. L'évaluation de la performance de cette politique face aux hausses des prix pétroliers, ainsi que la connaissance des engins d'amortir les canaux de transmission, fait l'objet de la seconde partie.

2-2-1 Exposition de la politique de ciblage d'inflation

Dans la définition de la politique de ciblage d'inflation, le recours aux causes de l'échec des stratégies de maitrise d'inflation, au cours des années 70 et 80, semble fructueux pour la connaissance du cadre de l'émergence de la politique d'objectif d'inflation, ainsi qu'aux avantages tirés d'une telle politique. Deuxièmement, nous avançons les attributs de cette politique en ce qui concerne le statut juridique et institutionnel de cette stratégie ainsi qu'au taux objectif optimal à signaler.

a- Emergence de la politique de ciblage d'inflation

Obliger par les législations nationales à garantir l'objectif primitif du maintient de la stabilité des prix, les banques centrales, en général, sont souvent soumises sous pressions d'une tâche ardue. Selon la discipline de la politique monétaire, la typologie de réalisation d'un tel objectif fourni trois procédures ;

La première procédure remonte à la période 1945-1970 où la stabilité des prix était fondée sur le système de taux de change fixe établi à Bretton Woods, l'objectif de ce système monétaire international était de faire de la maîtrise de l'inflation aux Etats-Unis le point d'ancrage de la stabilité des prix dans les autres pays membres du FMI. C'est ainsi que les monnaies de ces pays se trouvent ancrées par des taux de changes fixes au dollar

American, à condition que ce pays assure la convertibilité de sa monnaie en or. On parle ainsi de l'étalon or-dollar, défini comme le point d'ancrage nominal du système de Bretton Woods.

Après l'effondrement de ce système au début des années 70, un nombre important de pays, surtout les pays en développement, ont continués à maintenir l'adoption des taux de change fixes, ou presque fixes, en rattachant leurs monnaies à la monnaie d'un pays à faible taux d'inflation, et donc considéré comme une monnaie stable. La fonction de la banque centrale dans le cadre de ce cas particulier de fixité de taux de change, nommée Currency Board, consiste essentiellement à conserver une unité de la monnaie d'ancrage (monnaie étrangère) pour chaque unité de monnaie nationale en circulation. On dit ainsi que la banque centrale adosse totalement sa monnaie sur une autre monnaie. Si certaines économies s'en sont servies à maitriser l'inflation en périodes de fortes hausses, à l'image de l'Argentine depuis 1991 et le Brésil en 1994-1998, cette politique est sujette de plusieurs contraintes. L'inconvénient majeur de cette stratégie est quelle restreint la capacité des banques centrales à réagir aux chocs intérieurs et extérieurs, vu qu'elle limite considérablement le champ de la politique monétaire qui ne s'intéresse qu'aux taux de change. A ce là s'ajoute le fait de la conjonction des progrès d'intégration des marchés des produits et des capitaux à la volatilité accrue des flux de capitaux au cours de ces dernières décennies, ce qui favorise la transmission des chocs et astreint le maintien des politiques de taux de change fixes parce qu'elle doivent résister aux pressions qui y s'imposes. Ces inconvénients peuvent être résumés comme suit ; « Le principal inconvénient de cette stratégie est qu'elle limite la capacité de riposte de la banque centrale face aux chocs. En outre, il est devenu plus difficile de satisfaire aux conditions nécessaires pour maintenir un taux fixe en raison de la croissance et de l'instabilité des flux de capitaux internationaux au cours des vingt dernières années, comme en témoignent les crises monétaires des années 90. »32.

