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Déterminants socio-culturels de la persistence de l'excision à  Pira (Bénin)

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par Fabien Affo
Université de Lomé (Togo) - DES 2007
  

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3- Caractéristiques socio-démographiques

Au dernier Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH3) de 2002, la population résidente de Bantè est de 82.129 habitants dont 40.135 hommes et 41.994 femmes.

Cet effectif qui correspond à une densité moyenne de près de 38 habitants au kilomètre carré confirme la réputation de la commune d'être parmi les moins peuplés dans le pays. Le taux d'accroissement naturel est estimé à 4,1 %. Le taux de croissance annuel moyen est de l'ordre de 3,4 %. À ce rythme, la population doublera en 19 ans. L'Indice Synthétique de Fécondité est estimé à 6,2 enfants par femme en 2001 par l'EDSB-II. Ce niveau de croissance démographique est synonyme d'une explosion massive de la demande potentielle des services sanitaires que l'Etat éprouvera des difficultés à satisfaire vu le contexte de pauvreté structurelle. Aussi, le taux de mortalité infantile reste élevé (selon l'EDSBF-II, sur 1000 naissances vivantes 81 décèdent avant d'atteindre leur premier anniversaire). Et, l'espérance de vie à la naissance est estimée à 47,8 ans.

La population est majoritairement féminine (52 % de sexes féminins) et est essentiellement jeune  49 % de la population a moins de 15 ans alors que les 65 ans ou plus représentent moins de 4 %. La commune de Bantè est relativement peu urbanisée avec un taux d'urbanisation de 7,4 % lors du dernier recensement.

Selon l'atlas monographique des communes du Bénin, la commune de Bantè est caractérisée par une croissance démographique de 3,87% dont la population rurale est de 4,45% avec 6629 ménages (5728 ruraux) (2001 : 3). La densité humaine est de 30,47 hab/ Km2 ayant pour taille des ménages 7 (ruraux : 7,5).

Elle est constituée de groupes ethniques ''Ifè'' dans la zone Sud et `'Isha'' dans ses parties septentrionales.

Les services sont installés à Bantè centre, l'arrondissement urbain. Dans le but d'aider l'administration locale, des services déconcentrés de certains ministères se sont ajoutés à ceux rattachés directement à l'administration de la mairie. Parmi ceux-ci figurent la poste, la gendarmerie, la police, la douane, la circonscription scolaire, le centre de promotion sociale, les services de santé et la compagnie militaire.

4- Organisation sociale et culturelle

A l'instar des sociétés traditionnelles de notre pays, la société Isha Ifè (Bantè) fonctionne sur la base d'intérêts sociaux et d'institutions religieuses. L'objectif est de sauvegarder et de renforcer la paix et la cohésion du groupe sur le plan intérieur et extérieur. Au nombre de ceux-ci, nous pouvons citer les totems et tabous. Le totem, souvent un arbre, un animal ou une herbe ou tout autre objet, est respecté par le groupe totémique. Ce dernier ne peut le tuer, le manger ou le toucher sans en courir de grands risques. Chaque famille, clan adore ou vénère l'être, l'animal ou l'objet qui représente son totem.

Sur le plan sociologique, il convient de signaler que ces animaux auraient rendu de grands services aux groupes concernés. A ces interdits spécifiques à chaque groupe, il faut ajouter les institutions dont le respect s'impose à tout le monde. Aussi, le pacte de terre (ilè-mimo) est un accord sacré passé entre villages, groupes tribaux, ou individus dans le but de favoriser les relations de bon voisinage, la compréhension et le respect mutuel. Il instaure entre les signataires une ambition de paix, de stabilité, de sécurité fondée sur l'honnêteté réciproque et facilite le règlement des conflits entre les signataires (villages). Il a pour avantage la cohésion sociale entre deux ou plusieurs localités, l'évitement de la guerre et l'entente entre les villages frères. Hormis le pacte de terre, l'adultère, le mensonge, la calomnie et le vol sont des phénomènes prohibés en milieu Nago. Ces différentes institutions rendent compte de l'intérêt que la population accordait à la paix et à la cohésion sociale.

