3-
Caractéristiques socio-démographiques
Au dernier Recensement Général de la Population
et de l'Habitation (RGPH3) de 2002, la population résidente de
Bantè est de 82.129 habitants dont 40.135 hommes et 41.994 femmes.
Cet effectif qui correspond à une densité
moyenne de près de 38 habitants au kilomètre carré
confirme la réputation de la commune d'être parmi les moins
peuplés dans le pays. Le taux d'accroissement naturel est estimé
à 4,1 %. Le taux de croissance annuel moyen est de l'ordre de 3,4 %.
À ce rythme, la population doublera en 19 ans. L'Indice
Synthétique de Fécondité est estimé à 6,2
enfants par femme en 2001 par l'EDSB-II. Ce niveau de croissance
démographique est synonyme d'une explosion massive de la demande
potentielle des services sanitaires que l'Etat éprouvera des
difficultés à satisfaire vu le contexte de pauvreté
structurelle. Aussi, le taux de mortalité infantile reste
élevé (selon l'EDSBF-II, sur 1000 naissances vivantes 81
décèdent avant d'atteindre leur premier anniversaire). Et,
l'espérance de vie à la naissance est estimée à
47,8 ans.
La population est majoritairement féminine (52 % de
sexes féminins) et est essentiellement jeune 49 % de la population
a moins de 15 ans alors que les 65 ans ou plus représentent moins de 4
%. La commune de Bantè est relativement peu urbanisée avec un
taux d'urbanisation de 7,4 % lors du dernier recensement.
Selon l'atlas monographique des communes du Bénin, la
commune de Bantè est caractérisée par une croissance
démographique de 3,87% dont la population rurale est de 4,45% avec 6629
ménages (5728 ruraux) (2001 : 3). La densité humaine est de
30,47 hab/ Km2 ayant pour taille des ménages 7 (ruraux :
7,5).
Elle est constituée de groupes ethniques ''Ifè''
dans la zone Sud et `'Isha'' dans ses parties septentrionales.
Les services sont installés à Bantè
centre, l'arrondissement urbain. Dans le but d'aider l'administration locale,
des services déconcentrés de certains ministères se sont
ajoutés à ceux rattachés directement à
l'administration de la mairie. Parmi ceux-ci figurent la poste, la gendarmerie,
la police, la douane, la circonscription scolaire, le centre de promotion
sociale, les services de santé et la compagnie militaire.
4- Organisation sociale et
culturelle
A l'instar des sociétés traditionnelles de notre
pays, la société Isha Ifè (Bantè) fonctionne sur la
base d'intérêts sociaux et d'institutions religieuses. L'objectif
est de sauvegarder et de renforcer la paix et la cohésion du groupe sur
le plan intérieur et extérieur. Au nombre de ceux-ci, nous
pouvons citer les totems et tabous. Le totem, souvent un arbre, un animal ou
une herbe ou tout autre objet, est respecté par le groupe
totémique. Ce dernier ne peut le tuer, le manger ou le toucher sans en
courir de grands risques. Chaque famille, clan adore ou vénère
l'être, l'animal ou l'objet qui représente son totem.
Sur le plan sociologique, il convient de signaler que ces
animaux auraient rendu de grands services aux groupes concernés. A ces
interdits spécifiques à chaque groupe, il faut ajouter les
institutions dont le respect s'impose à tout le monde. Aussi, le pacte
de terre (ilè-mimo) est un accord sacré passé entre
villages, groupes tribaux, ou individus dans le but de favoriser les relations
de bon voisinage, la compréhension et le respect mutuel. Il instaure
entre les signataires une ambition de paix, de stabilité, de
sécurité fondée sur l'honnêteté
réciproque et facilite le règlement des conflits entre les
signataires (villages). Il a pour avantage la cohésion sociale entre
deux ou plusieurs localités, l'évitement de la guerre et
l'entente entre les villages frères. Hormis le pacte de terre,
l'adultère, le mensonge, la calomnie et le vol sont des
phénomènes prohibés en milieu Nago. Ces différentes
institutions rendent compte de l'intérêt que la population
accordait à la paix et à la cohésion sociale.