En outre, après l'époque de Bretton Woods, la plus part des pays industrialisés ont données la préférence aux régimes des taux de change flottants, dans l'avantage de donner à la politique monétaire la latitude de choisir divers degrés d'adaptation en réaction aux chocs extérieurs et intérieurs. Cependant, l'avantage que transmettent les taux de changes flexible dans la liberté et l'indépendance des politiques monétaires se trouve associé à de fortes pressions inflationnistes comme l'on peut voir au cours des années 70. De plus « On peut en voir une preuve supplémentaire dans le fait que l'inflation moyenne des pays

32 « Pourquoi cibler l'inflation », l'ABC de l'ECONOMIE, Finance et Développement, juin 2003.

industrialisés, et les écarts nationaux par rapport à cette même moyenne, ont tendance à être plus tenaces dans le monde d'après Bretton Woods. »33

Ayant perdu le point d'ancrage des taux de change fixes et confrontée à des taux d'inflation élevés après l'adoption des taux de changes flottant, le problème se résume dans le besoin d'un nouveau point d'ancrage intérieur pour assurer la stabilité des prix. Au milieu des années 70, de nombreux pays industrialisés ont adopté l'objectif de ciblage des agrégats monétaires pour la conduite de leurs politiques monétaires. Selon cette optique monétariste, pour que l'inflation soit stable, la masse monétaire devrait croitre au même rythme que le produit national. Cependant, bien que cette stratégie a permit pour un nombre important de pays la maitrise de l'inflation, par rapport aux taux records de l'après guerre, cette optique s'est révélée de moins en moins satisfaisante, au début des années 80, pour le cas des pays ayant des marchés financiers et boursiers assai développés. À mesure de l'expansion des innovations dans l'industrie des services financière, qui ont servis à l'injection des substituts de monnaie, la demande de monnaie est devenue de plus en plus instable. En conséquence, la corrélation entre la masse monétaire et l'inflation se trouve fragilisée, surtout dans le court terme, ce qui complique la tâche des autorités monétaire à stabiliser les prix sous cette stratégie.

Au début des années 90, la plupart des pays, surtout celles de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), ont cessées à stabiliser les prix via le ciblage des agrégats monétaires, et ont opté jusqu'à nos jours pour une politique monétaire reposant explicitement sur le ciblage crédible d'un objectif d'inflation. La tendance à adopter des objectifs d'inflation officiels par un nombre croissant de pays, et les résultats significatifs qui sont réalisés dans le maintient de la stabilité des prix, s'appuies sur plusieurs raisons.

Premièrement, la stabilité des prix doit être l'objectif primitif de la politique monétaire. Une conclusion qui découle des études de la théorie quantitative de la monnaie qui montre qu'il n'existe pas d'arbitrage à long terme entre la stabilité des prix et l'activité économique, c'est ainsi que la monnaie est neutralisée à long terme vue qu'elle n'a pas d'impact sur la croissance réelle de l'activité économique, qui dépond d'autres facteurs tel que la productivité et le stock de capital, et elle n'a d'influence que sur les variables nominales, tel que le niveau des prix.

Deuxièmement, et selon la courbe de Phillips, toute tentative d'abaisser le taux de chômage tend à amorcer les pressions inflationnistes. L'attachement crédible à un objectif d'inflation pourra réduire l'ampleur de ce biais inflationniste.

33 George S. Alogoskoufis, «Monetary Accommodation, Exchange Rate Regimes and Inflation Persistence», Economic Journal, volume 102 (mai 1992), pages 461-80

Le troisième avantage se résume dans les gains de crédibilité que procurent la transparence et l'indépendance accrue de la banque centrale.

Outre ces conclusions théoriques, l'échec de l'ancrage des taux de change et du ciblage des agrégats monétaires ont joué un rôle important dans l'adoption des politiques de ciblage d'un objectif d'inflation. Une fois adoptée, les autorités monétaires doivent fixer les attributs généraux d'un tel objectif.

b- Les attributs de la politique de ciblage d'inflation

Sous les recommandations de plusieurs économistes (F. Mishkin, Ben Bernanke et autres), un nombre croissant de pays ont adoptés des objectifs officiels d'inflation qu'on peut les advenir, par ordre chronologique, dans le tableau suivant :

Tableau 2-2 : Ciblage d'inflation dans divers pays

Pays

Année de
l'adaptation du
ciblage de
l'inflation

Taux d'inflation
Année de
l'adaptation du
ciblage de
l'inflation (%)

Taux
d'inflation
établi comme
objectif en
2001 (%)

Taux
d'inflation en
2001 (%)