La région est caractérisée par de grosses concentrations villageoises. Les villages regroupent en moyenne quelques deux ou trois milles individus dont généralement les uns, en majorité appartiennent au lignage fondateur du village et les autres, à des segments de lignages étrangers venus s'adjoindre aux premiers, suite à de nombreuses migrations ultérieures. Les habitants obéissent aux règles d'une organisation communautaire et forment, à ce titre, de `'véritables communautés villageoises''.

La règle de résidence est patri virilocale. En d'autres termes, une femme mariée va vivre avec son mari, chez les parents de celui-ci. Les villages sont composés de multiples cours d'habitations dont chacune abrite une ou plusieurs familles étendues et peut aussi totaliser un grand nombre de personnes qui vivent sous l'autorité du chef de la cour `'boba ilé''. A l'intérieur de la grande cour (agbo-ilé), il existe un certain nombre de pièces d'habitations groupées autour de petites cours (ojulé) à la tête desquelles se trouve un chef de petites cours (ba-ilé) et organisées en un véritable dédale dont les ramifications correspondent aux groupes de parenté.

Les Ifè et Isha de Bantè ne choisissent pas comme partenaire qui ils veulent. Il existe des mariages, sinon des unions contre nature, dont la sphère est théoriquement définie par la règle de double exogamie, interdisant à tout homme de prendre femme aussi bien dans le lignage de son père que dans celui de sa mère. Ne peuvent donc se marier entre eux, tous les individus issus d'un même ancêtre, en ligne agnatique ou en ligne utérine, quel que soit le degré de parenté.

Si les Ifè et Isha de Bantè ne choisissent pas leur femme comme ils veulent, ils ne la prennent pas non plus tout à fait où ils veulent. Les impératifs des règles d'exogamie, malgré une grande souplesse qui de nos jours peut s'observer, imposent aux lignages une obligation permanente d'extension des alliances. Cette communauté n'aime cependant pas chercher ses épouses `'trop loin''. En cas de conflit, palabre, l'affaire est d'autant plus difficile à régler que les parties sont éloignées ou, qui plus est, appartiennent à des groupements traditionnellement ennemis. C'est le cas actuel de leurs attitudes vis-à-vis des autres groupes socioculturels, notamment les Fon. Ainsi, le mariage le plus sûr et donc le meilleur est celui qu'on peut contracter à l'intérieur de son propre groupe. Il permet une intégration parfaite et harmonieuse de la femme au sein du lignage du mari; ce qui permet d'éviter tant soit peu des risques ou déviances qui peuvent résulter de certaines inconduites de la femme mariée.

L'idéal humain poursuivi par ce groupe socioculturel est `'omo-oluwabi'' (omo = enfant, oluwa = Seigneur, bi = engendrer; autrement, omo-oluwabi est l'enfant que le Seigneur a engendré). L'organisation sociale de ce peuple vise à refléter qu'il s'origine en oluwa (Etre Suprême), et que son monde est la continuité du monde invisible. Fondamentalement, l'organisation sociale est fondée sur des principes qui déterminent l'individu et la communauté. L'excision ferait partie des rites qui font de la femme au foyer une « omo- oluwabi » c'est-à-dire une femme exemplaire, une femme modèle.

Sur le plan culturel, on dénombre une monotonie ethnique ; malgré la présence des colons agricoles d'importance numérique inégale et qui n'occupent pas toujours des aires géographiques précises.

Les autres ethnies sont les fon ; les bariba ; etc. Traditionnellement, tous ces groupes ethniques valorisent la polygynie et la forte procréation. Les principales religions à Bantè sont par ordre croissant le christianisme, l'animisme et l'islam.

Dans les faits, presque toute la population pratique d'une manière ou d'une autre les religions traditionnelles. Ces détenteurs sont encore tout puissant et oeuvre pour la continuité de l'excision.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus