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Déterminants socio-culturels de la persistence de l'excision à  Pira (Bénin)

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par Fabien Affo
Université de Lomé (Togo) - DES 2007
  

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5- Points de vue sur la pratique de l'excision

Une enquêtée avoue que les principaux responsables de la décision d'exciser une fille au sein d'une famille sont les parents de sexe féminin, les mères, les tantes et les grand-mères. 66% de personnes interrogées sur le sujet dans la région (toutes personnes confondues) l'ont affirmé contre 25% qui croient que la décision est prise par les pères et c'est seulement dans 8% des cas qu'il y a entente entre les parents. Quant aux femmes excisées interrogées, 8 sur 13 soit 62% affirment que la décision de leur excision a été prise par leur grand-mère et leur tante (30% pour la grand-mè_re et 32% pour la tante). Trois femmes sur treize soit 23%, ont pris elles-mêmes la décision de se faire exciser ; 15% des décisions sont prises par les mères.

En milieu nago nous avons remarqué que souvent la tante paternelle prend la décision. "La tante est toute puissante pour décider, " remarquent des interrogés en milieu nago. "Notre propre enfant ne nous appartient pas." " Chez nous, un père et une mère n'ont pas d'enfant," remarque un autre. L'enfant dont ils peuvent se glorifier est celui de leur soeur.

Ce sont les chefs des familles "de circoncis " assistés du " détenteur des couteaux" qui se réunissent en "conseil de sages" pour décider de l'opportunité de l'opération. Elle n'est pas obligatoire, sauf au cas où la femme est prédisposée à être gardienne de fétiche. Néanmoins, on remarque certains cas où les parents imposent l'opération à leurs filles sous peine de malédiction et de reniement. Pour les parents, c'est un honneur et une joie que leur fille soit excisée, et d'autant plus si leur fille assume pleinement l'opération. Dans cette région ce sont les chefs traditionnels, les féticheurs, les vieilles, les oncles et tantes qui s'attachent au maintien de la pratique.

L'excision est voulue par les personnes âgées de la société. 50% des personnes âgées rencontrées au hasard sont pour la continuité de la pratique de l'excision. L'excision est une bonne pratique dont la régression nous mécontente. Nos parents ont posé les premiers actes, il nous appartient de perpétuer le phénomène et c'est ce que nous fait jusque là avant nos files ne changent de comportement.

Les femmes, alors qu'elles sont les victimes, sont dans leur grande majorité opposées à toutes formes de lutte contre l'excision. D'où leur circonspection dans les réponses. Elles n'évaluent pas le danger sur la santé de cette pratique.

Quant à l'influence de l'homme, nous remarquons qu'ils sont parfois ignorants et indifférents quant au fait de l'excision. Dans la culture peul, par exemple, il y a les prérogatives qui relèvent de l'homme ou de la femme. Il revient à la femme de s'occuper de l'éducation de sa fille et de la préparer au mariage. L'excision étant une étape conduisant à une union conjugale réussie, la mère met un accent particulier à la réaliser.

Toutefois, les hommes sont aussi responsables de la persévérance de cette pratique du fait de certains de leurs concepts sociaux. Par exemple, dans certaines régions les hommes refusent de se marier à une femme non-excisée. Par ailleurs, nous avons pu noter, au travers des exemples précédents, que dans de nombreux cas l'excision était pour l'homme une manière d'assurer la fidélité de son épouse et marquer ainsi sa supériorité. D'autres hommes estiment encore qu'une femme capable de jouir est "gâtée" ou qu'une femme non excisée est beaucoup plus vindicative. Enfin, les mentalités, généralement rencontrées dans le nord du pays, accordent une importance non négligeable au fait qu'une femme excisée est beaucoup plus courageuse pendant l'accouchement, ceci étant dû au fait malheureusement évident que l'excision constitue un apprentissage de la souffrance physique.

La volonté, clairement exprimée, de perpétuer la pratique de l'excision est générale et ce fait met davantage en évidence l'importance sociale accordée à l'excision en tant que facteur déterminant dans la hiérarchie sociale de la femme.

Ce constat, aussi alarmant soit-il, ne doit pas nous priver d'espérer une éradication de la pratique de l'excision. En effet dans les milieux interrogés quelques témoignages révèlent certains comportements hostiles à la pratique de l'excision. Ceux-ci nous viennent tout particulièrement des jeunes, car à l'éducation scolaire, aux voyages (liés à l'exode rural), ces jeunes ont la chance d'entrer en contact avec d'autres coutumes et de pouvoir comparer plusieurs environnements socio-culturels.

Pour les jeunes, l'excision est une pratique négative, "ruineuse, et qui provoque une perte de sensibilité sexuelle." Nous avons pu constater que 97% des vieux de la région étaient favorables à l'excision alors 80% des jeunes étaient contre.

Sur le plan sexuel, certains jeunes avouent volontiers préférer les femmes non excisées. De part leur formation ils envisagent de manière très critique les conséquences psychologiques et médicales liées à l'excision. "Les raisons invoquées pour justifier l'excision ne sont guères scientifiques et elles sont même parfois à la limite du ridicule aux yeux du progrès et des dangers réels de l'excision, " a déclaré un jeune.

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