Nouvelle-Zélande

1989

7.5

0 à 3

2.6

Canada

1991

7.5

1 à 3

2.5

Royaume-Unis

1992

3.7

2.5

1.8

Suède

1993

4.6

1 à 3

2.4

Pologne

1999

7.3

5.4 à 6.8

5.5

Colombie

2000

8.0

8.0 pour 2001

8.0 en 2001

 
 
 

6.0 pour 2002

6.3 en 2002

Corée

2000

4.1

2.5

4.1

Islande

2001

6.4

2.5 (+/- 1.5)

6.4

Mexique

2001

6.4

6.5 pour 2001

6.4 en 2001

 
 
 

4.5 pour 2002

5.0 en 2002

* d'après les calculs du FMI, International Financial Statistics.

Une fois adopté un objectif formel d'inflation, affermir son statut juridique et institutionnel semble être la première tâche à accomplir. Ce statut varie beaucoup d'un pays à un autre, si en Nouvelle Zélande et au Canada cet objectif est fixé par accord entre le

Ministre des finances et le Gouverneur de la banque centrale, cet objectif est fixé au Royaume-Unis par le Chancelier de l'échiquier (le responsable devant le parlement), alors que dans la plupart des pays, l'organe législatif de cet objectif est sous le contrôle des banques centrales dans le but de jouir ces autorités des caractères de responsabilité, d'indépendance et surtout de crédibilité.

Une fois statué, la transmission du message de crédibilité des autorités monétaires au public s'opère normalement par la diffusion d'un taux ou d'une fourchette de taux d'inflation (habituellement par le ministère des finances). Bien qu'un taux unique et faible semble plus efficace pour focaliser les anticipations d'inflation sur une cible bien précise, la plupart des objectifs d'inflation sont exprimés sous forme de fourchette de taux, compte tenu des biais de maitrise de l'inflation par les banques centrales.

En outre, et compte tenu des méfaits de l'inflation et de la déflation, l'absence d'un taux objectif nul nous amène à s'interroger sur le prétexte d'un taux objectif optimal positif. L'absence d'un objectif de stabilité absolue des prix revient à dire que le maintient d'un taux d'inflation positif, mais faible, est favorable pour l'économie. En effet, une lutte trop ferme contre l'inflation nuit à la croissance économique, dans la mesure où le maintient d'une inflation faible et positive allège la dette des emprunteurs. Bien qu'elle soit désavantageuse pour les préteurs, l'inflation s'interprète comme une tentation pour les débiteurs, ceux qui prennent l'initiative économique en tant qu'entreprises et consommateurs, vu qu'ils remboursent moins. C'est ainsi que dans l'histoire du capitalisme, l'inflation à joué un rôle crucial dans la stimulation des projets, qui auraient été impossibles sans inflation.

D'autre part, le ciblage d'un taux d'inflation faible et positif rend la politique monétaire plus efficace en période de récession, vu qu'il permet au taux d'intérêt de devenir négatif à court terme, une solution efficace pour la relance de la demande et donc de l'activité économique. Cependant, dans le cas d'un taux d'inflation nul, les autorités monétaires ne pourraient qu'annuler les taux d'intérêt à court terme. Une solution qui ne pourrait pas être suffisante pour la relance de la demande globale.

Concernant la perte des pouvoirs d'achats, ils sont relativement faibles pour des taux d'inflation faibles (au alentour des 2% à 3%), le changement effectif s'opère généralement pour des taux relativement haut (de 5% à 10%). Finalement, on peut citer l'avantage de la rehausse des ajustements salariaux entre branches industrielles dans la mesure qu'un taux d'inflation positif et faible facilite bien l'ajustement des salaires réels relatifs.

À la lumière de ces externalités positives, de point de vue économique et social, que
procurent le ciblage d'un objectif crédible d'inflation, il n'est pas surprenant qu'un nombre
important de pays optent pour cette politique anti inflationniste. Cependant, l'évaluation

des performances d'une telle stratégie sur les effets des chocs pétroliers peut être fructueuse pour l'accomplissement de notre étude sur la relation inflation prix du pétrole.

2-2-1 Evaluation des performances de la politique de ciblage d'inflation sur les effets des chocs pétroliers

L'évaluation des performances de la politique de ciblage crédible d'un objectif d'inflation sur les effets des chocs pétroliers, consiste à examiner la transmission des effets des hausses des cours pétroliers à l'inflation globale dans les principaux pays industrialisées. A cet effet, la comparaison entre les incidences des deux premiers chocs pétroliers sur l'inflation, dans un cadre de ciblage des taux de changes et des agrégats monétaires, et des retombées des hausses récentes des cours pétroliers sur l'inflation, dans le cadre de la politique de ciblage crédible d'inflation peut être commode pour notre étude.

En outre, dans un bref rappel de la transmission des effets des chocs pétroliers sur l'inflation (déjà évoquer dans le premier chapitre), les canaux se résument, généralement, dans l'effet mécanique, dit de premier tour, et l'effet de boucle prix salaire, dit de second tour. Selon le premier canal, la hausse des prix du pétrole entraine directement la hausse des prix des produits énergétiques, surtout ceux qui sont très intense en pétrole, et l'élévation indirecte des prix d'autres produits via le renchérissement des coûts des consommations intermédiaires en énergie. On note que cet effet touche les composantes les plus volatiles de l'inflation, à savoir les prix des produits énergétiques et alimentaires.

L'effet de second tour est celui du déclanchement de la boucle prix-salaire, résultant essentiellement des comportements conflictuels et rationnels des salariés et des employeurs, dans le devoir du maintient du pouvoir d'achat et des marges de profits inerte de toute dévalorisation invoquée par l'inflation. C'est ainsi que face à une hausse des prix et sous l'effet de l'indexation des salaires sur les prix, les salariés exigent une revalorisation de leurs salaires pour défendre leur pouvoir d'achat. L'augmentation des coûts du travail, qui en résulte, oblige les employeurs à augmenter leurs prix de ventes pour préserver leurs marges de profits, ce qui génère un surcroit de l'inflation. Et à nouveau, les anticipations d'inflation et la spirale prix-salaire s'enclenche. On dit que l'inflation s'inscrit dans un phénomène auto-entretenu, dans le quel l'indexation des salaires sur les prix joue un rôle crucial. Finalement, cet effet s'interprète comme le plus pervers parce qu'il touche l'essence de l'inflation, à savoir l'inflation sous-jacente.

A ce niveau, et dans la mesure où la réaction de l'inflation aux chocs pétroliers dépond des politiques monétaires appliquées et du poids de l'indexation des salaires sur les prix, on peut dire que la politique monétaire joue un rôle essentiel dans la transmission de la hausse des prix du pétrole aux composantes de l'inflation. Cette conclusion peut être appréciée par

l'affaiblissement des effets des augmentations récentes des cours pétroliers sur l'inflation relativement aux effets pervers des deux premiers chocs pétroliers (voir tableau 1-2 page 28). Cependant, la concomitance de cet affaiblissement des effets à la mise en oeuvre des politiques monétaires de ciblage crédible d'inflation ne peut pas être un jeu de hasard. Plusieurs modèles macroéconomiques affermis la performance de cette politique à handicaper la transmission des effets de ces chocs. Parmi ces études, nous nous présentons les résultats de la modélisation de Benoit Heitz (2004) qui cherche à détecter les cas de déclenchement des spirales prix-salaires dans le cadre de deux régimes : « Dans le premier régime, les agents économiques considèrent que, même si cela doit prendre du temps - après une flambée des prix par exemple -, l'inflation retournera vers un certain niveau. C'est le cas notamment si la banque centrale a un objectif d'inflation et qu'elle est crédible : les agents s'attendent alors à ce que l'on revienne vers cet objectif. Dans le second régime, ils anticipent d'autant plus d'inflation qu'ils en ont observée par le passé (mécanisme d'anticipations adaptatives). Ce genre de situation est propice à un emballement de l'inflation, via la boucle prix-salaire. »34.