La région est caractérisée par de grosses
concentrations villageoises. Les villages regroupent en moyenne quelques deux
ou trois milles individus dont généralement les uns, en
majorité appartiennent au lignage fondateur du village et les autres,
à des segments de lignages étrangers venus s'adjoindre aux
premiers, suite à de nombreuses migrations ultérieures. Les
habitants obéissent aux règles d'une organisation communautaire
et forment, à ce titre, de `'véritables communautés
villageoises''.
La règle de résidence est patri virilocale. En
d'autres termes, une femme mariée va vivre avec son mari, chez les
parents de celui-ci. Les villages sont composés de multiples cours
d'habitations dont chacune abrite une ou plusieurs familles étendues et
peut aussi totaliser un grand nombre de personnes qui vivent sous
l'autorité du chef de la cour `'boba ilé''. A l'intérieur
de la grande cour (agbo-ilé), il existe un certain nombre de
pièces d'habitations groupées autour de petites cours
(ojulé) à la tête desquelles se trouve un chef de petites
cours (ba-ilé) et organisées en un véritable dédale
dont les ramifications correspondent aux groupes de parenté.
Les Ifè et Isha de Bantè ne choisissent pas
comme partenaire qui ils veulent. Il existe des mariages, sinon des unions
contre nature, dont la sphère est théoriquement définie
par la règle de double exogamie, interdisant à tout homme de
prendre femme aussi bien dans le lignage de son père que dans celui de
sa mère. Ne peuvent donc se marier entre eux, tous les individus issus
d'un même ancêtre, en ligne agnatique ou en ligne utérine,
quel que soit le degré de parenté.
Si les Ifè et Isha de Bantè ne choisissent pas
leur femme comme ils veulent, ils ne la prennent pas non plus tout à
fait où ils veulent. Les impératifs des règles d'exogamie,
malgré une grande souplesse qui de nos jours peut s'observer, imposent
aux lignages une obligation permanente d'extension des alliances. Cette
communauté n'aime cependant pas chercher ses épouses `'trop
loin''. En cas de conflit, palabre, l'affaire est d'autant plus difficile
à régler que les parties sont éloignées ou, qui
plus est, appartiennent à des groupements traditionnellement ennemis.
C'est le cas actuel de leurs attitudes vis-à-vis des autres groupes
socioculturels, notamment les Fon. Ainsi, le mariage le plus sûr et donc
le meilleur est celui qu'on peut contracter à l'intérieur de son
propre groupe. Il permet une intégration parfaite et harmonieuse de la
femme au sein du lignage du mari; ce qui permet d'éviter tant soit peu
des risques ou déviances qui peuvent résulter de certaines
inconduites de la femme mariée.
L'idéal humain poursuivi par ce groupe socioculturel
est `'omo-oluwabi'' (omo = enfant, oluwa = Seigneur, bi = engendrer; autrement,
omo-oluwabi est l'enfant que le Seigneur a engendré). L'organisation
sociale de ce peuple vise à refléter qu'il s'origine en oluwa
(Etre Suprême), et que son monde est la continuité du monde
invisible. Fondamentalement, l'organisation sociale est fondée sur des
principes qui déterminent l'individu et la communauté. L'excision
ferait partie des rites qui font de la femme au foyer une « omo-
oluwabi » c'est-à-dire une femme exemplaire, une femme
modèle.
Sur le plan culturel, on dénombre une monotonie
ethnique ; malgré la présence des colons agricoles
d'importance numérique inégale et qui n'occupent pas toujours des
aires géographiques précises.
Les autres ethnies sont les fon ; les bariba ; etc.
Traditionnellement, tous ces groupes ethniques valorisent la polygynie et la
forte procréation. Les principales religions à Bantè sont
par ordre croissant le christianisme, l'animisme et l'islam.
Dans les faits, presque toute la population pratique d'une
manière ou d'une autre les religions traditionnelles. Ces
détenteurs sont encore tout puissant et oeuvre pour la continuité
de l'excision.
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