Les résultats conclus qu'aux Etats-Unis, qui a une cible crédible d'inflation dans plus de 80% du temps entre 1960 et 2004, la probabilité d'être dans une spirale inflationniste est très limité et les anticipations de l'inflation par les ménages convergent vers la cible de 2.75%. Ces résultats se trouvent consolider par l'enquête auprès des ménages américains de l'université du Michigan. Pour la France, dont la politique de désinflation des années 80 a rendu crédible l'objectif de faible inflation, le constat reste le même et les résultats confirment que la probabilité d'être dans une spirale inflationniste est extrêmement faible ce qui est en ligne avec le diagnostic de l'enquête de conjoncture auprès des ménages français.

Néanmoins, si l'effet de premier tour des hausses des prix du pétrole sur l'inflation semble, en général, un effet mécanique sur lequel les autorités monétaires n'ont plus d'influence, et dans lequel les politiques d'efficacité énergétique jouent un rôle crucial. En quoi consistent les spécificités qui permettent aux politiques de ciblage crédible d'inflation l'amortissement des effets de second tour ?

Les conclusions des travaux qui se sont penchés sur cette question convergent sur l'analyse d'une rupture dans l'indexation des salaires sur les prix, qu'on peut l'interpréter comme le moteur de démarrage de la spirale prix-salaire. Cette rupture, qui se date au début des années 80, a restreint considérablement le pouvoir de négociation des syndicats salariaux, et donc elle a réduit l'augmentation des coûts unitaires de main-d'oeuvre relativement aux années 70. De ce fait, et comme le montre le graphique 2-4, l'effet des hausses des prix

34 Benoit Heitz, « Prix du pétrole : doit-on s'attendre à une spirale inflationniste ? », Division Synthèse conjoncturelle, Décembre 2004.

pétroliers sur l'augmentation des coûts unitaires de main-d'oeuvre s'est considérablement affaibli.

Courbe 2-4 : Effet des hausses des prix pétroliers sur les coûts unitaires de
main-d'oeuvre

Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

A l'inverse des hausses des coûts unitaires de main-d'oeuvre l'or des deux premiers chocs pétroliers, les hausses fulgurantes des prix du pétrole au cours des années 2000 n'étaient pas suivies par des variations des coûts unitaires de main-d'oeuvre, sur l'échelle mondiale. Dans l'analyse de l'affaiblissement de cette corrélation, divers explications sont avancées, tel que la hausse des gains de productivité ou la forte concurrence mondiale enregistrée ces dernières années. Néanmoins, l'interprétation la plus admise est celle du succès des politiques de ciblage crédible d'inflation qui ont réussis à maintenir l'inflation à des taux faibles et constants, à l'inverse des taux élevés enregistrés au cours des années 70 et leurs concomitances aux hausses fortes et fréquentes des salaires (à un rythme de 10% à 20%).

En effet, contrairement aux retombées des deux premiers chocs pétroliers qui ont conduits aux relèvements durables des anticipations inflationnistes et au déclanchement de la spirale prix-salaire. Au cours des années 2000, le maintient des taux d'inflation bas permet l'ancrage des anticipations des salariés et des entrepreneurs vers une cible crédible, à la quelle l'inflation fait retour après la hausse des prix pétroliers. En effet, la crédibilité des autorités monétaires incite les agents économiques à abandonner les processus d'anticipations adaptatives et à prendre comme référence non plus l'inflation passée mais l'objectif annuel affiché dans le budget de l'Etat, ce qui limite les probabilités du déclanchement d'une telle spirale et donc amortir l'effet sur l'inflation sous-jacente. Cette explication est consolidée par Joseph KERGUERIS, Claude SAUNIER (2006) comme

suit : « Aujourd'hui, les banques centrales des pays développés jouissent d'une crédibilité anti-inflationniste bien plus forte : les anticipations d'inflation à long terme sont mieux ancrées et les agents anticipent a priori que la hausse des prix du baril va relever temporairement l'inflation, sans nécessairement affecter les composantes moins volatiles des prix qui constituent l'inflation sous-jacente.

En outre, les mécanismes d'indexation automatique des salaires sur les prix au moment des deux premiers chocs pétroliers ont disparu et les tensions sur le marché du travail sont partout inexistantes. »35.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo